• Comité Vérité et Justice pour Charonne

     

    Retrouvons-nous la semaine prochaine, jeudi 8 février à 11h30, à l'occasion de la commémoration du 62e anniversaire du massacre au métro Charonne.

    Nous exigeons que le crime d'Etat soit reconnu pour les 9 victimes de cette manifestation qui défendait la paix en Algérie. A l'heure de la banalisation des idées d'extrême droite, nous ne nous résignons pas à honorer la mémoire de ces militants et de leur combat contre le fascisme.

    CGT RATP Union Régionale Île-de-France CGT PCF - Parti Communiste Français

    Comité Vérité et Justice pour Charonne

     


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    Les gens âgés  On est tous des vieux  Qu'on le veuille ou non  On sera un jour comme eux

    Les gens âgés

    On est tous des vieux

    Qu'on le veuille ou non

    On sera un jour comme eux

    Même riches à millions

    Même pauvres à coucher

    sous les ponts

    On est tous des vieux

    Ce n'est qu'une question de temps

    Heureux ou malheureux

    D'avoir eu des enfants.


    Prendre un ancien par la main....... 

    Jean-Marie Vivier «  Vieillir » 


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    « Parmi les morts, j'ai aperçu ma mère » : à

    Gaza, la vie des enfants brisée par la guerre

    Depuis le 7 octobre, plus de 5 350 enfants auraient péri dans les bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Gaza. Les jeunes survivants, eux, affrontent les pénuries et le traumatisme d’avoir vu leur famille décimée. Des journalistes palestiniens sont allés à leur rencontre. Nourhan, Muhammad et Ahmed sont adolescents. Ils n'ont connu que la guerre depuis leur naissance. Ils nous disent leur souffrance, mais aussi leur volonté de s’imaginer un autre destin.

      « Parmi les morts, j'ai aperçu ma mère » : à  Gaza, la vie des enfants brisée par la guerre

    « Gaza est devenue un cimetière pour enfants », estime l'Unicef, selon laquelle 5 350 enfants seraient morts et 8 663 blessés.
    © REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

    Plus de cent jours de guerre menée par Israël contre la population de la bande de Gaza. Plus de 26 000 tués et des dizaines de milliers de blessés. Des chiffres qui ne prennent pas en compte toutes les personnes disparues, vraisemblablement mortes sous les décombres des immeubles. Dans ce contexte terrible de bombardements et de destruction, les enfants sont particulièrement touchés. À ce jour, plus de 5 350 seraient morts et 8 663 blessés, selon l’Unicef.

    Comme le rappelle Jonathan Crickx, responsable de la communication de l’agence onusienne en Palestine, il n’existe aucun endroit dans la bande de Gaza qui peut être considéré comme sécurisé. Du nord au sud, ce ne sont que ruine et désolation. Sur les réseaux sociaux, malgré les coupures régulières par Israël des moyens de communication, les vidéos sont terribles. Des enfants en pleurs, d’autres couchés sur des lits d’hôpital, d’autres encore morts dans les bras de leurs parents. Des images d’autant plus insoutenables que la situation empire chaque jour un peu plus. La nourriture manque, l’eau se fait rare. À tel point que ce même responsable de l’Unicef estime que « Gaza est devenue un cimetière pour enfants ».

    Le gouvernement israélien, dirigé par la droite et l’extrême droite, reste sourd aux appels à un cessez-le-feu. En poursuivant cette guerre, il tue le peuple palestinien à petit feu et menace la vie des otages israéliens retenus à Gaza. L’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de justice pour exiger la suspension des opérations militaires.

    Pendant ce temps, des centaines d’enfants vont continuer de périr. Et ceux qui sont vivants resteront marqués à jamais. Cette jeunesse endeuillée, des journalistes palestiniens, dont une centaine d’entre eux ont été tués depuis le début du conflit, sont allés la rencontrer pour l’Humanité Magazine. Nous publions trois de ces portraits. Trois regards de jeunes ados qui nous parlent de leur vie d’avant, de leur peur actuelle, mais aussi de leurs rêves et de leurs espoirs. Tous disent leur volonté de rentrer dans leur maison, de ne plus vivre sous des tentes où il fait froid, de retourner à l’école. Des enfants grandis trop vite, coincés dans des combats sous les tirs de missiles, et dont le destin est entre les mains des grandes puissances.

    Nouhran, 13 ans : « Je ne me souviens pas d’une année

    sans avoir vécu  de bombardements »

      « Parmi les morts, j'ai aperçu ma mère » : à  Gaza, la vie des enfants brisée par la guerre

    « Je voudrais être poétesse plus tard », explique Nourhan Mohammed Maarouf, 13 ans. En attendant, elle voudrait seulement revoir sa grand-mère, dont elle n’a pas de nouvelles.

    Nourhan Mohammed Maarouf est une jeune fille de 13 ans. Elle vivait jusque-là avec sa famille, son père, sa mère, ses trois sœurs et son jeune frère, dans une belle maison à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. Il y avait même un jardin, dans lequel ils avaient l’habitude de jouer après l’école. Nourhan est une collégienne qui aime exprimer ses émotions à travers l’écriture. Des vers libres où elle parle de sa famille et de son pays. « Je voudrais être poétesse plus tard », ne craint-elle pas de dire. Lorsqu’on l’interroge sur ses rêves, Nourhan répond qu’elle a prévu, dès son plus jeune âge, d’être l’enfant distinguée de sa génération afin d’aimer la vie comme n’importe qui. En plus de la poésie, la jeune fille aime dessiner. Tout s’est effondré le 7 octobre.

    « Nous avons traversé de nombreuses guerres. Je ne me souviens pas d’une année où nous n’avons pas vécu des bombardements », souligne-t-elle simplement avec une incroyable maturité. « C’est devenu une chose routinière pour les enfants que nous sommes et même pour les bébés. Mais cette guerre est différente. Nous l’avons compris dès le premier jour. Les bruits étaient plus effrayants et les destructions encore plus intenses que par le passé. Tout est visé, tout. Cette guerre n’épargne rien, ni personne. »

    Nourhan et sa famille, en raison de leur proximité avec la frontière israélienne, ont été parmi les premières à être déplacées. Pas une fois, pas deux fois, mais en permanence. Elle raconte que, dès les premiers jours de la guerre, ils ont été forcés de partir pour la maison de son grand-père, dans un camp de réfugiés. « Nous pensions être à l’abri car c’est un lieu où vivent les civils. Mais après quelques jours, il n’était plus possible de rester tant les bombardements se répétaient. »

    « Nous vivons dans la souffrance. La mort est partout. Il n’y a pas d’endroit sûr, ni de maison, ni d’école. »

    Nourhan Mohammed Maarouf 

    Les voilà repartis sur les routes peu sûres, jusqu’à l’école Al-Fakhoura. Mais au bout de deux jours, l’école étant ciblée, il a fallu évacuer pour rejoindre un autre établissement, où des centaines de personnes s’étaient déjà réfugiées. Là encore, l’insécurité étant totale, Nourhan et sa famille se sont dirigées vers le sud, à l’ouest du gouvernorat de Khan Younès. Elles ont finalement trouvé une tente qui ne dépasse pas 12 mètres carrés. « Nous vivons dans la souffrance. La mort est partout. Il n’y a pas d’endroit sûr, ni de maison, ni d’école. »

    Nourhan se souvient de ces moments, le soir, où, avec ses parents, ses sœurs et son frère, ils se réunissaient devant le poste de télévision pour regarder des films et des séries. « Après que nous ayons fait nos devoirs, bien sûr », se souvient-elle avec émotion. « On voyait des acteurs dans des scènes de guerre, mais jamais je n’aurais imaginé vivre moi-même des scènes semblables. »

    Elle parle alors de cet exode qu’elle subit depuis plus de trois mois, des horreurs vues sur la route et comment elle protégeait ses petites sœurs pour que leur regard ne se pose pas sur les cadavres qui jonchaient le sol. Elle trouve les mots, comme une adulte qu’elle devient trop vite à cause de la guerre, pour dire le manque de lait et de couches pour les petits, la peur de voir leur père partir pour trouver de l’eau ou du pain sans savoir s’il va revenir. Et elle retrouve son ton d’enfant et se met à pleurer en balbutiant : « Nous avons une vie misérable. » Nourhan, comme tout enfant de son âge, souhaite être heureuse. Elle veut que la guerre se termine et pouvoir retrouver sa grand-mère, dont elle n’a plus de nouvelles.

    Muhammad, 13 ans : « Parmi les morts, j’ai aperçu

    ma mère »

      « Parmi les morts, j'ai aperçu ma mère » : à  Gaza, la vie des enfants brisée par la guerre

    Après avoir perdu sa mère à l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, Mohammed Al Yazji, 13 ans, a fait la route seul avec ses jeunes sœurs – la plus jeune n’a qu’un mois – jusqu’à Rafah.

    Quel romancier oserait imaginer une telle histoire. L’histoire de Muhammad Al Yaziji, 13 ans. Jusqu’au 7 octobre, il vivait avec ses parents à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. Une maison modeste mais, comme il l’assure, il s’y sentait « au chaud et aimé tout le temps ». Son père travaillait sur des chantiers et sa mère s’occupait de la maison. Lui allait au collège tous les matins, comme les autres gamins de son quartier. « Les cours, c’était bien, mais ce que je préférais, c’était jouer au football. » Mais la guerre menée par Israël a changé le cours de sa vie.

    Soumise à de rudes bombardements, une bonne partie de la population de Beit Hanoun a dû quitter les lieux. Muhammad et sa famille se sont retrouvés dans l’enceinte de l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza. Des milliers de personnes étaient entassées là, tentant de s’organiser. Lui et ses sœurs se sont retrouvés sous une tente. « On entendait les chars israéliens sans savoir exactement où ils étaient », se souvient-il.

    Sa mère est alors partie pour tenter de faire venir les grands-parents. Et son père n’était pas là. Quelques heures plus tard, de nombreux cadavres sont arrivés à l’hôpital. « Parmi les morts, j’ai aperçu ma mère. Je ne voulais pas y croire. Je me suis mis à crier et à pleurer. Je voulais voir mon père, lui dire ce qui venait de se passer, mais je n’arrivais pas à le trouver. Ma mère qui nous aimait tant était morte. Elle est partie, nous ne la reverrons jamais. Pourquoi devons-nous vivre une telle chose ? » Plein de douleur, de chagrin et de peur, Muhammad s’est demandé ce que lui et ses sœurs – la plus jeune n’a qu’un mois – allaient devenir.

    « Sur la route, c’était l’horreur, on entendait les bombardements, des bruits de mitrailleuses. Et nous étions seuls. »

    Muhammad Al Yaziji 

    Autour de l’hôpital Al-Shifa, la mort rôdait. Ils sont alors partis vers le sud de la bande de Gaza. « Sur la route, c’était l’horreur, on entendait les bombardements, des bruits de mitrailleuses. Et nous étions seuls. » Les communications étant coupées, Muhammad était dans l’incapacité de retrouver son père. « Nous sommes arrivés à Rafah seuls », explique-t-il les yeux cernés, le regard dans le vague, comme hagard.

    Lorsque nous l’avons rencontré, il tentait d’abriter ses sœurs dans une tente déchirée, forcé à 13 ans de prendre soin d’elles et de se comporter en chef de famille. Tous les jours, il se rend au marché, va trouver les voisins pour dégotter un peu de nourriture. « Surtout du lait pour la plus petite. »

    Muhammad veut croire que la guerre se terminera bientôt et qu’il pourra retrouver son père. « J’espère que notre avenir, le mien, celui de mes sœurs et de toute ma famille, sera meilleur que ce que nous vivons actuellement », murmure-t-il en esquissant un sourire, le premier que nous voyons pendant toute la rencontre. « Je veux retourner dans ma maison. Je voudrais retrouver ma mère, être dans ses bras pour qu’elle me rassure. L’école aussi me manque. Vous croyez que je vais retrouver ma vie d’avant ? », demande-t-il, sans y croire lui-même.

    Ahmed, 15 ans : « Il y a tellement de blessés qui devraient pouvoir sortir »

      « Parmi les morts, j'ai aperçu ma mère » : à  Gaza, la vie des enfants brisée par la guerre

    Mohammed Abou Daqa, 15 ans, n’est pas encore sorti d’affaires. Blessé, il a été opéré, il faudrait qu’il puisse sortir de la bande de Gaza pour subir une nouvelle opération à l’étranger.

    Quand Ahmed est né, la bande de Gaza se trouvait déjà sous le blocus imposé par Israël. À 15 ans, il n’a connu que ce climat de danger permanent et les guerres. Et pourtant, il a continué à cultiver ses rêves et ses ambitions. C’est décidé : il veut être médecin, comme ses parents. « Pour avoir la capacité de soulager la souffrance des gens. ».

    Ahmed est plein de vie, même sur son lit d’hôpital où il se trouve depuis des semaines, depuis qu’il a été blessé au pied lors d’un bombardement. Il se trouvait sur un marché avec sa mère lorsque les obus ont commencé à siffler autour d’eux. « Une ambulance est arrivée et je me suis retrouvé à l’hôpital. J’avais très mal au pied. C’est mon père qui m’a opéré. On m’a mis une plaque. » Il n’est pas sorti d’affaires.

    Pour être complètement soigné, il faudrait qu’il puisse quitter le territoire palestinien et subir une nouvelle opération à l’étranger car le matériel disponible n’est pas adéquat. « Et puis, il y a tellement de blessés qui devraient pouvoir sortir », fait-il remarquer avec courage.

    « On s’entasse dans des salles de classe et il faut faire la queue pour se laver, quand il y a de l’eau. »

    Mohammed Abou Daqa 

    Il vient du village d’Abasan, au sud de la bande de Gaza, près de Khan Younès. Mais, très vite, il a fallu fuir la maison, trop exposée aux bombardements. Il s’est alors retrouvé dans une école de l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, près de l’hôpital Nasser où travaillent ses parents. « J’ai dû quitter ma grande et belle maison avec une façade décorée et un jardin rempli de fleurs et d’arbres fruitiers », soupire-t-il. « Maintenant, on s’entasse dans des salles de classe et il faut faire la queue pour se laver, quand il y a de l’eau. »

    Ahmed ne veut pas se laisser abattre. Alors il se raccroche à ses rêves, il repense à ce qu’il faisait avant cette « maudite guerre ». Utilisant les réseaux sociaux, il s’est lié d’amitié avec des jeunes de son âge de nombreux pays, a publié des vidéos en anglais et en arabe « pour sensibiliser et présenter la cause palestinienne ».

    Il a, d’ailleurs, eu la chance de quitter quelque temps la bande de Gaza et de témoigner de sa vie de jeune Palestinien, notamment à New York. Aujourd’hui, il veut encore croire à un avenir de paix pour pouvoir voyager, découvrir le monde, aller et venir comme bon lui semble, « pas en étant soumis à la pression permanente de l’armée israélienne, aux bombardements et à la mort ».

    SOURCE : « Parmi les morts, j'ai aperçu ma mère » : à Gaza, la vie des enfants brisée par la guerre - L'Humanité (humanite.fr)Haut du formulaire

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    70 ans après « l’insurrection de la bonté » de l'Abbé Pierre  la crise du logement est-elle devenue hors de contrôle ?

    Il y a trois jours je vous parlais de "L'heure de vérité" de l'Abbé Pierre (1993), je ne me doutais pas qu’aujourd’hui le quotidien L’Humanité allait aussi parler de lui.

    Honte à ceux qui gouvernent la France, l’Abbé Pierre « doit se retourner dans sa tombe » en voyant le désastre concernant le problème du logement parmi tant d’autres désastres.

    Michel Dandelot

     

    70 ans après « l’insurrection

    de la bonté » de l'Abbé Pierre

    la crise du logement est-elle devenue hors de contrôle ?

     

    Il y a soixante-dix ans, l’abbé Pierre lançait un vibrant appel à « l’insurrection de la bonté ». Alors que 330 000 personnes en France demeurent sans domicile, le gouvernement a annoncé des mesures insignifiantes qui ne profiteront pas aux plus précaire.

    La rue d'Aubagne à Marseille, devenue le symbole du mal logement en France.
    © AFP/GERARD JULIEN
     

    Il fallait oser. Gabriel Attal l’a fait. Deux jours avant l’anniversaire de l’appel de 1954, par lequel l’abbé Pierre appelait à la solidarité avec les sans-logis, le premier ministre a annoncé deux mesures qui mettent à mal l’accès au logement des plus pauvres.

    L’inclusion du logement intermédiaire, destiné aux classes moyennes « hautes », dans le quota de 25 % de HLM que les communes doivent construire au titre de la loi SRU, est « une insulte à la mémoire » de l’abbé Pierre, s’alarme Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre (FAP). Il rappelle que c’est pour empêcher les parlementaires de droite d’assouplir cette règle que le fondateur d’Emmaüs avait repris son bâton de pèlerin en 2006.

    Deuxième coup de matraque, la volonté du premier ministre de confier aux seuls maires l’attribution de nouveaux logements HLM construits sur leur commune. « C’est sacrifier le relogement de dizaines de milliers de mal-logés ! » tance Manuel Domergue, soulignant que les maires n’attribuent que 21 % de HLM aux ménages prioritaires, contre 89 % pour l’État.

    Des familles et des travailleurs précaires à la rue

    Ces attaques surviennent alors que 330 000 personnes sont aujourd’hui sans domicile, contre 143 000 en 2012. Depuis 2000, sous l’effet de la hausse des prix, le logement est devenu une source de rendement pour quelques-uns – 3,5 % de la population possèdent 50 % des logements mis en location – et le principal poste de dépenses des ménages.

    « Au lendemain de 1945, les ménages consacraient 5 % de leurs revenus à se loger. On est passé à 10 % dans les années soixante-dix et à plus de 30 % aujourd’hui. Et encore, pour les plus pauvres, on atteint jusqu’à 60 % », rappelle Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du Droit au logement (DAL).

    Comble du cynisme, alors que rien n’est fait pour développer une offre abordable, le pouvoir a normalisé le repli vers les marchands de sommeil par un décret qui légalise des logements jusque-là considérés comme indignes, et criminalisé, avec la loi Kasbarian, le recours aux abris de fortune.

    Le discours hostile aux pauvres est devenu monnaie courante. « Aujourd’hui, on fait peser la culpabilité sur les personnes démunies. On parle de l’assistanat des pauvres alors qu’il existe d’abord chez les riches », souligne Antoine Sueur, président d’Emmaüs France. « L’abbé Pierre, c’est le Superman des mal-logés, résume Jean-Baptiste Eyraud. S’il était encore vivant, c’est sûr, nous n’en serions pas là. »

    SOURCE : 70 ans après « l’insurrection de la bonté » de l'Abbé Pierre, la crise du logement est-elle devenue hors de contrôle ? - L'Humanité (humanite.fr) 

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    70 ans après « l’insurrection de la bonté » de l'Abbé Pierre  la crise du logement est-elle devenue hors de contrôle ?

    Logement : la Fondation Abbé Pierre déplore

    « une année noire » pour 2023, et cela

    risque d’empirer

    Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre constate une année très difficile pour les mal logés. Mais les politiques mises en place en 2023, et celles annoncées pour 2024, risquent d’empirer la situation.

    70 ans après « l’insurrection de la bonté » de l'Abbé Pierre  la crise du logement est-elle devenue hors de contrôle ?

    JEFF PACHOUD / AFP

    La Fondation Abbé Pierre dénonce une « année noire » pour les mal-logés.

    LOGEMENT - Une « année noire pour les mal-logés ». C’est le superlatif choisi par la Fondation Abbé Pierre pour décrire l’année 2023, dans son dernier rapport sur le mal-logement paru ce mercredi 31 janvier. Plusieurs raisons expliquent cette situation alarmante, comme, entre autres, la hausse de la pauvretél’inflation des prix de l’énergie, l’augmentation des expulsions locatives ou encore la baisse des minima sociaux.

    Si ces facteurs ne sont pas nouveaux, ils se dégradent en 2023 à une « échelle [qu]’on avait pas connus les années précédentes », selon Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, que Le HuffPost a contacté. Quelques chiffres cités par le rapport suffisent à illustrer ce constat : chaque soir de novembre 2023, près de 8 000 personnes ont été refusées par le 115, faute de places, dont 2 400 mineurs, une hausse de 40 % par rapport à 2022.

    À cela s’ajoutent 26 % des ménages qui déclarent avoir eu froid à leur domicile en 2023, contre 14 % en 2020. Le nombre de personne en attente d’un logement social en 2022 est de 2,4 millions, contre 2 millions en 2017, le tout alors que la production de logements, HLM ou autres, a chuté en 2023.

    Qui plus est, les politiques lancées par le gouvernement en 2023 risquent d’aggraver la situation des mal-logés, d’augmenter le nombre de personne à la rue (au moins 330 000 personnes sans domicile fixe en 2023) et la pauvreté. Les annonces de Gabriel Attal, lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée, pourraient elles aussi empirer les choses. Retour sur cette série de mesure qui fait craindre le pire.

    Une « politique de haine »

    Si le gouvernement avait fait de « réels efforts » pour modérer les expulsions locatives pendant la pandémie de Covid, il a depuis « ouvert les vannes, en demandant aux préfets d’expulser davantage », explique Manuel Domergue. En 2022, 17 500 expulsions locatives avec le concours de la force publique ont été effectuées, un chiffre record, et en hausse de 62 % par rapport à 2006.

    La Fondation Abbé Pierre craint que ce nombre augmente encore en 2023 et 2024, en partie à cause de certaines lois qu’elle considère comme répressive, comme la loi dite « anti-squat ». Adoptée en juillet 2023, elle prévoit « d’expulser tous les occupants illicites de bâtiments, y compris des locaux d’activité désaffectés », d’après le rapport. Ces personnes encourent jusqu’à trois ans de prison.

    Selon Manuel Domergue, c’est « une politique de haine envers les mal-logés ». Il déplore : « Mettre en prison des squatteurs de bâtiments ne va aider personne. Ce sont des gens qui étaient pauvres, et qui auront en plus un casier judiciaire. »

    Cette loi facilite également les expulsions, et prévoit de sanctionner les personnes qui restent dans le logement après la décision d’une expulsion définitive. « D’une part, ça n’aidera pas le bailleur à récupérer son logement. Et ça va juste enfoncer la tête sous l’eau des personnes. »

    Les ménages les plus pauvres pénalisés

    Autre point soulevé par la Fondation Abbé Pierre une circulaire transmise aux préfets en octobre dernier leur demandant de ne plus reloger les ménages Dalo dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), au nom de la mixité sociale. Lorsque ces ménages Dalo - qui font partie des plus pauvres en France - sont expulsés d’un logement, la loi oblige l’État à les reloger. Mais beaucoup de HLM au prix accessible se trouvent dans ces quartiers.

    « On ajoute un handicap à des ménages censés être prioritaires, vu qu’on leur barre l’accès à une partie du réseau HLM. C’est très choquant », s’insurge le directeur des études de la Fondation qui dénonce une forme de stigmatisation des plus pauvres : « Les ménages Dalo sont considérés comme responsables des émeutes qui ont eu lieu en juin/juillet. »

    D’autres politiques menées en 2023 risquent d’augmenter la pauvreté, et par conséquent le mal logement. « La durée maximale d’indemnisation de l’assurance chômage a baissé de 25 % quand le chômage se situe sous la barre des 9 % », alerte le rapport. À cela s’ajoute la réforme du RSA, qui conditionne notamment le versement de l’aide à 15 heures d’activité dites « de formation et d’insertion », qui sera effective en 2025.

    Quant à la loi immigration, « la plupart des articles qui touchaient les mal logés ont été censurés », constate Manuel Domergue. Il rappelle néanmoins que le gouvernement a « défendu la préférence nationale dans l’attribution des prestations sociales », ce qu’il considère comme « extrêmement inquiétant ».

