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    Guerre contre Gaza :

    le témoignage bouleversant

    d’une infirmière française

      Guerre contre Gaza : le témoignage bouleversant d’une infirmière française

    Israël ne fait pas que tuer les Palestiniens de Gaza par milliers depuis le 7 octobre dernier. Il prive aussi les blessés et les malades de soins en détruisant les hôpitaux et en bloquant l’aide humanitaire. Une infirmière française de retour de la zone de guerre a rapporté avec elle des images insoutenables. Son témoignage est bouleversant.

    La situation sanitaire est catastrophique dans l’enclave palestinienne où, selon les Nations-Unies, 60 % des infrastructures de santé sont endommagées ou carrément hors service.

    Le dernier grand hôpital à subir une attaque de grande ampleur est celui de Nasser, à Khan Younès, dans le sud de Gaza. L’hôpital est mis hors service et, selon le ministère de la Santé du Hamas, 150 patients sont « entassés » dans ses chambres et ses couloirs, sans aucun soin ni prise en charge.

    De telles situations, Imane Maarifi en a vu de ses propres yeux. Cette infirmière française revient de la bande de Gaza où elle s’était rendue dans le cadre d’une mission de la fondation Palmed. Depuis son retour, elle a multiplié les témoignages pour faire comprendre au monde entier que ce qui se dit sur la souffrance de la population de Gaza n’est pas de la propagande politique.

    « Depuis mon retour, j’ai l’impression d’être dans un monde de fous, de devoir dire, en 2024 alors qu’il y a des réseaux sociaux et des médias, qu’il y a des gens qui meurent. T’es sûre d’avoir vu des enfants mourir ? Oui, j’ai aidé moi-même à extraire des balles de têtes d’enfants, de visages d’enfants », a-t-elle déclaré solennellement lors de l’audition des membres de la mission le 13 février par le Parlement français. La mission a servi à l’hôpital européen de Khan Younès.

    La jeune femme cloue ainsi le bec à ceux qui, pour protéger Israël, continuent à parler de « jérémiades des Palestiniens » ou encore de « poupées » exhibées par les femmes en pleurant.

    Une infirmière française de retour de Gaza : « C’est déjà trop tard » 

    L’infirmière raconte que des parents amènent le matin les cadavres de leurs enfants décédés dans la nuit, dans l’espoir que les médecins étrangers, qu’ils croient plus compétents que les locaux, puissent les réanimer. « Quand vous annoncez qu’il est mort et qu’il n’y a rien à faire, ils repartent avec en hurlant », dit-elle.

    S’agissant des blessures d’enfants qu’elle a eu à soigner, l’infirmière évoque « beaucoup, beaucoup, beaucoup de plaies de la face, d’exorbitations, d’œil qui n’existe même plus, des plaies de la tête, de l’abdomen… ».

    Faute de carburant, les morts et les blessés sont parfois acheminés vers les hôpitaux à dos d’ânes. Mais même ces bêtes de somme ne sont pas épargnées par les soldats israéliens. L’infirmière assure avoir vu un âne mort devant l’hôpital car il a été touché par balles en cours de route.

    Si elle fait ce témoignage, c’est pour convaincre le mode d’agir pour arrêter le massacre. Cependant, reconnaît-elle, « même si on arrête aujourd’hui, c’est déjà trop tard ».

    La chaîne Al Jazeera a diffusé d’autres propos d’Imane Maarifi dans lesquels elle décrit des scènes atroces qui l’ont marquée. Comme cet enfant de 15 ans que les médecins ont dû amputer des deux jambes ou encore cette mère de famille morte faute de médicaments pour son diabète.

    Elle explique qu’en plus des victimes directes de la guerre, au nombre de 29000 en quatre mois et demi, le décompte après la guerre, s'il y a une fin sera à multiplier par 3 ou 4 (ou plus ?) : beaucoup de Palestiniens malades meurent faute de médicaments et de prise en charge sanitaire.

      Guerre contre Gaza : le témoignage bouleversant d’une infirmière française

    Aymeric Caron

    Prenez 15 minutes pour regarder cette vidéo et comprendre ce que subissent les Palestiniens de #Gaza depuis plus de 4 mois. Des médecins et une infirmière ayant travaillé en mission humanitaire sur place décrivent ce qu’ils ont vu dans leur hôpital. Leurs témoignages sont bouleversants. Ils racontent l’horreur infligée aux civils, majoritairement des enfants et des femmes. Regardez et diffusez. Le massacre doit cesser. 

     Merci de cliquer sur ce lien :

    https://twitter.com/i/status/1759368908941787274 

    SOURCE : Le témoignage bouleversant d’une infirmière française de retour de Gaza (tsa-algerie.com) 

     


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  • LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE FACE À L'HÉRITAGE DE SON PASSÉ COLONIAL

    LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE FACE À

    L'HÉRITAGE DE SON PASSÉ COLONIAL

     

    Alain Ruscio : « … et nos frères

    pourtant », les originaires des colonies

    dans la Résistance

     

    La panthéonisation de Manouchian met en lumière les étrangers du groupe des Francs-tireurs et partisans de la main d’œuvre immigrée. On parle moins des résistants venus des pays colonisés.

    La panthéonisation le 21 février 2024 de Missak Manouchian, acte bienvenu mais ô combien tardif, va amener à se pencher sur les destinées de ces milliers d’étrangers « et nos frères pourtant », comme l’écrivit Aragon[1], venus d’Europe et d’Arménie, dont les vingt-trois du groupe de la Main d’œuvre immigrée (MOI) des Francs-tireurs et partisans, exécutés par les nazis le 21 février 1944. Pour histoirecoloniale.net, l’historien Alain Ruscio rappelle qu’il y avait aussi dans la Résistance française des combattants venus des pays colonisés.

    LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE FACE À L'HÉRITAGE DE SON PASSÉ COLONIAL

    Addi Ba (1916-1943), appelé « die schwartze terrorist »

     par les nazis, en 1943 

    Certains de ces « étrangers » étaient pourtant des « sujets français », des « indigènes », selon la terminologie de l’époque. Mais la France officielle – et, hélas, la mémoire collective –, depuis, les a quelque peu oubliés, peut-être « parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles » (Aragon toujours). Un seul, sauf erreur ou omission, est passé à la postérité : Félix Éboué, « ce Noir ardemment Français » (Charles de Gaulle)[2], panthéonisé depuis le 20 mai 1949.

    Mais il y eut également dans les rangs de la France libre les tirailleurs africains et malgaches, déserteurs ou évadés des camps de prisonniers, les Vietnamiens, requis en 1939, qui rejoignirent les FFI (on trouve des colonisés maquisards dans 38 départements différents)[3]. Il y eut également des colonisés dans les réseaux de résistance urbaine. Lors des combats de la Libération, ils eurent leurs martyrs, morts au champ d’honneur. Il faut évidemment y ajouter l’armée d’Afrique, réorganisée après l’Opération Torch, forte de 410 000 hommes, dont 176 000 Européens et 233 000 musulmans.

    Résistants noirs en terre africaine 

    Hors le Tchad de Félix Éboué, les colonies françaises d’Afrique prêtèrent allégeance à Vichy. A contrario, des réseaux gaullistes clandestins se mirent assez vite en place. L’ossature et les forces vives furent constituées par des Français « blancs ». Mais quelques « indigènes » en rejoignirent les rangs. Albert Idohou[4] et Agoussi Wabi[5], sujets français, dahoméens[6], et Aloysius Overdole[7], sujet britannique, policier au Nigeria, organisèrent les déplacements transfrontaliers d’agents de la France libre. Le réseau tomba dès octobre 1940. Le tribunal militaire permanent de Dakar les condamna tous trois à la peine capitale. Ils furent fusillés le 10 novembre 1941 à Dakar. L’année suivante, un autre Africain, Sidiki Boubakari[8], natif de Haute-Volta[9], membre d’un réseau de passeurs entre son pays et la Gold Coast britannique, fut arrêté, jugé et condamné à mort. Il fut exécuté le 23 octobre 1942 à Dakar. Le 19 août 1941, Adolphe Gaétan, Guinéen, membre d’un réseau, fut arrêté, en même temps que quatre résistants gaullistes blancs, le 19 août 1941 à Conakry, jugé à Dakar. Les cinq furent condamnés à mort. Mais seul Adolphe Gaétan ne bénéficia pas de la grâce du gouvernement de Vichy. Il fut fusillé le 19 novembre 1942.

    Cinq destins africains fauchés par la haine anti-gaulliste et raciste du régime de Vichy. Ils furent tous faits compagnons de la Libération (décret en date du 20 novembre 1944).

    Les Africains en métropole 

    Les Africains, durant la campagne de 1940, payèrent un lourd tribut au racisme nazi. Des centaines d’entre eux furent abattus ou exécutés dans des conditions horribles. Aussi ne faut-il pas s’étonner s’ils voulurent participer, lorsque l’occasion se présenta, aux combats contre l’occupant. Cinquante-deux tirailleurs sénégalais, anciens prisonniers de guerre, évadés le 24 juin 1944, participèrent ainsi aux combats dans le Vercors. Ceux qui étaient pris par les Allemands étaient sommairement exécutés. Les survivants firent partie des troupes de maquisards qui libérèrent Romans et combattirent jusqu’à Lyon. Ils furent passés en revue par le général de Gaulle en septembre 1944[10]. On comptera 14 Africains parmi les 1 030 compagnons de l’Ordre de la Libération, la plus prestigieuse des décorations de la France libre.

    « Der Schwartz Terrorist »[11] 

    Un nom aurait mérité d’être retenu par la mémoire collective, celui du Guinéen Mamadou Addi Ba[12], résidant en France depuis les années 1930, engagé volontaire en 1939, prisonnier en juin 1940, évadé, l’un des premiers résistants du département des Vosges, maquisard en mars 1943. Lors d’une attaque allemande, il fut fait prisonnier (il était facilement repérable : les nazis l’avaient appelé Der Schwartze Terrorist), atrocement torturé mais ne parla pas alors qu’il n’ignorait rien des réseaux de la Résistance dans sa région. Il fut finalement fusillé le 18 décembre 1943, à Épinal. Un monument a été érigé sur le lieu de l’exécution. Par contre, il n’a jamais reçu de médaille, à titre posthume. Plus de soixante ans après son exécution, un de ses compatriotes, Tierno Monénembo, a repris l’expression Der Schwartz Terrorist, et l’a retournée pour en faire un beau roman d’hommage[13].

    Les Maghrébins 

    Les immigrés algériens, déjà politisés au sein de l’Étoile Nord-Africaine[14], de la CGTU et / ou du PCF, vécurent l’occupation nazie comme un traumatisme[15].

    Parmi eux, Salah Bouchafa, ancien permanent de la Section coloniale du PCF, entré dans la Résistance dès le début de 1941, arrêté (par la police de Vichy) le 27 juin de cette année, déporté le 23 janvier 1943 au camp de concentration de Sachsenhausen, puis transféré à Dachau en 1944, où il mourut le 6 avril 1945 lors d’un bombardement. En 1948, il sera déclaré « mort pour la France ».

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    Mohamed Lakhdar-Toumi (1914-1987) 

    Une autre figure fut celle de Mohamed Lakhdar-Toumi, devenu communiste en Algérie, puis venu en France en 1936. Il entra dans le résistance à la fin de l’année 1940, intégra l’Organisation spéciale, chargée d’organiser des sabotages contre l’occupant. Il fit partie du groupe des Francs tireurs et partisans français de Paris rive droite. Le 1er août 1942, avec d’autres hommes armés, il protégea la manifestation de la rue Daguerre au cours de laquelle Lise Ricol prit la parole. Le 30 janvier 1943, il fut  arrêté par la Gestapo, torturé, emprisonné à Fresnes, puis déporté, en juillet, au camp de concentration de Natzweiller-Struthof, enfin transféré à Dachau, le 5 septembre 1944. Il en sera l’un des rares rescapés[16].

    D’autres ne furent pas déportés, mais directement exécutés, après des simulacres de procès. Depuis 2015, grâce au travail d’exception mené par une équipe dirigée par Claude Pennetier et Jean-Pierre Besse, on dispose d’une liste très complète de ces victimes[17]. Onze résistants arabes (neuf nés en Algérie, un en Égypte, un au Liban) figurent, par exemple, parmi les fusillés du Mont Valérien[18]. Le premier, Algérien, Mohamed Moali, fut exécuté le 27 septembre 1941. Un autre Algérien occupa une place importante dans la Résistance armée : Mohammed Ben Slimane, membre du PCF depuis 1931, résistant de la première heure, membre de l’Organisation spéciale en février 1942. Arrêté le 23 juin 1942 par la police française, livré aux autorités allemandes, il fut torturé, puis fusillé lui aussi au Mont Valérien le 11 août 1942.

    D’autres enfin prirent le maquis. Le 9 août 1944, à Valbonnais, dans l’Isère, cinq résistants sont abattus par les Allemands. La plaque qui commémore leur sacrifice porte quatre noms, et mentionne le sacrifice d’un « Algérien inconnu ». Commentaire : « Les gens du village se souviennent qu’on l’appelait Blanchette »[19].

    Lors des combats pour la Libération de Paris, des Maghrébins furent actifs. Certaines sources évoquent la mort de 50 d’entre eux, durant ces journées. On peut effectivement, en lisant les patronymes, reconnaître facilement les musulmans (étant cependant entendu que ces hommes ne furent pas tous tués à la suite d’actes de résistance)[20].

    Si reconnaissance il y eut, elle fut de courte durée. Les photos, pourtant nombreuses, de la Libération de la capitale ne les représentent presque jamais. Ces Nord-Africains ont vite disparu des mémoires. Sauf erreur ou omission de notre part, leurs noms ne sont honorés par aucun nom de rue de la capitale. Tout au plus peut-on signaler, au 11 de l’avenue Daumesnil, à Paris, une plaque saluant les « soldats français et nord-africains tombés pour la Libération de Paris ».

    Le réseau de l’hôpital franco-musulman

     de Bobigny[21] 

    À l’hôpital dit franco-musulman de Bobigny, inauguré depuis 1935, officiaient seulement deux médecins musulmans, le Tunisien Ali El Okbi et l’Algérien Ahmed Samia. Avec le concierge musulman de l’hôpital, Abdelhafid Haffa, ils rejoignent le réseau de Résistance Libération. C’est Abdelhafid Haffa, par exemple, qui prévint le chef de service de chirurgie, le médecin juif Thalheimer, de l’arrivée imminente des Allemands et qui le sauva. Les médecins soignèrent clandestinement des blessés de la Résistance, mais aussi des aviateurs anglais ou américains (cachés parfois dans la loge de la famille Haffa !).

    La mosquée de Paris : une plaque tournante du sauvetage des juifs ? [22] 

    La sortie simultanée d’un film (Les hommes libres, Ismaël Ferroukhi, 2011) et d’un livre (L’Étoile jaune et le Croissant, Mohammed Aïssaoui, 2012[23]) braqua un temps les projecteurs sur l’activité de la Mosquée de Paris durant l’occupation nazie[24]. Les autorités protégèrent et même cachèrent des prisonniers de guerre maghrébins, des résistants, notamment des kabyles FTP, et des juifs[25].

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    Kaddour Benghabrit (1968-1954) 

    De cela, personne ne doute. Mais la controverse est apparue dans la quantification. En 1983, Albert Assouline, qui bénéficia lui-même de cette protection, avança le chiffre considérable de 1 732 personnes sauvées[26], chiffre repris depuis par de nombreuses autres études. Dans le film d’Ismaël Ferroukhi, on voit effectivement de nombreuses personnes traquées se réfugier dans les caves de la mosquée, puis fuir dans des barques par la Bièvre, rivière souterraine. Le cinéaste a évidemment toute liberté pour rendre romantique et / ou épique une œuvre. Des cas concrets de personnes protégées et sauvées sont avérés : Albert Assouline, déjà cité, la jeune pianiste Georgette Astorg, née Zerbib, le chanteur Simon Halali (figure centrale du film de 2011)… On sait également que Si Kaddour Ben Ghabrit intervint auprès des autorités allemandes et sauva ainsi Jules Luzzato (père adoptif de l’homme de radio Philippe Bouvard), tailleur juif qui fabriquait des vêtements pour des évadés.

    Les Vietnamiens 

    Quelques Vietnamiens, résidant en France, ont rejoint les réseaux de Résistance.

    Le tirailleur Pham Luc Thê, évadé du camp de Chartres, rejoignit un organisme clandestin de la Résistance, fut arrêté, torturé et déporté à Dachau. À Aix en Provence, les sergents-chefs Vinh et Thuy accompagnés du sergent Dap, firent partie de l’Organisation de Résistance de l’Armée sous la direction de monsieur René Hostache[27]. Parmi les « Ouvriers non spécialisés » (ONS)[28] et / ou soldats vietnamiens réquisitionnés en métropole depuis 1939, certains rejoignirent les maquis, en particulier dans le massif de l’Oisans. Le 4 juillet 1944, c’est toute une compagnie de tirailleurs, la 14ème, qui rallia ce maquis. Elle y laissera 13 morts[29]. Il y aura également des Vietnamiens dans les maquis de l’Yonne (4 sont fusillés par les Allemands en juillet 1944), de Belfort, de Bergerac. Deux Vietnamiens inconnus luttèrent enfin sur les barricades de Paris[30].

    À la Libération, à Nîmes, la 75ème Compagnie emprisonna ses officiers collaborateurs et nomma à sa tête un (éphémère) capitaine Tran Ngoc Diep. C’est le noyau central du « bataillon Vietnam » qui, sans doute, fut le premier à arborer en France le nouveau drapeau du pays natal, rouge à étoile jaune[31].

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    Huynh Khuong An (1912-1941) 

    Une autre épopée mérite d’être contée : celle de l’Annamite Huynh Khuong An[32], fusillé à Châteaubriant[33]. Né à Saigon, il était venu en France, à Lyon, pour y poursuivre des études. Qu’il réussit brillamment, au point de devenir professeur stagiaire de français. Non sans s’investir à fond dans la vie politique française, devenant membre du PCF et responsable régional des étudiants communistes. Dès fin 1939, il participa à la vie clandestine de son parti. Arrêté au printemps 1941, il fut emprisonné à Châteaubriant aux côtés de ses camarades, puis également fusillé. La presse vichyste publie le lendemain la liste des morts, parmi lesquels « Houynk Kuong, Annamite, de Paris, communiste »[34]Il est probablement le seul martyr de Chateaubriant à n’avoir pas de rue à son nom dans une commune de France… Par contre, le 24 octobre 2014[35], la ville de Paris prit l’initiative d’apposer une plaque à sa mémoire devant le n° 6 de l’avenue de la Porte Brancion, là où il avait vécu avec sa compagne.

    Le Mémorial du Mont-Valérien

    Le Mont Valérien, fortin sur les hauteurs dominant Paris, est entré tragiquement dans l’histoire durant la Seconde Guerre mondiale : l’occupant y emmenait les condamnés à mort pour les fusiller. Entre 1941 et 1944, plus d’un millier de résistants – précisément 1 008 – y laissèrent la vie pour avoir dit non à la barbarie nazie.

    Parmi eux, huit natifs d’Algérie, cinq musulmans et trois Européens.

    Après la Libération, les autorités françaises ont souhaité donner à ce lieu une valeur symbolique toute particulière. Le premier 18 juin qui suivit, donc en 1945, le général de Gaulle, alors président du gouvernement provisoire de la République française, présida une cérémonie solennelle d’hommage. Le 11 novembre suivant, 15 dépouilles de combattants, résistants et déportés, y furent transférées dans une crypte du souvenir. La moitié avaient un lien avec l’outre-mer français : Boutie Diasso Kal, originaire de la Haute-Volta ; Edmond Grethen, assassiné par les Japonais au Laos, ; Malboukédé, natif d’Afrique du Nord ; Allal Ould M’hamed Ben Semers, Marocain ; Hedhili ben Salem Ben Jah Mohammed Amar, Tunisien ; Marius Élie Dupont, tué en Algérie ; enfin, Antonin Mourgues, mort au combat à El-Alamein (Libye).


    « Ces résistants venus d’ailleurs »: une exposition itinérante du GRAIN (Groupe de réflexion et d’action interculturelle), basée à Saint-Chamond

    Source 

    Ils s’appelaient Mohamed Saïd Belhaffaf, Malka Eugénie Djendi, Chérif Mécheri, Ahmed Benabid… Et bien d’autres encore. Tous, au péril de leur vie pour un pays qui n’était pas le leur, sont entrés en résistance lors de la Seconde Guerre mondiale en intégrant la Résistance intérieure et la France Libre.

    Pour ne pas oublier leurs visages, Brahin Zennaf, référent des actions culturelles citoyennes au sein de l’association Le Grain (Groupe de réflexion et d’action interculturelle) et vice-président de la Maison des jeunes et de la culture de Saint-Chamond, et Kamel Mouellef, passionné d’Histoire et auteur de bandes dessinées consacrées à la participation des soldats issus du Maghreb aux deux guerres mondiales, ont retracé leur parcours à travers une exposition itinérante : Ces Résistants oubliés.

    « C’est notre histoire que l’on raconte à travers cette exposition et aussi celle de nos aïeux. C’est aussi un message républicain en direction des jeunes et moins jeunes. »

    Finalisée en février 2023, l’exposition est composée de 40 panneaux, dont 35 portraits de ces hommes et ces femmes qui racontent leur histoire, leur courage, leur patriotisme.

    « Nous avons effectué un vrai travail de recherche pour expliquer le parcours de celles et ceux qui ont pris des risques contre l’occupant nazi. Ils étaient engagés pour la liberté d’un pays qui n’était pas le leur », rappellent les deux co-auteurs.

    Il s’agit aussi d’une exposition qui questionne. « Pourquoi ces hommes et ces femmes souvent déportés dans des camps de concentration et fusillés très jeunes sont les oubliés de cette Seconde Guerre mondiale ? Un oubli volontaire ou non de relater cette particularité de la résistance française. Nous, on a pris le parti de les mettre en lumière comme Chérif Mécheri, bras droit de Jean Moulin, qui lui aussi Préfet, a contribué à sauver des centaines de juifs de la déportation ».


    Informations sur le site de la MJC de Saint-Chamond 


    [1] Ce poème, inséré dans Le Roman inachevé (1955), avait pour titre « Strophes pour se souvenir ». Chacun sait qu’il est passé à la postérité sous le titre « L’Affiche rouge », mis en musique par Léo Ferré.

    [2] Mémoires de guerre, Vol. I, L’Appel, 1940-1942, Paris, Plon, 1954.

    [3] Site Internet Musée de l’Immigration.

    [4] Annie Pennetier & Françoise Strauss, Biographie in Dictionnaire Maitron des fusillés http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article178703

    [5] Id., http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article178706

    [6] Le Bénin s’appelait le Dahomey sous la colonisation.

    [7] Même auteures, Dictionnaire Maitron, http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article178641

    [8] Id., http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article179903

    [9] Aujourd’hui Burkina Faso.

    [10] Colonel Maurice Rives, « Les tirailleurs malgaches et sénégalais dans la résistance », Hommes & Migrations, n° 1276, Dossier « Soldats de France », novembre-décembre 2008

    [11] Étienne Guillermond, Addi Ba, Résistant des Vosges, Paris, Éd. Duboiris, 2013.

    [12] L’orthographe africaine est Hady Bah. On trouve parfois également Adibah.

    [13] Le terroriste noir, Paris, Seuil, 2012.

    [14] Voir cette entrée dans l’Encyclopédie de la colonisation française, les Indes savantes.

    [15] Linda Amiri, « Résistants déportés algériens : les oubliés de l’histoire », propos recueillis par Émilie Rive, L’Humanité, 26 août 2006.

    [16] Sa vie politique ne s’arrêtera pas. Rentré dans son pays, il participe, dès novembre 1954, au soulèvement. Très vite arrêté, il sera incarcéré jusqu’en 1961. Après la libération de l’Algérie, il reprendra des activités de syndicaliste (Linda Amiri, art. cité).

    [17] Les fusillés. Dictionnaire des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou guillotinés en France pendant l’occupation Paris, Éd. de l’Atelier, 2015.

    [18] Voir le blog de Jean-Pierre Filiu, « Les fusillés arabes du Mont Valérien », 16 août 2018. http://www.algerieinfos-saoudi.com/2018/08/11-aout-1942.l-algerien-mohammed-ben-slimane-est-fusille-par-les-allemands.html 

    [19] Paul Muzard, « Des Algériens ont combattu dans la Résistance », in Algériens en Isère. Pour mémoire, 1940-2005, Grenoble, Assoc. Algériens en Dauphiné, 2006.

    [20] Liste non exhaustive, d’après le site libération-de-paris.gilles-primout.fr

    [21] Imène Abouelala, Lydia Beniken, Celia Boulefred & Anthony Ribon, L’hôpital franco-musulman de Bobigny, des personnels en résistance, Dossier réalisé par des élèves de 3ème A du Collège Jorissen, de Drancy, travail coordonné par leur professeur, M. Porin, Concours national de la résistance et de la déportation, 2007 / 2008.

    [22] Michel Renard, « Résistance à la Mosquée de Paris : histoire ou fiction ? », Site Internet Études Coloniales, 1 er octobre 2011 ; même auteur « La mosquée de Paris a-t-elle sauvé des juifs entre 1940 et 1944 ? », même site, 7 novembre 2012.

    [23] Paris, Gallimard.

    [24] Vingt ans plus tôt avait été programmé à la télévision française (FR 3) un film de Derri Berkani, La mosquée de Paris,une résistance oubliée (1990).

    [25] Nadjia Bouzeghrane, « Des centaines de juifs sauvés de l’extermination nazie », El Watan, Alger, 11 avril 2005 ; Cerise Maréchaud, « Une épopée coloniale, Kadour ben Ghabrit », Revue Zamane. L’histoire du Maroc, Casablanca, n° 2, décembre 2010.

    [26] Bulletin des Amis de l’Islam, n° 11, 3ème trimestre 1983, cité par Michel Renard, art. cités.

    [27] Colonel Maurice Rives, « Les travailleurs indochinois durant la guerre 1939-1945 », Bull. de l’Assoc. des Anciens & Amis de l’Indochine & du Souvenir indochinois (ANAI), 2ème semestre 1993.

    [28] Voir en particulier la thèse de qualité de Liem-Khé Luguern, Les “travailleurs indochinois“. Étude socio-historique d’une immigration coloniale (1939-1954), Préface de Gérard Noiriel, Paris, Les Indes Savantes, 2021.

    [29] Jacques Loiseau, « De l’engagement des “coloniaux“ dans les maquis de l’Isère », in Des quatre coins de l’Empire. Soldats et travailleurs coloniaux en Isère, 1914-1945, Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère / Maison des Droits de l’Homme, Grenoble, 2011.

    [30] Colonel Maurice Rives & Eric Deroo, Les Linh Tap. Histoire des militaires indochinois au service de la France (1859-1960), Paris, Éd. Lavauzelle, 1999. 

    [31] Colonel Maurice Rives, art. cité, 1993.

    [32] Également orthographié Huynh Khong An.

    [33] Michel Dreyfus, Notice Huynh Khuong An, dit Luisne, in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, (dit Maitron), Tome XXXII, Quatrième partie, Paris, Les Éd. Ouvrières, 1988 ; Alain Ruscio, « Huynh Khong An », Site Internet LDH Toulon, octobre 2007.

    [34] « Avis », Le Matin, 23 octobre.

    [35] La rue Jean-Pierre Timbaud fut inaugurée en juillet 1945, celle portant le nom de Guy Moquet en janvier 1946.



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    Hommage aux FTP-MOI de la région  parisienne avec prise de parole de la CGT (S.  Binet) et F. Roussel

     C'est la lutte finale

    Groupons nous et demain

    L'Internationale

    Sera le genre humain 

     

    Hommage aux FTP-MOI de la région

    parisienne avec prise de parole de la CGT

    (S.Binet) et F. Roussel

     

     


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    Officiel : Ministère des Armées 

    Cérémonie de veillée en hommage

    à Missak Manouchian

    et aux membres du groupe

    de l'Affiche rouge

    Cérémonie de veillée en hommage à Missak Manouchian et aux membres du groupe  de l'Affiche rouge

    Ministère des Armées 

    MÉMORIAL DU MONT-VALÉRIEN 

    Le 20 février 2024, à la veille de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, le secrétariat d’État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire organise une cérémonie de veillée au Mont-Valérien, sur le lieu de l’exécution de Missak Manouchian et des membres de son groupe de résistants étrangers des FTP-MOI. Le cercueil de Missak Manouchian, accompagné des photographies de tous les membres du groupe, empruntera le même chemin que les fusillés du 21 février 1944. Après un moment de recueillement dans la clairière des fusillés, le cercueil sera exposé sur l’esplanade du Mémorial de la France combattante, où il sera veillé solennellement. Le cercueil sera ensuite transféré dans la crypte du Mémorial où il reposera pour la nuit aux côtés des combattants qui, après avoir « lutté pour que la France vive libre » y sont inhumés. La cérémonie sera présidée par Madame Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. La cérémonie est ouverte au public, qui pourra se recueillir devant le cercueil de Missak Manouchian, sur l’esplanade puis dans la crypte du Mémorial. Durant l’intégralité de la veillée, de jeunes élèves seront présents pour assister et participer aux cérémonies d’hommage en l’honneur de Missak Manouchian et des membres du groupe Manouchian. Plusieurs d’entre eux porteront les photos du groupe Manouchian et les lanternes jalonnant le parcours de la veillée. Leur présence symbolisera l’importance de la transmission de cette mémoire résistante aux jeunes générations. D’autres cérémonies d’entrée au Panthéon ont été dans le passé précédées d’une veillée, notamment pour Jean Moulin, au Mémorial des martyrs de la Déportation et pour Maurice Genevoix, aux Éparges puis à l’École normale supérieure de la Rue d’Ulm. 

     

     


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    Lettre aux enfants de Gaza

    Chris Hedges

    Lectures pour la Palestine

     

     Lettre aux enfants de Gaza Chris Hedges Lectures pour la Palestine

    On n'en peut plus de savoir tous ces enfants sous les gravats, en train d'agoniser emmurés vivants, et puis les survivants aux petits os brisés, aux chairs brûlées, au ventre vide, au coeur calciné. Et L'INDIFFÉRENCE, ici, en France !!! Je parle, encore et encore, aux gens dans la rue, quand on me demande "Ça va ?" je réponds : "Non. J'ai mal à la Palestine. " Les regards fuyants... les réponses immondes : "Baaah... les torts sont partagés..." Les TORTS ???? Quel tort ont ces petits — sauf si être né dans un GHETTO est un "tort" ? Et puis, parfois, rarement, je tombe sur une personne aussi horrifiée que moi. Très, très rarement. 


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    Marseillaise, membres du gouvernement...

    Au Mont-Valérien une veillée pour Missak

    Manouchian avant le Panthéon

      Marseillaise, membres du gouvernement... Au Mont-Valérien une veillée pour Missak Manouchian avant le Panthéon

    À la veille de la panthéonisation du résistant, une cérémonie a été organisée en hommage de Missak Manouchian et de ses compagnons d'armes et de résistance sur les lieux mêmes de leur fusillade.

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      Marseillaise, membres du gouvernement... Au Mont-Valérien une veillée pour Missak Manouchian avant le Panthéon

    https://www.msn.com/fr-fr/video/actualite/la-marseillaise-entonnée-lors-de-la-cérémonie-de-veillée-au-mont-valérien-en-hommage-à-missak-manouchian/vi-BB1iB7R5?t=57&ocid=socialshare#details#details 

    Des dizaines de personnes se sont réunies ce mardi 20 février au soir au Mont-Valérien, près de Paris, à l'occasion d'un hommage au résistant Missak Manouchian et à ses compagnons français et étrangers, sur les lieux mêmes de leur fusillade par l'occupant allemand 80 ans plus tôt.

      Marseillaise, membres du gouvernement... Au Mont-Valérien une veillée pour Missak Manouchian avant le Panthéon

    Une veillée a été organisée au Mont-Valérien, à la veille de l'entrée de Missak Manouchian au Panthéon, le 20 février 2024© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

    Ont participé notamment à cette veillée plusieurs membres du gouvernement, le chef d'état-major des Armées, des responsables politiques communistes ainsi que des familles de résistants.

    Ses "camarades de combat" panthéonisés

    Cette cérémonie, organisée par le secrétariat d'État chargé des Anciens combattants, survient à la veille de l'entrée mercredi au Panthéon de Manouchian. Il sera accompagné de son épouse, également résistante et décédée en 1989, avec laquelle il reste ainsi uni dans la mort même si elle n'est pas elle-même panthéonisée.

    Entreront aussi de façon symbolique, avec une inscription de leur nom, ses "camarades de combat et de résistance" polonais, hongrois, italiens, espagnols, roumains ou français, certains juifs.

    Le cercueil de Missak Manouchian, accompagné de photos de tous les membres de son groupe de résistants étrangers des Francs-tireurs et partisans - main d'oeuvre immigrée (FTP-MOI), devait emprunter mardi le même chemin que les fusillés du 21 février 1944.

    Ce jour-là, Manouchian, apatride et communiste, et 22 de ses compagnons d'armes avaient été exécutés par les Allemands dans une clairière sur le mont Valérien, en banlieue ouest de Paris.

    Arrêté le même jour que Manouchian, Joseph Epstein, le dirigeant de l'ensemble des FTP de région parisienne, avait lui aussi été fusillé deux mois plus tard.

    Lecture de sa dernière lettre

    Après un moment de recueillement dans la clairière des fusillés, le cercueil devait être exposé dans la soirée sur l'esplanade du Mémorial de la France combattante, où il sera veillé solennellement. Le cercueil sera ensuite transféré dans la crypte du Mémorial où il reposera pour la nuit.

    Les derniers mots de Missak Manouchian destinés à sa femme Mélinée, quelques heures avant son exécution :

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    de Missak Manouchian

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      Marseillaise, membres du gouvernement... Au Mont-Valérien une veillée pour Missak Manouchian avant le Panthéon

    https://www.msn.com/fr-fr/video/actualite/les-derniers-mots-de-missak-manouchian-destinés-à-sa-femme-mélinée-quelques-heures-avant-son-exécution/vi-BB1iB7R8?t=9&ocid=socialshare#details#details 

    Un appel des membres de son groupe et une lecture de la dernière lettre de Manouchian à son épouse, Mélinée, est également prévue.

    Missak Manouchian s'est réfugié en France en 1925 après avoir survécu aux massacres par l'Empire ottoman de 1,2 à 1,5 million d'Arméniens en 1915-1916, qui sont reconnus comme génocide par de nombreux historiens et une trentaine de pays mais pas par la Turquie.

    Ouvrier et poète, il a rejoint en 1943 la résistance communiste où il s'est illustré à la tête d'un réseau très actif avant d'être arrêté. Le groupe Manouchian a organisé notamment l'assassinat de l'officier SS allemand Julius Ritter, responsable du Service du Travail Obligatoire (STO) rue Pétrarque à Paris.

    SOURCE : https://www.bfmtv.com/societe/marseillaise-membres-du-gouvernement-au-mont-valerien-une-veillee-pour-missak-manouchian-avant-le-pantheon_AD-202402200860.html 

     

     


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    Missak Manouchian

    au Mont-Valérien | ECPAD

      Missak Manouchian  au Mont-Valérien | ECPAD

    À l'occasion de l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian, découvrez le film projeté lors de la procession mémorielle en l'honneur de Missak Manouchian et son groupe de FTP-MOI au Mont-Valérien, le 20 février 2024. 

     

     

     


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    Pourquoi le dernier officier  FTP-MOI a-t-il été évincé de la panthéonisation de Manouchian ?

    Léon Landini, officier FTP-MOI du bataillon Carmagnole-Liberté 

    Décidément je vais de surprise en surprise avec cette vidéo que j’ai reçue, ce matin, dans mes alertes :  

    Avant de vous présenter cette vidéo dont le titre est : « Pourquoi le dernier officier FTP-MOI a-t-il été évincé de la panthéonisation de Manouchian ? » j’ai voulu comprendre  ce qu’était le PRCF auteur de cette vidéo. Wikipédia précise :

    Le Pôle de renaissance communiste en France (PRCF) est un mouvement politique communiste d'obédience marxiste-léniniste, fondé en 2004. Il regroupe des militants issus du Parti communiste français (PCF) regrettant ce qu'ils appellent la « collaboration de classe » de celui-ci depuis les années 1990.

    Son président est Léon Landini et son secrétaire national Georges GastaudHenri Alleg a été le président de son comité de parrainage après avoir coprésidé la Fédération nationale de la renaissance communiste (FNARC), dont le PRCF est issu. Le comité central du parti assume la direction nationale, selon le principe du centralisme démocratique.

     

    Pourquoi le dernier officier

     FTP-MOI a-t-il été évincé

     de la panthéonisation

     de Manouchian ?

    Sous la couverture de la reconnaissance officielle des combats menés pour la libération de la France par les immigrés lors de la Deuxième guerre mondiale, l’ostracisme continue. Léon Landini (98 ANS), dernier officier vivant des FTP-MOI (Franc-tireur et Partisan de la Main d’Oeuvre Immigrée) n’a pas été invité ce 21 février au Panthéon malgré ses demandes répétées à l’Elysée. Refus méprisant : « on reviendra vers vous si votre demande est acceptée ». Pourquoi ce refus ? Mais pour la même raison honteuse que les FTP-MOI ont été massacrés par les fascistes : parce qu’il est encore et toujours un indomptable communiste luttant contre le fascisme et défendant à la fois l’internationalisme prolétarien et la liberté, l’indépendance et la souveraineté de la France.