    Nouvelles directives d’Attal

    Les récentes déclarations de Gabriel Attal ne font que confirmer cette politique qui ne va pas dans le sens des personnes en situation de mal-logement. Alors que certaines communes n’atteignent pas leur quota de 25 % de logement sociaux, le Premier Ministre a annoncé dans son discours de politique générale à l’Assemblée que les logements intermédiaires - des logements à loyers réglementés inférieurs aux prix du marché, plutôt accessibles pour la classe moyenne - seront désormais comptés.

    Ainsi, certaines mairies verront leur situation régularisée, sans pour autant augmenter leur nombre de logements sociaux. « Un maire pourra donc loger des cadres et dire qu’il respecte son quota. C’est vraiment à contresens des besoins », déplore Manuel Domergue.

    Qui plus est, l’attribution de ces logements sera dorénavant l’apanage des maires, alors qu’elle était répartie entre plusieurs attributaires, dont l’État. Ce dernier allouait davantage de logements aux ménages Dalo, car il est condamné s’il ne le fait pas. Au contraire des maires qui peuvent faire « des préférences communales dans l’attribution des HLM, du clientélisme et des discriminations », et ainsi pénaliser les plus précaires. Cette volonté de Gabriel Attal n’est donc « pas un cadeau pour les mal-logés », alerte le directeur des études.

    SOURCE : Logement : la Fondation Abbé Pierre déplore « une année noire » pour 2023, et cela risque d’empirer (huffingtonpost.fr)

     


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    CE JOUR DE COMMÉMORATION

    DE L’HOLOCAUSTE, « PLUS JAMAIS CA »

    C’EST MAINTENANT

      CE JOUR DE COMMÉMORATION DE  L’HOLOCAUSTE, « PLUS JAMAIS CA »  C’EST MAINTENANT

      CE JOUR DE COMMÉMORATION DE  L’HOLOCAUSTE, « PLUS JAMAIS CA »  C’EST MAINTENANT

    Au cours de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, nous sommes confrontés à une vérité dévastatrice : ce que nous avons juré de ne plus jamais permettre se produit, en ce moment même.

    Aujourd’hui, Gaza n’est plus qu’une coquille d’elle-même. Des quartiers entiers ont été effacés de la surface de la Terre, remplacés par un désert gris impropre à la vie humaine : des marchés animés et des cafés bondés, des bibliothèques abritant des milliers de livres précieux, des boulangeries remplies de l’odeur du pain frais — tout cela s’est transformé en cendre. 

    Ce samedi, Israël et les États-Unis partageront des paroles solennelles sur l’Holocauste. Ils nous diront que nous ne devons plus jamais permettre que ce genre de mal se reproduise – même si les deux pays sont jugés respectivement pour exécution et complicité du génocide des Palestiniens.

    L’une des pires vérités de l’Holocauste est que de telles horreurs peuvent survenir. Il est tout à fait possible qu’un génocide soit perpétré sous les yeux du monde entier, et cela s’est produit plus d’une fois depuis que le monde a juré « plus jamais ça ».

    Près de quatre mois après le début du génocide à Gaza, voici ce que nous savons.

    1. L’armée israélienne a tué plus de 1 pour cent de la population de Gaza. Un bien plus grand nombre de personnes pourraient mourir de maladie et de faim.

    En quelques mois, l’armée israélienne a tué plus de 25 000 Palestiniens, dont plus de 10 000 enfants. Des milliers d’autres sont enterrés sous les décombres, présumés morts. 

    Rien n’a été laissé intact. L’armée israélienne a mené des centaines d’attaques contre des hôpitaux et des infrastructures médicales essentielles, laissant le système de santé de Gaza en ruines. Il a bombardé des écoles, des sites patrimoniaux, des universités, des bibliothèques et des lieux de culte. Près de deux millions de personnes – 85 pour cent de la population de Gaza – ont été contraintes de fuir leurs foyers.

    Mais bien plus de Palestiniens pourraient mourir de maladie et de faim que n’en ont tué les bombes israéliennes. C’est parce que l’armée israélienne a détruit le système de santé de Gaza, transformé l’accès à l’eau potable en une « arme de guerre » et limité l’aide à un filet d’eau. Aujourd’hui, les fausses couches ont augmenté de 300 % et un quart de la population de Gaza meurt de faim – et un demi-million de personnes pourraient mourir d’ici un an si ces conditions persistent. 

    2. La campagne de bombardements aveugles du gouvernement israélien explique l’ampleur et la portée de la dévastation à Gaza – ainsi que le nombre massif de victimes civiles.

    L’État israélien mène une guerre contre l’ensemble de la population civile de Gaza. Les preuves sont claires : près de la moitié des 29 000 munitions israéliennes utilisées à Gaza étaient des « bombes stupides » imprécises, selon une évaluation des services de renseignement américains datant de la mi-décembre, et ils ont également largué des centaines de bombes de 2 000 livres sur Gaza, qui sont capable de blesser ou de tuer quelqu’un à plus de 1 000 pieds. Pour référence, l’armée américaine n’a utilisé qu’une seule de ces bombes au cours de sa guerre contre l’Etat islamique. 

    Le résultat ? L’armée israélienne a maintenant causé plus de destructions à Gaza, proportionnellement, que les bombardements alliés contre l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. 

    Plus de 70 pour cent des maisons à Gaza et plus de la moitié de tous les bâtiments ont été endommagés ou détruits. Des quartiers entiers ont été réduits en ruines. L’assaut de l’armée israélienne a rendu Gaza inhabitable.

    3. La violence contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée a atteint son paroxysme.

    En 2023, plus de Palestiniens en Cisjordanie ont été tués par l’armée israélienne – au moins 492 personnes – qu’au cours de toute autre année depuis que l’ONU a commencé à tenir des registres en 2005. Plus de la moitié d’entre eux ont été tués dans la période qui a suivi le 7 octobre. est également en hausse : au moins 17 Palestiniens ont été assassinés par des colons israéliens en 2023, contre deux meurtres de ce type en 2022 , selon l’ONU.

    Désormais, à mesure que les troupes israéliennes se retirent progressivement de Gaza, elles seront transférées en Cisjordanie occupée – et nous pouvons nous attendre à ce que la violence contre les Palestiniens y empire encore.

    C’est plus clair aujourd’hui que jamais : l’objectif final du sionisme est la destruction totale de la vie des Palestiniens. Mais cette montagne de statistiques ne raconte qu’une partie de l’histoire. 

    Pour les Palestiniens, voilà à quoi ressemble le sionisme. Ce sont des colons armés, flanqués de l’armée israélienne, qui abattent un Palestinien-Américain de 17 ans parce qu’ils le peuvent. Il s’agit de Palestiniens affamés à Gaza qui broyent du fourrage pour se nourrir, d’enfants qui fouillent les décombres à la recherche de quelque chose à manger, d’une adolescente utilisant des bouts de tente à la place de produits menstruels. C’est un petit garçon solitaire, né au début du génocide, qui est aujourd’hui le seul survivant de toute sa famille. Son avenir, comme celui de tant d’autres à Gaza, est en jeu.

    C’est là que nous allons à partir d’ici.

    Les Palestiniens poursuivent Biden devant un tribunal fédéral pour complicité de génocide .

    En novembre, le Centre pour les droits constitutionnels a intenté une action en justice accusant le président Biden, le secrétaire d’État Blinken et le secrétaire à la Défense Austin non seulement de ne pas avoir empêché le génocide du gouvernement israélien, mais également de complicité dans celui-ci. La première audience du procès aura lieu ce vendredi 26 janvier. Vous pouvez regarder la diffusion en direct ici. 

    Le procès du CCR est distinct de l’affaire de génocide de l’Afrique du Sud contre Israël , qui est actuellement entendue à La Haye. Au milieu de décennies d’impunité pour les crimes commis par l’État israélien, ces deux affaires représentent des avancées bienvenues vers la justice pour les Palestiniens.

    Nous ne ralentissons pas maintenant.  

    Le procès du CCR et l’affaire historique de génocide contre le gouvernement israélien ne sont pas seulement des voies vers la responsabilité juridique ce sont des outils que le mouvement de libération palestinienne peut utiliser pour intensifier notre organisation au-delà d’un cessez-le-feu, qui est la simple exigence minimale. Nous voulons mettre fin à tout soutien américain au régime d’apartheid d’Israël – et le fait que le gouvernement israélien soit jugé pour génocide rend les arguments en faveur du boycott, du désinvestissement et des sanctions (BDS) encore plus solides. 

    SOURCE : CE JOUR DE COMMÉMORATION DE L'HOLOCAUSTE, "PLUS JAMAIS CA" C'EST MAINTENANT  - UJFP 

    Parmi des milliers de crimes contre

    l’humanité l’armée israélienne assiège une

    petite fille de 6 ans dans la voiture où elle a

    massacré toute sa famille

      CE JOUR DE COMMÉMORATION DE  L’HOLOCAUSTE, « PLUS JAMAIS CA »  C’EST MAINTENANT

    A Gaza, les crimes commis par l’armée israélienne s’accumulent chaque jour un peu plus. Au-delà des chiffres et des bilans humains et humanitaires, les troupes israéliennes mènent des actions d’humiliation et d’une violence extrême. Des crimes de guerre qui restent jusque-là impunis.

    Lundi 29 janvier 2024, une troupe de soldats a massacré une famille à l’intérieur d’une voiture. Après que son père et plusieurs de ses sœurs aient été tuées, Hind Rajab (6 ans) s’est retrouvée coincée dans la voiture de son père avec sa cousine Layan Hamadeh (15 ans), assiégée et bloquée par des soldats et des tanks israéliens.

    Layan Hamadeh a ensuite été abattue. Suite à cet appel, les équipes du Croissant Rouge Palestinien ont tenté de venir secourir la jeune Hind Rajab. Depuis le 29 en fin de soirée, le PRCS a perdu le contact avec ses équipes. D’après les dernières informations communiquées par le PRCS, la petite Hind est bloquée depuis plus de 18h dans le véhicule qui a été attaqué.

    Sources : WAFA / Eye on Palestine / Quds News Network / Croissant Rouge Palestinien


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    Algérie/France, l’impossible réconciliation

    depuis plus d'un demi siècle

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis plus d'un demi siècle

    « France-Algérie, les passions douloureuses », un débat organisé par les Tribunes de la presse » à Bordeaux en novembre dernier, avec Sophie Avon, écrivaine, Paul Max Morin, enseignant d’histoire à Sciences Po Paris, Paul Taylor, journaliste (ex-Reuters), Slimane Zeghidour, journaliste, rédacteur en chef à TV5. Animateur : Nicolas Beau, directeur du site Mondafrique. 

    Plus d’un demi-siècle après la fin de la guerre d’Algérie, la réconciliation franco-algérienne continue à alimenter la chronique des relations entre les deux pays. On ne compte plus les colloques, les rapports, les rencontres organisées pour dépasser ce « passé qui ne passe pas ».

    Faut-il incriminer le pouvoir algérien et sa gestion intéressée de la « rente mémorielle » ? Ou bien les choses sont plus compliquées et font resurgir un passé tumultueux où la vérité peine à trouver sa voie ? En réalité, la France et l’Algérie se sont-elles jamais séparées ?

    La Nostalgie – France-Algérie, les passions

    douloureuses

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis plus d'un demi siècle

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis plus d'un demi siècle

    SOURCE : La Nostalgie – France-Algérie, les passions douloureuses

     


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    "L'heure de vérité" de l'Abbé Pierre (1993) |

    Rembob'INA

      "L'heure de vérité" de l'Abbé Pierre (1993) | Rembob'INA

    A l'occasion des soixante-dix ans du célèbre appel aux dons de l'Abbé Pierre au cours de l'hiver 1954, Rembob'INA rend hommage au fondateur d'Emmaüs, en compagnie de deux proches collaborateurs, Martin Hirsch et Laurent Desmard. Esprit libre et homme de combats, l'Abbé Pierre était aussi un phénomène médiatique. Toute sa vie, il a utilisé sa popularité pour servir sa cause, multipliant les actions pour lutter contre la pauvreté. Après « L'heure de Vérité » consacrée à l'Abbé Pierre et réalisée chez lui à Esteville en Normandie en décembre 1993, d'autres archives emblématiques sont proposées : « les Actualités Françaises » de février 1954, un entretien de l'Abbé Pierre en 1970 dans « Les Dossiers de l'écran : la misère malgré l'abondance » et un reportage réalisé pour les 20 ans d'Emmaüs en 1970, «Peltre : les chiffonniers d'Emmaüs». 

     


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    Je suis solidaire à la lutte des agriculteurs, mes grands-parents étaient agriculteurs, mais une situation m’interpelle, pourquoi pour les Gilets jaunes il y a eu des bras arrachés, des yeux éborgnés ? Pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, aucun policier n’a contrarié les justes blocages des agriculteurs, cet article apporte un début de réponse.

    Michel Dandelot

    Je suis solidaire des agriculteurs mais une situation m'interroge ?

     

    Je suis solidaire des agriculteurs mais une situation m'interroge ?

    À partir d’aujourd’hui lundi 29 janvier, les agriculteurs vont entamer le « siège de Paris pour une durée indéterminée ». Tous les axes menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs selon le syndicat majoritaire. Le marché de Rungis, le plus important d’Europe, est la principale cible.


    ➡️ Si Rungis est réellement bloqué, Paris peut être en pénurie de nourriture en 72 heures. C’est une infrastructure extrêmement stratégique, vitale pour la capitale. En réponse, Darmanin déploie 15.000 forces de l’ordre pour «empêcher tout blocage de Rungis, des aéroports d’Île de France et interdire toute entrée dans Paris».

    ➡️ Le gouvernement hausse le ton. Il compte « empêcher que les tracteurs entrent dans Paris et les grandes villes ». Darmanin déclare : « La première consigne est de garantir que les tracteurs ne rentrent pas dans les grandes villes ».

    ➡️ C’est donc la fin de la récréation : les agriculteurs avaient le droit de saccager quelques magasins, de brûler quelques camions et de faire sauter quelques bâtiments de l’État en province, à plusieurs centaines de kilomètres de l’Élysée, mais on ne touche pas à la capitale.

    ➡️ Ainsi, des blindés ont été déployés, comme contre les Gilets Jaunes et comme lors des émeutes populaires de l’été dernier. La préfecture de Paris va aussi lancer des drones sur l’Île-de-France. Le mouvement agricole est donc à un tournant : après le temps de la mise en scène entre la FNSEA et le gouvernement, c’est le temps du véritable rapport de force. D’ici 24h, on saura si la colère des agriculteurs entre dans une confrontation frontale avec le pouvoir. Et si tel est le cas, la répression risque de se déchaîner.

    ➡️ Localement, la Confédération Paysanne organise des actions tous les jours sur tout le territoire, n’hésitez pas à aller les soutenir ou à renforcer les blocages, voir en organiser d’autres…

    « Des agriculteurs majoritairement

    conservateurs »

    Les agriculteurs votent plutôt à droite et à l’extrême droite, mais attention, les sondeurs sont dans le flou, prévient Eddy Fougier, enseignant à Sciences Po Aix-en-Provence (*).

    Je suis solidaire des agriculteurs mais une situation m'interroge ?

    Les agriculteurs mobilisés. Photo Sipa /Alain Robert

    Combien pèsent politiquement

    les agriculteurs ?

    « Depuis une dizaine d’années, pour une raison démographique, les agriculteurs ne sont plus visibles dans les échantillons des sondeurs et se retrouvent agglomérés avec les artisans et commerçants. Mais le poids politique des mondes agricoles est sans commune mesure avec leur poids démographique. »

    Je suis solidaire des agriculteurs mais une situation m'interroge ?

    Eddy Fougier.   Photo DR

    Un signe : le gouvernement n’a pas

    de ministre du Logement, mais un ministre

    de l’Agriculture

    « L’agriculture conserve, notamment dans certains territoires, une influence importante, avec une organisation, la FNSEA, qui pèse auprès des pouvoirs publics. On le vérifie aussi dans la rapidité de réaction des gouvernements face aux mobilisations agricoles. Et c’est sans doute encore plus vrai depuis la crise du Covid et la guerre en Ukraine, qui ont pointé le problème de la souveraineté alimentaire. »

    Cela explique la mansuétude du ministre

    de l’Intérieur face à leurs débordements…

    « Ce n’est pas nouveau, on se souvient du saccage du bureau de Dominique Voynet (alors ministre de l’Environnement, en 1999), qui n’avait pas vraiment provoqué de scandale… Le pouvoir, les médias et l’opinion publique ont une certaine acceptation de ces débordements. Elle tient à leur popularité, et aussi à l’image d’Épinal que les gens se font d’eux. Une vision assez classique, identitaire, de la France d’avant, des appellations d’origine contrôlées… C’est le fantasme du retour à la campagne, à la mode sous le confinement, le fantasme des cadres stressés qui rêvent de maraîchage bio… Les agriculteurs ne sont d’ailleurs pas à l’aise avec ce ‘‘syndrome de Martine à la ferme’’».

    Les agriculteurs et la droite

    Les agriculteurs pèsent politiquement plutôt à droite ?

    « Ils sont majoritairement conservateurs. Ils sont indépendants, propriétaires, plutôt catholiques et plus âgés que la moyenne – toutes choses qui invitent à voter plutôt à droite. Aujourd’hui, une large majorité se répartit entre Renaissance, Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN). Et ils se sentent un peu orphelins depuis que la droite n’est plus au pouvoir : ce n’est pas un hasard si le thème de l’agribashing (stigmatisation agricole) a émergé sous la présidence de François Hollande. »

    L’extrême droite est-elle en progression ?

    « D’un côté, le RN n’est pas jugé très crédible sur les questions agricoles. De l’autre, les agriculteurs sont sensibles à ses discours critiques sur l’Europe et anti-écologistes primaires, et à ses positions sur la sécurité. Soyons prudents, mais on peut supposer qu’une partie notable du monde agricole votera pour le RN aux Européennes, en sachant qu’ils votent beaucoup plus que les autres catégories sociales. »

    Auteur de Malaise à la ferme. Enquête sur l’agribashing (Éditions Marie B). 

     


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     « La France raciste existe aussi …

     Ce n’est pas ma France...

    Le racisme  je le combat

    Je l'ai combattu toute ma vie d'adulte

    Je combat tous les racistes »

    Michel Dandelot

     

     

    Témoignage

    "Si j’étais d’une autre couleur

    ils m'accepteraient" : le désarroi

    d'une restauratrice victime

    de racisme depuis deux ans

    Témoignage  "Si j’étais d’une autre couleur ils m'accepteraient" : le désarroi d'une restauratrice victime  de racisme depuis deux ans

    Mamou Ba, gérante de deux établissements à Corby (Somme), subit des attaques racistes. • © Mamou Ba

    Mamou Ba gère deux restaurants à Rivery et Corbie (Somme). Depuis son arrivée, elle ne compte plus les insultes et attaques racistes. Épuisée, elle a posté un message sur Facebook pour partager son expérience. Pour la docteure en psychologie sociale Racky Ka-Sy, de telles situations de racisme peuvent avoir de graves conséquences sur la santé physique et mentale.

    Mamou Ba gère deux établissements dans la Somme. Le premier, L'Abbatiale, à Corbie, et le second, la Table d'Hort, à Rivery, ouverts pendant l'épidémie de Covid. Elle ne compte plus les réflexions et agressions racistes de la part de passants ou de certains clients. Une situation intenable qu'elle a dénoncée dans un post Facebook. 

    Elle y écrit, entre autres : "je tiens à vous informer que je reçois des mots à caractère raciste dans mes établissements à cause de ma couleur de peau. Pour certaines personnes, étant noire, je ne dois pas être gérante de mes deux établissements."

    Témoignage  "Si j’étais d’une autre couleur ils m'accepteraient" : le désarroi d'une restauratrice victime  de racisme depuis deux ans

    "Ça fait déjà deux ans à peu près"

    Au bout du fil, le ton de Mamou Ba est morose. "Ça fait déjà deux ans à peu près que je subis des propos racistes dans mes établissements", explique-t-elle en détaillant toute une série de remarques et d'agressions.

    "Une personne est venue dans le restaurant, elle a donné un chèque conséquent, on a demandé sa pièce d'identité. Quand on m'a appelée, que je suis arrivée et qu'elle m'a vue, elle a refusé de le faire", raconte la gérante. Lorsqu'elle explique être la "responsable", on lui répond : "ah, c'est vous ? C'est le monde à l'envers, maintenant ce sont les Noirs qui demandent la pièce d'identité des Blancs !". 

    Les personnes qui accompagnaient l'individu "avaient l'air étonnées, choquées aussi. J'ai répondu à la personne de payer autrement et de sortir".

    Mais ce n'est pas tout. Un jour, en rentrant dans son établissement, elle remarque que les verres de la terrasse sont cassés. Quelques jours après, l'individu responsable, reconnu par un de ses salariés, revient et "commence à me faire des gestes de mort, comme s'il allait me couper la gorge". Elle part le voir pour "lui demander s'il y a un problème. Il me dit qu'il n'a pas de problème avec les serveurs, mais avec moi".

    C'est à ce moment-là qu'il lui lance : "sale nègre, rentrez chez vous, je vais vous mettre dans un bateau et l'exploser". L'affaire a été jugée en justice car "c'était une question de vie ou de mort".

    Témoignage  "Si j’étais d’une autre couleur ils m'accepteraient" : le désarroi d'une restauratrice victime  de racisme depuis deux ans

    "Quand j'entends le mot vous, j'ai peur"

    Mamou Ba poursuit les exemples. Lundi 22 janvier, "à Corbie, j'ai accueilli des gens après des funérailles. J'étais au niveau du bar, j'aidais et je faisais le service avec ma serveuse. L'un d'eux est venu, il a demandé où est la patronne". En lui répondant qu'il s'agissait d'elle-même, Mamou Ba a dû faire face à une énième réflexion sur sa couleur de peau.

    Il a commencé sa phrase par "vous", mot qu'elle a "peur d'entendre" désormais car de nombreuses réflexions racistes débutent de cette manière. "Il me dit : j'aurais préféré que ce soit l'autre parce qu'elle est blanche". Prise d'un effet de sidération, elle ne dit rien, "j'étais tellement hypnotisée, bloquée". Et même si plus tard, les clients sont venus s'excuser, le mal était déjà fait.

    "C'est toujours choquant, c'est invivable. En plus, ça se produit sur mon lieu de travail et je dois garder un certain comportement. Mais ça me bouffe". Mamou Ba note : "je faisais ce métier avec plaisir, j'aimais faire plaisir à mes clients et j'étais pressée de faire les cartes pour les faire voyager. Là, je ne suis pas bien".

    Témoignage  "Si j’étais d’une autre couleur ils m'accepteraient" : le désarroi d'une restauratrice victime  de racisme depuis deux ans

    "J'ai compris que je devais agir"

    Prise d'un mélange de colère, de tristesse et d'anxiété, "j'ai compris, un moment dans la nuit, que je devais agir. C'est pourquoi je me suis levée le matin et j'ai posté sur Facebook" avec l'espoir de se libérer et de donner une leçon. "Peut-être qu'ils comprendront que je suis noire et fière, je ne regrette pas d'être noire, ça ne doit pas m'empêcher d'être gérante".

    Mamou Ba insiste sur le fait qu'elle "n'embête personne, j'aime mon travail, je fais plaisir aux gens. Je veux juste qu'on me laisse tranquille. Être noire n'est pas quelque chose de grave" et ce qui lui arrive "en 2024, ce n'est pas possible !".

    Je me suis dit que si j’étais d’une autre couleur, ils m'accepteraient. Ils me confondent avec mes autres salariés. Je suis une femme qui est noire, ce n'est pas facile.

    Mamou Ba 

    Son message se veut simple : "que les personnes voient ce qu'il se passe, que ce n'est pas normal, que ça fait des années". Car pour le moment, personne autour d'elle ne voit l'effet de ces attaques racistes sur sa santé mentale. "Si je n'en parlais pas, ils risquaient de le sentir, parce que je n'étais pas bien. Je vais finir par être dépressive".

    Pas plus tard que ce vendredi après-midi, elle a tapé la voiture de son voisin en faisant une marche arrière. Il ne lui en a pas tenu rigueur "il a compris que j'étais fatiguée".

    "J'avais l'intention d'arrêter"

    À la suite de toutes ces réflexions racistes, Mamou Ba était sur le point de tout arrêter. "Je fais mon boulot comme tout le monde, et à ce que je sache, tout le monde a le droit d'acheter un établissement". Elle a toutefois pu compter sur le soutien de sa clientèle, de ses salariés et des internautes, source de force nécessaire pour poursuivre. "J'ai reçu des messages de gens que je ne connais pas", se réjouit-elle.

    Dans la restauration depuis "des années", Mamou Ba a travaillé dans de nombreux pays, suivant son mari qui travaille pour l'Union européenne et qui "voyage beaucoup". Elle s'est définitivement posée en France en 2009, dans un premier temps à Paris avant de déménager à Amiens, où elle a travaillé au Ad'Hoc Café.

    Je suis une femme. Si c’était un homme, ça ne se serait pas passer de la même manière.

    Mamou Ba 

    Pour le moment, aucune action en justice n'a été lancée. Elle tente de réunir le plus d'éléments possibles pour éventuellement porter plainte. "Au tribunal, le racisme, il faut le prouver à fond, ce n'est pas une affaire simple", regrette-t-elle. 

    De plus, pour l'avoir vécu avec le procès pour menaces de mort, "c'est long, ce sont des nuits où on ne dort pas et à chaque fois que tu passes au tribunal, c'est l'histoire qui se répète. Pour le cerveau, ce n'est pas terrible", conclut-elle.

    "La dépression, c'est un risque réel"

    "Le racisme a un impact sur la santé mentale, je dirais même sur la santé globale", analyse Racky Ka-Sy, psychologue et docteure en psychologie sociale, experte du racisme et des discriminations, basée à Chantilly (Oise). Car les situations de racisme "créent du stress, elles sont vécues comme des agressions". Elles finissent par rendre "hypervigilant". "On finit par perdre confiance en soi, on ne se sent pas en sécurité et la dépression, c'est un risque réel".

    Forte d'une riche expérience dans le domaine, Racky Ka-Sy souligne avoir "vu des gens en dépression profonde" à cause de situations de racisme, notamment au travail : "ça fissure l'esprit à chaque fois que ça arrive".

    Le stress n'impacte pas que la santé mentale. Il amène aussi à la sécrétion d'hormones, d'endorphines "qui ne sont pas forcément bonnes." "C'est comme si notre corps était attaqué. Ça crée des inflammations qui mènent à des douleurs puis des maladies diverses et variées". Elle cite le cas de personnes qui ont développé des maladies auto-immunes, articulaires, des problèmes intestinaux ou encore "des migraines dont on ne trouve pas la cause".

    La santé est un capital qui n’est pas inépuisable. Quand le racisme impacte la santé, c’est quelque chose de difficile à rattraper. Les psys essaient de limiter les dégâts.

    Racky Ka-Sy, psychologue et docteure en psychologie sociale 

    Si la gérante a légèrement tapé la voiture de son voisin, Racky Ka-Sy observe que les choses peuvent même aller plus loin dans certains cas qu'elle a traités : "on ne sait pas comment le corps va réagir". Elle cite une patiente qui devait partir au travail et, un jour, à la suite de situations racistes répétées, "n'a pas réussi à démarrer, à conduire, elle était immobilisée dans sa voiture pendant une heure et ensuite, elle a appelé son médecin".

    Elle a reçu une autre dame il y a quelques mois "qui a subi du racisme pendant des années." "Elle s'est retrouvée en burn-out et ne pouvait plus rien porter, même une bouteille d'eau. Quand elle passait les examens biologiques, il n'y avait rien d'anormal". Mais à force d'agressions racistes, "une déconnexion" s'est produite entre le corps et le cerveau. "Elle était en dépression totale", note Racky Ka-Sy.

    "Il n'y a pas d'armures contre les agressions racistes"

    Mais comment se préserver face à ces agressions ? Quelles solutions existent ? "Le mieux, c'est qu'il n'y en ait plus ! Il n'y a pas d'armure contre les agressions racistes, ça n'existe pas encore", poursuit Racky Ka-Sy avant d'ajouter qu'il faudrait que "les autorités prennent leurs responsabilités et les fassent cesser". Il faut que "les gens qui l'ont agressée soient poursuivis, punis, que dans la tête des gens, on se dise qu'on ne peut pas aller dans ce restaurant pour l'insulter".

    Mamou Ba peut compter sur le soutien de ses employés, proches et clients, ce qui "aide à mettre du baume au cœur, à peut-être limiter les dégâts s'ils sont causés par les agressions racistes. Mais il faudrait que ça dure dans le temps", poursuit la docteure en psychologie sociale.

    En conférence, j'ai pris l'exemple de la coquille d'œuf. Tu tapes dessus plusieurs fois avec un stylo, ça ne fait rien. Mais à un moment donné, ça pète. J’utilise le terme agression, car même si c'est verbal, c’est agressif, abrasif. À un moment donné, ça va la briser de l’intérieur. Pour moi, il faut absolument agir.

    Racky Ka-Sy, docteure en psychologie sociale 

    Finalement, être une femme et être noire, c'est la double peine pour la gérante car "ce sont deux groupes qui sont discriminés et sujets à des inégalités dans notre société, il y a un cumul finalement". De plus, "les agressions mettent en cause son humanité, ça déshumanise". La fierté d'être noire "n'est pas une armure contre les agressions racistes car elles vont très loin, elles remettent en question l'humanité et n'attaquent pas uniquement l'identité de noir".

    Racky Ka-Sy s'inscrit finalement à l'opposé des conseils de "prendre sur soi" et "laisser glisser". "Non, ça ne peut pas glisser sur elle, elle a fait ce qu'elle pensait être juste en ouvrant ses restaurants et il y a des personnes que ça dérange juste parce qu'elle est noire. Une fois qu'on sait que l'environnement est hostile, un moment donné, il faut être rationnel et quitter l'environnement". 

    SOURCE : TÉMOIGNAGE. "Si j’étais d’une autre couleur, ils m'accepteraient" : le désarroi d'une restauratrice victime de racisme depuis deux ans (francetvinfo.fr) 

     

     


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    Laurent Fabius : «  C’est ce qu’un

    gouvernement a voulu faire en Israël »

    Loi immigration : la droite attaque le Conseil  constitutionnel : Laurent Fabius dénonce une remise en cause "très préoccupante"

    «C’est ce qu’un gouvernement a voulu faire en Israël», a souligné Laurent Fabius en référence à une tentative de réforme judiciaire de Benyamin Nétanyahou, invalidée par la Cour suprême. « La Constitution, étymologiquement, c’est ce qui nous tient ensemble », a-t-il insisté.

    Démocratie 

    Israël : la Cour suprême rejette le cœur

    de la réforme judiciaire de Nétanyahou

    Les juges de la plus haute juridiction de l’Etat hébreu ont invalidé ce lundi 1er janvier la mesure très controversée qui prévoyait de limiter leurs pouvoirs de supervision de la politique du gouvernement. La réforme avait provoqué un immense mouvement de contestation.

    Laurent Fabius : «  C’est ce qu’un  gouvernement a voulu faire en Israël »

    La Cour suprême israélienne et ses juges à Jérusalem, le 28 septembre 2023. (Menahem Kahana/AFP)

    par LIBERATION et AFP 

    C’est un énorme revers pour le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. La Cour suprême israélienne a annoncé ce lundi 1er janvier avoir invalidé une disposition clé de la réforme judiciaire très controversée promue par son gouvernement. La mesure invalidée prévoyait d’ôter au pouvoir judiciaire le droit de se prononcer sur «le caractère raisonnable» des décisions du gouvernement ou du Parlement israélien. Le projet avait déclenché un des plus importants mouvements de contestation de l’histoire d’Israël, éclipsé par la guerre avec le Hamas palestinien depuis le 7 octobre.

    Huit des 15 juges de la Cour suprême ont voté pour l’invalidation de ce dispositif, a fait savoir le ministère israélien de la Justice dans un communiqué. De son côté, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a accusé la Cour de «s’arroger tous les pouvoirs» : «Dans les faits, les juges [de la Cour suprême] prennent entre leurs mains, avec cette décision, tous les pouvoirs qui, dans un régime démocratique, sont répartis de manière équilibrée entre les trois pouvoirs», exécutif, législatif et judiciaire, a écrit le ministre sur Telegram. Yariv Levin est le numéro deux du gouvernement, proche de Benyamin Nétanyahou et architecte de cette réforme controversée.

    Le parti du Likoud de Nétanyahou a, lui, fustigé le calendrier de cette décision, affirmant qu’il était «regrettable que la Cour suprême ait décidé de publier son verdict au cœur d’un débat social en Israël pendant que les soldats de droite et de gauche se battent et risquent leurs vies dans la campagne»«La décision de la Cour est contraire à la volonté du peuple d’unité surtout en période de guerre», a ajouté le parti.

    Laurent Fabius : «  C’est ce qu’un  gouvernement a voulu faire en Israël »

    Je constate que le criminel de guerre Nétanyahou est très contesté dans son pays, lorsque le génocide des Palestiniens sera terminé, il va payer un très lourd tribut.

    Michel Dandelot

     

     

    Loi immigration : la droite attaque le Conseil

    constitutionnel : Laurent Fabius dénonce

    une remise en cause  "très préoccupante"

    Par AFP 

    Loi immigration : la droite attaque le Conseil  constitutionnel : Laurent Fabius dénonce une remise en cause "très préoccupante"

    La droite est partie en guerre vendredi contre le Conseil constitutionnel, accusé de "coup d'Etat" pour avoir censuré une grande partie de la loi immigration. Une remise en cause "très préoccupante" des institutions, a réagi le président de l'institution Laurent Fabius, mettant en avant une décision purement "juridique".

    Possible candidat des Républicains (LR) à la présidentielle de 2027, Laurent Wauquiez a sonné la charge quelques heures après la décision des Sages, en dénonçant "un coup d’Etat de droit".

    "Non seulement c'est faux, mais d'une certaine manière, c'est une remise en cause des institutions. Et donc je trouve ça très préoccupant", a critiqué Laurent Fabius sur France 5 vendredi soir.

    Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a même proposé que le Parlement puisse avoir "le dernier mot", après le Conseil constitutionnel.

    Loi immigration : la droite attaque le Conseil  constitutionnel : Laurent Fabius dénonce une remise en cause "très préoccupante"

    Netanyahu, criminel de guerre, président du gouvernement d'extrême droite d'Israël (Photo ajoutée par Michel Dandelot)

    "C'est ce qu'un gouvernement a voulu faire en Israël", a souligné Laurent Fabius en référence à une tentative de réforme de Benjamin Netanyahu, invalidée par la Cour suprême. "La Constitution, étymologiquement, c'est ce qui nous tient ensemble", a-t-il insisté.

    Durcissement de l'accès aux prestations sociales pour les étrangers, quotas migratoires annuels, resserrement des critères du regroupement familial, "caution retour" pour les étudiants étrangers...: la plupart des mesures annulées jeudi par le Conseil constitutionnel avaient été adoptées sous la pression de la droite, majoritaire au Sénat et avec l'appui de l'extrême droite.

    Dans le sillage de M. Wauquiez, le président des Républicains Éric Ciotti a vilipendé "un hold-up démocratique" et accusé M. Fabius de "collusion" avec Emmanuel Macron contre la "volonté du peuple français qui veut moins d'immigration".

    Les attaques de la droite - et de l'extrême droite, Jordan Bardella (RN) parlant de "coup d'Etat des juges" - ont été dénoncées par le reste de l'échiquier politique.

    "Les Républicains ne sont plus ni républicains ni même gaullistes", a dénoncé le socialiste Olivier Faure.

    "Difficile ensuite de se réclamer d’une culture de gouvernement", a relevé l'ex-ministre de l'Industrie Roland Lescure sur X.

    Seule voix discordante à LR, Xavier Bertrand, concurrent potentiel de Laurent Wauquiez pour 2027, s'est dit lui aussi "en profond désaccord".

    "Quand les responsables politiques chauffent tout le monde à blanc, vous risquez d'avoir une fin de mandat qui pourrait ressembler à celle de Trump", a-t-il prévenu.

    - Premières instructions aux préfets -

    Triomphantes après l'adoption de la loi en décembre, la droite et l’extrême droite sont d'autant plus furieuses que le Conseil a censuré seulement trois articles sur le fond et 32 autres au motif qu'ils n'avaient pas leur place dans le périmètre de ce texte.

    "Comment oser prétendre qu’il n’y a aucun lien entre l’immigration et le regroupement familial ?", s'est indigné le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

    Cette jurisprudence à propos d'amendements retoqués car jugés sans lien direct ou indirect avec le texte initial, "remonte à plusieurs dizaines d'années", a défendu Laurent Fabius.

    LR et RN espéraient que le Conseil annule certaines mesures sur le fond afin de justifier la nécessité d'une révision constitutionnelle pour modifier la politique migratoire.

    Rien n'empêche désormais le Parlement de voter à nouveau en bonne et due forme ces mesures controversées et "à ce moment-là, nous dirons ce que nous en pensons sur le fond", a fait remarquer Laurent Fabius.

    Le président du Sénat Gérard Larcher a d'ailleurs exhorté le gouvernement à "redéposer un texte conforme à l'accord" entre LR et la majorité.

    Mais Gérald Darmanin a pris les devants, assurant que l'exécutif "ne représentera pas de projet de loi" sur le sujet.

    De son côté, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a demandé le retrait de la loi, jugeant que "le texte validé par le Conseil constitutionnel correspond au texte rejeté par l'Assemblée" et n'a donc "aucune légitimité".

    Le chef de l'Etat devrait promulguer la loi samedi et le ministre de l'Intérieur a convoqué les préfets dès ce vendredi pour leur donner ses premières instructions en matière de contrôles, d'expulsions et de régularisations.

    Le texte final conserve la structure initialement souhaitée par le gouvernement, avec un large volet de simplification des procédures pour expulser les étrangers délinquants.

    SOURCE : Loi immigration: la droite attaque le Conseil constitutionnel, Fabius dénonce une remise en cause "très préoccupante" - La DH/Les Sports+ (dhnet.be)

     

     


    2 commentaires
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    Il y a des courriels, des témoignages, des vidéos,

    des familles, des articles, plus remarquables que d'autres,

    celui-ci en fait partie, c'est la raison pour laquelle

    je vous le présente de nouveau.

    Michel Dandelot

    Marcel Yanelli nous signale la sortie d'un film « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et d'un documentaire « Métro Charonne »

    Regardez-moi dans mon lieu de travail où j'ai passé beaucoup d'heures chaque jour depuis 14 ans

     

    J’ai reçu de Marcel Yanelli un ami de Dijon

    ce courriel :

    Marcel Yanelli nous signale la sortie d'un film « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et d'un documentaire « Métro Charonne »

    Bonjour Michel

    Je viens de visionner le film que tu nous as fait découvrir… « Sommes-nous revenus d’Algérie » "Sommes-nous revenus d'Algérie" Les Appelés du contingent témoignent - micheldandelot1

    Merci de l’avoir fait découvrir à tes correspondants.

    Bravo à l’équipe qui a réalisé ce film ! Il a toute son utilité, il n’est en rien dépassé !

    Tu le sais, les 2 films réalisés par une équipe d’amis cinéastes ; l’un avec mon épouse (victime de la première vague du Covid) sur les 9 tués du métro Charonne en février 1962, l’autre, à partir de mes carnets écrits en Algérie en 1960-61 « Regards croisés » sont dans le même esprit que celui que je viens de voir… Penses-tu possible de les donner à voir également ?!

    J’oubliais : Marie-Louise Laforge Yanelli, mon épouse, fut stéphanoise avant de me rejoindre à Dijon en 1962 pour une vie commune de 59 ans. J’ai écouté, dans le film » Sommes-nous revenus d’Algérie… » avec émotion et tendresse ces appelés de Saint-Etienne, car j’ai retrouvé la même culture ouvrière de la famille de Marie-Louise, d’une belle richesse…

    Marcel Yanelli 

    Marcel Yanelli nous signale la sortie d'un film « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et d'un documentaire « Métro Charonne »

    Cher Marcel,

    Les films et documentaire sont visibles sur mon blog depuis le 1er novembre 2021.

    Michel Dandelot

     

    Marcel Yanelli nous signale la sortie

    d'un film et d'un documentaire

    Marcel Yanelli nous signale la sortie de deux films « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et « Métro Charonne »

    En ce 1er novembre 2021 je vous présente le film d’un ami de mon groupe Marcel Yanelli et le documentaire de son épouse décédée en 2020 auxquels j'ajoute un article que je lui avais consacré en 2016 comprenant une vidéo où mon ami Marcel présente son livre « J’ai mal à l’Algérie de mes 20 ans ».

    Le dernier film qui est sorti en 2020 s’inspire largement des carnets qu’il a remplis en Algérie, en 1960 et 1961, en pleine guerre. Il s’appelle « Regards croisés sur la guerre d’Algérie ». Il est visible ici.

    Le documentaire est un témoignage de Marie-Louise (son épouse décédée le 12 juin 2020) sur le drame de Charonne en février 1962. Il s’appelle « Métro Charonne ». Le lien est ici.

     

     

    Marcel Yanelli nous signale la sortie de deux films « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et « Métro Charonne »

    MARCEL YANELLI

    et je te présente mes condoléances émues pour le décès de ton épouse Marie-Louise victime du Covid 19 le 12 juin 2020.

    Michel Dandelot

     

    Marcel Yanelli nous signale la sortie de deux films « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et « Métro Charonne »

    SOUVENIRS DE 2016

    Des Côte-d’Oriens se souviennent 

     des dernières manifestations interdites

    pendant la guerre d’Algérie

     

    Des Côte-d’Oriens se souviennent   des dernières manifestations interdites  pendant la guerre d’Algérie

    Marie-Louise Yanelli a gardé les journaux de l'époque © Radio France - Jacky  

    Il y aura finalement bien une manifestation à Paris contre la loi travail ce jeudi 23 juin 2016. Si les autorités l’avaient interdite, la situation aurait été inédite depuis la guerre d’Algérie. Un couple de Côte-d’Oriens s’en souvient. 

    Les opposants à la loi travail vont défiler à Paris sur un parcours en boucle proposé par le ministre de l'Intérieur. Echaudées par les méfaits des casseurs, les autorités avaient menacé d'interdire le défilé. Cela aurait été une première pour une manifestation de syndicats, depuis le 8 février 1962. Ce jour-là, la gauche avait appelé à manifester à Paris au lendemain d'une vague d'attentats de l'OAS. La guerre d'Algérie touchait à sa fin. La manifestation avait été interdite, et le préfet de police Maurice Papon avait donné l'ordre à la police de charger. Une charge d'une violence inouïe et meurtrière pour une dizaine de manifestants acculés dans une bouche de métro. Entassés les uns sur les autres contre la grille fermée de la station de métro Charonne, ils avaient été matraqués par les policiers qui leur avaient également jeté dessus de lourdes grilles entourant le pied des arbres plantés aux abords de la station. Étouffées, écrasées, 8 personnes étaient mortes. Une neuvième avait plus tard succombé à ses blessures. Marie-Louise Yanelli s'en souvient. Elle vit aujourd'hui à Fontaine-les-Dijon. A l'époque elle avait 20 ans et travaillait aux chèques postaux dans la capitale. Cette militante communiste avait participé à la manifestation prohibée dans laquelle l'une de ses collègues, Anne-Claude Godeau, âgée de 24 ans, avait trouvé la mort. Par chance, elle-même se trouvait dans une autre branche de la manifestation, épargnée par les violences policières. Elle n’avait appris le drame que le soir venu. Marie-Louise a gardé les journaux de l’époque, et les tracts imprimés pour les obsèques de sa collègue. 

    En octobre 1957, à Dijon, des manifestants lutteurs 

    avaient fait voltiger des policiers 

    Son époux, Marcel, se souvient avoir participé à d'autres rassemblements interdits contre la guerre en Algérie. Et en particulier à Dijon le 17 octobre 1957. Âgé de 19 ans, avec des camarades de son club de lutte, il avait fait l'expérience qu'on ne plaisantait pas avec les gardes mobiles. Ces derniers avaient chargé au clairon, distribuant coups de matraque et de crosse. Marcel se souvient des coups qui résonnaient sur les corps. Les gardes mobiles en avaient reçu aussi, Marcel et ses copains lutteurs ne pouvant résister au plaisir de leur faire quelques prises. « Les policiers voltigeaient », se rappelle Marcel. Finalement maîtrisé et plaqué au sol, il s’était retrouvé menotté et jeté dans un camion. Mais il avait profité de l’inattention de ses gardiens pour sauter du véhicule, toujours menotté. Déjouant la vigilance des forces de l’ordre postées dans la ville, il avait pu s’échapper, et son entraîneur de lutte l’avait débarrassé de ses menottes avec des outils. Marcel Yanelli les a conservées en souvenir. Marcel et Marie-Louise Yanelli sont heureux que la manifestation de ce jeudi ne soit pas interdite. « On a bien payé, pour savoir qu’interdire ne règle pas le problème. Après le recours à l'article 49-3, cela aurait fait beaucoup... » Et Marie-Louise, émue quand elle se remémore la tragique manifestation interdite du 8 février 1962, ajoute que cela n’a pas entamé sa détermination. Au contraire. « Je suis toujours militante, et convaincue qu’il faut changer le monde », conclut-elle dans un rire. 

    Marcel Yanelli a rencontré les lecteurs

    à la librairie Carnot de Vichy en mai 2016

    Des Côte-d’Oriens se souviennent   des dernières manifestations interdites  pendant la guerre d’Algérie

    Marcel Yanelli et ses carnets écrits entre 1960 et 1961 - photo cléo chabrou 

    Marcel Yanelli était  à la librairie Carnot de Vichy pour une séance de dédicace consacrée à son dernier livre, « J’ai mal à l’Algérie de mes vingt ans » . 

    Le livre de Marcel Yanelli est la transcription fidèle de deux petits carnets. Un peu usés, mais parfaitement conservés. Une écriture fine remplie chaque ligne. Le récit de 14 mois passés en Algérie pendant la guerre, de 1960 à 1961.  

    « Ce sont en fait des agendas, précise l'auteur. Je voulais respecter les jours et quand la place manquait, je rajoutais des pages. Adolescent, j'écrivais déjà, lorsque j'avais le cœur gros. » 

    À cette époque, Marcel Yanelli était militant communiste. « J'étais contre cette guerre. J'ai toujours su que l'Algérie en sortirait libre. » Ces carnets sont restés dans le tiroir d'un bureau, pendant près de 60 ans. « Je ne savais pas quoi en faire, mais je souhaitais qu'ils servent à quelque chose. Et quand je regarde, aujourd'hui, la montée du Front National, je me rends compte que ces idées sont tenaces. » 

    Ce livre est tout autant un devoir de mémoire, que le récit authentique, écrit dans l'instant, d'une guerre que Marcel Yanelli, n'oubliera jamais.  

    Pratique. J'ai mal à l'Algérie de mes vingt ans, éditions L'Harmattan.   