     

     

    Les Le Pen, père et fille – par Léon Landini, grand mutilé de guerre torturé par les sbires de K. Barbie écrit par Jean-Claude Potier

     

    Je vous propose cet autre article qui est daté du 14 décembre 2014.

    Michel Dandelot 

    Les Le Pen, père et fille – par Léon Landini, grand mutilé de guerre torturé par les sbires de K. Barbie écrit par Jean-Claude Potier

    Les Le Pen, père et fille – par Léon Landini, grand mutilé de guerre torturé par les sbires de K. Barbie écrit par Jean-Claude Potier

     

    Les Le Pen, père et fille – par Léon Landini, grand mutilé de guerre torturé par les sbires de K. Barbie écrit par Jean-Claude Potier

     

    A la mémoire d’Henri Alleg, directeur d’Alger républicain, auteur de « La Question », membre du comité de parrainage du PRCF  

    Ne dit-on pas que les chiens ne font pas des chats ? 

    Ce dicton se confirme quand on entend la «  Marine » rebondir sur les traces de son père, en affirmant péremptoirement : « Quand la pendule fait Tic …Tac…  Il est permis de torturer une personne afin de lui faire avouer un « crime … qu’elle n’a peut être pas commis ! 

    Les Le Pen, père et fille – par Léon Landini, grand mutilé de guerre torturé par les sbires de K. Barbie par Jean-Claude Potier

    Décidément vouloir torturer des humains est une maladie familiale. Le père n’a-t-il pas préconisé et peut-être même participé à la torture des «Bougnoules» comme ses semblables surnommaient alors les Algériens qui se battaient pour l’indépendance de leur pays ?

    Merci d'arrêter la vidéo après avoir entendu la fille de son père car d'autres vidéos suivent sans aucuns rapports :

    Dans notre propre pays, des milliers de Résistants torturés ont prouvé qu’il est excessivement difficile de faire avouer des gens de conviction sous la torture et que le mot torture est lui même antinomique de dignité pour celui qui la pratique. Souvenons-nous d’ailleurs que, dès avant la Révolution française, la France des Lumières avait arraché à Louis XVI l’abolition de la « question » suite notamment aux campagnes de Voltaire à propos de l’Affaire Calas. Cela permet de mesurer le degré de régression historique auquel veulent nous amener, non seulement les Le Pen et ceux qui les promeuvent, mais le monde capitaliste dans son entier : n’oublions pas que le point de départ de tout le scandaleux « débat » actuel sur le « bon » ou le « mauvais usage » de la torture part du « Patriot Act » états-unien, de l’usage systématique de la torture pratiqué à Guantanamo par les USA (alors que Cuba socialiste, dont les USA occupent contre son gré une parcelle de territoire, n’a jamais pratiqué la torture) et de l’aveu qui vient d’être fait par les services d’Obama que ces procédés dignes des nazis ont été systématiquement utilisés par la C.I.A. soi-disant défenseur du « monde libre ». 

    Afin de démontrer que la torture, quelle qu’elle soit, ne peut pas faire avouer des hommes ou des femmes, quand ils sont convaincus de se battre pour une cause juste, je vais commencer par relater certains évènements survenus à mon père et à mon frère, tous deux Résistants communistes de la première heure, notre premier déraillement date de décembre 1940 et visait un train de marchandises en partance pour l’Allemagne en gare de Fréjus-Plage (Var). 

    Le 12 mai 1943 ils sont arrêtés à Saint-Raphaël par les carabiniers des troupes d’occupation italiennes. Ils étaient soupçonnés « avec justes raisons d’ailleurs… » d’avoir déposé des bombes contre l’armée occupante. 

    Refusant d’avouer quoi que ce soit, ils furent tous deux affreusement torturés. 

    A mon frère, les carabiniers lui firent avaler une bouteille de pétrole ; devant son mutisme, ils lui enfilèrent dans la bouche un kilo de sel ; comme rien n’y faisait,  ils lui appliquèrent le supplice du casque. Engin qui enserre la tête et finit par faire éclater tout le cuir chevelu. Devant une pareille souffrance il perdit connaissance et resta six heures dans le coma. En reprenant vie et afin d’éviter que les tortures ne recommencent, il simula la folie. Il ne parlait plus, il faisait ses besoins sur lui, il fallait le tenir debout pour le faire marcher, sinon il tombait. 

    Plusieurs médecins et psychiatres l’ont ausculté et tous sont arrivés à la même conclusion « Il ne redeviendra plus jamais normal ! ». 

    Après une période d’enfermement à Saint-Raphaël, mon père et mon frère furent tous deux emmenés aux prisons nouvelles à Nice. 

    En septembre 1943 après la capitulation des armées italiennes, ce furent les Allemands qui occupèrent la prison et en novembre 1943 ils déportèrent tous les internés des prisons nouvelles en direction de l’Allemagne et des camps de la mort. 

    Arrivés à Dijon, avec l’aide des cheminots ils réussirent tous deux à s’évader et à rejoindre la Creuse où se trouvait le reste de la famille. 

    Mon père, âgé de 53 ans, fut intégré dans  un maquis FTPF commandé par Jean-Baptiste Virviale. 

    En ce qui concerne mon frère, (30 ans) bien que vivant en France depuis son plus jeune âge, il n’avait pu à cause de son militantisme obtenir sa naturalisation. 

    En conséquence, étant toujours italien, L’Etat-major régional des FTPF de la région limousine lui demanda s’il voulait bien accepter de rejoindre les FTP-MOI à Lyon. 

    Bien que marié et père de deux enfants, début janvier 1944 il se retrouva dans les rangs de CARMAGNOLE unité d’élite des FTP-MOI. 

    Peu de temps après je suis allé le rejoindre. 

    Maintenant après la Résistance des miens, je souhaite démontrer que la conviction d’avoir raison dans le combat qu’ils mènent, permet à des femmes et à des hommes, de supporter l’insupportable et de se sublimer à leur insu. 

    Voici quelques exemples : 

    Le 3 juillet 1944, je participais avec d’autres camarades à l’attaque du garage Gambetta, Avenue Félix Faure à Lyon. Garage dans lequel était parqués plusieurs dizaines de véhicules allemands. 

    Dénoncés alors que nous commencions à mettre des explosifs dans les moteurs des véhicules, des Gardes Mobiles et des soldats allemands arrivèrent devant le garage et ouvrirent immédiatement le feu contre les portes derrière lesquelles nous nous trouvions. 

    Surpris par cette attaque impromptue, nous n’avions qu’une seule possibilité de nous sortir de ce guêpier, c’était de grimper le long d’une poutre de rejoindre une fenêtre qui donnait sur l’arrière du garage et de sauter du premier étage dans la rue. 

    Mais une de nos combattante, Jeanine Zontag (très belle jeune fille de 19 ans) s’est tordu la cheville et malgré tous nos efforts pour la tirer de là nous n’y sommes pas parvenus et c’est elle qui nous suppliait de partir car sinon nous risquions tous de nous faire prendre. 

    Jeanine arrêtée a été emmenée à la Gestapo. Comme elle refusait de dénoncer ses camarades, afin de la faire parler ils lui ont lacéré les seins avec un rasoir et comme elle ne parlait toujours pas, ils lui ont ébouillanté les jambes, mais rien n’y a fait, pas un seul mot, pas un seul nom risquant de mettre en cause un de ses camarades ne fut prononcé. Devant son mutisme elle fut enfermée à la prison Montluc, elle y resta cloitrée jusqu’au 20 août 1944. 

    Ce jour là avec 120 autres compagnons d’infortune elle fut emmenée et massacrée à Saint-Genis-Laval. (Et le mot massacré est faible). 

    Mais Jeanine n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. 

    Cinquante-deux de mes camarades, combattants des bataillons Carmagnole et Liberté, FTP-MOI de la région Rhône-Alpes, sont morts sous la torture, pour certains nous n’avons jamais retrouvé leur corps, ni même connu leur véritable nom. 

    Pourtant devant les supplices endurés, pas un seul n’a plié sous la torture. Leurs tortionnaires n’ont jamais réussi à leur arracher un seul nom. 

    Pour certains, ils n’ont même pas réussi à leur faire avouer leur propre nom, ce fut entre autre, le cas de notre ami Etienne Golberger. 

    Arrêté et torturé par la police française il refusa de donner son véritable nom car il risquait de mettre en danger les membres de sa famille. Il fut exécuté (par la police française), le monument érigé pour rendre hommage aux Résistants fusillés en ce lieu, porte toujours le nom de Daloz qui était son nom de guerre et non pas celui d’Etienne Golberger. 

    Mais la même chose s’est produite pour Joseph Epstein, Commandant en chef de tous les FTPF et de tous les FTP-MOI de la région Parisienne. Celui que l’Etat-major national des FTPF et des FTP-MOI désignait comme le plus grand officier de la Résistance armée française. Malgré des mois de torture, par crainte de faire retrouver son épouse et son fils et de porter atteinte à ses camarades, il n’a jamais avoué son véritable nom. 

    Fusillé au Mont Valérien le 11 avril 1944 il a été enterré au cimetière d’Ivry. Pendant de nombreuses années sa tombe a porté le nom d’Estaing. Ce n’est que bien des années plus tard et à la suite de nombreuses démarches de ses camarades auprès du Ministère des Anciens Combattants, que son véritable nom fut enfin inscrit sur sa tombe. 

    Mais je ne viens d’évoquer ici que quelques cas sur des milliers et des milliers de Résistants qui ont fini leur vie sous la torture, mais avant de conclure ce chapitre, je ne veux pas oublier de citer le nom de Jean Moulin, qui malgré le temps passé demeure pour les Français une des grandes figures de Résistants morts sous la torture sans avoir parlé, le grand inspirateur avec le communiste Pierre Villon du lumineux programme du Conseil National de la Résistance, toujours aussi digne d’inspirer nos résistances d’aujourd’hui et nos conquêtes de demain. 

    Après avoir moi-même essuyé « les caresses » de la milice et de la Gestapo, je considère que celles ou ceux qui ont encore l’audace d’essayer d’expliquer publiquement que par moment la torture devrait pouvoir être utilisée, se rendent coupable d’apologie de crime contre l’humanité et que pour cela ils devraient être poursuivis devant les tribunaux, car après ce que les Résistants ont enduré sans jamais rien avouer, il est scandaleux de prétendre que sous la torture des hommes sont prêts à trahir leur famille, leur cause ou leurs amis. 

    Condamner ceux qui prétendent justifier la torture de les condamner ne serait que justice et une manifestation de respect à l’égard de celles et de ceux qui ont connu l’enfer de leur vivant. 

    En réalité, l’objectif inavoué de ceux qui remettent dans le débat public une question réglée dans son principe depuis le 18ème siècle savent parfaitement que la torture n’a pas d’intérêt militaire ou « patriotique » réel ; bien au contraire, elle ne fait que démoraliser l’armée qui utilise ces moyens ignobles et que dresser contre elle encore plus fort tous ceux qui sympathisent avec les victimes des tortionnaires. 

    Plus que jamais, résistons, car elle est de plus en plus vivace la Bête immonde qui surgit à nouveau du ventre fécond de l’exploitation capitaliste, de l’oppression impérialiste et de la contre-révolution. 

    Les Le Pen, père et fille – par Léon Landini, grand mutilé de guerre torturé par les sbires de K. Barbie par Jean-Claude Potier

    Léon Landini  

    Officier de la Légion d’Honneur.  

    Médaille de la Résistance  

    Grand Mutilé de Guerre suite aux tortures endurées par la Gestapo pendant mon internement à la prison Montluc à Lyon.  

    Président de l’Amicale des Anciens Francs-Tireurs et partisans 

    de la Main-d’Œuvre-Immigrée  (FTP-MOI) des bataillons Carmagnole et Liberté.  

    Léon Landini est Président du Pôle de Renaissance Communiste en France – PRCF  

    SOURCE : http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-claude-pottier/141214/les-le-pen-pere-et-fille-par-leon-landini-grand-mutile-de-guerre-torture-par-les-sbires-de

     

     


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    Monsieur Macron,

    Mes amis juifs de l’UJFP  ne sont pas d’accord avec vous et je leur donne raison.

    Vous qui continuez à envoyer des armes au criminel de guerre Nethanayou et sa meute d’extrême droite.

    En moyenne, Paris vend pour 20 millions d'euros par an de composants militaires à Israël. (Source : L’Humanité) Ces exportations pourraient rendre notre pays complice des violations des conventions internationales et du droit humanitaire commises dans la guerre à Gaza.

    La France pourrait être complice d’un génocide.

    Michel Dandelot

    Panthéoniser les Manouchian c’est les trahir

    Panthéoniser les Manouchian c’est les trahir

    Coordination nationale de l’UJFP 17/02/24 Les communiqués de l'UJFP |

    Panthéoniser les Manouchian c’est les trahir

    Juifs en déshérence, Arméniens orphelins du génocide, Italiens et Espagnols combattants antifascistes, nous savons ce que nous devons aux 23 fusillés de l’Affiche Rouge et à Olga Bancic, guillotinée en Allemagne. Le groupe a été traqué, arrêté et torturé par la police française avant d’être livré à la Gestapo. Leur combat s’inscrit dans nos luttes antiracistes, antifascistes et anticolonialistes d’aujourd’hui.

    Macron veut faire de Missak et Mélinée Manouchian des « grands hommes » auxquels la « patrie » française devrait être reconnaissante.

    Hypocrisie et trahison ! 

    Trahison ! Ces combattants étaient internationalistes, révolutionnaires, antifascistes. Mêler leurs cendres à celles des militaires napoléoniens ou d’économistes libéraux est une trahison. Assigner à leur vie un prétendu combat pour la « patrie française » est une trahison.

    Trahison ! Isoler les Manouchian et oublier qu’ils appartenaient à un groupe combattant, est une trahison.

    Une tentative du même ordre avait été tentée avec Gisèle Halimi, juive anticolonialiste, avocate du FLN algérien et membre du Tribunal Russell sur la Palestine. Sa famille a, jusqu’à présent, fait échouer ce projet.

    Hypocrisie ! Utiliser l’incontestable puissance évocatrice de la vie de ces « étrangers et nos frères pourtant » au moment même où l’on fait voter une des pires lois xénophobes sur l’immigration, et où à Mayotte commence la remise en cause du droit du sol.

    Hypocrisie ! Quand Macron fait le lit de l’extrême droite, constituant un « front républicain » du RN au PS lors de l’hommage aux victimes du 7 octobre 2023, il escompte équilibrer « en même temps » par un geste mémoriel associant des antifascistes, qui l’auraient certainement combattu.

    Le joueur de bonneteau nous montre une figure admirable pour dissimuler des pratiques politiques infâmes.

    Manouchian, Grzywacz, Elek, Wajsbrot, Witchitz, Fingerweig, Boczov, Fontano, Alfonso, Rajman et Olga Bancic sont dans nos cœurs, en cette « fin février » qui fut celle de « vos derniers moments ».

    La petitesse manœuvrière, hypocrite et traitresse de ceux qui nous gouvernent et sont complices aujourd’hui du génocide à Gaza ne parviendra pas à détourner le sens de leur combat.

    La Coordination nationale de l’UJFP, le 17 février 2024

    SOURCE : Panthéoniser les Manouchian, c’est les trahir - UJFP

     

     

    Un commentaire reçu de JF Clopeau 

    Personnellement, habitant la région parisienne, j'irai au rassemblement populaire organisé par le Parti communiste et la CGT le 21 février à 16 heures devant le dernier domicile de Mélinée et d'Issak, 11 rue de Plaisance à Paris (14ème), mais pas devant le Panthéon pour écouter le discours de Macron que je sais d'avance convenu, et dans lequel, j'en prends le pari, il ne mentionnera pas le fait que leur groupe a été suivi des mois durant, et arrêté par la police française avant qu'ils soient livrés aux Allemands. 

    JF Clopeau 

     

    Le point de vue de Jacques CROS

    habitant de Béziers

    Le double jeu de Macron

    Publié le 19/02/2024 à 09:33 par cessenon
    Le double jeu de Macron

     

     

    J’ai lu les réponses qu’il a faites aux journalistes de L’Humanité. Elles m’ont paru illustrer leur décalage par rapport à ce que je perçois de la réalité. Je vais essayer de rassembler les griefs que je formule à ce sujet.

    Je suis un ancien d’Algérie et si j’avais jugé positif le rapport de Benjamin Stora à propos du colonialisme et de la guerre menée là-bas pour tenter de le perpétuer, il m’a bien fallu déchanter. Le président de la République n’a pas exploité les possibilités qu’offrait ce rapport. Après quelques reconnaissances telles le meurtre de Maurice Audin ou celui de l’avocat Ali Boumendjel, on est retombé dans la négation de ce que la France avait causé de souffrances aux Algériens et aux Français qui ont eu le malheur d’avoir 20 ans à cette époque. Macron n’a pas craint de brouiller les pistes avec la signification du drame de la rue d’Isly, le remord tardif à l’égard des harkis qu’on avait engagés dans l’impasse, la réhabilitation de partisans de l’Algérie française…

    C’est à une justification du colonialisme qu’on a assisté et cette position a affecté le jugement de la France sur la situation au Proche Orient. Nous avons été incapables de faire le lien entre la politique d’apartheid et de colonisation d’Israël et celle que nous avons menée en Algérie. Comme en Algérie on a condamné les actes terroristes sans mettre en cause ce qui les provoquait. Le résultat ce sont des vœux pieux contre le génocide perpétré à Gaza en même temps que l’on soutient Netanyahou et qu’on lui fournit des armes.

    Nous sommes confrontés à l’ambiguïté de la panthéonisation de Mélanie et Missak Manouchian. Si nous nous réjouissons de la reconnaissance du rôle qu’ont joué ces étrangers dans la Résistance, nous n’évacuons pas le vote de la loi « Asile et immigration » qui s’est fait dans des conditions d’un regroupement des Macronistes et de LR adoubé par le RN. Ce qui se passe à Mayotte et la mise en question du droit du sol complète le tableau.

    Non, Macron ne constitue pas un rempart contre l’extrême droite. La politique qu’il mène alimente son succès dans l’électorat. C’est son incapacité à situer la nature de la crise socio-économique que nous subissons et partant son absence de perspective pour en sortir qui provoquent racisme et xénophobie. Qu’il ne partage pas ces idées, nous voulons en convenir, mais son absence d’analyse qui aurait pour résultat de proposer une rupture franche et décisive avec un système impuissant à rien résoudre provoque la montée de cette idéologie nauséabonde.