    Guillaume Sauzer 

    SOURCE : http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/allier/vichy/2016/05/08/marcel-yanelli-a-rencontre-les-lecteurs-a-la-librairie-carnot_11904390.html  

    Marcel Yanelli : « J’ai toujours mal à l’Algérie 

    de mes 20 ans » 

    Marcel Yanelli nous signale la sortie de deux films « Regards croisés sur la guerre d’Algérie » et « Métro Charonne »


     

    Cette notice est rédigée à partir d’entretiens avec Marcel Yanelli, sa famille et ses proches

    En cette fin d’année 2005, Marcel Yanelli a 67 ans. Il se décide à franchir le pas de la publication de ses carnets écrits en 1960 et 1961, durant les quatorze mois passés en Algérie, dans un commando de chasse : « Au vu et au su de tout le monde, j’écrivais sur des petits carnets, pendant les opérations ou après… Ces écrits, ainsi que les quelque 200 photos prises là-bas, sont restés longtemps dans un coin de mon bureau. Seuls, les plus proches de ma famille les avaient lus ». Vers la fin de l’année 1999, quelques pages paraissent dans un ouvrage édité par l’Amicale des vétérans du PCF intitulé La lutte des communistes de Côte d’Or contre les guerres coloniales, Indochine, Algérie, Vietnam. Des adaptations scéniques sont également produites. En 2002, il commence à « intégrer ses écrits dans son ordinateur ». « Ce ne fut pas aisé car mes notes étaient très serrées et fines et je dus avoir recours à une loupe… Pas aisé aussi car l’adulte que je suis devenu était parfois tenté de gommer ou de modifier les aspects naïfs, excessifs, ultra-sensibles ou trop intimes de mes écrits de l’époque. Ce que je me résolus à ne pas faire ». 

    À la question, « Pourquoi ces écrits sortent-ils seulement maintenant ? » Marcel Yanelli pense que les choses doivent venir en leur temps, celui du mûrissement par exemple… « Ou encore celui du sentiment aigu de la précarité du temps, surtout pour les gens de mon âge qui ont vécu cette période… Celui, également, du travail de mémoire, de réparation que la France n’a pas voulu effectuer ». 

     « Une vie riche de passions, d’engagement militant. Riche de certitudes aussi nombreuses que les doutes et remises en cause » 

    Fils d’immigré, né à épinac, en Saône-et-Loire, « car les émigrés italiens et polonais des années 1920-1930 étaient utilisés pour les métiers les plus durs et à épinac aussi il y avait des mines ». Il a sept frères et sœurs, les deux aînés sont nés en Italie. « Nous avons vécu dans la pauvreté, mais nous avons été élevés dans la dignité, dans le respect des autres, de leur différence ». 

    À l’âge de 15 ans, il est « éjecté » du circuit scolaire. Apprenti monteur en chauffage, il obtient un certificat d’aptitude professionnelle à 18 ans. « C’est par beaucoup d’efforts personnels que j’ai dû compenser mes manques de connaissances générales, et je sais que celles qui ne sont pas  

    « Je suis un passionné de la vie. J’étais contre cette guerre faite à tout un peuple » 

    D’autres ont préféré déserter. Pour lui, il n’en a pas été question : « Appelé en Algérie, je n’y suis pas allé pour faire la guerre mais pour gagner mes compatriotes à la conscience que cette guerre n’avait rien à voir avec les intérêts de la France. Le moment était venu pour moi, comme pour d’autres jeunes communistes ou chrétiens, non de refuser de partir, mais de me retrouver avec les gars du contingent - les appelés - pour faire mon travail de militant de la paix en Algérie. Cette dernière ne pouvait survenir que si les appelés aussi comprenaient les véritables enjeux de la pacification ». Et puis la stratégie du parti a changé. Il va parler, discuter sans relâche, dénoncer les manipulations. « Par exemple : opération en hélicoptère. Arrivée sur un camp de nomades, sur les hauts plateaux. Dans le fracas des hélices il fallait sauter sur le sol, des coups de feu partout. De quoi être effrayé : fouillez, détruisez tout ! La peur n’aidant pas à la sérénité, les gars s’exécutaient… Mais pour apprendre plus tard que les coups de feu en question venaient exclusivement des officiers et sous-officiers… Oui mais le mal était fait et, pour ne pas avouer sa peur, il fallait justifier les destructions comme un mal nécessaire ». 

     « Je souhaite que mon témoignage écrit à vif, en situation, il y a quelque 44-45 ans, contribue à ce que le voile se lève sur cette guerre ». 

    La torture. Il cite Hervé Bourges : « Le crime commis dans un camp n’excuse pas le crime commis dans l’autre camp. Mais le crime commis dans mon camp, moi, j’en suis responsable ». Les traumatismes causés par cette guerre sont gravés dans la mémoire, et le temps ne soigne pas les traumatismes : « Ce sont les mots qui soignent et seulement les mots ! Faire ce travail n’est pas réveiller de vieilles culpabilités… C’est, au contraire, leur régler leur compte, c’est permettre de “faire la paix”, individuellement et au niveau de la société elle-même. C’est permettre à ceux de ma génération qui sont encore en vie de transmettre leur histoire à leurs enfants, de ne plus porter des fautes et des crimes qu’ils n’ont pas à porter ». 

    L’intégralité des « carnets d’Algérie de Marcel Yanelli », accompagnés de nombreuses photos et commentaires, peut être lue sur : <http://perso.wanadoo.fr/​marcel.yanelli>. 

     

    "J’ai mal à l’Algérie de mes vingt ans", nouveau livre témoignage sur une guerre perdue d’avance 

     

    "J’ai mal à l’Algérie de mes vingt ans", nouveau livre témoignage sur une guerre perdue d’avance

     

     

    PARIS - Un nouvel ouvrage sur la guerre de libération, édité par l’Harmattan, vient s’ajouter aux nombreux témoignages d’appelés du contingent français réprouvant le combat contre un peuple qui luttait pour son indépendance. 

    "J’ai mal à l’Algérie de mes vingt ans. Carnets d’un appelé, 1960-1961" (253 pages) est la compilation des notes, des impressions écrites au jour le jour pendant 14 mois par un jeune homme de 22 ans, Marcel Yanelli, "tourmenté" par la guerre qui était à son épilogue avec les négociations entre le Gouvernement Provisoire de la République algérienne (GPRA) et le gouvernement français. 

    L’auteur place ses témoignages dans le cadre du travail de mémoire de cette guerre "que l’on a longtemps appelée hypocritement ‘opérations de maintien de l’ordre’". 

    "Je pense que les choses doivent venir en leur temps, celui du mûrissement par exemple... Ou encore celui du sentiment aigu de la précarité du temps, surtout pour les gens de mon âge qui ont vécu cette période... Celui, également, du travail de mémoire, d’histoire de réparation que la France n’a pas voulu effectuer...", explique-t-il. 

    Car, pour lui, il est impossible, du côté des Français, d’oublier ses soldats "morts pour rien en Algérie". 

    "Pour rien, car cette guerre était perdue d’avance, car on ne peut rien faire quand tout un peuple est debout ! Comment ignorer ces centaines de milliers d’Algériens et Algériennes morts pour que leur pays devienne indépendant", s’est-il demandé. 

    Loin de constituer un lot de révélations sur le déroulement de cette "sale guerre", l’ouvrage de Marcel Yanelli tente de montrer qu’en parallèle à cette guerre, une autre guerre secrète était menée par les militants de la paix envoyés à dessein combattre en Algérie. 

    "Je n'y suis pas allé pour faire la guerre mais pour gagner mes compatriotes à la conscience que cette guerre n'avait rien à voir avec les intérêts de la France", explique-t-il, ajoutant que "le moment était venu pour moi, comme pour d'autres jeunes communistes ou chrétiens, non de refuser de partir, mais de me retrouver avec les gars du contingent (les appelés) pour faire mon travail de militant de la paix en Algérie". 

    Affecté en opérationnel (dans un commando de chasse), Marcel Yanelli, né en 1938 dans une famille de 8 enfants, de parents émigrés italiens, ne reste pas cependant coupé de ce qui se passe autour de cette guerre. En suivant le procès des membres du "réseau Jeanson" et prenant connaissance de l’appel des 121, il écrit que "ces deux choses soulignent le drame d’un peuple tiraillé par le devoir, par l’esprit de justice. Le caractère de cette guerre est mis à jour". 

    Ce qui le met dans un questionnement existentialiste: "Les milieux littéraires agissent. N’est-ce pas le moment pour accentuer notre mouvement? Et moi ? Que faire ? Rester ici ?" 

    Il relate les atrocités et les crimes des soldats (les viols, la torture et les vols), qu’il dénigre mais ne peut rien faire. "J’exprime ma rancœur, mon indignation. Ils ne me comprennent pas, justifient la torture (…)", relève-t-il. 

    Marcel Yanelli revient dans son ouvrage sur la loi de 2005 qui soulignait "le rôle positif de la présence française dans les colonies". 

    "Et double honte ou colère quand une majorité de députés de l’Assemblée nationale ose voter en 2005, une loi insistant sur (le rôle positif de la présence française dans les colonies), une loi qui impose un mensonge officiel sur des crimes, sur des massacres allant parfois jusqu’au génocide, sur l’esclavage, sur le racisme hérité de ce passé", s’indigne-t-il. 

     

     

     

     


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    C'est donc ce soir qu'aura lieu la soirée

    de lancement du magazine

    France Algérie Actualité

    de 18 h. à 21 h.

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    France Algérie Actualité

    Soirée de lancement du magazine

    France Algérie Actualité

     

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    E-mail : contact@france-algerie-actualite.fr
    N° tél. : (+33) 6 01 42 36 35

    Adresse : 26 rue Pierre Semard 92320 Châtillon 

     

    France Algérie Actualité 

    France Algérie Actualité

    Je remercie les 14 amis qui m’ont demandé de leur envoyer le lien de mes articles par mails le dernier en date de mes amis est Hubert Rouaud, c’est pourquoi j’ai décidé de reprendre mes envois, toutefois si certains d’entre vous ne souhaitent pas les recevoir merci de me le faire savoir à cette adresse :

    dandelotmije@orange.fr

    Hubert Rouaud m’écrit donc :

    Salut Michel,

    Ci-après une initiative intéressante : Lancement d'un nouveau magazine FRANCE ALGÉRIE ACTUALITÉ.

    J'en profite pour te signaler que je ne reçois toujours pas ta lettre d'information. 

    Hubert

    Les initiateurs du lancement 

    Titre : France Algérie Actualité 

    Devise : Comprendre le passé et construire l’avenir 

    Fondateur : Dr Samir GHEZLAOUI 

    Alimenté par une quinzaine de journalistes, France Algérie Actualité est un journal indépendant édité par Ghez Media, société de droit français. Il a été fondé le 5 juillet 2022, à l’occasion de la commémoration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Une année plus tard, le 5 juillet 2023, il connait une évolution importante avec l’acquisition d’un nouveau site et d’un siège social, ainsi que l’arrivée d’une dizaine de journalistes contributeurs. Il s’agit d’un bimédia, précisément un site d’information quotidien et un mensuel imprimé, dont le premier numéro est prévu pour janvier 2024. Ce magazine, qui se veut sérieux et équilibré, s’est fixé l’objectif de traiter l’actualité liant la France et l’Algérie d’une autre manière : plus apaisée sans pour autant éviter les sujets qui fâchent, et plus positive sans pour autant taire les polémiques.

    La règle de fonctionnement de France Algérie Actualité est de garder toujours une frontière épaisse entre, d’un côté, l’information factuelle, de l’autre, l’opinion, l’analyse et le commentaire, qui ont besoin de recul et d’être identifiés en tant que tels. Cela permettra aux lecteurs et aux socionautes de découvrir différents formats journalistiques (de l’interview au reportage en passant par l’enquête) et diverses rubriques : Politique, Économie, Histoire, Culture, Sport, etc.

    Dans la création de contenus, France Algérie Actualité veille systématiquement à privilégier la qualité par rapport à la quantité et l’authenticité par rapport au buzz. C’est un espace de débat aussi libre, où chacun peut exprimer son avis et opinion, que responsable, où les fake news et les intox sont bannis. La parole est donnée à toutes les voix constructives et consciencieuses : universitaires des deux pays, particulièrement les historiens, acteurs de la société civile et différentes personnalités du paysage politico-médiatique des deux rives de la Méditerranée.

    La dénomination France Algérie Actualité a été choisie parce qu’elle contient tout simplement les noms des deux pays qui constituent les objets principaux du magazine, et dans cet ordre-là car il est basé en Hexagone. Quant au mot actualité, c’est en fait deux clins d’œil : premièrement, à Algérie Actualité, un hebdomadaire qui a marqué l’histoire de la presse francophone algérienne par la qualité de ses journalistes ; deuxièmement, à France Actu, une ancienne rubrique du quotidien El Watan pour laquelle le fondateur a travaillé, pendant plus de 10 ans, à partir de Paris. En abréviation, le nom donne FA Actu. 

    SOURCE : https://www.france-algerie-actualite.fr/qui-sommes-nous/ 

    La réunion-débat de lancement :

    France Algérie Actualité

     


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    Attention «  Jupiter » encore

    un des membres de ton parti

    qui va te quitter si tu valides

    la loi sur l’immigration 

    Attention «  Jupiter » encore un des membres de ton parti  qui va te quitter si tu valides la loi sur l’immigration

    À Bayonne, un centre d'accueil qui défie

    la loi sur l'immigration

     

    Attention «  Jupiter » encore un des membres de ton parti  qui va te quitter si tu valides la loi sur l’immigration

    Des migrants au centre "Pausa" de Bayonne, le 23 janvier 2024 dans les Pyrénées-Atlantiques© GAIZKA IROZ

    Quelques jours de répit sur la route de l'exil. Le centre "Pausa" de Bayonne a accueilli plus de 32.000 personnes depuis 2019 et "continuera à le faire", quoi qu'il advienne jeudi de la loi sur l'immigration, assure la mairie.

    Le centre intégralement financé, à hauteur de 900.000 euros annuels, par la Communauté d'agglomération Pays basque, présidée par le maire de Bayonne et élu Renaissance Jean-René Etchegaray, a déjà hébergé 500 migrants en janvier.

    Situé en bordure du fleuve Adour, il accueille, pour une durée moyenne de trois jours, femmes, enfants et jeunes adultes qui repartent ensuite vers de grandes métropoles françaises ou européennes.

    Alors que le Conseil constitutionnel doit rendre jeudi sa décision sur la loi sur l'immigration, Jean-René Etchegaray ne compte pas abandonner ce centre unique en son genre en France.

    Attention «  Jupiter » encore un des membres de ton parti  qui va te quitter si tu valides la loi sur l’immigration

    Le maire de Bayonne et élu Renaissance Jean-René Etchegaray, le 23 janvier 2024 à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques© GAIZKA IROZ

    "Si cette loi était finalement promulguée avec des dispositions qui gênent mon éthique personnelle, ça pourrait remettre en cause ma présence au sein de Renaissance, commente l'édile. Nous avons cette tradition d'accueillir les gens et on continuera à le faire."

    - "Passer, pas rester" -

    Derrière le grand portail métallique du centre "Pausa", fermé la nuit, une vaste cour de bitume. Mardi matin, des exilés de passage y avaient tiré des chaises au soleil.

    Le bâtiment dans lequel ils dorment, ancien siège de la Légion étrangère racheté par l'intercommunalité basque, peut abriter jusqu'à 130 hommes dans un vaste dortoir. Une aile est réservée aux femmes et aux enfants.

    "La moyenne d'âge va de 12 à 25 ans", dit Philippe, directeur du site, peu désireux de donner son nom. Les mineurs non accompagnés sont renvoyés vers le Département et l'Aide sociale à l'enfance.

    Attention «  Jupiter » encore un des membres de ton parti  qui va te quitter si tu valides la loi sur l’immigration

    Des migrants au centre "Pausa" de Bayonne, le 23 janvier 2024 dans les Pyrénées-Atlantiques© GAIZKA IROZ

    En début de semaine, Fily, Sénégalaise, a été accueillie avec sa fille de trois ans. Elle dit s'être "reposée", "lavée" et a mangé pour pouvoir repartir en direction de Paris, rejoindre sa famille. "Ici, c'est pour passer, pas pour rester", sourit-elle.

    Les réfugiés viennent pour la plupart du Mali, de Guinée ou de Côte d'Ivoire, via l'Espagne. "Depuis ce matin, 20 personnes sont arrivées", indique Philippe.

    Peu avant midi, un camion de la Banque Alimentaire décharge des stocks de nourriture. 

    Sept salariés travaillent sur le site, où interviennent aussi une assistante sociale et du personnel du centre hospitalier de la ville pour les soins légers.

    - "Appel d'air" -

    "C'est très important d'avoir un centre pareil, tout le monde passe ici, on nous donne à manger, des habits, commente Sidibé, Guinéen. Sans ce centre, ça aurait été difficile pour moi parce que je ne suis pas habitué à dormir dans la rue."

    Lors de sa création, en 2019, "Pausa" a suscité l'adhésion des élus locaux qui ont voté à l'unanimité son subventionnement.

    L’Etat, en revanche, relevait un possible "appel d'air", que Jean-René Etchegaray réfute toujours aujourd'hui. "Quand les gens passent la frontière et qu'ils sont chez nous, il est hors de question de ne pas avoir une attitude qui relève de l'humanité et des droits humains", affirme-t-il.

    Attention «  Jupiter » encore un des membres de ton parti  qui va te quitter si tu valides la loi sur l’immigration

    Des vêtements pour les migrants au centre "Pausa" de Bayonne, le 23 janvier 2024 dans les Pyrénées-Atlantiques© GAIZKA IROZ

    Au Pays basque, sept personnes se sont noyées depuis 2021 en tentant de traverser la Bidassoa, le fleuve frontalier avec l'Espagne. Trois Algériens ont aussi perdu la vie en octobre 2021, percutés par un train à Ciboure, à quelques kilomètres d'Irún.

    "Je ne peux pas oublier les risques qu'on a fait courir à ces migrants. Ils sont morts pour échapper aux contrôles de police qui ne devraient pas exister parce que Schengen, c'est la libre circulation des personnes", insiste le maire de Bayonne.

    Attention «  Jupiter » encore un des membres de ton parti  qui va te quitter si tu valides la loi sur l’immigration

    Des migrants au centre "Pausa" de Bayonne, le 23 janvier 2024 dans les Pyrénées-Atlantiques© GAIZKA IROZ

    SOURCE : À Bayonne, un centre d'accueil qui défie la loi sur l'immigration (msn.com) 

     Manifestations massives contre

    la loi immigration en France

     

     


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    À Gaza, on ne voit pas seulement la mort.

    On la sent. On la respire.

    À Gaza, on ne voit pas seulement la mort. On  la sent. On la respire.

    Un Palestinien pleure sur la dépouille d’un enfant tué par une frappe israélienne sur l’hôpital al-Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 décembre 2023 (AFP)

    Les Israéliens ciblent les Palestiniens qui tentent de venir en aide aux survivants bloqués sous les décombres ou de récupérer leurs morts, laissant les cadavres pourrir. Une stratégie systématique de la guerre génocidaire d’Israël.

    Jamais dans mes cauchemars les plus fous je n’aurais imaginé courir après un chien errant pour récupérer la jambe d’un bébé dans sa gueule.

    Au cours des trois dernières semaines, les forces israéliennes ont bombardé sans pitié mon quartier de Rimal, dans le nord de la bande de Gazadétruisant massivement les immeubles d’habitation situés le long de la rue al-Galaa.

    De nombreuses maisons voisines qui ont été prises pour cible étaient habitées et remplies de personnes qui avaient fui d’autres zones sous les bombardements pour se réfugier chez des proches. 

    De faibles voix sont parvenues des décombres. Il s’agissait des appels de deux enfants en bas âge et de leur mère désespérée

    Je faisais partie d’un groupe de jeunes hommes qui se sont chargés de la pénible mission de sauvetage et de récupération. Nous avons fait de notre mieux pour extraire les survivants des énormes tas de décombres et nous avons tenté de dégager les corps des morts pour leur assurer un enterrement digne.

    Nous étions cependant encerclés par des tireurs d’élite israéliens qui tirent sur tous ceux qui s’approchent des décombres, ce qui a coûté la vie à cinq hommes. Après quoi, la mission de recherche a été interrompue.

    Mais très vite, de faibles voix sont parvenues des décombres. Il s’agissait des appels de deux enfants en bas âge et de leur mère désespérée. Malgré nos tentatives, nous n’avons pas pu atteindre les enfants pris au piège, qui ont fini par mourir sous les décombres.

    Nous avons ensuite essayé de dégager leur mère, dévastée et blessée, pour lui permettre de respirer et lui donner tant bien que mal de l’eau pour boire et quelques dattes à manger pour qu’elle puisse rester en vie.

    Corps en décomposition

    Tout au long de ce calvaire, les forces israéliennes, dans leurs véhicules et engins blindés, tournaient autour de nous, nous assiégeant et nous refusant l’accès aux blessés et aux personnes prises au piège, tout en nous empêchant de quitter la zone. Nous avons été contraints de nous réfugier dans les maisons du voisinage.

    À la suite des massifs bombardements aériens et de la destruction de notre quartier, les forces israéliennes ont lancé une invasion brutale, prenant d’assaut les quelques maisons encore debout, ciblant et arrêtant de nombreux jeunes et exécutant publiquement des personnes déplacées qui cherchaient un passage sûr pour fuir les bombardements.

    Le groupe dans lequel je me trouvais s’est réfugié dans le quartier de la plage et est revenu quelques jours plus tard.

    Je suis d’abord allé voir comment allait la mère, qui était encore ensevelie sous les décombres. Je l’ai appelée par son nom et j’ai rampé sous les murs de béton, mais le silence régnait. En creusant davantage, nous avons découvert qu’elle était décédée, ses bras enlaçant les corps minuscules de ses enfants.

    Quelques jours après notre retour dans notre quartier, nous avons remarqué qu’une meute de chiens errants était venue s’abriter dans l’une des maisons bombardées à côté de chez nous. Toute la nuit, nous les avons entendus aboyer et hurler bruyamment, comme s’ils se disputaient quelque chose.

    À la lueur du matin, j’ai trouvé la meute de chiens. J’ai été stupéfait de voir que l’un d’entre eux avait le pied d’un bébé dans sa gueule. Je l’ai poursuivi, j’ai retiré le pied et je l’ai enterré profondément dans le sol.

    Jamais je n’aurais imaginé courir après des chiens qui dévorent les corps de mes voisins et de leurs enfants.

    Nous avons continué à essayer d’éloigner les chiens de la zone pour reprendre notre recherche de survivants blessés et de martyrs ensevelis sous les immenses tas de décombres. 

    Mais même les membres des corps que nous avons trouvés avec les chiens avaient déjà subi une décomposition extrême. Leur peau s’était décomposée.

    Les gens sont devenus des martyrs tandis que leurs corps se sont transformés en cadavres en décomposition.

    Les forces israéliennes ont délibérément tué et menacé la vie des survivants qui effectuaient des opérations de secours et de récupération d’urgence. 

    Elles ont rendu impossible le sauvetage d’innombrables civils, en particulier d’enfants terrifiés, appelant une aide qui ne vient pas, jusqu’à ce que leurs voix fatiguées se taisent. Malgré les risques, de nombreux courageux ont volé à leur secours et y ont laissé leur vie.

    La mort est partout

    Le refus d’accès aux blessés et aux tués est systématique et constitue une stratégie de la guerre génocidaire d’Israël contre les Palestiniens.

    Des témoins, notamment des survivants, des membres des familles et des journalistes de tous les quartiers densément peuplés de Gaza, ont indiqué que les forces israéliennes avaient intentionnellement tiré sur les équipes de secours, et même lors des enterrements, ou les avaient bombardées.

    La destruction totale des zones résidentielles et les énormes tas de décombres que personne ne peut dégager ou même approcher provoquent une crise terrible. Un nombre ahurissant de cadavres sont en train de rapidement se décomposer, accentuant ce tableau de la mort.

    À Gaza, on ne voit pas seulement la mort, on la sent, on la respire. On ressent la mort avec tous ses sens, puis on la respire, au sens premier du terme, avant de voir avec horreur et stupéfaction des chiens errants se régaler des fragments décomposés des corps de ceux que l’on connaissait et que l’on aimait.

    Mon oncle Abu Yousef, qui vit dans le quartier de Yarmouk, m’a confirmé que de grandes meutes de chiens errants rôdent dans tous les quartiers, y compris dans ce qui était autrefois le marché animé et populaire de Yarmouk.

    Dans les environs de ce quartier, plusieurs tours résidentielles et commerciales ont été lourdement bombardées et détruites, laissant des centaines de personnes ensevelies sous les décombres, où personne n’a pu accéder pour récupérer les corps pour un enterrement digne, ou un enterrement quel qu’il soit.