    Et que dire à propos de la guerre en Ukraine. Nous avons condamné l’invasion de ce pays par les troupes russes. Il reste qu’il y a une part de responsabilité des USA, de l’OTAN et des nations qui adhèrent à cette organisation militaire. La solution n’est pas la perpétuation du conflit par une aide financière et militaire à l’Ukraine, elle est dans l’exigence du cessez-le-feu et l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable, garantissant la sécurité des uns et des autres. Nous avons ici le même schéma qu’au Proche Orient.

     


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  • Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

     

    Manouchian, loi immigration RN...

    Emmanuel Macron face à l’Humanité

    À l’occasion de l’entrée au Panthéon, le 21 février, des résistants communistes Missak et Mélinée Manouchian, le président de la République a répondu aux questions de l’Humanité. Une première pour notre titre. Et l’occasion inédite de l’interroger sur ses conceptions de la nation, de l’immigration et sur sa responsabilité dans la montée de l’extrême droite.

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Emmanuel Macron a répondu aux questions des journalistes de l'Humanité, le 16 février 2024, à l'Elysée.
    © Philippe Labrosse / Divergence

    C’est une première qui n’allait pas de soi. En cent-vingt ans d’histoire, l’Humanité n’avait jamais réalisé d’entretien avec un président de la République en exercice. Pourtant, vendredi 16 février, en fin de matinée, quatre de nos journalistes se sont rendus à l’Élysée pour interviewer Emmanuel Macron. L’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon parachève la reconnaissance par la nation de la Résistance communiste étrangère.

    Un geste mémoriel inédit, essentiel, bien qu’en contradiction complète avec la politique conduite par Emmanuel Macron : une politique ultralibérale, antisociale, qu’une majorité de Français juge autoritaire et que nous dénonçons chaque jour dans nos colonnes. Le récit élyséen entend faire de ces résistants des martyrs portés par le seul amour de la patrie : ils étaient antifascistes, internationalistes.

    Avec la mémoire de Missak Manouchian pour fil rouge, cet entretien déplie une vision de la nation, de l’immigration, du combat contre l’extrême droite, de la question sociale en complète rupture avec les convictions, les principes qui guidaient les immigrés des FTP-MOI.

    À nos questions sans concession, le président de la République répond sans détour, en défendant pied à pied sa politique. Dans cet échange vif et franc, Emmanuel Macron est resté fidèle à lui-même. L’Humanité aussi.

    Mercredi 21 février, avec Missak Manouchian, résistant étranger, apatride, la Résistance communiste entrera enfin au Panthéon. Comprenez-vous que votre choix surprenne, tant son combat paraît aux antipodes de votre projet politique ?

    Non, car ses combats rejoignent les idéaux républicains. Pour la seconde fois, après Joséphine Baker, un « Français de préférence » entre au Panthéon. Ce choix correspond à l’idée républicaine et est cohérent avec la politique à laquelle je crois. C’est une façon de faire entrer toutes les formes de la Résistance intérieure, dont certaines trop longtemps oubliées.

    Soixante ans après Jean Moulin, la panthéonisation de Missak Manouchian et de ses camarades est un acte de reconnaissance des FTP-MOI et de tous ces juifs, Hongrois, Polonais, Arméniens, communistes, qui ont donné leur vie pour notre pays. C’est pour cela aussi, au-delà de Manouchian et de ses camarades, que j’ai fait reconnaître « Morts pour la France » lesrésistants fusillés du Mont-Valérien.

    Vous reprenez les mots d’Aragon, « Français de préférence », mais pour leur faire dire l’inverse de ce que le poète avançait avec le vers « Nul ne semblait vous voir français de préférence »…

    Je ne mets pas de virgule après Français. Ces « Français de préférence » sont les Français de choix et de sang versé. Ils étaient apatrides car le droit français et européen ne permettait pas de reconnaître ces destins dans la République. Ce n’est qu’à l’issue de la Seconde Guerre mondiale que la France a reconnu le droit d’asile sous la forme que nous connaissons.

    Lors du 75e anniversaire du débarquement en Provence, j’ai souligné le rôle des non-Français, venus du continent africain, qui ont participé à la libération du pays. C’est une façon de regarder autrement notre histoire, d’inventer une autre relation avec nos compatriotes dont les familles viennent d’ailleurs. C’est reconnaître ce qui fait le cœur de la nation.

    Vous insistez sur son engagement patriotique. Manouchian aimait la France, non pas tant pour son « long manteau de cathédrales » que pour ce qu’elle représentait à ses yeux : « La patrie des droits de l’Homme », héritière de la Révolution française. Les 23 du groupe Manouchian étaient résolument engagés dans la lutte antifasciste et internationaliste. Que faites-vous de cette dimension de leur combat ?

    Elle est centrale. La cérémonie de mercredi, avec la remontée de la rue Soufflot, marquera trois temps pour scander les trois grandes étapes de la vie de Manouchian. Il est d’abord enfant du génocide arménien, que la France a reconnu. Il était aussi ouvrier, internationaliste, communiste, poète. Il a d’ailleurs écrit un poème pour votre journal. Et il fut ce grand résistant, prenant tous les risques pour ses idéaux jusqu’à périr sans « aucune haine ».

    Marine Le Pen a reçu une invitation protocolaire comme présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale pour assister à la cérémonie. Cette panthéonisation aura-t-elle du sens si l’héritière politique des bourreaux de Manouchian est là ?

    Mon devoir est d’inviter tous les représentants élus par le peuple français. Est-ce au président de la République de dire qu’un élu du peuple français siégeant au Parlement est illégitime ? Non. Le président de la République n’a pas à faire le tri entre eux.

    Comme pour l’hommage à Robert Badinter dont les élus du RN étaient absents, l’esprit de décence, le rapport à l’histoire devraient les conduire à faire un choix. Je combats les idées du RN et je l’ai même défait par deux fois. Les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat de Manouchian. Mais je ne vais pas, moi, par un geste arbitraire, en décider.

    Par ces propos, ne contredisez-vous pas votre premier ministre Gabriel Attal lorsqu’il affirme que « l’arc républicain, c’est l’Hémicycle » ?

    L’Assemblée nationale accueille toutes les forces élues par le peuple. Est-ce que toutes adhèrent à la République et ses valeurs ? Non. C’est aussi vrai pour des groupes d’extrême gauche.

    Vous les mettez sur le même plan, sérieusement ?

    J’estime que, par leurs positions, certaines personnalités de la France insoumise combattent les valeurs de la République. Même si je ne pose pas d’équivalence entre les deux extrêmes. Je n’ai jamais considéré que le RN ou Reconquête s’inscrivaient dans l’« arc républicain ».

    Le RN est à l’Assemblée, ses députés votent les lois et l’Assemblée nationale leur a confié des responsabilités. On ne peut pas en faire abstraction. En revanche, j’ai toujours considéré, comme avec la loi immigration, que les textes importants ne devaient pas passer grâce à leurs voix. Ce distinguo suffit à dire où j’habite.

    Entre 2017 et 2022, Marine Le Pen a gagné plus de 2,5 millions de voix. Vous disiez vouloir tout faire, pendant votre quinquennat, pour que les électeurs n’aient « plus aucune raison de voter » pour elle. Quelles leçons tirez-vous de cet échec ?

    Ce serait un échec si Marine Le Pen était ici à ce bureau à vous parler.

    Il n’est pas impossible que cela arrive en 2027, bien que nous n’irions pas l’interroger…

    Je n’ai pas l’esprit de défaite. Si je n’avais pas été au second tour en 2022, elle aurait sans doute eu plus de chances de l’emporter. La capacité à unir des démocrates sociaux jusqu’à la droite pro-européenne et raisonnable était la condition pour accéder au second tour et la défaire.

    À qui la responsabilité ? Des politiques très à gauche menées dans les années 1980 ont conduit à l’entrée, à l’Assemblée, du Front national, résolument antisémite et négationniste, ce que n’est plus ouvertement le RN. Tout cela doit conduire à l’humilité.

    La désindustrialisation comme le sentiment de déclassement ont nourri l’extrême droite. Nous avons commencé à y répondre avec la baisse du chômage et le début de la réindustrialisation. C’est un long processus.

    Admettez que cela ne se traduit pas dans les urnes…

    Regardons autour de nous. Quand je suis élu en 2017, l’AfD n’existe quasiment pas en Allemagne. Elle est aujourd’hui la deuxième force du paysL’extrême droite a flambé en Espagne et en Pologne, elle a gagné en Italie et aux Pays-Bas.

    Le sentiment de perte de contrôle alimente le RN. Beaucoup de ses électeurs considèrent l’Europe comme un monde trop ouvert, trop compliqué. Donc la formule magique serait le retour au nationalisme.

    Le sentiment de déclassement se nourrit aussi de la montée des inégalités, qui ont explosé depuis 2017. Vous avez stigmatisé « ceux qui ne sont rien », vous êtes vu comme le président des riches et un ministre sur deux est millionnaire. N’est-ce pas le meilleur carburant pour l’extrême droite ?

    Je récuse cela factuellement : les inégalités n’ont pas explosé. L’Insee a même documenté le contraire en rappelant que nos mesures ont permis de soutenir le revenu des ménages, en particulier des plus modestes, d’abaisser le taux de pauvreté de près d’un point en 2022 et d’augmenter de 3,3 % le niveau de vie des 10 % les plus modestes.

    Nous avons réarmé les services publics. Nous avons dépensé plus de 60 milliards pour l’hôpital, augmenté les salaires des infirmières, des aides-soignants et des médecins, mais aussi des professeurs, comme jamais depuis 1990.

    Je veux bien qu’on me reproche une politique libérale qui aurait creusé les inégalités, mais j’ai augmenté de façon inédite les budgets de l’éducation nationale, de la santé, de la justice et de la sécurité. Grâce à tout cela, la France est un des pays au monde où les inégalités après redistribution sont les plus faibles.

    Après sept ans au pouvoir, vous n’auriez aucune responsabilité dans la montée de l’extrême droite ?

    Je ne dis pas que j’ai tout réussi. Nous avons tous des responsabilités, mais la caricature que vous faites de ma politique est fausse. Les chiffres le prouvent.

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Emmanuel Macron, président de la République face aux journalistes de l’Humanité à l’Elysée, le 16 février 2024.
    © Philippe Labrosse / Divergence

    L’Insee recense 9,1 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, soit 14,5 % de la population…

    Cette situation prévalait auparavant. Nous avons traversé la pandémie de Covid, le choc lié à la guerre en Ukraine, la crise de l’inflation… et nous avons réussi à protéger les Français pour sauvegarder leur pouvoir d’achat, notamment celui des moins favorisés. Chez nos voisins, c’est bien pire.

    Les chiffres que vous citez sont ceux de la pauvreté relative, c’est-à-dire que c’est parce que les revenus ont progressé de manière historique que le seuil de pauvreté s’est fortement élevé. Dans notre pays, les forces d’extrême gauche proposaient un Smic à 1 400 euros ; nous y sommes.

    Depuis 2017, le Smic a progressé de près de 20 %. Pendant la crise de l’inflation, les données montrent que le pouvoir d’achat des classes moyennes a été soutenu plus que dans d’autres pays. Il est donc faux de dire que ma politique serait antisociale.

    En 2022, dans votre interview du 14 Juillet, vous expliquiez qu’« une nation, c’est un tout organique ». On pense à Barrès, avec la Terre et les morts. Deux ans plus tôt vous repreniez – à propos de la sécurité – l’opposition maurrassienne entre le « pays légal » et le « pays réel ». Vous parlez aussi de « décivilisation »… Pourquoi emprunter le langage de l’extrême droite ?

    Sur le « tout organique », Jaurès et Péguy ont dit la même chose… Je déteste cette façon de raisonner par contiguïté. Ce n’est pas parce que quelqu’un avec lequel vous n’êtes pas d’accord utilise un mot qu‘il lui appartient.

    Le processus de civilisation est un concept de Norbert Elias. Vous êtes parfois de drôles de censeurs. Vous finissez par voir le monde avec le référentiel de l’extrême droite. Il ne faut pas lui laisser la capacité à nommer le réel. On me fait un procès totalement fou.

    Avec l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon, la République reconnaît que l’immigration, en l’occurrence irrégulière, fait la France. Cela intervient deux mois après le vote de la loi à l’occasion de laquelle vous avez déclaré que « la France a un problème d’immigration ». Est-ce qu’on ne touche pas là aux limites du « en même temps » ?

    Pas du tout. Il s’agit de reconnaître ce que des apatrides qui fuyaient un génocide ont pu apporter à notre pays et, en même temps, de contrôler les frontières. Du temps de Manouchian, la France contrôlait ses frontières.

    Parmi les FTP-MOI, d’autres sont venus pour des raisons économiques…

    Cela a toujours été le cas dans notre pays et cela continuera. Je n’ai jamais dit pour ma part que j’étais contre l’immigration. Une chose est de dire que l’on veut maîtriser le phénomène migratoire, ce qui me semble légitime, une autre est de donner sa place à chacun.

    Quand Manouchian est arrivé en France, l’asile sous la forme actuelle, née de la Seconde Guerre mondiale, n’existait pas. Il serait aujourd’hui protégé par la République. C’est là que nous avons un vrai désaccord. Dans le débat politique sur la loi immigration, vous avez voulu me mettre dans un camp, ce que je récuse. J’ai toujours défendu le droit d’asile. Le texte est très clair à ce sujet.

    Pourtant, des personnes fuyant des pays en guerre sont déboutées du droit d’asile…

    C’est à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides – NDLR) d’en juger. Très peu de demandes sont refusées, les taux sont énormes.

    Seulement 42 % des dossiers acceptés…

    Beaucoup plus dans les pays en guerre ! Et le tout est sous le contrôle du juge ! Il est légitime de vouloir préserver ses frontières, surtout dans un pays où le modèle social est très généreux, où il faut préserver la cohésion de la nation. La France a constitutionnalisé le droit d’asile en Europe. Je le défends et je le défendrai, en dépit des attaques de l’extrême droite et d’une partie de la droite.

    Notre système est devenu totalement inefficace pour lutter contre l’immigration clandestine. Cent vingt mille demandes d’asile ont été formulées l’année dernière et, en attendant, les personnes qui sont sur notre sol ont accès à l’hébergement inconditionnel, à la scolarisation de leurs enfants et aux premiers soins.

    On peut me faire tous les procès du monde, mais lorsque j’ai été élu en 2017, nous n’avions que 96 000 places d’hébergement d’urgence. Aujourd’hui, il y en a 200 000, avec plus de 2 milliards d’euros investis. Plus de 60 % de ces places sont occupées par des personnes en situation irrégulière. La République est à la hauteur de ce qu’elle doit faire. Mais nos procédures étaient trop complexes et trop lentes. Le texte de loi vise à réduire leurs délais.

    Vous avez qualifié la loi immigration de « bouclier qui nous manquait ». Un bouclier contre quoi exactement, contre qui ?

    Contre les passeurs et les réseaux d’immigration clandestine qui prospèrent sur la misère du monde, en particulier sur le continent africain… Cette loi, associée au pacte asile et immigration finalisé au niveau européen, démantèle leurs réseaux qui profitent de la faiblesse de notre droit.

    Pensez-vous vraiment qu’un seul passeur libyen va cesser ses activités parce que la loi immigration a été adoptée ?

    Elle va nous permettre de débouter plus vite des gens auxquels ils font de fausses promesses. Cela permet une attrition de la source, avec ce signal : vous pouvez venir en France, mais par les voies régulières, avec un visa. Pour la cohérence de notre pays, nous devons être fermes car l’immigration clandestine provoque un sentiment de perte de contrôle, celui de ne pas maîtriser nos frontières.

    Vous dites que l’immigration menace la cohésion de la nation ?

    Vous n’êtes pas précis. Oui, s’il s’agit de l’immigration clandestine. Si elle n’est pas maîtrisée, elle menace la cohésion de la nation.

    En quoi ?

    La nation, ce sont des droits et des devoirs. Si elle est ouverte à tous les vents, que les immigrés irréguliers peuvent avoir accès à des droits sans y contribuer, qu’est-ce que cela produit ? Pourquoi croyez-vous que les classes populaires se tournent vers le RN ? Ne laissez pas le combat contre l’immigration clandestine à l’extrême droite.

    « Acceptez et reconnaissez que je porte une politique qui n’est pas celle de l’extrême droite. »

    Emmanuel Macron 

    Ce combat est républicain. Acceptez et reconnaissez que je porte une politique qui n’est pas celle de l’extrême droite. Je n’ai jamais eu un mot contre l’immigration. Mais vous ne pouvez quand même pas défendre l’immigration clandestine…

    Bien des FTP-MOI étaient des clandestins…

    Vous parlez d’un temps où l’asile n’existait pas. Manouchian ne serait pas expulsé aujourd’hui, il aurait à la seconde la protection de la République, puisqu’il venait d’un pays frappé par un génocide.

    Mais aucun républicain digne de ce nom ne peut défendre l’immigration clandestine et l’absence de règles. Cela ne signifie pas que nous cesserons d’accueillir en France. Ce texte de loi va permettre des milliers de régularisations.

    À la discrétion des préfets…

    Mais heureusement ! Le préfet, c’est l’État.

    Ce n’est pas ce que prévoyait le texte initialement proposé par le gouvernement.

    Un droit opposable à la régularisation n’aurait pas de sens. Le texte initial n’était pas assez précis. Dix mille personnes travaillent aujourd’hui sur notre sol et ne sont pas régularisables. Elles le seront grâce à la loi. C’est un bon texte.

    Un texte que Marine Le Pen tient pour une « victoire idéologique »…

    C’est, je l’ai dit, une manœuvre de garçon de bain, et tout le monde est tombé dans le panneau. Marine Le Pen affirmait, à la veille du vote, que si la loi prévoyait des régularisations, elle ne la voterait jamais. Finalement, elle a fait le coup du sombrero et tout le monde s’est fait avoir.

    Elle n’a rien défendu de ce texte. Elle combat les régularisations : la loi immigration les facilite pour les métiers en tension. Elle prône la préférence nationale : rien dans ce texte n’en relève. Elle refuse la scolarisation des enfants d’étrangers : nous les scolarisons.

    Pour toutes ces raisons, j’estime qu’en insinuant que tout se vaut, vous êtes dangereux. Je me permets de vous le dire parce que vous l’affirmez suffisamment à mon propos dans vos colonnes ! Je lis l’Humanité tous les matins. Vous êtes injustes avec le combat que je porte et vous accréditez l’idée selon laquelle je mènerais une politique d’extrême droite.

    Le ministre de l’Intérieur annonce la fin du droit du sol à Mayotte. Pourquoi cette atteinte à un principe fondateur de la nation française ?