    Les chiens, confrontés à la famine comme tous les habitants de Gaza, sentent les corps en décomposition, se faufilent dans les ruines et en ressortent avec des morceaux de corps dans la gueule.

    Même après 100 jours de massacres sauvages d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens, le spectacle horrible de chiens errants en train de se repaître des corps des martyrs, violant ainsi le caractère sacré des morts et des vivants, reste extrêmement choquant.

    Gaza est constamment sous siège, bombardement et occupation. Sa population reste la cible de la campagne génocidaire d’Israël. Dans toute la bande de Gaza, il règne une odeur de mort, de débris et de pourriture.

    SOURCE : À Gaza, on ne voit pas seulement la mort. On la sent. On la respire | Middle East Eye édition française 

     

    Pendant ce temps en France on manifeste,

    partout, alors que la macronie, la droite et

    l’extrême droite regardent ailleurs... en

    soutenant le gouvernement d'extrême droite

    israélien !!!

     

    Un exemple de manifestation

    parmi des milliers :

    À Gaza, on ne voit pas seulement la mort. On  la sent. On la respire.

    Cessez-le-feu immédiat en Palestine !

    Rassemblement de Montfermeil

    Le 13 janvier 2024, Jérôme Legavre, député LFI-Nupes et militant au POI, intervient au rassemblement « Palestine : Cessez-le feu immédiat ! Levée du blocus de Gaza ! » à Montfermeil (93 Seine-Saint-Denis). 

     


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  • Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

    Dominique Sopo

    à Trocadéro - Parvis des Droits de l'Homme

    Aujourd'hui à Paris, comme dans 160 villes de France, nous étions nombreuses et nombreux à défiler contre la loi Immigration qui s'en prend aux traditions républicaines et à la valeur d'égalité, en validant les propositions de l'extrême-droite telles que la remise en cause du droit du sol, la mise en place de la préférence nationale ou la remise en cause du bénéfice de l'hébergement d'urgence pour les étrangers en situation irrégulière.

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

    Merci aux 25.000 qui ont battu le pavé parisien et au plus de 150.000 qui l'ont fait partout en France.

    Cette mobilisation, à laquelle SOS Racisme a activement participé, montre qu'il existe une France de l'accueil, de la fraternité, de la défense de l'égalité et du refus de la malveillance à l'endroit des étrangers et de leurs enfants, notamment lorsqu'ils sont noirs ou arabes. Aujourd'hui dans les rues, nous portions la promesse de la République. Celle de l'égalité et de la fraternité. Celle qui refuse de traiter différemment ses enfants selon leur nationalité ou celle de leurs parents. Celle qui refuse que l'on jette des dizaines de milliers d'étrangers dans la précarité. Celle qui refuse que s'ouvrent des débats pour savoir quels soins ne devraient plus être prodigués à des êtres de chair et de sang sous le seul prétexte de leur régularité au séjour.

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

    Mercredi prochain, le Conseil constitutionnel se prononcera sur cette loi et, espérons-le, en censurera plusieurs des dispositions. Cependant, tout ne sera pas censuré. C'est pourquoi nous devons continuer la mobilisation. D'autant plus que le débat juridique n'épuisera pas le débat politique qui doit être mené avec une nouvelle vigueur pour notre camp, celui de l'antiracisme.

    Pour que cette vigueur s'exprime, n'hésitez pas, à l'image des jeunes militants de l'association et des "vieux" potes présents ce dimanche, à nous rejoindre ou à nous soutenir…

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

     

    Et bravo à nos comités en France pour leur belle mobilisation, à Lyon, Bordeaux, Caen, Marseille, Grenoble, Lille, Lorient, Perpignan, Montpellier et ailleurs.

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

    à la chaîne Youtube

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

    qui nous a permis de suivre

    pendant 1 h 45 la manifestation à Paris

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

     à CNews, BFMTV, LCI

    qui l'ont complètement occultée

    et démontrent ainsi qu'elles sont

    des chaînes de droite et d'extrême droite

    et surtout prochent du Pouvoir macroniste

     

    Manifestation contre la loi immigration

    à Paris le 21 janvier 2024 

    Manifestation contre la loi immigration à Paris le 21 janvier 2024

     

    Vous pouvez vous mettre

    en plein écran 

     

     

     

     


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    Hier je vous ai présenté un article qui a pour titre " La Marseillaise ", un hymne qui rassemble et divise.  Mon ami Jacques Cros de Béziers a apporté un commentaire et dit ce qu'il pense de la Marseillaise :

    Cros Jacques

    " Un texte qui développe la complexité de l'usage de La Marseillaise.

    Je ne la chante pas. D'abord parce que je chante faux et ensuite parce qu'elle est source de confusion.

    En 14-18 elle a servi, avec le drapeau tricolore à justifier les massacres de la chair à canon qu'exigeait l'horrible boucherie. Mon grand-père paternel, ancien combattant, a fini sa vie en 1956 sans avoir compris le rôle qu'on lui avait fait jouer.

    Je n'ai guère eu l'occasion de l'entendre pendant la guerre d'Algérie mais la levée des couleurs, que d'aucuns appelaient "la comédie de la serpillière" palliait sa carence.

    Ceci étant la problématique est ici bien cernée ". 

    Jacques CROS

    Dans les commentaires d'avril 2023 il y a celui de Jean-François Gavoury, ce commentaire m'attriste beaucoup, car Jean-François décédait  3 mois après :

    " La famille de Jean-François Gavoury et les membres de l’ANPROMEVO, association qu’il a présidée et animée avec ardeur et courage, ont la douleur de vous faire part de son décès survenu à Evian-les-Bains, le 3 août 2023, à l’âge de 73 ans, des suites d’une longue maladie ".

    Gavoury J-F

    Dimanche 23 Avril 2023 à 20:08

    « La maîtresse de maison a toute ma sympathie, qui doit faire face à la réception de votre descendance, cher Michel ! » 

     

    Je vous écris depuis si longtemps aujourd'hui je tiens à vous présenter ma famille

    Je vous écris depuis si longtemps, aujourd'hui je tiens à vous présenter ma famille… avant que je ne puisse plus vous écrire… Vous allez voir que je chante la Marseillaise en famille  " uniquement "  après une soirée "bien arrosée"    dans la joie et la bonne humeur. Cet article  je vous l'ai présenté en avril 2023. 

     Michel Dandelot 

    SOUVENIR - SOUVENIR

    Je vous présente mes 2 filles

    mes 5 petits-enfants

    mes 4 arrière-petits-enfants

    au cours d’une soirée retrouvailles

    le 22 avril 2023 

     

    Je vous écris depuis si longtemps aujourd'hui je tiens à vous présenter ma famille

    De tout cœur à toutes et tous qui sont venus me féliciter pour ma belle et grande famille mais qui m’ont posé la question concernant le nombre de personnes sur cette photo m’obligeant a donné plus de précisions en commençant, en bas, à gauche par :

    Eva (arrière-petite-fille)

    Thaïs (arrière-petite-fille)

    Lily-Perle (arrière-petite-fille)

    Maéva (petite-fille)

    Corinne (ma fille)

    Michel (le Papa, le Papy, le Grand-Papy, l’arrière-Grand-Papy)

    Patricia (ma fille)

    Marion (petite-fille) dans ses bras Esteban (arrière-petit-fils)

    Emmanuelle (petite-fille)

    Maya (conjointe)

    Jordan (petit-fils)

    Stève (petit-fils)

    Vanessa (conjointe)

    " La Marseillaise " dans la joie et en famille  

     

     

    C'était il y a 2 ans... et mon anniversaire

      


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    Emmanuel Macron : «  Je suis totalement favorable à ce qu’on apprenne la Marseillaise au primaire, totalement, c’est même indispensable, c’est ce qui nous unis, c’est notre histoire »

    Hymne national  “La Marseillaise”, un hymne qui rassemble et divise

    Cette proposition m’a rappelé un article que j’avais mis en ligne en 2016, je vous propose  de le lire et visionner une vidéo, mais avant cliquez sur le lien ci-dessous et ouvrez le son : 

    https://youtube.com/shorts/0w4Y1fiiIMM?si=e1DF3e0wquQAVvLX 

    Michel Dandelot 

    Aujourd’hui nous allons parler de « La Marseillaise »… Cet hymne que « l'on ressort de derrière les fagots », selon une formule «cynique» du général Bugeaud connu pour Les «Enfumades» un crime contre l’humanité dans l’Algérie française en 1845 mais en ce 5 décembre 2016, en plus de « La Marseillaise » les participants à la commémoration en hommage aux victimes de la guerre d’Algérie entonneront « Le Chant des Africains » que certains appellent « Le chant de l’OAS », c’est une différence supplémentaire et importante par rapport à la commémoration du 19 Mars 1962 où l’on ne chante et joue que l’hymne national « La Marseillaise »

     

    “La Marseillaise”

    un hymne national qui rassemble et divise

    Hymne national  “La Marseillaise”, un hymne qui rassemble et divise

    Au lendemain des attentats du 13 novembre, des millions de personnes entonnaient “La Marseillaise”. Pourtant, ce chant n'a jamais fait l'unanimité.

    La France, meurtrie par les attentats de janvier et de novembre 2015, a retrouvé avec passion les couplets écrits par Joseph Rouget de Lisle en 1792. De New York à Melbourne et Tel Aviv, en passant par l'Irak, La Marseillaise a été reprise dans les stades de football, les salles de concert, un camp de réfugiés ou les rues, par des milliers de personnes qui, souvent, n'en connaissaient que l'air. Comment un chant vieux de deux siècles peut-il rassembler au-delà des frontières et des langues ? « La Marseillaise est un hymne très puissant. Elle porte l'image de la France. Sa musique est formidable, entraînante. C'est devenu un chant global pour dire non, un moyen de clamer que l'on ne sera pas défait », explique Peter McPhee, historien de la Révolution française à l'université de Melbourne. « Ce chant révolutionnaire a retrouvé sa fonction de rassembleur », confirme Mathieu Schwartz, auteur de La Marseillaise, l'éternel chant de bataille, un documentaire instructif et bienvenu.

    Cet hymne que « l'on ressort de derrière les fagots », selon une formule «cynique» du général Bugeaud, a pourtant mis du temps à s'imposer. Ecrit pour encourager les combattants de l'armée du Rhin face aux monarchies européennes qui attaquent la République naissante, La Marseillaise est ensuite bannie par les régimes autoritaires. Napoléon lui préfère Veillons au salut de l'Empire. La Restauration et la monarchie de Juillet la jugent subversive mais pas le peuple qui l'entonne, sur les barricades, lors des révolutions de 1830 et de 1848. Napoléon III l'écarte au profit de Partant pour la Syrie, et c'est finalement la IIIe République qui lui redonne son statut d'hymne national.

    Elle l'a conservé depuis avec plus ou moins d'éclat, selon les époques. Au début du XXe siècle, son aura révolutionnaire pâlit auprès de la classe ouvrière, qui préfère L'Internationale à ce chant adoubé par les institutions. Le Front populaire la réhabilite mais, quelques années après, elle fait les frais de l'occupation allemande. Pétain s'en méfie et l'ampute de son premier couplet, au ton trop insurrectionnel, tandis qu'elle devient un symbole pour les résistants qui l'adoptent en même temps que Le Chant des partisans. Sous la IVe et la Ve République, La Marseillaise est négligée par les mouvements internationalistes et pacifistes, mais sert de ralliement à une droite nationale qui en offre une vision étriquée et excluante, antinomique du souffle originel des républicains de 1792.
    Plus près de nous, les Français issus de l'immigration maghrébine ont parfois eu du mal à entonner un chant longtemps synonyme des violences du colonialisme. « Nous ne pouvions le faire sans trahir nos parents, leur douleur de la guerre d'Algérie qu'ils nous ont inoculée », raconte Magyd Cherfi, du groupe
    Zebda. Les attaques perpétrées cet automne à Paris en changent la perception. « Il y a des jours où on aime la France, où on a envie de chanter La Marseillaise, envie d'être tricolore comme un supporter insupportable », écrit-il dans une tribune parue dans Libération au lendemain du 13 novembre. Pour autant, l'image d'une France ouverte et généreuse incarnée dans la 5e strophe de Rouget de Lisle par « des guerriers magnanimes » prêts à accueillir ceux qui ne sont pas libérés de l'oppresseur, peut-elle résister à la dureté des temps et au flot d'immigrés qui fuient les zones de conflit ? « Elle est un miroir tendu qui provoque un malaise car nous sommes conscients du décalage entre les idéaux révolutionnaires et la réalité », estime l'historien Guillaume Mazeau.

    Au terme de son enquête, Mathieu Schwartz offre, lui, d'assumer ce texte dans toute sa complexité et d'accepter son universalité, son caractère belliciste et ses mots écrits dans la tourmente d'une république menacée, qui, de tout temps, ont choqué. De Lamartine à Lambert Wilson en passant par l'abbé Pierre, nombreux sont ceux qui ont voulu en changer les strophes. Le « sang impur » évoqué dans le refrain étant ce qui fait actuellement le plus ­débat. Des mots que l'on assimile à « la race » mais qui renvoyaient, à l'origine, au sang des aristocrates, ennemis de la république. La notion de race n'existait pas comme on l'entend actuellement, rappelle le sociologue Edgar Morin. Aujourd'hui, on peut aimer La Marseillaise sans être un nationaliste ­farouche, on peut aussi la refuser sans être un mauvais citoyen. « Questionner les symboles, les garder vivants fait de nous une communauté de choix et pas d'identité », plaide Guillaume Mazeau. Le danger serait de la sacraliser pour se complaire dans l'illusion d'une république acceptée par tous. Une tendance que porte en germe la création en 2003 d'un délit d'outrage aux emblèmes. « Un nouveau blasphème ? » ironise l'historien Jean-Noël Jeanneney.

    L'élan de solidarité qui a suivi les attentats de novembre et a vu des millions de Français entonner à l'unisson La Marseillaise peut-il durablement se prolonger ? Rien de moins sûr. Il ne pourrait être qu'« une écume mensongère », craint Magyd Cherfi. A l'image de cette France black, blanc, beur tant saluée en 1998 et qui se dessinait sur la joue le drapeau tricolore. A moins que les Français ne répondent cette fois vraiment à l'appel de l'hymne qu'ils entonnent et qui les enjoint de s'engager pour défendre une république ­attaquée. Comme citoyen, suggère Guillaume Mazeau, et non plus militairement, tels les soldats de Valmy.

    SOURCE : http://television.telerama.fr/television/sur-france-5-la-marseillaise-un-hymne-qui-rassemble-et-divise,136303.php 

     

     


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    En Algérie en 1957

    « Jean-Marie Le Pen a torturé »

    «  Le Pen et la torture »

      En Algérie en 1957 « Jean-Marie Le Pen a torturé » «  Le Pen et la torture »

    Le dernier livre de Fabrice Riceputi intitulé Le Pen et la torture. Alger 1957, l’histoire contre l’oubli paraît en France le 19 janvier 2024 aux éditions Le Passager clandestin.

    Décembre 1956, le jeune député Jean-Marie Le Pen est à Alger. Engagé volontaire, il participe aux premiers mois de l’opération militaro-policière visant à éradiquer le nationalisme algérien connue sous le nom de « bataille d’Alger ». A-t-il alors pratiqué la torture ?
    Lui-même le revendiquera à son retour en France pour ensuite, dès ses premiers succès électoraux, le nier et poursuivre en diffamation quiconque osera exhumer ce passé.
    Fabrice Riceputi réunit pour la première fois l’ensemble d’un dossier historique particulièrement accablant mais resté jusqu’ici dispersé. Récits de victimes et de témoins, rapports de police, enquêtes journalistiques et archives militaires : il examine la crédibilité des sources qui accusent et de celles qui tentent de dédouaner ce lieutenant pas tout à fait comme les autres. Il reconstitue ainsi une chronologie et une géographie de son séjour algérien et met en lumière les racines idéologiques colonialistes trop souvent négligées d’un parti politique aujourd’hui aux portes du pouvoir.

    Fabrice Riceputi est collaborateur scientifique de l’IHTP. Il co-anime, avec Malika Rahal, le projet Mille autres sur la disparition forcée durant la « bataille d’Alger », en 1957. À ce sujet, ils ont déjà publié ensemble un article dans la revue Les Annales sous le titre « La disparition forcée durant la Guerre d’Indépendance algérienne. Le projet Mille autres, ou les disparus de la « bataille d’Alger » (1957) ». Une partie des matériaux collectés durant cette enquête a permis à Fabrice Riceputi d’élaborer, avec le cartographe Jeremy Masse, cette carte représentant les différents centres de tortures où Jean-Marie Le Pen aurait officié selon les témoignages donnés par ses victimes depuis 1957. 

      En Algérie en 1957 « Jean-Marie Le Pen a torturé » «  Le Pen et la torture »

    Sur la cartographie de la disparition forcée et de la torture, on peut aussi lire ceci.

    PDF du 4e de couverture

      En Algérie en 1957 « Jean-Marie Le Pen a torturé » «  Le Pen et la torture »

    Lors de la bataille d’Alger en 1957, le fondateur du Front national, aujourd’hui Rassemblement national, a torturé. Dans « À l’air libre », l’historien Fabrice Riceputi documente les preuves, en dialogue avec Malika Rahal, directrice de l’Institut d’histoire du temps présent.

    Dans Le Pen et la torture (éd. Le Passager Clandestin), un livre publié en partenariat avec Mediapart ce vendredi 19 janvier, l’historien Fabrice Riceputi prouve, documents et archives à l’appui, l’implication du fondateur du Front national (aujourd’hui Rassemblement national), Jean-Marie Le Pen, dans la pratique de la torture à Alger début 1957.

    Un livre événement, sur un passé toujours présent.

    Une émission présentée par Edwy Plenel, avec : 

    • Fabrice Riceputi, historien, auteur de Le Pen et la torture (éd. Le Passager Clandestin) ;
    • Malika Rahal, directrice de recherche au CNRS, directrice de l’Institut d’histoire du temps présent.

     

     


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    La colonisation : mêmes méthodes, mêmes

    combats

    Par Christian de Montlibert, sociologue et Tassadit Yacine, anthropologue.

     La colonisation : mêmes méthodes, mêmes combats

    Une route en Cisjordanie occupée, entre la colonie israélienne de Givat Zeev (à gauche) et un village palestinien proche de Ramallah (à droite), le 8 septembre 2023. © AHMAD GHARABLI / AFP

    Il n’est pas inutile de rappeler que la colonisation française a utilisé, bien avant Israël, les mêmes méthodes avec des moyens identiques. On peut être amené à penser d’ailleurs que les drames d’aujourd’hui servent à banaliser ceux d’hier et à déculpabiliser leurs auteurs.

    Un article rédigé dans les années 1960 et publié en 1962 dans les Annales de géographie par Marcel Lesne et un livre de Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad, le Déracinement, adossé à des enquêtes menées, elles aussi, dans les années 1960, publiées par les éditions de Minuit en 1964, montrent on ne peut mieux qu’il suffit de changer les noms algériens et les nombres de personnes concernées pour avoir l’histoire de l’expansion territoriale d’Israël.

    Ces textes décrivent la situation pendant les opérations militaires en Algérie et non, comme on pourrait le croire, la situation actuelle à Gaza (reste que les armes de l’époque étaient moins puissantes que celles d’aujourd’hui). Ils abordent l’expulsion progressive des Algériens de leurs terres comme cela s’est reproduit avec l’expulsion des Palestiniens vers des regroupements très localisés mais aussi vers les pays arabes voisins et vers les pays d’Europe occidentale.

    Mieux leur « resserrement » dans la bande de Gaza, où ils sont « cantonnés », s’avère identique à ce qui s’est passé en Algérie. Ensuite, la misère est le lot de tous et de toutes dans les zones regroupées. Enfin, la désorganisation atteint en profondeur et sur le très long terme les individus « resserrés ». Il ne faut pas perdre de vue le traumatisme et ses effets (il se transmet sur plusieurs générations), dont on peut penser qu’il existe aussi en Palestine.

    Comme on le sait, très tôt l’armée française a eu comme consignes d’« expulser » les tribus des terres les plus fertiles, de brûler leurs oliviers et d’abattre leur bétail. On assiste en Algérie, écrivait Marcel Lesne, à « un déplacement de population le plus important de l’histoire », d’abord vers des zones plus arides, mais aussi vers les villes, vers l’étranger et vers la métropole.

    L’historien André Nouschi a bien montré que l’expulsion des indigènes vers les zones montagneuses commence bien avant le sénatus-consulte de 1863 et a été accentuée par « le séquestre » des terres après la révolte de 1871. Là, les populations étaient « resserrées » dans des « cantonnements » – les mots utilisés par le général Bugeaud, qui commandait l’armée française en Algérie au milieu du XIXe siècle, décrivent on ne peut mieux « le reflux » organisé vers les zones rurales les plus déshéritées et l’amorce d’une bidonvillisation dans les villes coloniales. La politique d’Israël a abouti au même résultat, resserrant les Palestiniens dans le cantonnement de Gaza après leur expulsion de leur habitat traditionnel.

    Pour l’Algérie, Marcel Lesne écrit qu’il s’agissait de « faire le vide ». L’exécution des opérations a été « violente », « brutale ». Il donne des exemples, notant qu’« aucune population éparse n’existe plus dans l’arrondissement de Theniet el Had », où « la misère est presque totale » ; que, dans le secteur de l’Ouarsenis, 33 000 personnes, sur un total de 46 000 (soit sensiblement 72 %), ont été « regroupées ».

    Dans les « cantonnements »« on s’entasse à une dizaine de personnes dans une pièce de 10 m2 » ; « parmi 41 centres de regroupement, 35 n’offrent aucun caractère de viabilité » ; ailleurs, « les fellahs sont rassemblés sur une crête exposée au vent » ou installés dans des « zones inondables ». Pour tous, le regroupement signifie « création de bidonvilles » et « clochardisation ».

    Le « resserrement » produit aussi « une dislocation des correspondances qui existaient entre le terroir, l’histoire et les structures sociales » ; pire, les systèmes sociaux mis en place pour penser le temps et l’espace s’en trouvent défaits. Pierre Bourdieu et Abdelmalek Sayad écriront : « Dans le langage du corps la façon de se tenir, de porter la tête ou de marcher, s’expriment mieux que dans les mots l’égarement et le dépaysement ». D’une certaine façon, « le regroupement » altère « les rythmes temporels qui en sont solidaires et défait au plus profond les principes d’organisation de la vie du groupe et sa force d’intégration ».

    Dans ces conditions, la population entre soit dans un abattement et une résignation mortifères, soit dans la disponibilité pour suivre tout mouvement radical ; elle est prête à toute violence.

    Mais, en 1962, après cent trente années de colonisation, El Djazaïr (Alger) fêtera son indépendance.

    SOURCE : La colonisation : mêmes méthodes, mêmes combats - L'Humanité (humanite.fr) 


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    Binet, Toubon, Zeniter : trois voix

    contre la loi immigration

    Binet, Toubon, Zeniter : trois voix contre la  loi immigration (vidéo)

    Binet, Toubon, Zeniter : trois voix contre la  loi immigration (vidéo)

    Inspirée de propositions d’extrême droite, la loi sur l’immigration a été votée le 19 décembre. 201 personnalités appellent à manifester partout en France dimanche. Dans « À l’air libre », Sophie Binet (CGT), Jacques Toubon (ancien Défenseur des droits), l’écrivaine Alice Zeniter et Edwy Plenel expliquent pourquoi ils en seront. 

     


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    Marchons dimanche, ripostons lundi !

    201 personnalités appellent

    à marcher contre la loi immigration

      Marchons dimanche, ripostons lundi !  201 personnalités appellent  à marcher contre la loi immigration

    Parmi les signataires (de haut en bas, de gauche à droite) : Pierre Arditi, Josiane Balasko, Marina Foïs, Jacques Toubon, Alice Diop, Sophie Binet, Cédric Villani, Fabien Gay, Julie Gayet, Jean Jouzel, Marine Tondelier.