    Il ne faut pas se focaliser uniquement sur le droit du sol. C’est un département français au cœur des Comores. Des familles y circulent et arrivent en France, via Mayotte, où elles ont accès à des prestations complètement décorrélées de la réalité socio-économique de l’archipel. Cela provoque un énorme appel d’air. À cela s’ajoute un nouveau phénomène, ces derniers mois, compte tenu des difficultés sécuritaires dans la région des Grands Lacs : une arrivée massive de personnes en provenance de Tanzanie et d’autres pays.

    Mais je vous le dis : restreindre le droit du sol pour Mayotte ne signifie pas de le faire pour le reste du pays. La deuxième grande mesure – et sans doute la plus nécessaire – pour casser le phénomène migratoire est la restriction de l’accès aux droits sociaux pour les personnes en situation irrégulière. Mayotte est la première maternité de France, avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire des petits Français. Objectivement, il faut pouvoir répondre à cette situation. Je reste très profondément attaché à ce droit pour la France.

    Pourquoi cette atteinte à la République « une et indivisible » alors que Gérald Darmanin lui-même admet que cette mesure « ne suffira pas » ?

    Ce n’est pas une attaque à la République indivisible car la Constitution la reconnaît aussi comme plurielle et décentralisée. Nous pouvons adapter la Loi fondamentale aux territoires ultramarins : nous l’avons fait pour la Polynésie française, pour la Nouvelle-Calédonie.

    Il est légitime de poser cette question car les Mahorais souffrent. Ils ont d’ailleurs accueilli très positivement cette proposition, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Nous devons casser le phénomène migratoire à Mayotte, au risque d’un effondrement des services publics sur l’île.

    Manouchian se battait pour un projet politique, celui qui a pris corps dans le programme du CNR. Celui-ci consignait notamment l’ambition de rétablir « la liberté de la presse, son honneur et son indépendance vis-à-vis des puissances financières ». Aujourd’hui, une poignée de milliardaires possède l’écrasante majorité des grands médias : pourquoi laisser faire une telle concentration ?

    Nous ne laissons pas faire, nous respectons la loi.

    La loi peut être changée… 

    Oui, c’est pour cette raison que j’ai lancé les états généraux de l’information. Au demeurant, vous le savez bien, tous les titres indépendants qui rencontrent des difficultés trouvent auprès de l’État un appui financier, au nom du pluralisme.

    Considérez-vous cette concentration dans le secteur des médias comme un danger ?

    Bien sûr. Mais à quoi est-elle due ? Sans modèle économique, soit l’information est un service public, soit c’est un produit d’influence. Avec toutes les dérives que cela peut induire. Pour que des journalistes puissent informer en toute indépendance, avec une déontologie, dans un contexte pluraliste, il faut un cadre et je suis attaché à celui qui a été inventé après guerre, avec un soutien de l’État.

    Des propositions en ce sens vont-elles émerger de ces états généraux de l’information ?

    Je ne vais pas les préempter. Mais je suis convaincu qu’il faut faire ce travail. Nous avons maintenu, et accru, dans les périodes difficiles, les aides à la presse. Ce n’est plus suffisant. Avec le numérique, un phénomène très grave s’affirme : la commoditisation de vos métiers. N’importe qui peut se prétendre journaliste. Il n’y a plus de régulation.

    Or l’information a un coût. Sa production est guidée par une déontologie. Les réseaux sociaux abolissent le rapport à l’autorité, c’est-à-dire à la reconnaissance de l’auteur. C’est un vrai problème démocratique. Ces états généraux vont nous proposer, je l’espère, des règles, un modèle économique pour garantir le pluralisme. Sans cela, seuls des gens fortunés pourront posséder des titres de presse, mis au service soit de leurs intérêts, soit de projets politiques.

    Sur ce point, beaucoup vous ont reproché votre silence au moment de la prise de contrôle du JDD par Vincent Bolloré.

    Si j’étais indifférent, je n’aurais pas lancé ces états généraux. Mon rôle n’est pas de m’opposer à la prise de contrôle d’un journal si celle-ci est conforme à la loi. C’est de pouvoir dire que quelque chose ne tourne pas rond quand trop de titres se concentrent dans la main de quelques-uns.

    Gilets jaunes, mobilisation contre la réforme des retraites, mouvement climat… le Conseil de l’Europe comme l’ONU se sont régulièrement inquiétés d’un « usage excessif de la force » sous vos deux mandats. Mesurez-vous les conséquences démocratiques de cette violence opposée aux mouvements sociaux ?

    Oui, et c’est la raison pour laquelle nous avons révisé notre doctrine de maintien de l’ordre. Je suis tout cela avec beaucoup de vigilance. Mais ce qui m’inquiète surtout, c’est la montée de la violence dans la société. Il serait malhonnête de dire que les forces de l’ordre sont violentes de manière spontanée. Elles sont au service de l’ordre républicain.

    Des syndicalistes ont été la cible de violences…

    J’ai toujours salué l’esprit de responsabilité des forces syndicales, dont les cortèges se tiennent, qui jouent le jeu de la coopération avec les forces de l’ordre. Il n’en demeure pas moins que des minorités au sein de ces forces, mais surtout des éléments extérieurs, veulent installer une violence de rue.

    La République garantit le droit de manifester, de protester ; elle abolit la violence dans la société. Je serai intraitable sur les questions de déontologie. Mais je pense à tous nos policiers et nos gendarmes engagés pour protéger et servir les lois de la République, dont certains sont blessés à vie. Oui aux mobilisations, oui à l’expression de désaccords, mais jamais dans la violence.

    Vous avez déclaré, au soir de votre réélection : « Je sais que nombre de nos compatriotes n’ont pas voté ce jour pour soutenir les idées que je porte. Ce vote m’oblige. » Retraites, assurance-chômage, loi immigration… concrètement, à quoi vous a obligé ce vote ?

    Vous le verrez d’ici à la fin de mon mandat. Je sais que beaucoup d’électeurs de gauche étaient très opposés à la réforme des retraites.

    Pas seulement la gauche, une majorité de Français.

    Croyez-vous que j’ai fait cette réforme de gaîté de cœur ? Non. Mais si nous ne l’avions pas conduite, nous serions dans de grandes difficultés, alors que nous sommes déjà le pays d’Europe avec le plus gros déficit public, avec le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé.

    Je ne peux pas vous dire je veux une France plus forte, dans un moment où la guerre revient en Europe, sans faire de réformes pour travailler davantage. Celle-ci figurait dans mon programme. C’est cela, la démocratie, la République. Je suis, ce faisant, dans la même situation que tous mes prédécesseurs.

    J’essaie d’appliquer le projet pour lequel j’ai été élu et qui m’a placé largement en tête du premier tour en 2022. Je ne vais pas m’excuser d’avoir fait 28 %. Je sais que beaucoup n’adhéraient pas à ce programme. Mais c’est le cas pour toute élection. Celle de François Mitterrand, en 1981, a-t-elle mobilisé, au second tour, seulement des partisans du programme commun ?

    Il n’a pas été élu au terme d’un second tour face à l’extrême droite…

    Non, mais je suis élu dans un contexte où il n’y a plus de grandes manifestations comme en 2002. C’est la société qui a normalisé et banalisé l’extrême droite. Elle est invitée sur tous les plateaux de télévision depuis plus de dix ans.

    Je sais aussi la responsabilité qui est la mienne pour essayer de porter le projet démocrate et républicain, en prenant en compte la pluralité des opinions. C’est ce que je fais avec Manouchian sur le plan symbolique. Je continuerai de le faire dans le réel.

    SOURCE : Manouchian, loi immigration, RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité - L'Humanité (humanite.fr) 

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

     Emmanuel Macron : « À mes yeux Rafah est

    un point de rupture »

    À l’occasion de l’entrée au Panthéon, le 21 février, des résistants communistes Mélinée et Missak Manouchian, le président de la République a répondu aux questions de l’Humanité. Une première pour notre titre. Et l’occasion de l’interroger sur la position de la France dans la guerre qui oppose le Hamas à Israël dans la Bande de Gaza.

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Emmanuel Macron répond aux questions de l’Humanité, au Palais de l’Élysée, le 16 février 2024. © Philippe Labrosse / Divergence

    Vous vous êtes adressé à Benyamin Netanyahou pour lui dire que le bilan de la guerre à Gaza était « intolérable », que les opérations israéliennes devaient cesser. Que fait la France pour stopper le carnage annoncé à Rafah, pour imposer enfin un cessez-le-feu ?

    Notre position, depuis le début, est claire. Nous avons condamné de manière intraitable l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre. Nous avons reconnu le droit d’Israël à se défendre et à lutter contre le terrorisme. Et nous avons indiqué dès le début que cette lutte devait être conduite dans le respect du droit humanitaire, du droit international, du droit de la guerre. Nous ne pouvons pas soutenir des opérations contrevenant à ce droit.

    Nous devons continuer à prendre l’initiative. Nous avons été les premiers Occidentaux à engager, aux côtés de la Jordanie et des Émirats arabes unis, des initiatives diplomatiques pour appeler, par des résolutions, au cessez-le-feu. Nous continuons de le faire en mettant la pression diplomatique sur Israël. Puisque c’est une démocratie, cela lui confère des obligations dans la région : une démocratie ne peut pas faire ce qu’Israël est en train de faire.

    Nous avons également organisé la seule conférence humanitaire pour aider les Gazaouis, apporter des financements internationaux. Enfin, nous avons mené des opérations très concrètes. La France est le pays qui a soigné le plus grand nombre de Gazaouis : le Dixmude (porte-hélicoptères amphibie de la marine nationale française – NDLR) a permis de prendre en charge plus d’un millier de Palestiniens blessés. Nous allons continuer ce travail.

    J’ai dit au premier ministre Benyamin Netanyahou qu’à mes yeux Rafah était un point de rupture dans ces opérations. Rafah, c’est une partie de Gaza où vivaient, avant la guerre, 200 000 habitants et qui accueille désormais 1,4 million de personnes, alors que 80 % des édifices sont totalement rasés. D’ores et déjà, la situation humanitaire y est intenable.

    « La responsabilité d’une démocratie, c’est de lutter contre le terrorisme en respectant les droits. »

    Que vous a répondu le premier ministre israélien ?

    Le cabinet militaire israélien est divisé. C’est aussi la raison pour laquelle j’exerce cette pression. Benyamin Netanyahou pose une telle opération comme la condition d’une éradication du Hamas. Tout le monde partage cette volonté. Mais la responsabilité d’une démocratie, c’est de lutter contre le terrorisme en respectant les droits. Vouloir lancer une telle opération, même si des combattants du Hamas s’y trouvent, c’est la certitude d’une catastrophe humanitaire.

    Israël doit au contraire rouvrir les voies humanitaires, laisser entrer des médecins, permettre l’acheminement de l’aide, des médicaments. Non seulement vers Rafah, mais aussi vers le reste du territoire qui en est privé. Le drame humanitaire en cours et la montée des tensions dans la région compromettent aujourd’hui la possibilité d’une paix durable, donc la sécurité d’Israël. Celle-ci ne passera pas uniquement par une réponse militaro-sécuritaire, mais par la question politique – c’est ce que la France a toujours plaidé.

    Pourriez-vous, à court terme, reconnaître l’État de Palestine ?

    J’y suis ouvert mais il faut trouver le bon chemin. Je veux le faire au moment où ce sera utile. Nous allons devoir demander à Israël un effort. Seule une issue politique peut être porteuse de paix, au Proche-Orient et au-delà, car la question palestinienne est une matrice.

    SOURCE : Emmanuel Macron : « À mes yeux, Rafah est un point de rupture » - L'Humanité (humanite.fr) 

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Avec la panthéonisation

    de Manouchian, un président

     qui repeint son bilan

    Emmanuel Macron se prête à l’exercice risqué d’être mis face à ses contradictions, à l’occasion de la panthéonisation du résistant communiste. Pour s’en extraire, il n’hésite pas à prendre des libertés avec la réalité sur son bilan concernant le social, l’accueil des immigrés ou la lutte contre le RN.

    Manouchian, loi immigration RN... Emmanuel Macron face à l’Humanité

    Le 21 janvier 2024, à Paris, manifestation contre la loi immigration.© @Julien Jaulin/hanslucas

    Le président des riches s’est-il mué en président des salaires et du pouvoir d’achat ? Celui de la loi immigration qui a indigné jusqu’à TJacques Toubon est-il un défenseur sourcilleux de l’asile et du droit du sol ? Les électeurs qui lui reprochent d’avoir tourné le dos à son engagement de faire rempart à l’extrême droite se trompent-ils de cible en l’accusant de faire la courte échelle à Marine Le Pen pour 2027 ?

    Coincé entre sa volonté de relancer son quinquennat à quelques mois des européennes et la position minoritaire de son gouvernement à l’Assemblée nationale, le président de la République s’est prêté à l’exercice risqué d’être mis face à ses contradictions par l’Humanité, à l’occasion de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian. Il espère, en retour, redorer son image auprès d’un public humaniste et de gauche qui créditera le chef de l’État de sa volonté de dialogue avec d’autres convictions que les siennes.

    Est-ce cette ambition qui le pousse à prendre des libertés avec la réalité ? Ainsi de cette déclaration quand on le confronte à la montée des inégalités : « Je récuse cela factuellement. » Pourtant, l’Observatoire des inégalités notait par exemple, fin 2023, que les écarts de salaire « repartent à la hausse depuis dix ans » et que ce phénomène « constitue un retournement d’une tendance de long terme de diminution des écarts » de rémunération entre riches et pauvres.

    100 milliards de profits pour le CAC 40… et un président qui a refusé « tout coup de pouce »

    Le président ne dit rien non plus de l’explosion concomitante des avoirs des 500 plus grosses fortunes de France, qui ont bondi de 17 % en un an, selon Challenges. Quant aux profits du CAC 40, ils crèvent le plafond des 100 milliards pour la troisième année consécutive, rapporte l’Express. Des hausses sans commune mesure avec celle du Smic de 20 % depuis 2017 que vante Emmanuel Macron, laquelle n’est due qu’aux revalorisations automatiques du salaire minimum, en partie calculées sur l’inflation.

    Le président de la République, qui a refusé tout « coup de pouce » depuis sept ans, n’y est pour rien. Quant au « réarmement » des services publics, ceux qui prennent les transports publics, qui font face à la saturation des hôpitaux ou à l’étranglement des collectivités apprécieront, à l’heure de la nouvelle restriction budgétaire prônée par Bercy.

    Parmi d’autres sujets de discorde, on pourrait encore évoquer celui des immigrés qui auraient droit à l’hébergement inconditionnel en France. On pourra opposer au président le constat des associations sur le terrain, à l’instar du Gisti en 2022 : « Tenu d’assurer l’hébergement des demandeurs et demandeuses d’asile, l’État manque à cette obligation de longue date. »

    Et que dire d’un président qui justifie l’exception au droit du sol à Mayotte en reprenant la rhétorique de « l’appel d’air » et de l’invasion migratoire à propos des femmes comoriennes « qui viennent y accoucher pour faire des petits Français » (sic) ? Emmanuel Macron fait le pari qu’en reprenant certains mots à l’extrême droite, il la fera baisser. Au risque, lui a-t-on opposé, de la légitimer. Et d’empêcher – mais n’est-ce pas le but recherché ? – l’émergence d’une alternative de progrès.

    SOURCE : Avec la panthéonisation de Manouchian, un président qui repeint son bilan - L'Humanité (humanite.fr) 

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    1 commentaire
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    Bernard Deschamps

    écrit :

    17 février 2024

    NONANTE-DEUX ANS

    Merci !

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    Alors que vous célébrez votre 92ème anniversaire le 17 février, je vous souhaite un bon anniversaire, du bonheur, de la santé. 

    Pour cette occasion  voici l'un de vos articles  qui date  de juillet 2023.

    Michel Dandelot  

     

    Accablée comme une Arabe en France

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    Ma sœur jumelle et moi. © Khedidja Zerouali

    Quand on est racisé·e dans ce pays, on naît en apnée, on vit en apnée et on risque de mourir étouffé·e. La violence des mots, de la répression, du rejet que l’on subit en France est devenue intenable. 

    Je ne vis plus tranquillement depuis qu’un policier a mis une balle dans le thorax de Nahel, un enfant de 17 ans, arabe et habitant dans un quartier populaire de Nanterre.

    Quand on est arabes et noir·es, racisé·es dans ce pays, on naît en apnée, on vit en apnée et on risque de mourir étouffé·e. Je suis tellement en colère que même les gens heureux m’agacent ces jours-ci. Comment peux-tu vivre heureux dans un pays qui suinte le racisme par tous ses pores ? Qui tue, qui justifie, qui punit ses enfants qui osent se lever contre l’injustice ? Ce n’est pas le premier et pourtant cet homicide-là, et tout ce qui a suivi, nous marquera durablement.  

    Le policier qui a tué a été soutenu financièrement par le ministre de l’intérieur, qui lui a permis de maintenir son salaire. Des Français·es, comme celles et ceux qu’on croise tous les jours, et des bourgeois·es gêné·es par quelques milliers d’euros en trop sur leurs comptes, ont nourri une caisse de soutien de plus d’un million d’euros. Une fille avec qui j’étais au lycée et que j’aimais beaucoup a partagé la cagnotte pour le policier sur Facebook. Ceux qui pensent qu’on peut de cette manière ôter la vie d’un jeune homme de 17 ans sont partout autour de nous. C’est aussi des gens bien, comme cette poignée de profs de mon ancien lycée qui estiment que, quand même, ce petit Nahel l’avait peut-être un peu cherché. 

    Que faire avec toute cette colère ?

    Quand de jeunes gens de quartiers populaires, qui auraient pu être Nahel, ont dit leur colère dans le feu et le fracas, ils ont été envoyés, fissa, en comparution immédiate. Prison, prison, prison. 

    Quand des familles de victimes de violences policières, comme la famille Traoré, ont voulu marcher et se recueillir, l’État les en a empêchées par deux fois. Le 8 juillet 2023, elles ont marché quand même, à Paris, et en hommage à Adama Traoré comme elles le font chaque année depuis sept ans. Cela a valu à la sœur Assa une procédure judiciaire par la préfecture de Paris. Cela a valu au frère Yssoufou une arrestation d’une violence inouïe, à tel point qu’une enquête pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » a été ouverte. Peu importe les raisons pour lesquelles ils l’ont arrêté, la violence de l’arrestation m’a retourné le ventre. 

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    À Nanterre le 30 juin 2023. © Laurent Grandguillot / REA

    J’étais dans le train, il y a deux jours, quand j’ai entendu le ministre de la justice, Éric Dupond-Moretti, qui s’est si longtemps drapé dans son combat contre l’extrême droite, inviter le Rassemblement national à saisir la justice contre les élu·es de gauche qui avaient marché aux côtés de la famille Traoré, malgré l’interdiction préfectorale. Ce n’est pas que j’accorde un quelconque crédit politique à Éric Dupond-Moretti mais qu’on en soit rendus là m’a scotchée. Je ne pleure pas facilement (à part devant des films), mais j’ai eu subitement très envie de pleurer devant l’abîme. Que vais-je donc faire avec toute cette colère ? Peut-être me mettre enfin au sport, peut-être aller dehors crier, peut-être tout dire dans un billet de blog, et puis quoi après ? Peut-être quitter ce pays. 