    Photos AFP

    19 décembre 2023 a marqué une déchirure profonde de notre devise républicaine. Par le vote de la loi asile immigration, à travers une commission mixte paritaire pilotée directement par l’Élysée, les forces libérales et autoritaires ont donné corps à une revendication historique de l’extrême droite, avec l’introduction de la préférence nationale. S’y ajoute une atteinte au droit du sol, la restriction du droit d’asile, le durcissement du regroupement familial et des conditions de séjour, le retour de la double peine et du délit de Le séjour irrégulier…

    Marine Le Pen peut proclamer une victoire idéologique et affirmer qu’elle irait plus loin si elle accédait au pouvoir. Partout en Europe, le vent rance et brun souffle sur nos démocraties malades de l’ultralibéralisme. Le Parlement britannique a voté l’expulsion des migrants vers le Rwanda, quand l’extrême droite allemande rêve d’un projet similaire pour les immigrés et les Allemands d’origine étrangère.

    Nous vivons un moment de bascule. Des mesures racistes et xénophobes ont été crédibilisées au Parlement. C’est le produit d’un matraquage idéologique, du ministère sarkozyste de l’Identité nationale au fantasme du grand remplacement, qui a fait son œuvre. Concomitant d’une œuvre de destruction sociale, ce travail de sape a fracturé notre peuple. Ce climat révèle aussi l’échec d’un silence collectif, devenu complice, laissant à penser que l’extrême droite pouvait être battue sans l’affronter idéologiquement voire, pire, en reprenant ses thèses comme le font croire les droites coalisées.

    Il n’y a rien, donc, à attendre d’un pouvoir macroniste en décrépitude qui déroule une stratégie politique minable, ni même d’un ripolinage juridique par le Conseil constitutionnel. Quand le droit des étrangers est attaqué, c’est une attaque contre l’ensemble de nos droits. Cette atmosphère suffocante nécessite une réplique populaire et unie. Il ne faut plus réagir mais agir pour ne plus accepter les mots blessants, les discriminations et le racisme.

    Des forces disponibles sont déjà en action, politiques, syndicales, associatives, mais aussi dans le corps médical, universitaire, des arts et de la culture. Faisons corps ensemble, ce dimanche 21 janvier et au-delà, pour affirmer notre humanité commune.

    Appel

    201 personnalités appellent à marcher

    contre la loi immigration

    L’Humanité et Mediapart publient une tribune de personnalités de tous bords - de Sophie Binet à Jacques Toubon, en passant par Josiane Balasko, Fabien Roussel ou encore Marina Foïs -, appelant à manifester le 21 janvier pour exiger la non-promulgation de la loi immigration.

    Il serait faux de dire qu’Emmanuel Macron ne coalise pas. Seulement, le chef de l’État agrège contre lui, ses choix politiques et ses compromissions avec une droite qui n’a plus de républicaine que le nom et une extrême droite revendiquant sa « victoire idéologique ».

    Preuve en est avec l’appel à manifester, le 21 janvier prochain, contre sa récente loi immigration, que l’Humanité copublie avec le site d’informations Mediapart. Au total, ce sont plus de 200 personnalités qui entrent ainsi en résistance devant ce « tournant dangereux de notre République » et un texte rédigé « sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale » ».

    Un « appel historique », selon le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, signataire du texte, puisqu’il rassemble amplement, au-delà des frontières de la gauche. Ce front du rejet unit du coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard à l’ancien ministre de Jacques Chirac et ex-défenseur des droits, Jacques Toubon, en passant par Marine Tondelier (Les Écologistes), Olivier Faure (PS), Benjamin Saint-Huile (Liot) ainsi que la députée apparentée Renaissance, Cécile Rilhac.

    Mais il s’étend aussi en dehors des sphères politiques partisanes avec les représentants des principales centrales syndicales, dont Sophie Binet (CGT) et Marylise Léon (CFDT), des responsables associatifs comme Dominique Sopo (SOS Racisme), Henri Masson (Cimade) et Véronique Devise (Secours Catholique), des artistes (Josiane Balasko, Nicolas Mathieu, Marina Foïs…), des universitaires et intellectuels émérites (Valérie Masson-Delmotte, Cédric Villani, Pierre Rosanvallon…), et même des personnalités des trois grandes religions monothéistes.

    « Si on veut mener le combat prioritaire des valeurs, contre l’extrême droite, il faut un large rassemblement, dépassant les différences politiques et d’engagement. Nous condamnons cette loi parce qu’elle porte atteinte à beaucoup de fondamentaux de notre République et de notre devise », rappelle Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme.

    L’initiative, née au lendemain du vote de la loi immigration à l’Assemblée nationale le 19 décembre, aboutit autour d’un objectif : rassembler un maximum de personnes dans les rues pour demander à Emmanuel Macron la non-promulgation du texte. « Le président de la République a tout fait pour que cette loi soit « adoptée » avant les fêtes de fin d’année pour qu’on n’en parle plus, explique Fabien Roussel. Mais beaucoup de gens m’ont interpellé pour savoir comment nous allions réagir contre cette loi votée par le RN et qui n’apporte pas les réponses aux grands enjeux liés à l’immigration. »

    « C’est un moment de clarification : cette loi est un révélateur, une frontière claire entre celles et ceux prêts à basculer et renier le programme du Conseil national de la Résistance jusqu’à reprendre les thèses de l’extrême droite, et les autres », estime la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.

    Fin de l’universalité des droits, introduction de la préférence nationale, remise en cause du droit du sol, restriction de l’accès au séjour… La députée de l’aile gauche de la Macronie Cécile Rilhac a tranché : « Ce texte grandement issu du Sénat est allé trop loin. J’ai beaucoup réfléchi et je voulais être en cohérence avec moi-même (en signant la tribune – NDLR). Il me paraissait important qu’au sein de la majorité à laquelle je suis toujours attachée, des gens continuent à dire que la loi n’est pas celle du gouvernement pour laquelle nous voulions légiférer. »

    « Sous une apparence banale, ce texte me paraît, pour l’une des premières fois, mettre en cause des principes importants, des libertés et des droits sociaux dont tout le monde doit pouvoir jouir sur notre territoire, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Savoir si nous allons installer un système de préférence nationale me paraît valoir une prise de position », justifie Jacques Toubon.

    « Il faut que nous soyons nombreux le 21 pour faire en sorte de protéger les potentielles victimes de ce texte », espère Marine Tondelier. Il s’agit là d’un enjeu important « pour remettre des points de repères dans le débat public face à l’obsession ethnicisante d’une partie du monde politique », selon Dominique Sopo, président de SOS Racisme. D’où le mot d’ordre de la manifestation du 21 janvier : « Marchons pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité ».

    Marchons pour la Liberté, l’égalité, la fraternité

    Dans notre diversité d’idées, d’engagements, de professions, nous exprimons notre grande inquiétude après le vote de la loi dite « asile-immigration ». C’est un tournant dangereux dans l’histoire de notre République.

    D’abord parce que cette loi ne répond pas aux causes de l’exil forcé d’hommes, de femmes, d’enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni aux défis de l’accueil dans la dignité, ni au défi de la définition d’une politique digne et humaine d’intégration.

    Ensuite, parce qu’elle a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale ». Elle torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain, hérité du Conseil national de la Résistance. Elle s’attaque ainsi au droit du sol autant qu’aux droits fondamentaux proclamés par la Constitution : au travail, à l’éducation, au logement, à la santé… Ce faisant, tous et toutes, Français autant qu’étrangers, nous nous trouvons menacés.

    Victor Hugo écrivait : «Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles.»

    Soucieux de rassemblement et de solidarité plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au Président de la République de ne pas promulguer cette loi. Le dimanche 21 janvier nous appelons à manifester dans notre diversité notre attachement à la devise de la République : « Liberté, égalité, fraternité. »

    Cédric Villani, mathématicien :

    « Réveillez-vous ! »

      Marchons dimanche, ripostons lundi !  201 personnalités appellent  à marcher contre la loi immigration

    Cédric Vilani est signataire de l’appel des 201 personnalités appelant à manifester le 21 janvier 2024.
    © JOEL SAGET / AFP

    « Soucieux de rassemblement et de solidarité, plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au Président de la République de ne pas promulguer cette loi. » Suite à l’appel de 201 personnalités à manifester le 21 janvier contre la loi immigration, retrouvez chaque jour des voix qui s’unissent à l’initiative.

    « Dimanche, nous marcherons contre une loi poison, une loi scandale, de quelque angle qu’on la regarde.

    Qu’on la regarde avec les yeux rigoureux de l’amateur de loi bien faite. Une loi que le ministre de l’Intérieur enjoint à ses troupes de voter tout en disant haut et fort que certaines de ses dispositions sont inconstitutionnelles, c’est combien sur l’échelle de la désinvolture républicaine ?

    Ou qu’on la regarde avec les yeux révoltés de l’idéalisme. Une loi qui s’acharne, par des dizaines d’articles suintants de méfiance tatillonne, à rogner le droit du sol et à alourdir de mille façons les procédures pour les étrangers, c’est quel niveau sur l’échelle du cynisme xénophobe ?

    Ou avec les yeux écœurés de l’électeur floué ! Ce jeune candidat étincelant, qui promettait il y a quelques années d’apporter à la France les lumières et la compétence équilibrée, d’embrasser les grands défis du XXIe siècle (l’écologie, la technologie, la démocratie, l’Europe) et une fois au pouvoir se retrouve à défendre mordicus, aux côtés des pires menteurs populistes, la 30e loi sur l’immigration que notre pays ait connue depuis 1980, c’est combien sur l’échelle du foutage de gueule démocratique ?

    Ou avec les yeux tristes du citoyen qui se désole de voir ses concitoyens, ses frères et sœurs, adouber une telle soupe amère indigne d’eux. Qui pleure de les voir enlevés dans la barque de la mauvaise foi et qui a envie de leur dire : réveillez-vous !

    Réveillez-vous, cette loi est bâtie sur les mensonges et la déformation quotidienne aiguisant votre jalousie contre des boucs émissaires commodes. Réveillez-vous, l’aide médicale d’État ce n’est pas votre ruine, c’est 1,50 euro par mois et par Français, pour accomplir le minimum d’humanité qu’une société doit aux humains qui la côtoient. Réveillez-vous, les enquêtes, les statistiques vous le prouvent, faits à l’appui, il n’y a pas d’invasion en France, et nous faisons même beaucoup moins que notre part en matière d’accueil de réfugiés !

    Réveillez-vous, plus de 100 présidents d’université ont dit leur opposition farouche à un texte qui déshonore la France sur la scène internationale et la handicapera à l’avenir ! Oui, il y a lieu de s’inquiéter, le monde chavire, le climat a été si détraqué en 2023 que même les plus pessimistes des experts en sont retournés, l’agriculture retient son souffle, les catastrophes, la guerre et les massacres s’étendent tout près de nous…

    Mais réveillez-vous, toutes ces calamités ce n’est pas la faute des immigrés ! En ces temps horribles, il faut regarder en face les vrais problèmes, guidés par la lucidité des faits, l’amour du genre humain, l’engagement pour la vie, pour la paix, pour la jeunesse, sinon c’est le pire qui s’annonce. Au plus haut sur l’échelle de l’urgence.

    Dimanche, nous marcherons pour remettre les horloges à l’heure de notre destin, pour réensemencer les terres labourées par les sillons étroits de la haine, « en des sillons plus larges et plus beaux », selon l’expression d’un grand poète-paysan issu du cœur le plus modeste et le plus profond de la France. »

    SOURCE : Cédric Villani, mathématicien : « Réveillez-vous ! » - L'Humanité (humanite.fr)Haut du formulaire

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    Appel solennel du BN du MRAP  *** Enrayer la catastrophe

    Appel solennel du Bureau National du MRAP

    Enrayer la catastrophe

    Appel solennel du BN du MRAP  *** Enrayer la catastrophe *** FRANCE-EL DJAZAÏR S'ASSOCIE A LA  MARCHE DU 21 JANVIER

    Tout ce que la France compte de démocrates mesure la catastrophe politique que représente l’adoption de la loi sur l’immigration et l’asile en décembre 2023.

    Une catastrophe par son contenu bien sûr. Par les nombreuses régressions qu’elle impose dans l’accueil des étrangers en France, par la menace qu’elle fait peser sur tous les immigrés. Certaines de ces mesures bafouent les principes élémentaires des droits humains reconnus par la constitution nationale comme par les traités internationaux. C’est la remise en cause de l’égalité des droits entre les citoyens résidents du pays, celle du droit du sol, essentiel à l’intégration des générations, celle du droit de vivre en famille. On assiste même à ce phénomène inouï d’un Président de la République, garant de la constitution, annonçant lui-même que le Conseil Constitutionnel censurera probablement une loi soutenue par son propre gouvernement !
    En réalité, la vraie rupture politique, c’est que les conditions d’adoption de cette loi marquent l’aboutissement d’un long processus. L’extrême droite a imposé, au fil des décennies, la stigmatisation méthodique de l’immigration et elle a convaincu une partie de l’opinion que les étrangers étaient la source de tous les maux de notre société. Ce discours a été cautionné par une majorité de la classe politique, qui a cru utile ou habile d’y adhérer. Le RN a hélas raison de parader sur le thème de sa victoire idéologique.
     

    Appel solennel du BN du MRAP  *** Enrayer la catastrophe *** FRANCE-EL DJAZAÏR S'ASSOCIE A LA  MARCHE DU 21 JANVIER


    Mais les catastrophes sont aussi parfois l’occasion d’un sursaut. Les forces démocratiques et humanistes ne peuvent pas se contenter d’être choquées. Dans l’immédiat, ces forces doivent montrer qu’elles existent elles aussi et qu’elles sont capables de se mobiliser pour enrayer la mise en œuvre de cette loi. C’est possible. Le MRAP a participé à la tribune qui rassemble de façon unitaire toutes les grandes forces démocratiques du pays et qui appelle à faire du 21 janvier une manifestation puissante, partout en France, de ce sursaut démocratique. D’autres initiatives ont été ou seront prises et le MRAP appelle à y participer chaque fois que c’est possible.

     

    Le Bureau National du MRAP lance un appel solennel à tous ses comités locaux, à tous ses adhérents, à tous ses amis et partenaires pour faire de cette journée un grand jour de mobilisation, de manifestations dans toutes les villes de France !


    Partout, regroupons nos forces pour faire échec à la haine ! 

    Au-delà, le MRAP accentuera son effort permanent pour développer un autre discours sur l’immigration. Il cultivera les sentiments de solidarité plus présents dans la population que ne le laissent penser des sondages sommaires. Il déconstruira les fantasmes et les fausses informations concernant les migrants et il montrera qu’au contraire, les phénomènes migratoires ont constitué et constitueront toujours une des richesses de l’humanité. Cet effort de plaidoyer aussi, il est prêt à le faire en synergie avec toutes les forces démocratiques qui le souhaitent.

    Le Bureau National du MRAP
    Le 13 janvier 2024
     

    Appel solennel du BN du MRAP  *** Enrayer la catastrophe

    FRANCE-EL DJAZAÏR S'ASSOCIE A LA

    MARCHE DU 21 JANVIER

    Appel solennel du BN du MRAP  *** Enrayer la catastrophe *** FRANCE-EL DJAZAÏR S'ASSOCIE A LA  MARCHE DU 21 JANVIER

    Le Conseil d'administration élargi de France-El Djazaïr, réuni le 17 janvier, appelle à l'unanimité à marcher le 21 janvier contre la  loi immigration. 

    SOURCE : FRANCE-EL DJAZAÏR S'ASSOCIE A LA MARCHE DU 21 JANVIER. - ww.bernard-deschamps.net

     


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  • « Pour que la France reste

    la France » : Macron parle

    comme Zemmour

    « Pour que la France reste la France » : Macron parle  comme Zemmour

    Le 16 janvier 2024, pas moins de 8 chaînes diffusaient en même temps une interminable intervention du Président de la République. Minoritaire politiquement, illégitime, détesté, gouvernant par 49.3 et appliquant le programme de l’extrême droite, Macron tente désespérément de relancer son quinquennat crépusculaire en allant toujours plus loin vers l’ignominie. 

    Le 16 janvier donc, Macron a donné la pleine mesure de son idéologie : un pétainisme revisité, un remake du Régime de Vichy adapté au XXIème siècle, à base de militarisme, de nationalisme, de mépris et d’injonctions à la natalité. Un résumé : mais avant souvenons-nous !!!

     

    Emmanuel Macron sur Pétain : "Je ne fais aucun raccourci mais n'occulte aucune page de l'Histoire"

     

    Un discours nationaliste

    Macron a d’abord résumé son programme «  d’une ligne simple » : « que la France reste la France ». C’est littéralement le slogan de campagne de Zemmour, et une phrase inscrite dans l’imaginaire néofasciste depuis des années. Pour bien marquer son ancrage à l’extrême droite, Macron a multiplié les démonstrations, comme cette formule : « il n’y a pas de progrès sans ordre ».

    Un discours va-t-en-guerre

    Autre mot répété de manière systématique : celui de «réarmement». Un gouvernement en crise qui utilise un lexique guerrier sur tous les sujets est toujours très mauvais signe. Macron parle de « réarmement moral », de «réarmement civique», autant d’expressions marquées à l’extrême droite. Comment ça se traduit ? Par un dressage militarisé de la jeunesse. Il annonce aller vers « la généralisation du SNU [Service National Universel] en seconde ». Il s’agit de stages pour les adolescents, encadrés par l’armée, avec des uniformes, des levées de drapeau, des humiliations, le tout coûtant plusieurs milliards d’euros prélevés au budget de l’éducation.

    Ce SNU est déjà très critiqué, notamment suite à des violences sexistes et des propos racistes de la part de militaires encadrant ces stages. Mais Macron compte visiblement aller jusqu’au bout. Il présente même le SNU comme une solution aux révoltes suite à la mort de Nahel, accompagnée d’une « réponse pénale plus claire » contre les jeunes. Condamner la jeunesse et la dresser par l’armée, voilà le projet.

    Dans la même veine, Macron souhaite la généralisation de l’uniforme dans les collèges et les lycées. La tenue unique pour les élèves est expérimentée dès cette année dans une centaine d’établissements scolaires. On ne saurait mieux résumer la vision de la République par le pouvoir en place : une masse d’individus identiques et obéissants. Ce qui échappe à cette uniformité est une menace, une communauté non conforme est un groupe séparatiste.

    Un discours patriarcal

    Le corps des femmes est présenté comme un outil pour construire une Nation « forte ». Macron parle de «réarmement démographique» et déclare : «Notre France sera plus forte par la relance de la natalité » Des ventres féconds pour la patrie, comme au bon vieux temps, et l’idée sous-entendue qu’il faut que les Français fassent plus d’enfants pour pouvoir se passer de l’immigration. Deux clins d’œil à l’extrême droite. Cela passerait par un congé parental plus court mais mieux équilibré entre le père et la mère, afin de «remettre les femmes sur le marché du travail». Il annonce aussi un grand plan contre l’infertilité. Qu’il commence par interdire les pesticides et l’agro-industrie qui en est la cause !

    Quoiqu’il en soit, derrière un imaginaire nataliste, Macron ne parle ni de la crise écologique, ni des difficultés à trouver un emploi stable et à se loger, ni de la fin des protections sociales, qui poussent les jeunes couples à ne pas vouloir ou ne pas pouvoir avoir d’enfants. Cette posture inquiète même la droite réactionnaire, le chef des Républicains a réagi : « Il rentre dans notre lit maintenant pour vérifier que nos pratiques permettent de faire des enfants».

    Un discours libéral et inégalitaire

    Emmanuel Macron a aussi défendu un doublement des franchises médicales, c’est-à-dire l’augmentation de la part du prix des médicaments non remboursée. Une « bonne mesure » de responsabilisation, justifiée ainsi : «quand je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour leurs forfaits de téléphonie, passer de 50 centimes à un euro la boîte de médicament, ce n’est pas un crime terrible. Il faut responsabiliser ». Comme si nous étions des enfants. La sécurité sociale est une conquête sociale arrachée de haute lutte, et ce recul est une attaque gravissime.

    Un hommage génocidaire

    Enfin, il a annoncé l’organisation, le 7 février, d’un hommage aux victimes de l’attaque du Hamas en Israël. Pas un mot pour les dizaines de milliers de victimes palestiniennes, pas une seule condamnation du régime fasciste et génocidaire israélien. Un soutien inconditionnel au colonialisme dont l’histoire se souviendra à tout jamais.

    Il y a quelques années, le vice-président du MEDEF, à la tête du patronat, déclarait : «il s’agit de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ». À présent, les descendants des patrons collabos sont au pouvoir avec Macron, et leur objectif est de massacrer ce qu’il reste du programme de la Résistance. Un programme qui garantissait un accès à la santé, une presse libre, des retraites, le droit à la culture et l’éducation pour tous : des progrès dont tout le monde a profité grâce au courage de quelques un-es, et que le gouvernement provisoire avait organisé dans un pays dévasté par la guerre.

    Macron, c’est l’antithèse

    de la Résistance

    Alors écoutons

    « Le Chant

    des Partisans »



    Macron parle comme

    Zemmour :

    Eric Zemmour : « Il faut que

    la France reste la France » 

     


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    Algérie/France, l’impossible réconciliation

    depuis un demi siècle

    Par

    Nicolas Beau

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis un demi siècle

    Avec :

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis un demi siècle

    Paul Taylor

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis un demi siècle

    Paul-Max Morin

    Algérie/France, l’impossible réconciliation  depuis un demi siècle

    Sophie Avon

    " France-Algérie, les passions douloureuses ", un débat organisé par les Tribunes de la presse » à Bordeaux en novembre dernier, avec Sophie Avon, écrivaine, Paul Max Morin, enseignant d’histoire à Sciences Po Paris, Paul Taylor, journaliste (ex-Reuters), Slimane Zeghidour, journaliste, rédacteur en chef à TV5. Animateur : Nicolas Beau, directeur du site Mondafrique. 

    Plus d’un demi-siècle après la fin de la guerre d’Algérie, la réconciliation franco-algérienne continue à alimenter la chronique des relations entre les deux pays. On ne compte plus les colloques, les rapports, les rencontres organisées pour dépasser ce « passé qui ne passe pas ».

    Faut-il incriminer le pouvoir algérien et sa gestion intéressée de la « rente mémorielle » ? Ou bien les choses sont plus compliquées et font resurgir un passé tumultueux où la vérité peine à trouver sa voie ? En réalité, la France et l’Algérie se sont-elles jamais séparées ? 


    SOURCE : La Nostalgie – France-Algérie, les passions douloureuses 

     


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    Fabrice Riceputi : « Le combat pour l’Algérie

    française a sorti Le Pen de l’anonymat »

    Fabrice Riceputi est historien, chercheur associé à l’Institut d’histoire du temps présent. Pilier du site histoirecoloniale.net, il coanime aussi, avec l’historienne Malika Rahal, le projet Mille Autres sur la disparition forcée, la torture et les exécutions sommaires durant la bataille d’Alger. Il publie Le Pen et la Torture (le Passager clandestin, 2024), une enquête historique sur le passé tortionnaire de Jean-Marie Le Pen en Algérie.

    Fabrice Riceputi : « Le combat pour l’Algérie française a sorti Le Pen de l’anonymat »

    Jean-Marie Le Pen a publiquement assumé avoir pratiqué la torture en Algérie durant la guerre.
    © AFP

    Pourquoi cette enquête historique sur le passé algérien de Le Pen ?

    En mars 2023, j’ai, comme des millions d’auditeurs de France Inter, pu entendre qu’il n’y aurait « pas de preuves » que Le Pen a torturé à Alger en 1957. Après être tombé de ma chaise, j’ai réalisé que les nombreuses pièces de ce dossier, publiées ici et là, dans la presse surtout, de 1957 à 2002, n’avaient jamais été rassemblées, contextualisées et présentées aux lecteurs. Avec ce livre, c’est désormais chose faite.