    Je me suis dit, quelque part entre Nîmes-Gare et Nîmes-Centre, que le fascisme, on ne s’y rend pas, on y est déjà. Ils peuvent faire pire, ils ont de la marge dans l’ignoble, mais on y est.

    À ce moment-là, tout s’est mélangé dans mon esprit : le contrôle des corps des jeunes lycéennes musulmanes, les petits qui jouent à la prière dans la cour et contre qui on lâche l’appareil d’État, tous ces jeunes gens morts de violences policières, ceux légitimement en colère qu’on envoie au trou, le RN qui passe pour timoré à côté de la droite classique, le sort réservé aux migrant·es en France, en Tunisie, en mer, ailleurs, la déliquescence d’une partie de la gauche sur ces questions… L’impression d’être toujours seul·es, face à une violence qui nous dépasse. 

    Pas avare en provocations, ce mercredi, le ministre de l’intérieur a annoncé qu’il demandait l’interdiction de la manifestation contre les violences policières qui doit se tenir en fin de semaine. Encore. Je compte m’y rendre pour crier avec les autres, mais je me demande si on n’a pas déjà perdu. 

    C’est qui, la racaille ?

    Désormais, les habitant·es des quartiers populaires qui ont vu l’un de leurs enfants mourir en direct, qui ont vu leurs voitures et leurs mobiliers urbains partir en fumée, sont puni·es une troisième fois. Plus de transports le soir et tant pis pour les darons qui s’en servent pour revenir du travail. Plus d’activités estivales au Blanc-Mesnil : sur l’affiche de « Beach Mesnil », on peut lire : « Annulé, les économies réalisées permettront de repérer les dégâts commis par les émeutiers. » Le sénateur Les Républicains Thierry Meignen, maire du Blanc-Mesnil avant de céder sa place pour ne pas cumuler, a jugé nécessaire d’ajouter l’insulte à la punition collective : « J’en ai marre de cette poignée de petits connards qui ne sont pas tenus par leurs parents ! » 

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    À la mairie de Saint-Ouen, plus aucun bus ne passe après 20 heures ce lundi 3 juillet 2023. © Khedidja Zerouali / Mediapart

    Par ailleurs, la punition collective n’est pas circonscrite au Blanc-Mesnil, elle devient règle nationale puisque l’extrême droite et la droite (dont Renaissance) réfléchissent à la manière de punir financièrement les familles des jeunes révolté·es.  « Il faudrait qu’à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles », a lancé, toute honte bue, le président de la République, qui s’enferme dans une pratique du pouvoir toujours plus autoritaire, méconnaissant l’individualisation des peines qui vaut dans la justice française. 

    Et de notre côté, on souffle, on s’inquiète, on ne parle plus que de ça, on s’imagine partir dans un autre pays quand on voit qu’un sénateur de droite – BRUNO RETAILLEAU – peut dire en tout décontraction que les « émeutes » procèdent d’une « régression vers les origines ethniques » sur un plateau de télévision sans être repris, sans être exclu de son groupe, sans qu’aucune conséquence d’aucune sorte ne punisse ce racisme décomplexé. C’est la ligne. 

    Il n’est pas le seul. Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice LR elle aussi, a versé dans le même registre, sans que cela ne lui soit reproché : « Vous allez me dire : la plupart des gens qui sont arrêtés sont français, d’accord, mais ça ne veut plus rien dire aujourd’hui. Ils sont comment français ? » Elle le répète, avec de grands gestes de politicienne pour appuyer ses inepties, arguant que ces « enfants d’immigrés » ont « la haine de la France ». 

    Effectivement, si j’étais une jeune fille de Saint-Gratien (Val-d’Oise), la ville dont elle a été maire et sur laquelle elle exerce toujours un pouvoir certain, j’aurais probablement la haine. La même a mené localement une guerre contre les quartiers populaires sans précédent, comme le racontait Streetpress en 2020. Le quartier des Raguenets s’était mobilisé tout entier contre la destruction du mini-stade de foot synthétique du coin… une destruction notamment portée par la sénatrice, la mairie, et soutenue par l’extrême droite. Ils ont détruit le mobilier urbain de leur propre ville, justifiant la chose par des « règles sanitaires non respectées », des tournois clandestins et des « nuisances pour les habitants car ce terrain synthétique est enclavé et n’a jamais été conçu pour y recevoir du public ».

    La sénatrice n’avait pas supporté, l’année d’auparavant, l’organisation d’une grande CAN des quartiers qui prenait notamment place sur le petit terrain. De jeunes gens racisé·es et issu·es des quartiers populaires qui s’amusent dans sa commune, ça avait tellement agacé la mairie qu’elle avait posé des blocs de béton en plein milieu du tournoi. C’est toujours la même élue qui qualifiait les jeunes de Saint-Gratien de « racailles » et qui approuvait l’idée d’envoyer une milice « leur casser les dents ». C’est qui, la racaille ?

    Les élus qui mettent de l’huile sur le feu ces derniers jours le font à dessein, dans un combat idéologique et civilisationnel qu’ils mènent contre nous depuis des années. Ils ne veulent plus de nos gueules de métèques ici, ils nous le font comprendre. Partir serait leur donner raison mais rester à quel prix ? Et puis pour partir où ? 

    Pendant que le cirque médiatique bat son plein, dépassant toujours les limites de la décence, que des élus nous piétinent de leur violence, des jeunes gens dorment en prison pour avoir usé du seul moyen d’expression qu’on leur laisse. 

    « [Les autorités] n’attendent de nous que le crachat, le crachat et la violence, car [elles] ne peuvent pas nous imaginer autrement »

    On a vu, inquiet·ètes, l’avenir de ces centaines de jeunes gens être brisé par la volonté de mater la révolte par une violence nouvelle. J’ai 26 ans et je suis du côté des journalistes qui couvrent l’événement, mais dix ans plus tôt, j’aurais tout à fait pu être l’une de ces jeunes gens qui veulent rendre les coups… Peut-être qu’en cachette j’aurais pris un bus jusqu’à Perpignan pour lancer une pierre ou deux. Même bêtement, même par le feu, même si ce qui part en fumée se trouve juste en bas de chez moi. J’avais la même rage dans le ventre et j’aurais pu faire la même chose, obsédée par deux seules questions : que vaut une vitrine cassée, un abribus brûlé, à côté de la vie de l’un des nôtres ? Et puisqu’on ne nous prête de l’attention que quand on se montre violent·es, pourquoi rester sages et se condamner à rester inécouté·es ? 

    Tout cela me fait penser à un texte d’un metteur en scène un peu fou, Lazare, qui avait accepté de donner des cours à des élèves éloigné·es du théâtre sans qu’ils ou elles ne déboursent un euro. J’étais l’une d’entre eux. Dans ce texte, il disait à propos du rapport des autorités aux jeunes gens racisé·es qu’elles « n’attendent de nous que le crachat, le crachat et la violence, car [elles] ne peuvent pas nous imaginer autrement ». Je trouvais cette phrase si juste que je l’ai relue plusieurs fois depuis. Et je l’ai dite à un tas de gens. Elle me revient ces temps-ci. Il y a quelques jours, j’ai rencontré Farid lors d’un reportage, il me rapportait cette phrase que lui avait dite un jour un jeune qu’il suivait en tant qu’éducateur de rue : « On nous traite comme des animaux, on se révolte comme des sauvages. »

    Dans le groupe Facebook de ma famille, après la mort de Nahel, ma tante a prédit des « émeutes », mon oncle a répondu « et c’est tant mieux ». Certains d’entre eux ont en mémoire des morts et des traumatismes anciens. C’est ça, la vie des Arabes en France, des Noirs, des racisé·es, de toutes celles et ceux qui retiennent leur respiration en passant à côté d’un policier. 

    Douce France, beau pays de mon enfance

    Dix ans avant ma naissance, Malik Oussekine a été matraqué à mort par deux policiers. C’était en 1986, mon père vivait encore en Algérie, enseignait la langue des colons à des enfants encore traumatisé·es par la violence française. Il n’avait pas eu le choix : il était enfant de pauvres dans un village de pauvres, le nouvel État algérien avait choisi pour lui sa carrière. Mon père et ma mère connaissent le sort qui a été réservé à Malik Oussekine, et s’en souviennent. Mon père, qui ne regarde que des documentaires animaliers et des vidéos sur Facebook, m’a demandé récemment de le mettre devant la série qui a été consacrée au sort de ce jeune homme de 22 ans.

    Ils savent que c’est notre histoire aussi. C’est la même police française qui, dans ses heures coloniales, a tenu mon grand-père en joug, l’a enfermé, a usé de la gégène sur le corps d’enfant de ma grand-tante, etc. 

    Mes parents se sont rencontrés dans les Pyrénées-Orientales, un an après qu’Aïssa Ihich est mort d’un malaise cardiaque en garde à vue, en 1991. Son nom a été oublié depuis, je ne pense pas que mes parents le connaissent. Sandrine Rousseau l’a fait vivre quelques instants à l’Assemblée nationale il y a deux jours, le ministre de l’intérieur a soufflé et détourné le regard. La violence s’ajoute à la violence, et la nausée revient. 

    En 1991, le maire de Perpignan, c’était Paul Alduy, un ancien résistant, un socialiste qui avait trahi en se rapprochant des gaullistes. Il est resté maire 34 ans, a enfanté et a fait de son fils, Jean-Paul Alduy, le maire d’après. De droite, bien bien de droite. La droite perpignanaise, déjà affreusement proche des idées d’extrême droite et nostalgique de l’Algérie française, a depuis laissé sa place au Front national, Louis Aliot ayant pris la tête de la ville depuis 2020. Ça fait trois ans que quand je rentre chez moi, j’évite le plus possible de mettre les pieds à Perpignan, ville où l’on fleurit chaque année une stèle en hommage aux terroristes de l’OAS. Le maire veut désormais installer une esplanade au nom de l’ancien chef de l’OAS après avoir inauguré, en 2022, un square au nom d’un député de l’Algérie française, proche de Jean-Marie Le Pen. Les gens de chez moi, qui partagent mon accent et l’amour des bunyettes, votent à l’extrême droite à presque chaque élection et n’hésitent plus à te cracher leur racisme au visage. Heureux comme des Algériens en France. 

    J’avais déjà six ans – et un tas de bêtises derrière moi – quand les deux policiers responsables de la mort d’Aïssa Ihich ont été reconnus coupables de violences aggravées. Quelques mois de sursis et puis s’en va. C’est à peu près à cet âge-là que mes parents ont fait comprendre à ma sœur et moi qu’il fallait qu’on soit des petites filles sages, plus sages que les autres parce qu’on est « chez eux ». Ils me le disent encore parfois quand je m’emporte dans des tirades antiracistes. Ma mère s’inquiète aussi du sort que les policiers pourraient réserver à une jeune journaliste venue couvrir les manifestations, puisqu’elle sait comme je sais que pour eux, nous ne sommes que des Arabes comme les autres. 

    Depuis le drame du 27 juin 2023, c’est sans se cacher que des confrères, des consœurs et des élu·es nous crachent tous les jours dessus. En plus de cette horde de gens anonymes sur les réseaux sociaux : on ne m’a jamais autant traitée de sale Arabe que ces derniers jours. Mon amoureux filtre mes notifications Twitter quand je dors, pour que je ne puisse voir que les interactions des gens que je suis, mais dans une démarche malsaine, je remets souvent les notifications parce que je veux savoir. Je n’écris pas pour me plaindre, j’écris parce qu’il fallait un lieu pour déverser un peu de ma colère, et je l’ai trouvé ici, à défaut de faire du sport. Avec autant de rancœur, on ne respire pas bien. 

    Pensée à nos petites sœurs

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    Ma sœur Asma. © Khedidja Zerouali

    Dans un très juste billet du Bondy Blog, « Heureux comme un Arabe en France », mon confrère Ayoub Simour pose la question : « Comment se construit-on dans ce contexte où l’on se fait constamment cracher dessus ? » Il pense à son petit frère, 8 ans, qui reconnaît dans le visage de Zemmour celui d’un raciste, quand nos responsables politiques peinent encore à qualifier CNews pour la chaîne qu’elle est : d’extrême droite. Quand l’un, moins aveugle que les autres, se risque à mettre des mots sur la réalité, il est lâché par tous les autres. 

    J’ai honte de ce qu’est devenu ce pays pour le petit frère d’Ayoub et pour ma petite sœur à moi, Asma. Elle vient d’avoir son bac, brillamment. Elle est en colère, comme moi, mais ne se trimballe pas de manifestation en assemblée générale comme je le faisais à son âge. Il y a quelques mois, elle s’est levée contre l’injustice : elle a défendu l’une de ses camarades de classe venue en abaya et exclue de cours pour cela. Avec une autre de leurs copines, arborant une Vierge Marie autour du cou et dénonçant le deux poids deux mesures puisqu’elle n’avait jamais été inquiétée à ce sujet, elles ont toutes les trois atterri dans le bureau de la proviseure. Asma a défendu le droit de sa camarade de classe à venir avec une robe large, arguant que ce n’était pas un signe religieux et que la démarche du professeur était discriminante. 

    De son côté, la proviseure répétait les éléments de langage qu’on entend depuis des semaines sur les chaînes de télévision nourrissant la haine. Je connais ma sœur, elle devait trembler comme une feuille mais elle a tenu, et c’est peut-être la seule chose qui me réjouit dans toute cette affaire. Son portable a sonné au milieu de la brimade, c’était l’appel à la prière qu’elle avait oublié de mettre en silencieux. D’un geste d’autorité, la proviseure a exigé de ma petite sœur qu’elle supprime l’application de son portable. La laïcité appliquée à l’intime, jusqu’aux portables des jeunes filles musulmanes dont il ne faut pas seulement contrôler l’habit mais aussi l’iPhone. Elle s’est exécutée, de peur de représailles trop importantes sur sa scolarité. Quand elle m’a raconté tout ça, le feu de la haine a consumé ce qu’il me restait d’espoir dans ce pays. 

    J’ai cherché une issue positive à ce texte, mais je n’ai pas trouvé. Je ne vois, dans cet océan de racisme et d’autoritarisme, rien de positif. Comme le dit la rappeuse Casey, « des fois, c’est un crachat dans ta gueule que j’ai envie d’envoyer pour que tu comprennes ».

    SOURCE : Accablée comme une Arabe en France | Le Club (mediapart.fr) 

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    Bernard Deschamps, né le 17 février 1932 à Levallois-Perret, est un homme politique et historien local français.

    Militant communiste, il a occupé plusieurs responsabilités politiques dans le Gard et au plan national (Comité Central du PCF et Bureau national de l'Association nationale des Elus communistes et républicains) Après plusieurs décennies de mandats électoraux, Bernard Deschamps se consacre désormais à l'étude de l'Algérie.

    A 91 ans Bernard Deschamps gère toujours son blog et nous présente son dernier article :

    DE L'INDECENCE... 

    Accablée comme une Arabe  en France *** Bernard Deschamps : L'indécence

    SYNDICAT DE LA MAGISTRATURE 

    20 juillet 2023

    De l’indécence à se prévaloir de 742 peines de prison ferme en réponse aux révoltes urbaines

      Alors que le pays s’est embrasé après la mort de Nahel, tué par un policier dans un contexte de refus d’obtempérer, le ministre de la Justice a exigé des parquets une réponse rapide, ferme et systématique, aux actes de délinquance commis au cours des révoltes urbaines. Cet appel à la répression montre la méconnaissance du rôle des magistrats dans l’individualisation des modes de poursuite et des peines prononcées.

      Mardi 18 juillet 2023 devant la représentation nationale et mercredi 19 juillet 2023 à l’occasion de son passage sur Radio-Télévision Luxembourg (RTL), le ministre a rendu hommage à la fermeté des décisions des procureurs généraux et il s’est félicité du taux de 95% de condamnations, de 1300 déferrements au parquet, de 905 comparutions immédiates et de 742 peines de prison ferme prononcées dans ce contexte de révoltes. C’est se réjouir d’une justice à deux vitesses qui s’inscrit dans un véritable emballement médiatique et judiciaire.

      Vanter les mérites de la comparution immédiate, c’est promouvoir une procédure discriminante contre des hommes jeunes, étrangers ou d’origine étrangère, sans emploi et résidant dans des zones géographiques défavorisées.

      C’est se réjouir d’un jugement biaisé, dans des conditions hautement défavorables aux alternatives à la prison ferme et aux aménagements de peine et qui entraine in fine une probabilité d'être incarcéré 8 fois plus importante que les autres modes de jugement. C’est feindre d’ignorer l’impact concret de la prison sur ces personnes avec un enfermement 23 heures sur 24 à 2 ou 3 dans 9 mètres carrés sans activité ou presque et où les possibilités d'accompagnement et de maintien d'un lien social sont mises à rude épreuve.

      Les acteurs du milieu pénitentiaire et judiciaire se désolent de constater que le ministre de la Justice rende compte de l’action de la justice par une succession de chiffres censés représenter la fermeté et l’efficacité de l’action étatique. Il alimente ainsi l’idée simpliste selon laquelle la prison est la seule réponse efficace à la délinquance. Pourtant, de nombreuses études révèlent qu’elle augmente la récidive plus qu’elle ne la prévient. La loi pénale érige d’ailleurs la prison ferme comme un dernier recours, ne devant être utilisé que lorsque toutes les autres peines seraient insuffisantes à remplir les objectifs qui leur sont assignés.

      Au-delà de l’indécence à se prévaloir de placements massifs de jeunes parfois mineurs en détention, alors même que la France ne cesse d’être condamnée par les juges européens pour les conditions indignes de ses prisons et sa surpopulation carcérale structurelle, il est éludé avec soin que, au 1er juin 2023, 7 personnes sur 10 s’entassent dans des maisons d’arrêt dont le taux d’occupation moyen frôle les 145% et que plus de 2300 personnes sont contraintes de dormir sur un matelas à même le sol.

      Alors qu’un récent rapport parlementaire, qui s’ajoute aux précédents, vient souligner la nécessité de favoriser les peines alternatives à la prison qui sont les plus efficaces pour prévenir la récidive, le ministre de la Justice promeut le tout carcéral.

      Alors que c’est précisément à la justice qu’en appellent les citoyens, les acteurs du monde judiciaire ne peuvent que dénoncer ce discours relevant du populisme pénal. A l’heure où la surpopulation carcérale ne cesse de croître avec le triste record de 73700 personnes détenues, la seule solution proposée est la création de 18000 places de prison, solution pourtant encore récemment critiquée par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe. Le vrai courage politique est de soutenir un mécanisme de régulation carcérale.