    Le chef du Front national a toujours entretenu l’ambiguïté sur sa participation à des actes de torture. Le doute subsiste-t-il aujourd’hui ?

    Les sources disponibles – archives, enquêtes, témoignages – ne laissent aucun doute, pour peu qu’on les confronte au contexte précis de l’opération militaro-policière baptisée « Bataille d’Alger », à laquelle Le Pen participa. Je n’ai pas pu accéder à son dossier militaire. J’ai consulté les archives de son régiment, le 1er REP. Mais elles ne consignent jamais les activités illégales que sont la détention clandestine de « suspects », leur torture et leur exécution sommaire.

    Ce sont surtout les témoignages recueillis de 1957 à 2002 – une quinzaine – qui, examinés de près, m’ont permis d’établir une chronologie des agissements de Le Pen, et même de les cartographier. Ils font état de plusieurs dizaines de victimes de torture, mais aussi d’exécutions sommaires, durant les deux mois et demi de présence effective de Le Pen à Alger.

    Le Pen est parti en Algérie comme engagé volontaire. Cela s’inscrivait-il dans une stratégie politique ?

    Il s’est d’abord engagé en Indochine, où il a appris les rudiments de la guerre contre-insurrectionnelle, dont la torture, avec d’autres militants d’obédience fasciste persuadés de participer à la défense de « l’Occident » contre le « communisme international ».

    Élu député poujadiste en 1956, il l’a fait à nouveau en Algérie, où le gouvernement socialiste a, en vertu des « pouvoirs spéciaux », sciemment déchaîné la terreur parachutiste à Alger.

    Fabrice Riceputi : « Le combat pour l’Algérie française a sorti Le Pen de l’anonymat »

    Un membre du FLN torturé par l’armée française en Algérie.
    © Archives Barrat-Bartoll/Corbis

    À quoi correspond le rôle d’un « officier de renseignement » qu’il a endossé, selon ses propres dires ?

    Il a en effet très souvent revendiqué le fait d’avoir assumé cette fonction-clé dans l’opération menée à Alger en 1957. Mais il lui est aussi arrivé de le nier, quand il s’est défendu d’avoir lui-même torturé, car on sait que les officiers de renseignement ont massivement pratiqué la torture de ceux qu’ils considéraient comme « suspects de liens avec la rébellion ».

    Les témoignages montrent qu’il a commandé et pratiqué la torture dans quelques-uns des centres de torture installés par dizaines à Alger, dont la villa Sésini ou la villa des Roses, mais aussi parfois au domicile même de certains « suspects », devant témoins. L’une des victimes le relie à Paul Aussaresses, qui dirigeait de véritables escadrons de la mort.

    Vous soulignez à quel point la prise en compte de la parole algérienne a été tardive en France…

    Bien après la fin de la guerre, cette parole est restée ignorée, par principe suspectée d’affabulation, ce qui a permis au récit des acteurs militaires français de s’imposer. C’est le cas pour la séquence de la « bataille d’Alger », que le récit de propagande a présentée comme une guerre victorieuse contre « le terrorisme ». L’élimination du fameux « réseau bombe » du FLN fut le seul aspect de la répression sur lequel l’armée et le gouvernement communiquèrent. Or le projet Mille Autres, que j’anime avec Malika Rahal, a collecté des centaines de témoignages sur la terreur de l’année 1957.

    Il documente une tout autre histoire : celle d’un véritable politicide, une éradication de toute activité anticoloniale, visant des dizaines de milliers de militants et de sympathisants nationalistes, enfermés dans des camps ou éliminés, pour plusieurs milliers d’entre eux. S’agissant de Le Pen, la presse de gauche française n’est allée rencontrer ses victimes algériennes qu’à partir de 1984, pour tenter de freiner son ascension. C’est la lutte antiraciste qui les a alors rendues audibles dans une partie de l’opinion.

    Mais force est de constater que certains les ont aujourd’hui à nouveau silenciées. En effet, dire qu’il « n’y a pas de preuves » pour Le Pen, c’est s’asseoir sans vergogne sur leurs témoignages très circonstanciés et parfaitement crédibles, sans même les examiner, comme on le faisait à l’époque coloniale.

    En quoi le discours anti-immigration du FN/RN trouve-t-il sa matrice dans le combat d’arrière-garde pour l’Algérie française ?

    Le combat pour « l’Algérie française », qui permit à Le Pen de sortir de l’anonymat, a été la lessiveuse d’une extrême droite jusqu’alors marquée depuis 1945 du sceau de l’infamie collaborationniste et antisémite. Dix ans après la guerre, Le Pen fédère dans le FN tous ceux qui s’imaginent poursuivre en France le combat perdu en Algérie contre un bouc émissaire de substitution aux juifs, « les Arabes », auxquels s’ajoutent depuis les musulmans, les migrants, etc.

    Le délire raciste du « grand remplacement » est directement dérivé de la hantise des colons de leur submersion par les colonisés « barbares », « fanatiques », démographiquement prolifiques, etc. Cette matrice coloniale du lepénisme est bien trop souvent ignorée, alors qu’elle est déterminante : le FN/RN est le principal fruit politique empoisonné de la guerre coloniale d’Algérie.

    SOURCE : https://www.humanite.fr/politique/algerie/fabrice-riceputi-le-combat-pour-lalgerie-francaise-a-sorti-le-pen-de-lanonymatHaut du formulaire 

     

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    Le Pen, la torture, et la matrice colonialiste

    du RN

    Dans un livre à paraître vendredi, l’historien Fabrice Riceputi livre un récit des trois mois de Jean-Marie Le Pen à Alger en 1957, assurant qu’il a fait usage de la « question ». Une histoire qui raconte aussi celle du Rassemblement national et de ses idées.

    Fabrice Riceputi : « Le combat pour l’Algérie française a sorti Le Pen de l’anonymat »

    Jean-Marie Le Pen, à Alger.
    © Archives Jean-Marie Le Pen.

    « Il peut y avoir des cas où il est utile de faire parler la personne. » Dans les pas de son père, Marine Le Pen justifiait ainsi, en 2014, l’usage de la torture. Depuis, le sujet est savamment évité au sein du Rassemblement national, comme lors des vœux de son président Jordan Bardella, ce lundi. « Vous revenez toujours avec les mêmes sujets qui n’intéressent pas les Français », balaie une députée lepéniste à propos des agissements de Jean-Marie Le Pen en Algérie entre janvier et mars 1957. Circulez, le RN n’aurait plus rien à voir.

    Pourtant, si le passé du fondateur du FN en Algérie comme sa haine des juifs gênent autant – « Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite », assurait sans vergogne Jordan Bardella en novembre 2023 –, c’est bien que cet héritage reste ancré dans les discours d’une extrême droite aujourd’hui aux portes du pouvoir.

    Et c’est pour rappeler cette « matrice coloniale aujourd’hui trop souvent ignorée » que l’historien Fabrice Riceputi publie, ce vendredi 19 janvier, le livre Le Pen et la torture (le Passager clandestin). Un récit documenté des trois mois que le député poujadiste et lieutenant Jean-Marie Le Pen a passés à Alger, alimenté par les travaux d’historiens et de journalistes réalisés depuis plus de soixante ans, afin de répondre à cette question : « Le Pen a-t-il torturé ? »

    L’intéressé lui-même y répond positivement à son retour à Paris en 1957 puis en 1962 : « Je n’ai rien à cacher. J’ai torturé parce qu’il fallait le faire », expliquait-il au journal Combat. Pour le député, qui avait aussi traîné son treillis en Indochine en 1954, l’usage de la torture n’a rien de choquant en termes de sévices, et se révèle même nécessaire pour obtenir des informations.

    Un argument battu en brèche par l’historienne Raphaëlle Branche, autrice de précieux travaux sur la torture en Algérie, pour qui « il faut sortir de l’idée que la torture a un objectif de renseignement. La vraie raison, le but ultime, c’est qu’elle est considérée comme efficace sur le plan de la terreur, dans le but de viser la population ».

    « Un discourspro-Algérie française transformé en discours anti-Arabes » 

    Jean-Marie Le Pen a alors un intérêt politique à raconter son expérience de tortionnaire pendant la grande répression d’Alger – officiellement nommée « bataille d’Alger » – au sein du 1er régiment étranger de parachutistes (Ier REP). « Pour Jean-Marie Le Pen, qui cherchait à monter au sein de l’extrême droite, c’était sans doute une manière de donner des gages à ceux qui le voyaient comme quelqu’un de trop prudent », explique le politologue Jean-Yves Camus. 

    Car la défense de l’Algérie française et des colonies est fondamentale dans l’ascension de Jean-Marie Le Pen au sein de l’extrême droite. Encore cinquante ans après la création du FN, cet héritage colonial est assumé, lui permettant au passage de masquer une autre de ses racines, collaborationniste.

    « Alors qu’elle était moribonde depuis la Libération, cette extrême droite s’est servie de la guerre d’Algérie et de sa mémoire pour prospérer, explique l’historien des idées Stéphane François. Avec un discourspro-Algérie française qui sest transformé en un discours anti-Arabes. » 

    « La guerre d’Algérie, par sa violence, a apporté de l’eau au moulin de ceux qui insistaient sur la violence présentée parfois comme quasi génétique des Arabes, des Nord-Africains », abonde Emmanuel Blanchard, politiste à l’université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines.

    Années 1980 : les récits des tortures

    de Le Pen affluent

    C’est en mobilisant cette image de l’Algérien « terroriste » que Jean-Marie Le Pen justifie dans un premier temps l’usage de la torture. Mais, à mesure que son poids politique grandit, son propre récit de ses trois mois à Alger change. Dans les années 1980, chef d’un parti en pleine ascension, il nie désormais et attaque en diffamation tous ceux qui l’accusent d’avoir torturé.

    Les travaux de l’historien Pierre Vidal-Naquet, citant un rapport du commissaire de police principal d’Alger, René Gilles, qui relate des faits de torture commis par Jean-Marie Le Pen, refont alors surface. Puis, en 1985, le journaliste de Libération Lionel Duroy publie cinq témoignages d’Algériens qui accusent nommément le président du FN d’avoir dirigé des séances de torture. À partir de 2000, pour le Monde, Florence Beaugé réalise un travail journalistique d’une extrême rigueur qui confirme certains témoignages déjà publiés et en restitue quatre nouveaux.

    Comme celui d’Abdelkader Ammour, qui raconte la nuit du 2 au 3 février 1957, quand la section dont Le Pen est le chef débarque à son domicile familial, le dénude, avant que le lieutenant-député ne s’assoie sur lui, tout en commandant les décharges qui lui sont infligées aux pectoraux et aux testicules. Autre récit : celui de Mohamed Moulay, qui relate la torture subie par son père avant son exécution.

    « L’accusation permanente contre l’immigration est un fruit empoisonné de l’histoire coloniale »

    Alain Ruscio, historien 

    Le fils a gardé en sa possession un objet retrouvé dans sa maison juste après les faits : un poignard des Jeunesses hitlériennes gravé « JM Le Pen, Ier REP ». Une pièce à conviction brandie au tribunal par Florence Beaugé, en 2003, lors du procès en diffamation intenté par Jean-Marie Le Pen au quotidien le Monde, qui sera relaxé.

    Ces témoignages n’empêchent pas plusieurs historiens d’émettre des réserves – faute de preuves irréfutables –, voire même de sérieux doutes. En mars 2023, Benjamin Stora, dans un podcast sur France Inter, avance : « Jean-Marie Le Pen n’a sans doute pas pratiqué la torture en Algérie. » Face à une polémique déclenchée par ces propos, l’historien rectifie, estimant que cela ne peut être « prouvé ». Pour Fabrice Riceputi, cette sortie n’est « pas un simple accident » : elle contribue à « effacer les activités criminelles coloniales du fondateur du FN/RN » dans « une sorte d’ultime dédiabolisation politique de ce courant ».

    Car, pour l’auteur de Le Pen et la torture, cette question n’a pas seulement un intérêt historique, mais aussi politique. Le RN de Marine Le Pen n’a pas rompu avec son héritage pro-Algérie française. Comme à Perpignan (Pyrénées-Orientales), où le maire RN Louis Aliot a renommé une place au nom de Pierre Sergent, ancien chef de l’OAS, alors que se tiennent dans cette ville de multiples rassemblements nostalgériques.

    L’histoire coloniale rejaillit sur le discours anti-immigration

    Ses intentions sont clairement électoralistes, mais aussi politiques, dans un sud de la France où de nombreux pieds-noirs se sont installés après leur départ de l’Algérie en 1962. « C’est encore un signifiant politique pour leurs descendants, qui considèrent qu’il y a une flamme à conserver, analyse l’historien Pascal Blanchard. Une flamme qui est vivifiée en permanence par les discours contre les immigrés, spécifiquement maghrébins. » « L’accusation permanente contre l’immigration est un fruit empoisonné de l’histoire coloniale », abonde l’historien Alain Ruscio.

    Dans la société française dans son ensemble, l’histoire coloniale a participé à fabriquer le rapport du pays aux étrangers, en particulier originaires des anciennes colonies. « Elle est une des matrices de ce sujet, comme du débat sur l’intégration, celui du grand remplacement, avec l’utilisation de cette histoire pour dire que ce ”vivre-ensemble” n’a pas été possible là-bas, donc ne pourrait pas l’être davantage en France », observe Pascal Blanchard. Un discours particulièrement présent à l’extrême droite, même si les références à l’empire se raréfient. « Aujourd’hui, ils n’ont plus besoin de le dire au RN car c’est digéré par l’opinion, par les électeurs », estime l’historien.

    Marine Le Pen n’hésite toutefois pas à réagir aux commémorations nationales, même très timides, en direction des victimes algériennes. Quand, en 2021, Emmanuel Macron reconnaît « au nom de la France » que l’avocat Ali Boumendjel a été « torturé et assassiné » par l’armée française, elle y voit une trahison : « Alors que le communautarisme et l’islamisme progressent et se nourrissent de nos faiblesses, Macron continue d’envoyer des signaux désastreux de repentance, de division et de haine de soi. Il faut vite renouer, au sommet de l’État, avec la fierté d’être français ! »

    Elle a également salué, en juin 2022, le discours « très digne, très républicain », selon elle, du député RN José Gonzalez à l’Assemblée nationale. Le parlementaire, qui a grandi à Oran (Algérie), s’est livré depuis le perchoir à une réhabilitation de l’Algérie française et même de l’OAS, avant d’assurer devant les journalistes : « Je ne pense pas qu’il y ait eu des crimes en Algérie dans l’armée française. » Un négationnisme qui, comme l’histoire du RN, en dit long sur sa vision de la France, de sa « grandeur », et de son rapport aux étrangers. Jusqu’à oublier ou légitimer les crimes et les oppressions.

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    SOURCE : Le Pen, la torture, et la matrice colonialiste du RN - L'Humanité (humanite.fr) 

     

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    Cent jours de guerre à Gaza :

    les Palestiniens se sentent isolés,

    abandonnés et terrifiés

    L’offensive terrestre israélienne a contraint les Palestiniens désespérés à déplacer leurs enfants d’un endroit à l’autre, à la recherche d’une sécurité toujours insaisissable. 

     Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés

    Une grande partie de Gaza a été réduite en ruines par la campagne de bombardements dévastatrice d’Israël (MEE/Mohammed al-Hajjar)

    Lorsqu’elle a fui sa maison à la mi-octobre, Yara Waheidi était convaincue que la guerre d’Israël à Gaza ne durerait que quelques jours.

    Après avoir préparé des vêtements légers pour ses trois jeunes enfants dans une petite valise, elle a entrepris le pénible voyage vers le sud, d’abord vers Gaza, puis vers Nuseirat, et enfin vers Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

    Bravant les frappes aériennes et les tirs de snipers israéliens, elle a continué à fuir vers une zone sans cesse plus réduite de l’enclave côtière, avec un seul espoir en tête : survivre à l’assaut israélien.

     Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés

    Des enfants palestiniens après une attaque israélienne, attendent par terre à l'hôpital de Rafah, au sud de la bande de Gaza. © Mohammed Abed, AFP

    Mais après cent jours de terreur, Yara Waheidi confie avoir pris conscience que son sort allait probablement s’aggraver, car le conflit prolongé ne semble pas près de s’achever.

    « Lorsque nous avons décidé d’évacuer, j’ai pris un petit sac avec quelques vêtements légers pour mes enfants », explique Yara Waheidi, 39 ans, à Middle East Eye.

    « Nous étions encore en automne et, à Gaza, nous commençons à revêtir des vêtements épais et chaud à partir de la mi-décembre. Je pensais que nous n’en aurions pas besoin parce que la guerre ne durerait pas au-delà du mois d’octobre. »

    « Mais le mois d’octobre est passé, le mois de novembre est passé, le mois de décembre est passé, et maintenant nous sommes en janvier. Même dans mon pire cauchemar, je n’aurais jamais imaginé que nous aurions été déplacés aussi longtemps. »

    « Pour le monde, ce sont cent jours. Pour nous, cela ressemble à cent ans »

    - Lamia Saqqa, déplacée 

    Yara Waheidi indique qu’elle envisage à présent de fuir à nouveau, car Israël intensifie ses frappes aériennes et son offensive terrestre dans les quartiers adjacents à celui où elle a trouvé refuge.

    « Je n’arrive pas à croire qu’après cent jours, nous en soyons toujours à parler de trouver un abri, de savoir où aller et de déterminer quel est l’endroit le plus sûr. »

    « Je suis fatiguée [par] les circonstances difficiles, les difficultés et les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour accomplir de simples tâches quotidiennes, mais surtout, je suis mentalement épuisée de [devoir] réfléchir à ce que je dois faire et à ce qui va se passer ensuite. »

    Le feu vert de l’Occident

    Depuis cent jours, le monde entier assiste aux bombardements intensifs et à l’invasion terrestre d’Israël, qui ont réduit de vastes zones de Gaza en ruines.

    Le conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies, s’est aggravé le 7 octobre lorsque des combattants palestiniens dirigés par le Hamas ont franchi la barrière frontalière de haute technologie qui encercle la bande de Gaza sous blocus et fait irruption dans le sud d’Israël, à la suite de provocations israéliennes sur le troisième site le plus sacré de l’islam, la mosquée al-Aqsa à Jérusalem.

    Plus de 1 100 personnes ont été tuées lors de ces attaques en Israël, la majorité d’entre elles étaient des civils, d’après un bilan établi par MEE sur la base de chiffres officiels.

    Israël a réagi en lançant des milliers de frappes aériennes sur l’enclave densément peuplée, détruisant des zones urbaines et rasant des immeubles résidentiels de plusieurs étages.

    Une grande partie du nord de Gaza a été réduite à un terrain vague poussiéreux et plus de 24 100 Palestiniens, dont plus des deux tiers sont des femmes et enfants, ont été tués dans l’enclave.

     Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés

    Des Palestiniennes pleurent un proche tué lors d’une frappe aérienne israélienne dans un cimetière surpeuplé de Gaza, le 13 janvier 2024 (MEE/Mohammed al-Hajjar)

    Les Palestiniens ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils étaient incapables de récupérer des corps en décomposition dans les rues, de peur d’être eux-mêmes tués.

    Un nombre impressionnant de 1,9 million de Palestiniens ont été déplacés, la majorité d’entre eux ayant dû transporter leurs enfants d’un endroit à l’autre à la recherche d’une sécurité toujours insaisissable.

    Ces dernières semaines, Israël a dû faire face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre, mais a été largement couvert par le soutien diplomatique et militaire des États-Unis.

    Samedi 13 janvier, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré avec assurance que son pays ne se laisserait pas décourager par les accusations de génocide à l’encontre des Palestiniens de Gaza.

    « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’Axe du mal, ni personne », a-t-il assuré, faisant référence à la Cour internationale de justice (CIJ) où l’Afrique du Sud a accusé Israël de génocide la semaine dernière.

    Une décision provisoire de la CIJ est attendue dans quelques semaines, mais la Cour dispose de peu de moyens pour faire appliquer les mesures qu’elle pourrait proposer. Tout résultat risque donc d’être de nature symbolique.

    En 2004, la Cour avait émis un avis non contraignant considérant que la construction par Israël de son mur de séparation en béton en Cisjordanie occupée était illégale et qu’il devait être démantelé. Plus de vingt ans plus tard, les murs et les clôtures sont toujours en place.

    « Israël nous traite comme des sous-humains »

    Au début de la guerre, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a qualifié les Palestiniens d’« animaux humains » lorsqu’il a annoncé qu’Israël couperait les vivres, l’électricité, l’eau et le carburant à l’enclave assiégée.

    Abu Muhammed Gharbi, 55 ans, a été déplacé à plusieurs reprises depuis le début du conflit. Il affirme que le gouvernement israélien considère réellement les Palestiniens comme des sous-hommes et est déterminé à les soumettre à un traitement inhumain.

     Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés

    Un bébé d'un an a succombé à ses blessures après l'attaque de l'école qui servait de refuge à des déplacés palestiniens. © MARCO LONGARI - BELGAIMAGE 

    « Nous nous réfugions dans des endroits qui ne sont appropriés qu’aux chiens », témoigne-t-il auprès de MEE dans une rue encombrée d’ordures à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

    « Aucun humain ne peut vivre dans ces conditions. Pourtant, nous vivons ainsi depuis plus de trois mois, soit le quart d’une année. »

    Abu Muhammed Gharbi souligne que de nombreux Palestiniens, s’ils parviennent à survivre à la guerre, risquent de ne pas avoir de maison où retourner.

    « Les conséquences de la guerre sont dévastatrices, mais nous n’en verrons la véritable ampleur que lorsque nous retournerons à Gaza, dans nos maisons et nos quartiers, et que nous constaterons le véritable niveau de destruction. Là, nous serons à nouveau confrontés au déplacement jusqu’à ce que nous reconstruisions nos habitations ou que nous trouvions d’autres solutions. »

     Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés

    Un Palestinien est amené à l’hôpital al-Chifa à Gaza, qui a été dévasté par les attaques israéliennes (MEE/Mohammed al-Hajjar)

    Selon les chiffres du bureau des médias du gouvernement palestinien à Gaza, cités par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), on estime que 65 000 unités résidentielles ont été détruites ou rendues inhabitables et 290 000 autres ont été endommagées.

    Un bilan du Centre satellitaire des Nations unies (UNOSAT), qui ne couvrait que les 50 premiers jours de la guerre, a révélé qu’environ 18 % des structures de Gaza avaient été détruites ou endommagées.

    « Lorsque la guerre prendra fin, on ne sait quand, il nous faudra probablement au moins quinze ans pour reconstruire ce qui a été détruit, et peut-être toute une vie pour guérir les profondes blessures psychologiques et les traumatismes complexes qui n’en finissent pas »

    -  Abu Muhammed Gharbi, déplacé 

    Une analyse de données satellitaires citée par Associated Press (AP) suggère pour sa part qu’environ deux tiers de toutes les structures dans le nord de Gaza ont été détruites.

    D’après l’AP, le taux de dévastation est pire que la destruction d’Alep en Syrie entre 2012 et 2016 ou que les bombardements russes sur Marioupol en 2022.

    « Il s’agit d’une guerre d’usure ; elle dure depuis aussi longtemps parce que le but est d’épuiser les Palestiniens à tous les niveaux », déplore Abu Muhammed Gharbi.

    « Aujourd’hui, notre principale préoccupation quotidienne consiste à trouver de l’eau pour boire et se laver, trouver de la nourriture, essayer de contacter les membres de notre famille pour s’assurer qu’ils vont bien et savoir où s’abriter. Plus la situation durera, plus les gens se sentiront à bout de forces et épuisés. »

    « Lorsque la guerre prendra fin, on ne sait quand, il nous faudra probablement au moins quinze ans pour reconstruire ce qui a été détruit, et peut-être toute une vie pour guérir les profondes blessures psychologiques et les traumatismes complexes qui n’en finissent pas. »

    Cent jours de guerre qui semblent cent ans

    Pour Lamia Saqqa, qui se trouve actuellement à Gaza, presque chaque jour depuis le 7 octobre a été marqué par la douleur et la perte.