    SOURCE : DE L'INDECENCE... - ww.bernard-deschamps.net 


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    Guerre à Gaza : selon les humanitaires

    il faut multiplier le nombre de morts

    « par trois ou quatre »

    Partis en mission médicale du 22 janvier au 6 février, des humanitaires témoignent de la situation « inédite » dans le sud de la bande de Gaza, et alertent sur le nombre important de victimes collatérales de la guerre qui ne sont pas comptabilisées

    Guerre à Gaza : selon les humanitaires il faut multiplier le nombre de morts « par trois ou quatre »

    À la radio mais aussi sur France 24, Raphaël Pitti compare la situation dans la bande de Gaza au ghetto de Varsovie, ce ghetto juif créé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale (AFP/Geoffroy Van Der Hasselt)

    Il est un des médecins humanitaires français les plus connus. Il est intervenu sur des terrains de guerre au Tchad, en Ukraine ou encore en Syrie, et a témoigné dans plusieurs médias français pour dire qu’au long de sa carrière, il n’avait « jamais connu cela ».

    Raphaël Pitti a pu se rendre dans la bande de Gaza du 22 janvier au 6 février dans le cadre d’une mission médicale à l’hôpital européen, entre Khan Younès et Rafah.

    Au micro de Sud Radio, il raconte que « 25 000 Palestiniens venus du nord se sont installés autour de l’hôpital » en pensant être protégés.

    « Alors que nous savons, que dans les autres hôpitaux, ils ne l’ont pas été. À Khan Younès, pendant que nous y étions, les Israéliens avaient encerclé l’hôpital al-Nasser, empêchant les gens de rentrer et de sortir, et ils ont enlevé le directeur de l’hôpital et on ne sait toujours pas où est-ce qu’il est », témoignait-il la semaine dernière.

    Ce jeudi 15 février, les Israéliens ont commencé à attaquer l’hôpital après l’avoir bombardé.

    À la radio mais aussi sur France 24, Raphaël Pitti compare la situation dans la bande de Gaza au ghetto de Varsovie, ce ghetto juif créé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

    « On voyait ça, dans tous les films documentaires, cette population qui erre, on voyait ces gens dénutris, ces petits métiers… C’est ce que vous voyez là-bas [à Gaza], c’est exactement cette image-là », affirme-t-il.

    « On les laisse mourir »

    À l’intérieur de l’hôpital, où se trouvent « 900 patients pour 400 lits », le médecin décrit « un chaos épouvantable ».

    Il rapporte que dans tous les couloirs, il y a énormément de monde. Des draps sont suspendus aux faux-plafonds pour garantir un peu d’intimité. En plus des besoins primaires (soigner une bronchite, les pathologies chroniques), affluent les blessés des bombardements et des snipers – qui visent essentiellement la tête.

    « Comme on n’a pas le temps d’essayer de sauver une jambe, on ampute pour aller au plus vite ou au plus rapide. Et surtout, dans le triage, on laisse mourir les blessés les plus graves […] qui auraient mérité une surveillance […] Toutes les plaies du crâne, on les [les blessés] a laissés mourir, on savait que ça allait être long, qu’il faudrait les mettre en réanimation et qu’il n’y avait pas suffisamment de place. Comme il n’y a pas de morphine, bien évidemment, on les laisse mourir, sans soutien sédatif, comme ça », relate-t-il.

    Guerre à Gaza : selon les humanitaires il faut multiplier le nombre de morts « par trois ou quatre »

    Imane Maarifi est infirmière. Membre de la branche française de l’ONG PalMed (Palestine Medical), elle aussi s’est rendue pendant deux semaines à l’hôpital européen.

    Sur France 24, elle décrit avec émotion « une situation inédite » : les produits de première nécessité qui manquent, les jours de pluie où tout le monde vient s’abriter à l’intérieur de l’hôpital, les enfants qui lui dérobent des gants jetables pour en faire des ballons, le bruit des bombardements qui se rapprochaient.

    « J’ai perdu entre les mains des enfants. Mon dernier patient, […] c’est un bébé de 48 heures qui est mort d’hypothermie. »

    Une situation sur laquelle revient aussi l’anesthésiste-réanimateur Chems-Eddine Bouchakour, de PalMed, qui a témoigné mardi 13 février à l’Assemblée nationale, devant la délégation de parlementaires qui s’est rendue à Rafah en février 2024 à l’initiative d’Éric Coquerel, député de La France insoumise (LFI, gauche radicale).

    « Des nouveau-nés meurent par hypothermie parce que tout simplement après l’accouchement, les mamans habitent dans des tentes de fortune. Un bébé, si on ne le réchauffe pas, ils meurent dans les quatre ou cinq heures après leur naissance, et ça c’est un drame », explique-t-il.

    Car si l’on parle régulièrement des victimes directes de la guerre – plus de 28 500 Palestiniens morts dans les bombardements au 15 février –, il faudrait aussi pouvoir ajouter au bilan les victimes indirectes.

    « On a perdu en réanimation une maman enceinte. Le bébé est décédé dans son ventre [elle était diabétique et comme elle n’avait plus de traitement, elle a fait un coma acido-cétosique]. On a extrait le bébé et elle est décédée le lendemain matin. On avait besoin d’une surveillance biologique [heure par heure] et on n’a pu obtenir une surveillance que toutes les six heures. »

    Des « choix déchirants »

    « Il y a aussi les malades qui ne sont plus dyalisés, il n’y a plus de chimio, tous ces patients vont mourir ou meurent mais ne sont pas comptabilisés », souligne-t-elle.

    Selon un témoignage recueilli par Nizar Badran, vice-président de l’association PalMed, auprès d’un collègue néphrologue palestinien, les habitants de la bande de Gaza hémodyalisés sont quasiment tous morts.

    Le spécialiste insiste sur le fait que le nombre de malades chroniques qui décèdent, à la suite d’une dégradation de leur état de santé, sont nombreux. Il note aussi qu’en plus des pathologies chroniques, se développent les « maladies de la guerre », liées notamment à la sous-alimentation ou aux conditions de vie. C’est le cas de la bronchiolite, qui fait beaucoup de dégâts chez les enfants.

    Si tous ces décès étaient comptabilisés, il faudrait multiplier, selon lui, le nombre de morts officiel « par trois ou par quatre ».

    Guerre à Gaza : selon les humanitaires il faut multiplier le nombre de morts « par trois ou quatre »

    « En termes de moyens matériels, c’est impossible de travailler. Il n’y a pas de drap, pas de champ stérile, pas de compresse », énumère Imane Maarifi en expliquant les « choix déchirants » à faire au quotidien : par exemple, arbitrer sur l’attribution du peu de morphine disponible à un enfant blessé par un éclat d’obus ou à un autre enfant dont la jambe a été arrachée.

    « Si c’était à refaire, je n’emmènerais pas de matériel médical, puisque l’impact a été beaucoup trop faible dans mes petites valises. J’emmènerais du chocolat, du café, beaucoup plus de bonbons que les 4 kilos que j’ai emmenés et j’apporterais du sourire plus que du soin, puisque, au final, à quoi ça sert ? Ils sont tous amputés, ils finissent infectés et ils meurent », conclut-elle.

    Tous les humanitaires qui témoignent saluent « la dignité » des médecins palestiniens avec lesquels ils ont travaillé dans des conditions extrêmes et font part de leurs inquiétudes quant à l’avenir des enfants de la bande de Gaza. 

     

    SOURCE : Guerre à Gaza : selon les humanitaires, il faut multiplier le nombre de morts « par trois ou quatre » | Middle East Eye édition française 


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    Dijon (Côte-d’Or – Bourgogne-Franche-Comté) est la plus grande ville de cette région.

    J’habite à 60 km de Dijon, j’ai effectué une partie de ma carrière professionnelle dans cette ville (plus précisément mon apprentissage) j’avais moins de 20 ans, juste avant que l’on m’envoie, contre ma volonté, perdre 21 mois de ma jeunesse dans la salle guerre d’Algérie... la guerre d'indépendance de mes amis algériens.

      Honneur aux héros : la ville de Dijon célèbre l’entrée au Panthéon du couple Manouchian

    Dans la presse ce matin j’ai pris connaissance de cet article et je vous en fait part… en attendant l’hommage national.

    Michel Dandelot 

     

    Honneur aux héros : la ville

    de Dijon célèbre l’entrée

    au Panthéon du couple Manouchian

      Honneur aux héros : la ville de Dijon célèbre l’entrée au Panthéon du couple Manouchian

    La ville de Dijon se prépare à rendre un hommage historique à Missak et Mélinée Manouchian, couple emblématique de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. François Rebsamen, le maire de Dijon, invite chaleureusement les habitants à participer à une cérémonie solennelle en leur honneur, qui se tiendra le 21 février à partir de 10 heures, dans la prestigieuse salle des États de l’Hôtel de ville. Les portes ouvriront dès 9h15 pour accueillir les invités, avec un nombre de places limité, nécessitant une inscription préalable sur le site officiel de la ville.

    Cette cérémonie s’inscrit dans le cadre de l’entrée au Panthéon de ces deux figures marquantes de la lutte contre l’oppression nazie, symbolisant la reconnaissance nationale de leur courage et de leur sacrifice. Missak et Mélinée Manouchian, tous deux originaires d’Arménie et survivants du génocide arménien, ont trouvé refuge en France où ils se sont illustrés par leur engagement indéfectible dans la Résistance, au sein des Francs-tireurs et partisans – Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne.

    Sous la direction de Missak Manouchian, ouvrier et poète engagé, leur groupe fut responsable de nombreuses actions d’éclat contre l’occupant nazi, marquant l’histoire de la Résistance française. Arrêté le 16 novembre 1943, Missak Manouchian fut exécuté avec ses camarades le 21 février 1944, devenant un symbole de la lutte contre le fascisme.

    La cérémonie comprendra la projection du documentaire “Manouchian : une vie de combats”, réalisé par les élèves de 3ème du collège Jean-Philippe Rameau, soulignant l’importance de transmettre la mémoire de ces héros à la jeune génération. De plus, la Chorale Rameau interprétera “L’Affiche rouge”, chanson en hommage au groupe Manouchian, sur un texte d’Aragon chanté par Léo Ferré, ajoutant une dimension émotionnelle à cet hommage.

    L’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon ne célèbre pas seulement leur contribution à la libération de la France, mais souligne également l’apport crucial des étrangers dans la résistance contre l’oppression. Cet événement à Dijon, au-delà de son caractère commémoratif, est un rappel de l’universalité des valeurs de courage, de liberté et de fraternité, incarnées par le couple Manouchian.

    La ville de Dijon, en associant son nom à cette cérémonie d’hommage, réaffirme son engagement envers le devoir de mémoire et la reconnaissance des héros de l’ombre qui ont façonné l’histoire. Cet événement est une invitation à tous les citoyens à se souvenir et à honorer ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté et la dignité humaine. 

     


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    Les terrorismes en France

    une longue histoire

    Mais pas d'amalgame les musulmans sont les premières victimes du terrorisme.

    Michel Dandelot

    Les terrorismes en France une longue histoire

    Terrorismes en France - Une histoire XIXe-XXIe siècle

    Jenny Raflik 

    2024

    Cerf

    306 pages

    Les terrorismes en France une longue histoire

    Le terrorisme en France s'inscrit dans une histoire longue, depuis la Révolution française jusqu'aux attentats d'octobre 2023. Jenny Raflik revient sur cette histoire plurielle et complexe.

    Si le terrorisme est aujourd’hui un phénomène global et mondial, la France y a été confrontée très tôt et a dû faire face à la plupart des terrorismes. Cela soulève donc de nombreuses questions, et appelle tout d’abord à définir le terrorisme, puisque toutes ses formes relèvent de la violence politique mais ne poursuivent pas le même objectif, n’ont pas le même degré d’intensité et ne passent pas par les mêmes actions. L’État français a donc dû adapter ses réponses dans le temps, à l’intérieur de son territoire mais aussi à l’étranger pour protéger ses ressortissants. Par ailleurs, les victimes, souvent résumées à des chiffres et noyées dans le collectif au sein des commémorations, perdent leur identité dans des appellations génériques. C’est sur tous ces enjeux que revient l’historienne Jenny Raflik dans son dernier ouvrage.

    Le thème de la guerre étudié en Terminale analyse les différentes formes de guerre et accorde toute une partie aux formes de guerres menées par Al-Qaida et Daech. Le livre de Jenny Raflik permet ici de se concentrer sur le rapport d’un pays à ce type de terrorisme.

    Nonfiction.fr : Le terme de terrorisme évolue dans le temps et selon les espaces. Sa définition s’avère d’autant plus complexe en France puisque le pays a été confronté à la plupart des terrorismes depuis la fin du XVIIIe siècle. Bien que vous empruntiez à d’autres domaines, comment définiriez le terrorisme en tant qu’historienne ? 

    Jenny Raflik : Le mot a changé de sens au cours de l’histoire. Dans sa première acception, celle de son apparition à la fin du XVIIIe siècle, il désigne un mode de gouvernement, celui de la Terreur révolutionnaire. Puis, dès le milieu du XIXe siècle, il commence à désigner, au contraire, une violence tournée contre l’État. C’est le sens dans lequel il est utilisé aujourd’hui et celui dans lequel j’ai choisi de l’étudier. Mais derrière ce mot coexistent de très nombreuses organisations, aux modes opératoires, idéologies, cibles et fonctionnements hétérogènes. Il faut donc trouver des éléments de définition qui permettent de « cerner » autant que faire se peut le phénomène. Bien sûr, il existe une définition juridique, fournie par la loi de 1986 : « une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». Mais le phénomène est antérieur.

    Je suis donc partie de plusieurs critères : l’usage d’une violence politique non-interétatique, illégale, volontairement transgressive et disproportionnée, cherchant à choquer ou terroriser pour susciter une réaction, intimider ou déstabiliser un système (État, régime politique, société…) et réaliser un objectif (politique, religieux, social…).

    Néanmoins, aucune définition du terrorisme n’est pleinement opérante, ce qui explique les nombreuses instrumentalisations dont il a fait l’objet. Qualifier son ennemi politique de terroriste pour délégitimer son action, n’a rien d’original ni de nouveau. L’empire russe l’utilise largement contre ses opposants politiques. Et bien sûr les nazis contre les Résistants. Ces instrumentalisations font aussi partie de l’objet de recherche de l’historien sur le sujet. Je ne prétends pas définir le terrorisme. Je cherche à analyser l’utilisation du mot par notre société.

    Si tout terrorisme est une violence politique, ce n’est pas le cas en sens inverse. Les frontières sont donc poreuses et souvent ténues entre les deux expressions. A quel moment la violence politique devient-elle terroriste ? 

    Ce qui me semble intéressant, c’est l’évolution de la lecture sociale des violences politiques. Un même acte sera qualifié de terroriste dans certains contextes et pas dans d’autres. C’est le cas de certains assassinats politiques. Personne ne qualifie l’assassinat de César de « terrorisme », il en est autrement pour celui de Sadi Carnot par un anarchiste, de Georges Besse par Action Directe, ou des tentatives d’assassinats contre le général de Gaulle par l’OAS. Pourquoi ? Les éléments de réponse sont à la fois nombreux et insuffisants. Les motivations de l’assassin, le contexte politique, la lecture que la société fait de l’événement, le traitement juridique et politique de l’affaire... Pour compliquer encore les choses, la compréhension de la radicalité politique implique d’étudier à la fois ceux qui passent à l’acte, et ceux qui, par des discours politiques et intellectuels peuvent légitimer et nourrir le terrorisme.

    Il ne revient pas au chercheur de « statuer » sur la nature terroriste ou pas de telle ou telle violence, mais d’analyser les raisons qui conduisent la société, la Justice ou la mémoire, à qualifier tel ou tel acte de terroriste ou pas.

    Les terrorismes visent souvent l’État français et donc le territoire français. Vous rappelez cependant que depuis 1974, au moins 296 Français ont été tués à l’étranger par des attaques terroristes. Parfois, ces victimes se trouvaient sur les lieux d’un attentat, mais souvent elles incarnaient une cible par leur nationalité. Comment les Français, et peut-être plus largement les Occidentaux, sont-ils devenus une cible à l’étranger ? 

    Les chiffres ont malheureusement déjà évolué, notamment le 7 octobre 2023. Mais il y a là un phénomène très ancien, observable dès la fin du XIXe siècle : Louis Chevalier, le directeur français des mines d’Isvaro, est enlevé dans l’empire ottoman en 1899 par l’ORIM, l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, qui cherche par ce biais à la fois à financer son action (par la rançon), et à faire connaître ses revendications à l’international.

    Les groupes qui ciblent les Français à l’étranger depuis le XIXsiècle ont en effet plusieurs objectifs.

    Le premier est publicitaire. Ce sont les démocraties qui sont visées, car la liberté de la presse assure une médiatisation des attentats, donc une présentation des objectifs et revendications de leurs auteurs.

    Le deuxième objectif est plus politique. Certaines organisations terroristes cherchent à faire pression sur le gouvernement français, soit pour le forcer à agir lui-même dans le sens voulu par eux, soit pour qu’il fasse pression sur d’autres pays par la voie diplomatique. La France est, dans cette perspective, une cible d’autant plus privilégiée qu’elle permet, via sa place sur l’échiquier mondial, d’exercer une pression indirecte sur d’autres pays, parfois plus difficiles à attaquer directement, ou moins sensibles à la menace terroriste, car non démocratiques. Le terroriste fait le pari – qui semble gagné dans les décennies 1970-1980 – que le gouvernement français cédera pour sauvegarder des vies de civils, quand des régimes non démocratiques les sacrifieront plutôt que de négocier.

    Enfin, l’internationalisation de la lutte est un moyen de faire vivre des mouvements, en trouvant des financements et des recrues. Le premier peut se faire via les rançons exigées lors des enlèvements, en France comme à l’étranger. Le recrutement, lui, peut cibler les diasporas.

    Vous prenez soin de nommer les victimes, y compris les «anonymes» comme Monique Afri à Alger en 1994 ou Hamoud Feddal dans le Nord en 1996. Vous rejoignez en ce sens Jérémy Foa pour le massacre de la Saint-Barthélemy   et Hélène Dumas pour le génocide des Tutsi. Pourquoi l’histoire du terrorisme tarde-t-elle encore à se focaliser sur les victimes ? 

    L’historien est tributaire de ses sources. Et qu’elles soient policières (les dossiers d’enquête), judiciaires (les procès), ou médiatiques, ces sources se focalisent très souvent sur le terroriste, bien plus que sur ses victimes. A fortiori dans le cas des attentats dits « à l’aveugle ». Il me semblait important de rappeler que l’histoire du terrorisme, c’est aussi l’histoire de ses victimes. J’ai donc cherché à nommer, quand c’était possible, les victimes pour déplacer la focale habituelle.