    « Pour le monde, ce sont cent jours. Pour nous, cela ressemble à cent ans », confie-t-elle à MEE.

    « Chaque minute, nous sommes terrifiés à l’idée de recevoir de mauvaises nouvelles ou que notre maison soit bombardée. Chaque heure, nous devons faire face à de nouvelles difficultés pour nous procurer de la nourriture et de l’eau », explique-t-elle.

    Les conditions sanitaires sont désastreuses et on voit régulièrement les Palestiniens se ruer sur la nourriture apportée occasionnellement par des camions d’aide en provenance d’Égypte.

     Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés

    Des enfants fouillent les décombres de leurs maisons détruites à Gaza, le 12 janvier 2023 (MEE/Mohammed al-Hajjar)

    Selon une étude réalisée en décembre par Euro-Med Human Rights Monitor, 98 % des personnes interrogées à Gaza ont déclaré que leur alimentation était insuffisante, tandis que 64 % ont avoué avoir mangé de l’herbe, des aliments non mûrs et des produits périmés pour combler leur faim.

    L’étude révèle que la quantité d’eau accessible, y compris l’eau pour boire, se laver et nettoyer, n’est que de 1,5 litre par personne et par jour.

    Cela représente 15 litres de moins que la quantité minimale d’eau nécessaire à la survie au niveau requis selon les normes internationales, a constaté Euro-Med Monitor.

    Faisant référence au roman Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, Lamia Saqqa affirme que les Palestiniens se sentent abandonnés du reste du monde.

    « Cela fait cent jours que nous sommes isolés. Nous avons été coupés du reste du monde, confrontés à des coupures d’électricité constantes. Nous nous sentons abandonnés alors que le monde laisse cette tragédie se poursuivre », déplore-t-elle.

    « S’il y a bien une chose que j’ai apprise au cours de ces cent derniers jours, c’est que la communauté internationale et l’attention qu’elle porte aux droits de l’homme ne sont qu’un gros mensonge. »

    « Il n’y a pas de droits humains. »SOURCE : Cent jours de guerre à Gaza : les Palestiniens se sentent isolés, abandonnés et terrifiés | Middle East Eye édition française 

     


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    Les  vœux  de Bardella à la Presse

    Les racistes approchent du pouvoir

    Les vœux de Bardella à la Presse

    Ce matin 15 janvier 2024 pendant plus d’1 heure Bardella (RN) était face à la Presse sur plusieurs plateaux TV soit 17 mn de discours et presque 45 mn de réponses aux journalistes. Il fut très applaudi (à vomir).

    Bien évidemment ne comptez pas sur moi pour que je mette la vidéo le concernant sur mon blog, vous pouvez la trouver facilement si vous le souhaitez… Sa photo est déjà de trop.

    Les vœux de Bardella à la Presse

    La situation est grave car en 2027 la prise de pouvoir de Marine Le Pen à la présidentielle semble de plus en plus possible compte tenu des sondages qui montrent la montée vertigineuse  de l’extrême droite loin devant la macronie et une gauche divisée et éparpillée, si cette dernière ne se ressaisit pas en se rassemblant et en présentant un seul candidat commun, alors c’est la catastrophe assurée. C’est pourquoi je vous présente une émission qui a eu lieu le mercredi 13 décembre 2023 qui a pour titre :

     

    Les vœux de Bardella à la Presse

     

    Introduction

     Par Marie-Christine VERGIAT 

    Vice-présidente de la Ligue des Droits

     de l’Homme. 

     


    Avec 

    Erwan LECOEUR
    sociologue et politologue, enseignant à l’Institut d'Études Politiques de Grenoble.
     


    Le débat 


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    Arinthod (Jura)

    Raymond Bouilloux, vétéran

    des essais nucléaires, a écrit

    ses mémoires

    Certaines personnes souhaitent écrire leur vie afin de laisser une trace. C'est ce qu'a fait Raymond Bouilloux, un Arinthodien ayant participé aux essais nucléaires en Algérie.

    Raymond Bouilloux présente son livre Les mémoires de vie de Raymond Bouilloux, Vétéran des Essais Nucléaires français. ©Nathalie Coron

    Par Rédaction Voix du Jura 

    Raymond Bouilloux, comment vous est venue cette idée d’écrire vos mémoires ?

    Depuis longtemps, j’avais envie d’écrire, laisser une trace à mes enfants, mes petits-enfants, ma famille, mes amis. Mais je ne savais pas comment m’y prendre.

    C’est une amie, avec son compagnon, qui m’ont poussé à le faire. Lors de différentes occasions auxquelles nous nous retrouvions, je leur racontais mes histoires de vie et ils en redemandaient à chaque fois.

    Ils m’encourageaient à écrire jusqu’au jour où mon amie est venue à la maison avec un cahier et un crayon qu’elle m’a remis, en me disant : « À présent, tu as tout ce qu’il faut pour débuter ton histoire ».

    De là, j’ai commencé la belle aventure. J’ai écrit ce qui me venait à l’esprit, sur différents chapitres de ma vie…

    Une fois un certain nombre de pages écrites, je ne savais pas quoi en faire. Une autre amie, avec qui j’en discutais un jour, m’a parlé d’une biographe locale qui pouvait me venir en aide pour mettre en forme un manuscrit prêt à être édité.

    Je l’ai contactée. Une amitié forte est née de cette rencontre, qui a encore enrichi mon histoire.

    Comment vous y êtes-vous pris alors ? 

    Eh bien, je lui ai confié mes pages d’écriture qu’elle a ainsi mises en forme, entre et écriture réécriture.

    Le premier travail a été de les remettre dans un ordre chronologique. D’autres pages se sont rajoutées.

    Elle me demandait d’écrire ce que je ressentais, selon un thème choisi, pour la prochaine séance.

    Elle a été tout le long à mon écoute et fait en sorte de ne pas transformer mes idées, mais plutôt de leur donner vie à travers une écriture toujours respectueuse.

     

    Cela a été un travail de longue haleine, mais la récompense de voir le livre achevé en valait la peine !

    Raymond Bouilloux

    Que raconte votre livre ?

    Je voulais transmettre mon histoire à ma famille. Alors bien entendu, j’ai commencé par les origines de mes parents, jurassienne pour maman (Arinthod) et bressane pour papa (Cuiseaux), ma naissance et ma petite adolescence dans la région lyonnaise, alors que j’étais un « gone » sur les bancs de l’école, jusqu’à notre retour en Petite Montagne lorsque j’avais dix ans, jusqu’à mes états de service dans l’armée qui m’ont conduit pendant la guerre d’Algérie.

    C’est une partie de ma vie que je ne peux pas oublier et que je me devais de transmettre. De retour en France, j’ai rencontré l’amour de ma vie, Janine, une femme merveilleuse dotée d’une très grande sensibilité, comme moi, avec qui je fonderai ma si belle famille.

    Ayant trouvé un travail sur la région lyonnaise au sein du Centre d’Études et de Recherches Renault, nous nous installerons là-bas.

    Notre vie fut ponctuée de moments merveilleux que viendront troubler parfois certains événements moins heureux, comme peuvent l’être ceux d’une vie, que nous surmonterons toujours ensemble.

    Bien entendu, je devais aussi parler de mes passions que sont la chasse à la bécasse, les différents chiens qui m’ont accompagné, la pêche et le vélo. Tout autant de sujets sur lesquels j’ai pris beaucoup de plaisir à m’attarder.

    Au cours de ces récits, j’ai aussi fait référence à l’incroyable évolution de la nature et des constatations prises sur le fait comme celles d’un petit gibier beaucoup moins nombreux de nos jours qu’à l’époque, tout comme les poissons, notamment les truites.

    Une chose est sûre et je le dis dans mon livre : « De toutes ces années d’expérience, je peux affirmer : il ne faudrait pas toucher la nature, nulle part dans le monde ».

    Préserver le devoir de mémoire est devenu un véritable sacerdoce ?

    Oui, transmettre aux plus jeunes et aussi continuer à honorer ceux qui sont morts pour la France. C’est pour cela que je me suis engagé auprès de la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie).

    Je suis porte-drapeau lors de nombreuses cérémonies dans le département et je le fais avec fierté et beaucoup d’honneur.

    Le maire d'Arinthod, Jean-Charles Grosdidier, accroche la médaille de la Défense nationale des essais nucléaires sur le blouson du vétéran Raymond Bouilloux. (archives) ©Nathalie Coron

    Pour information, nous avons créé à notre retour de Reggane (Guerre d’Algérie), l’Association des vétérans des essais nucléaires (Aven), dont le président, Jean-Luc Sans, a dit à l’époque : « Nos souvenirs ne sont pas peuplés de djebels (montagnes), nous ne sommes que des oubliés avec le Sahara en carte postale, les îles lointaines en photos souvenirs, n’ayant que modestement au fond des yeux… l’image de l’Apocalypse. Pourtant, nous avons nos morts ! Non pas foudroyés aux champs d’honneur, mais lentement emprisonnés aux champs d’horreur de la déchéance et de l’oubli. Nous avons aussi nos blessés ! Mais leurs plaies sont invisibles et ne cicatrisent jamais ! Nous avons nos veuves, nos orphelins ! Mais leurs maris, leurs pères, ne sont pas morts à la guerre. Ils sont vulgairement partis d’un cancer infligé par un engin de Paix. Nous avons tous suivi les ordres de la Nation pour que vivent la liberté et la paix ! ».

    Nous avions à l’époque reçu, mes camarades et moi, la Croix d’honneur du vétéran et l’insigne du Centre saharien d’expérimentation militaire (CSEM).

    La croix représentant une explosion atomique sur une croix du désert avait été dessinée par Wolinski lui-même qui faisait partie de la mission comme moi « La gerboise bleue » , qui n’était autre que le nom de l’explosion atomique qui eut lieu le 13 février 1960, à 7 h 04.

    Nous étions à 28 km du point 0, mais nous avons vu l’éclair thermique malgré le fait que nous nous cachions les yeux.

     

    Dans un rayon de 300 mètres, la température serait montée à plusieurs millions de degrés. Tout a été déformé sur place, le fer ayant fondu, prenant des formes qu’aucun artiste n’aurait pu sculpter…

    Raymond Bouilloux

     

    Quelques longues années plus tard, nous avons reçu, avec tous mes camarades encore vivants, la médaille de la Défense nationale avec agrafe Essais nucléaires accordée par le Grand Chancelier de la Légion d’honneur. Soixante ans après. Il était temps ! Beaucoup nous ont quittés.

    C’est tout cela que je voulais transmettre. C’est un livre d’amour de la vie avant tout, de ces petites choses de tous les jours qui font que la vie est belle, qu’elle vaut le coup d’être vécue… Et transmise…

    SOURCE : Arinthod. Raymond Bouilloux, vétéran des essais nucléaires, a écrit ses mémoires | Voix du Jura (actu.fr)

     


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    Livre - Paris colonial

    et anticolonial de Marcel Dorigny

    et Alain Ruscio

    Livre - Paris colonial  et anticolonial de Marcel Dorigny  et Alain Ruscio

    En flânant dans Paris, le touriste ou le simple curieux sera surpris d’y découvrir tant de témoignages de la colonisation française et de l’esclavagisme. Noms de rues et de places, mascarons, cariatides, bas-reliefs, fresques ou façades entières, monuments et sculptures... : sous les yeux du promeneur se déroule l’histoire multiséculaire de la France d’outre-mer et des promoteurs et administrateurs de ses colonies. Mais aussi des pans entiers des combats menés depuis le XVIIIe siècle pour dénoncer l’esclavage, la traite voire la colonisation elle-même, sans oublier la modeste place récemment faite aux combattants qui, dans les colonies, se sont illustrés dans leur lutte pour l’abolition de l’esclavage, qu’ils aient été victorieux ou vaincus.

    Une promenade dans la capitale à la rencontre des lieux emblématiques de l'histoire de l'esclavage et de la colonisation. Ce livre est un guide à travers l'espace et le temps, apportant de précieuses informations sur des personnages et des événements souvent oubliés, mais dont les histoires nous touchent encore aujourd'hui. 315 pages. Editeur : Hémisphères / Maisonneuve & Larose 

     


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    Un climat de guerre s’installe

    en France

    Les dernières déclarations du Président de la République s’inscrivent dans la continuité de ce qu’il faut bien nommer la militarisation croissante du pays. En appelant au « réarmement civique et moral » de la jeunesse, Macron-Jupiter veut aller encore plus loin dans son embrigadement idéologique afin de la préparer au climat de guerre qu’il cherche à imposer à la nation.

    Un climat de guerre s’installe en France

    Alain Refalo 

    Enseignant du primaire, militant de la non-violence

    Au mois de juillet dernier, le Parlement adoptait la loi de programmation militaire 2024-2030, pour un montant de 413 milliards d’euros. Elle consacrait une hausse du budget militaire de 3 milliards d’euros par an jusqu’en 2027, puis de 4,3 milliards d’euros jusqu’en 2030, ce qui portera le budget de la défense nationale à 69 milliards d’euros en 2030, alors qu’il était de 32 milliards en 2017. Il est clairement affirmé dans cette loi de programmation militaire que la France s’engage désormais dans une « économie de guerre » afin d’augmenter significativement la production d’armement, pour le plus grand bonheur du complexe militaro-industriel. C’était le premier signal attestant que la France se préparait à la guerre.

    Les dernières déclarations du Président de la République s’inscrivent dans la continuité de ce qu’il faut bien nommer la militarisation croissante du pays. En appelant au « réarmement civique et moral » de la jeunesse, après avoir au mois d’août annoncé sa volonté de la « re-civiliser » (après les émeutes), Macron-Jupiter veut aller encore plus loin dans l’embrigadement idéologique de la jeunesse afin de la préparer au climat de guerre qu’il cherche à imposer à la nation. La jeunesse, future chair à canon disponible, doit être prête, préparée, par l’école, par le SNU et sans doute bientôt par le service militaire qui effectue un retour en grâce chez de nombreux politiques et militaires.

    Tous les discours officiels convergent en effet pour préparer la population française à l’idée que la « paix » est sans doute derrière nous ; ce qui signifie que, forcément, la guerre est devant nous. La guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, à la suite des attentats islamistes, sont désormais utilisés à des fins de propagande militariste. La perspective d’un conflit majeur sur notre sol ou/et d’une guerre en Europe dont la France serait partie prenante incitent le pouvoir politique à anticiper cette échéance. Pour que cette guerre soit acceptée par la population, il faut que les esprits soient prêts et qu’ils la considèrent comme une échéance inéluctable.

    Tout ce qui peut contrarier cet objectif est réprimé. Depuis plusieurs années, le pouvoir lepénisé cherche à contenir et à vaincre les résistances civiques, sociales, écologiques qui se développent contre les inégalités et les discriminations, contre le dérèglement climatique, contre les lois iniques comme la loi immigration. Pour atteindre cet objectif, et justifier des mesures ultra-sécuritaires et militaristes, il agite des chiffons rouges qui détournent l’attention et il instille de la peur. Parce que l’ennemi pour l’État, de tout temps, avant d’être extérieur, est d’abord intérieur. C’est pourquoi les libertés sont aujourd’hui attaquées, que le droit de manifester, de s’exprimer, de contester est réprimé, souvent avec une brutalité inouïe par une police largement gangrenée par les idées de l’extrême droite. Il s’agit de faire taire les voix dissidentes qui font obstacle à l’édification d’une pseudo-unité nationale autour de son chef qui trouve dans la perspective d’une guerre à venir un moyen de sauver son deuxième quinquennat.

    Pour tenter de mâter la jeunesse et de la remettre dans « le droit chemin », Macron a sorti de son chapeau en 2017 le Service National Universel (SNU). Dans une vision très paternaliste de la jeunesse, le SNU, dans son principe comme dans ses méthodes, ainsi que l’ont montré les phases test, n’est qu’une école de la soumission inconditionnelle à l'autorité, tout particulièrement à l’autorité militaire. Il s’agit d’inculquer à la jeunesse les valeurs et les méthodes militaires, mais aussi de lui faire accepter « les enjeux de la défense et de la sécurité nationale ». Le « réarmement civique et moral » de la jeunesse voulu par Macron trouve déjà dans le SNU un terrain d’application édifiant : garde à vous, lever du drapeau, Marseillaise, uniforme, discipline stricte, encadrement militaire, participation aux cérémonies militaires...

    Lorsqu’il était secrétaire d’État en charge de la jeunesse, Gabriel Attal, avait annoncé la généralisation du Service national universel à tous les jeunes de 16 ans dès 2024. Cette idée n’a pas été abandonnée. Le 5 janvier dernier, Prisca Thevenot, secrétaire d’État à la jeunesse et au Service national universel, a fait savoir qu’elle souhaitait également sa généralisation afin qu’il « devienne un passage républicain pour chaque jeune de notre nation ». Le SNU obligatoire pour chaque génération sera d’ailleurs l’aboutissement d’un processus d’endoctrinement commencé dès l’école primaire (éducation civique et morale) et prolongé tout au long du secondaire avec les fameux « parcours citoyens ».

    Dans ces « parcours », bien balisés dans les programmes, l'éducation à la défense nationale, aux valeurs patriotiques, au respect de l'armée et de ses missions, tient déjà une place non négligeable. Il n’est pas inutile de rappeler que le dernier protocole Défense - Éducation nationale, de juin 2016, valorise à l’école la place de l’armée dans la vie de la nation. Il est y écrit que « l'enseignement de défense vise à améliorer la connaissance des missions des militaires et de la Défense par les élèves les plus jeunes. Il vise à leur faire comprendre que les militaires servent la Nation ». Autrement dit, les enseignants doivent se faire le relais de la propagande militaire au sein de leurs classes, ce qui implique aussi de mettre en valeur le rôle de l'armée dans les interventions militaires extérieures. On se saurait dévoyer davantage la mission émancipatrice de l’école et des enseignants que de la mettre au service d’une institution qui incarne des valeurs aussi contraires à celles de l’éducation.

    Mais cela ne suffit encore pas. Gabriel Attal, lors de son passage éclair à l’Éducation nationale, a annoncé, au mois de décembre dernier, l’expérimentation du port de l’uniforme à l’école, au collège et au lycée dans les collectivités locales volontaires. Outre le caractère rétrograde de cette mesure anti-éducative, elle flatte les relents autoritaristes dominants. Uniforme à l’école, uniforme pendant le SNU, l’uniforme devient un autre symbole de cette volonté de mettre la France au garde à vous, de gommer les différences et de marcher au pas.

    Ainsi, tout converge pour davantage caporaliser, uniformiser et endoctriner la jeunesse. Il est fort probable, au rythme où vont les annonces militaristes, que dans les mois à venir la question du service militaire redevienne d’actualité. Déjà, le 5 novembre dernier, l’ancien premier ministre Edouard Philippe s’interrogeait sur un retour prochain du service militaire en France. « Est-ce qu'un jour, indique-t-il, pour préserver les intérêts de la France, sa sécurité, il ne faudra pas former - et former militairement, sinon ça n'a aucun sens - une partie de la jeunesse, voire toute la jeunesse, c'est une question qui sera peut-être posée ? » Il ajoutait que « comme nous vivons dans un monde dangereux, j’ai tendance à penser qu’elle sera posée bientôt ». Il y a fort à parier que le retour du service militaire sera à l’ordre du jour de la prochaine présidentielle, à moins que les événements s’accélèrent. Car certains aimeraient aller plus vite.

    Ainsi, dans une récente tribune au Figaro, l’ancien numéro deux de l’armée de terre, le général Bertrand de la Chesnais (et par ailleurs directeur de la campagne présidentielle d’Eric Zemmour) plaide pour la mise en place d’un « véritable service national opérationnel obligatoire pour l’ensemble d’une classe d’âge ». Par opérationnel, il entend « pour efficacité immédiate » au sein des armées. « A l’issue de son service, écrit-il, le contingent serait automatiquement affecté dans la Garde nationale pour une durée active de 5 ans, afin de servir comme réserviste rappelable 2 semaines par an quel que soit son emploi ». Pour ne pas être en reste, il souhaite « une grande politique de réarmement moral, militaire et civique » afin de « préparer sans tabou la guerre de demain »... Les mêmes mots que ceux de Macron quelques semaines plus tard...

    Le réarmement moral et civique, expression empruntée à l’extrême droite, voulu par le président de la République, tout comme la généralisation du Service National Universel obligatoire, s’inscrivent dans un contexte de militarisation croissante de notre pays. Dans notre ouvrage Démilitariser la France (Chronique Sociale, 2022), nous avons montré toutes les facettes de cette militarisation et montré en quoi la France est l’un des pays les plus militarisés au monde : elle cumule de puissants symboles militaristes (histoire et mémoire guerrières, défilé militaire du 14 juillet, hymne national guerrier), une politique de défense coûteuse (dissuasion nucléaire), une industrie de défense qui alimente un important commerce des armes, de nombreuses interventions militaires extérieures, une militarisation croissante de la société (accords Défense-Education, SNU, armements des forces de l’ordre.) La France dite républicaine, par ses choix militaristes, a tourné le dos depuis longtemps aux valeurs affichées sur les frontons de nos mairies : Liberté, Égalité, Fraternité.

    Un vent mauvais souffle dans ce pays. Un climat de guerre, peut-être de guerre civile, s’installe progressivement. Certains l’évoquent déjà et s’y préparent. C’est pourquoi les mobilisations à venir seront capitales. D’abord, pour faire abroger la loi immigration aux relents racistes et xénophobes ; ensuite, pour lutter massivement contre l’inaction climatique de ce gouvernement et imposer une véritable transition écologique ; puis pour résister à toutes les atteintes à notre modèle social désossé jusqu’à la moelle ; enfin, pour construire et porter une véritable alternative sociale et écologique qui offre enfin une espérance pour 2027.

    Mais à tous ces combats, il faut ajouter désormais la lutte contre la militarisation de notre société. Il est temps que se lève un véritable mouvement en faveur de la paix, pour le désarmement nucléaire de la France, pour une autre politique de défense, pour une démilitarisation des forces de l’ordre. La dernière grande victoire contre le militarisme, dans ce pays, remonte à la lutte des paysans du Larzac contre l’extension du camp militaire. Depuis, notre pays est à la traîne des grands courants européens pour la paix, le désarmement et la non-violence.

    Et dans ce climat militariste et guerrier, nous devons, plus que jamais, défendre et promouvoir l’objection de conscience. L’objection de conscience au SNU, au service militaire, à toute propagande militariste, à tout commerce des armes, à tout préparatif de guerre. Avec la disparition du service militaire obligatoire en 1997, les lois sur l'objection de conscience ont été suspendues. Elles permettaient à tout jeune qui en faisait la demande écrite d'effectuer un service civil alternatif de deux ans (au lieu d'un an pour le service militaire) dans une association de son choix. Certes, la durée du service civil était discriminatoire, mais la loi permettait de refuser « légalement » d'apprendre à utiliser des armes de guerre, d’apprendre à tuer, pour des motifs personnels ou autres, tout en effectuant une activité associative choisie. L’objection de conscience à la guerre et à ses préparatifs devient un impératif moral, non seulement pour ne pas être complice soi-même du mal que nous dénonçons, mais pour enrayer directement la machine à fabriquer du malheur sur cette terre.

    La politique lepéno-macroniste peut se résumer en deux mots : se résigner et obéir. Se résigner à la fatalité de la guerre qui vient, obéir aux autorités et aux ordres, sans discuter. Nous y opposerons ce qui a toujours fait le sel de la vie : résister et désobéir. Résister aux lois scélérates qui déroulent le tapis rouge à l’extrême droite, résister à la liquidation de notre modèle social, résister à l’inaction climatique de ce pouvoir, résister à la militarisation de notre société. Désobéir enfin, car viendra un temps où les citoyens n’auront pas d’autre choix que d’entrer en dissidence civique pour préserver les valeurs essentielles qui fondent notre vivre ensemble.

    SOURCE : Un climat de guerre s’installe en France | Le Club (mediapart.fr)

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