    Mais il me semble important de souligner que la victime de terrorisme bénéficie d’une reconnaissance croissante dans notre société. Depuis 1990, elles sont considérées comme des victimes civiles de guerre, ce qui leur ouvre droit à des pensions militaires d’invalidité, à certaines prises en charge de soins ou d’appareillage par la caisse nationale militaire de sécurité sociale, à des aides à caractère social versées par l’ONACVG. Les enfants de victimes peuvent être reconnus pupille de la Nation. Symboliquement, cela signifie qu’à travers la victime d’un acte terrorisme, c’est la nation toute entière qui est touchée. Et depuis 2016, il existe une médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme pour les victimes tuées, blessées ou séquestrées lors d’actes terroristes depuis 1974. Les victimes sont donc en train de se réapproprier leur histoire.

    La fin de la guerre en Afghanistan en 1989 entraîne une redéfinition des cibles et du sens du combat d’Al-Qaida. Ben Laden, puis Ayman al-Zawahiri   développent alors le terrorisme islamiste au Moyen-Orient. Pourquoi la France devient-elle une cible de ce terrorisme ? 

    Le terrorisme islamique qui a frappé la France s’est inscrit dans une double filiation :

    Tout d’abord, celle de la Révolution iranienne de 1979. L’organisation du Jihad islamique armé s’en prend aux Français au Liban dès 1983 (enlèvements de ressortissants français, et multiples attentats, dont le 23 octobre, celui contre les casernements français et américains à Beyrouth qui fait 350 morts dont 58 parachutistes français). Sur notre territoire, le Hezbollah a organisé plusieurs vagues d’attentats en 1985 et 1986.

    Ensuite, celle de la guerre d’Afghanistan. C’est d’ailleurs à cette occasion que l’on observe les premiers (rares) départs de volontaires français, qui rejoignent sur place les « moudjahidines » organisés par Abdullah Azzam et Oussama Ben Laden, qui créent en 1987 Al-Qaïda, « la base ». Après le retrait de l’Armée rouge de Kaboul, le 5 février 1989, ces volontaires rentrent dans leurs pays d’origine pour y diffuser le salafisme jihadiste. Et certains d’entre eux rejoignent le GIA algérien, qui frappe la France en 1995, dans le sillage de la guerre civile algérienne. Le phénomène a pris de l’ampleur par la suite.

    Bien sûr, l’histoire de la France en Algérie en a fait une cible privilégiée. Mais les attentats de 1995 sont déjà à lire à la fois dans cette histoire franco-algérienne, et dans le cadre plus large de la mondialisation du Jihad menée par Al-Qaida.

    Dans l’histoire du terrorisme islamique, la France est ciblée pour son histoire propre, mais pas seulement. Et il importe de rappeler qu’aujourd’hui, la majorité des victimes du terrorisme islamiste vivent dans des pays musulmans.

    Votre livre est bien sûr celui d’une historienne mais vous insistez sur la défense de la France face au terrorisme à l’heure actuelle. Néanmoins, cette politique de défense et de sécurité contre le terrorisme d’extrême gauche ou d’extrême droite ne peut-être la même que pour faire face au terrorisme islamiste. Quels sont les piliers de la défense contre le terrorisme ? 

    Face aux défis posés par des terrorismes de natures extrêmement hétérogènes, la France a choisi d’apporter une réponse juridique unique, depuis la loi de 1986.

    Mais elle a aussi développé des réponses différenciées face à deux types de menaces : une menace endogène, qui appelle une réponse intérieure, policière et judiciaire, et une menace exogène, à laquelle depuis les années 1980 est apportée une réponse militaire, via la projection de forces armées (au Liban, dès les années 1980, en Afghanistan, au Sahel et au Levant depuis 2001), avec des résultats contrastés. Cette réponse militaire a banalisé l’expression « guerre au terrorisme », largement mobilisée dans le discours politique pour tenter de susciter la résilience et l’unité du pays face aux menaces.

    Aujourd’hui, cette résilience fait l’objet d’une attention toute particulière, et nous voyons que la société toute entière s’est saisie de cette question.

    Vous faites partie des auteurs du rapport Le Musée-Mémorial. Des sociétés face au terrorisme, remis au premier ministre en 2020. Quel va être l’objectif de ce Musée-mémorial ? 

    Ce sera un musée d’histoire et de société, qui donnera une place centrale aux victimes, tout en apportant des éléments de compréhension du phénomène terroriste dans son ensemble. Le projet est dirigé par l’historien Henry Rousso depuis ses origines. Ce sera un lieu unique au monde. Il sera situé à Suresnes et ouvrira ses portes en 2027. Pour en savoir plus :

    https://musee-memorial-terrorisme.fr/presentation-video-du-projet 

    Une vidéo pour comprendre l'origine et les enjeux du Musée-mémorial du terrorisme, lieu de mémoire, de connaissance et de partage qui ouvrira ses portes en 2027 dans un site historique symboliquement fort en terme de résilience et de résistance.


    SOURCE : Les terrorismes en France, une longue histoire - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées 

       

     


    « Le 13 novembre 2015, notre pays était frappé par des attentats à Saint-Denis et à Paris. 130 personnes, souvent des jeunes qui avaient la vie devant eux, y perdirent la vie, victimes du terrorisme djihadiste de Daech, fondé sur une conception dévoyée de l'Islam.

    Epilogue meurtrier d'une année marquée par les attentats de janvier contre les journalistes de Charlie Hebdo, les forces de l'ordre et les Juifs de l'HyperCacher, cet acte avait notamment pour but de fracturer notre société, en y suscitant des haines aux effets irréparables. Face à de tels actes, les réponses doivent toujours être la clarté dans la condamnation des actes et des idéologies qui les suscitent ainsi que le refus de répondre à la haine par la haine.

    Pensées aux victimes qui ne sont plus, à celles et ceux meurtris dans leurs chairs à l'issue de cet attentat et à tous leurs proches. »

    Hommage aux victimes de l'attentat du vendredi 13 novembre 2015 !

     

     

     

     

     

    Dominique SOPO 

    Président de SOS Racisme 

     

     

    « Que de crimes on commet en ton nom liberté !  Que de crimes on commet en ton nom démocratie ! Que de crimes on commet en ton nom indépendance ! Vous n'aurez pas notre peur ! Notre haine ! Notre soumission car l'amour est plus fort que votre vie ratée vous les terroristes ! »

     

     

    La peur est notre ennemie

    Vendredi 13 novembre 2015, toute une société fut, à Paris et à Saint-Denis, la cible du terrorisme : notre société, notre France, faite de diversité et de pluralité, de rencontres et de mélanges. C’est cette société ouverte que la terreur voudrait fermer ; la faire taire par la peur, la faire disparaître sous l’horreur. Et c’est elle qu’il nous faut défendre car elle est notre protection.

    Un vendredi soir d’automne, sous un temps clément. Fin de semaine, temps de sortie, moment de détente. Joies des retrouvailles amicales, des concerts musicaux, des matchs sportifs. Sociabilités populaires et juvéniles. Hommes et femmes mêlés, jeunesses sans frontières, plaisirs variés où l’on peut, selon les goûts ou les envies, boire, fumer, danser, se côtoyer, se mélanger, se séduire, s’aimer, bref aller à la rencontre des uns et des autres.

    Il suffit d’aligner ces mots simples, sans grandiloquence, pour partager ce que nous ressentons tous depuis hier : tout un chacun, nos enfants, nos parents, nos amis, nos voisins, nous-mêmes, étions dans le viseur des assassins. 

    Parce qu’ils ne visaient pas des lieux manifestement symboliques comme lors des attentats de janvier, exprimant leur haine de la liberté (Charlie Hebdo) ou leur haine des juifs (l’Hyper Cacher), il s’est dit que les terroristes auteurs des carnages parisiens n’avaient pas de cible. C’est faux : armés par une idéologie totalitaire, dont le discours religieux sert d’argument pour tuer toute pluralité, effacer toute diversité, nier toute individualité, ils avaient pour mission d’effrayer une société qui incarne la promesse inverse.

    Au-delà de la France, de sa politique étrangère ou de ceux qui la gouvernent, leur cible était cet idéal démocratique d’une société de liberté, parce que de droit : droit d’avoir des droits ; égalité des droits, sans distinction d’origine, d’apparence, de croyance ; droit de faire son chemin dans la vie sans être assigné à sa naissance ou à son appartenance. Une société d’individus, dont le « nous » est tissé d’infinis « moi » en relation les uns avec les autres. Une société de libertés individuelles et de droits collectifs. 

    Prendre la juste mesure de ce que menace cette terreur sans précédent sur le territoire hexagonal – les attentats les plus meurtriers en Europe après ceux de Madrid en 2004 –, c’est évidemment mesurer aussi le défi que nous ont lancé les assassins et leurs commanditaires. C’est cette société ouverte que les terroristes veulent fermer. Leur but de guerre est qu’elle se ferme, se replie, se divise, se recroqueville, s’abaisse et s’égare, se perde en somme. Cest notre vivre ensemble qu’ils veulent transformer en guerre intestine, contre nous-mêmes.

    Quels que soient les contextes, époques ou latitudes, le terrorisme parie toujours sur la peur. Non seulement la peur qu’il répand dans la société mais la politique de la peur qu’il suscite au sommet de l’État : une fuite en avant où la terreur totalitaire appelle l’exception démocratique, dans une guerre sans fin, sans fronts ni limites, sans autre objectif stratégique que sa perpétuation, attaques et ripostes se nourrissant les unes les autres, causes et effets s’entremêlant à l’infini sans que jamais n’émerge une issue pacifique.

    Aussi douloureux qu’il soit, il nous faut faire l’effort de saisir la part de rationalité du terrorisme. Pour mieux le combattre, pour ne pas tomber dans son piège, pour ne jamais lui donner raison, par inconscience ou par aveuglement. Ce sont les prophéties auto-réalisatrices qui sont au ressort de ses terrifiantes logiques meurtrières : provoquer par la terreur un chaos encore plus grand dont il espère, en retour, un gain supplémentaire de colère, de ressentiment, d’injustice… Nous le savons, d’expérience vécue, et récente, tant la fuite en avant nord-américaine après les attentats de 2001 est à l’origine du désastre irakien d’où a surgi l’organisation dite État islamique, née des décombres d’un État détruit et des déchirures d’une société violentée.

    Saurons-nous apprendre de ces erreurs catastrophiques, ou bien allons-nous les répéter ? C’est peu dire qu’à cette aune, dans un contexte de crises déjà cumulatives – économique, sociale, écologique, européenne, etc. –, notre pays vit un moment historique où la démocratie redécouvre la tragédie. Où la fragilité de la première est au péril des passions de la seconde. Car l’enjeu immédiat n’est pas au lointain, mais ici même, en France. Nous savions, au lendemain des attentats de janvier, que la véritable épreuve était à venir. Cet automne, au moment de quitter ses fonctions, le juge antiterroriste Marc Trévidic nous l’avait rappelé – « Les jours les plus sombres sont devant nous » (lire ici son interview à Paris-Match) –, dans une alarme qui ne ménageait pas nos dirigeants : « Les politiques prennent des postures martiales, mais ils n’ont pas de vision à long terme. (…) Je ne crois pas au bien-fondé de la stratégie française. »

    Car, devant ce péril qui nous concerne tous, nous ne pouvons délaisser notre avenir et notre sécurité à ceux qui nous gouvernent. S’il leur revient de nous protéger, nous ne devons pas accepter qu’ils le fassent contre nous, malgré nous, sans nous.

    Il est toujours difficile, tant elles sont dans l’instant inaudibles, d’énoncer des questions qui fâchent au lendemain d’événements qui saisissent tout un peuple, le rassemblant dans la compassion et l’effroi. Mais, collectivement, nous ne saurons résister durablement à la terreur qui nous défie si nous ne sommes pas maîtres des réponses qui lui sont apportées. Si nous ne sommes pas informés, consultés, mobilisés. Si l’on nous dénie le droit d’interroger une politique étrangère d’alliance avec des régimes dictatoriaux ou obscurantistes (Égypte, Arabie saoudite), des aventures guerrières sans vision stratégique (notamment au Sahel), des lois sécuritaires dont l’accumulation se révèle inefficace (tandis qu’elles portent atteinte à nos libertés), des discours politiques de courte vue et de faible hauteur (sur l’islam notamment, avec ce refoulé colonial de « l’assimilation »), qui divisent plus qu’ils ne rassemblent, qui alimentent les haines plus qu’ils ne rassurent, qui expriment les peurs d’en haut plus qu’ils ne mobilisent le peuple d’en bas.

    Faire face au terrorisme, c’est faire société, faire muraille de cela même qu’ils veulent abattre. Défendre notre France, notre France arc-en-ciel, forte de sa diversité et de sa pluralité, cette France capable de faire cause commune dans le refus des amalgames et des boucs émissaires. Cette France dont les héros, cette année 2015, étaient aussi musulmans, comme ils furent athées, chrétiens, juifs, francs-maçons, agnostiques, de toutes origines, cultures ou croyances. La France d’Ahmed Merabet, d’origine algérienne, ce gardien de la paix qui a donné sa vie au pied de l’immeuble de Charlie Hebdo. La France de Lassana Bathily, d’origine malienne, cet ancien sans-papiers qui a sauvé nombre d’otages à l’HyperCacher. Cette France qu’ont illustrée, dans cette longue nuit parisienne, tant de sauveteurs, de soignants, de médecins, de policiers, de militaires, de pompiers, de bonnes volontés, mille solidarités elles aussi issues de cette diversité – humaine, sociale, culturelle, confessionnelle, etc. – qui fait la richesse de la France. Et sa force.

    En Grande-Bretagne, lors des attentats de 2005, la société s’était spontanément dressée autour du slogan inventé par un jeune internaute : « We’re Not Afraid. » En Espagne, lors des attentats de 2004, la société s’était spontanément rassemblée autour de ce symbole : des mains levées, paumes ouvertes, tout à la fois désarmées et déterminées.

    Non, nous n’avons pas peur. Sauf de nous-mêmes, si nous y cédions. Sauf de nos dirigeants s’ils nous égarent et nous ignorent. La société que les tueurs voudraient fermer, nous en défendons l’ouverture, plus que jamais. Et le symbole de ce refus, ce pourrait être deux mains qui se rencontrent, se serrent et se mêlent, se tendent l’une vers l’autre. Deux mains croisées, l’une dans l’autre.

    Deux mains en relation.

     

    Procès du 13-Novembre. «Vous avez assassiné nos enfants, pas la France !» lance un père aux accusés

     

    Ce père a perdu son fils au Bataclan. Comme de nombreux proches, il a raconté la souffrance de sa famille. Mais il a aussi tenu à s’adresser aux accusés, notamment à Salah Abdeslam qui soutient que les terroristes visaient la France, pas des personnes en particulier.

    Cet homme, qui ne souhaite pas que son identité soit dévoilée, a 67 ans. Il a perdu son fils le 13 novembre 2015. Ce dernier était âgé de 32 ans et travaillait au sein d’une société de musique. Ce père, qui a aussi travaillé dans le milieu culturel, est en manque de son fils. Notamment de ces moments de complicité où son fils lui faisait découvrir de nouveaux artistes. Il défendait les valeurs de la laïcité, du respect des libertés et des croyances, du vivre ensemble, dans les valeurs de la République. Il aimait la vie. Il était musicien et il collectionnait un nombre incroyable de guitares​, a rappelé son père, ce mardi, devant la cour d’assises.

    « Les premières victimes sont des musulmans »

    Mais ce père de culture musulmane a tenu aussi à répondre aux accusés. Au début du procès, Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos du 13 novembre 2015, avait notamment précisé : Moi je vous dis : on a combattu la France, on a attaqué la France, on a visé la population, des civils, mais en réalité on n’a rien de personnel contre ces gens-là. On a visé la France et rien d’autre. ​Il s’en était encore pris aux avions français qui ont bombardé l’État islamique, les hommes, les femmes, les enfants […] François Hollande savait les risques qu’il prenait en attaquant l’État islamique en Syrie​, avait accusé ce Franco-Marocain.

    Des propos et une façon de penser que réfute ce père. Dans une réponse préparée et argumentée, sans jamais regarder les accusés et sans hausser le ton, voici ce qu’il a tenu à leur dire : C’est nos enfants que vous avez assassinés. Pas la France. Vous vous servez de l’islam pour justifier votre croisade contre l’Occident […] Vous reportez la faute sur la France sans jamais vous regarder en face […]

    Je vous rappelle que les premières victimes de votre croisade sont les musulmans eux-mêmes. Je suis en colère car vous vouliez exporter votre système de pensée et votre idéologie en créant le chaos, en installant un sentiment d’insécurité et de rejet des musulmans en Europe en général et en France en particulier. » 

    « Vous ne représentez nullement l’islam »

    Il poursuit : ​« Vous n’êtes qu’un groupe de malfrats en quête d’un territoire, d’une reconnaissance et d’un pouvoir ! Vous ne représentez aucunement l’islam, vous n’avez d’ailleurs aucune légitimité, aucun pays. Vous êtes prêts à tuer toutes personnes ou groupes de personnes qui ne pensent pas comme vous, qui ne partagent pas vos idées. Les musulmans n’ont rien à voir avec ces gens-là. Ces derniers ont-ils seulement lu le texte sacré ?

    Votre entreprise néfaste et criminelle nous cause bien des soucis et des tourments, c’est vrai ! Mais sachez que nous n’accepterons jamais de plier face aux fanatismes, à la barbarie et aux tueurs sanguinaires que vous êtes. J’espère que les âmes des 131 morts et des 500 blessés vous hanteront toutes les nuits jusqu’à votre mort ! Vous avez cru que cet acte barbare allait nous pétrifier et nous anéantir ? Mais vous avez eu tort car il nous a galvanisés. Il nous a rendus encore plus forts et plus déterminés […] Il existe un islam des Lumières et c’est celui-là que je revendique, même si je ne suis pas croyant ».

    SOURCE : https://www.ouest-france.fr/faits-divers/attentats-paris/proces/13-novembre-un-pere-s-adresse-aux-accuses-vous-avez-assassine-nos-enfants-pas-la-france-427fc6d8-366b-11ec-83a7-1a2811d1fb4b 

     

     

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    SOUVENIR : Cet article a été mis en ligne

    le 30 novembre 2015 sur mon blog de secours

    "La France a du talent quand elle ne fait pas

    la guerre"

    « Malheureusement la France est en guerre

    depuis 2001

    et de cela il est important de ne pas l'oublier »

    Hommage national : une cérémonie digne

     C'était la France des grands moments

     

     

    Par Saad Khiari

    Auteur, spécialiste de l'Algérie

     

    La cérémonie d'hommage aux victimes des attentats de Paris a ému François Hollande, mais aussi de nombreux Français. Saad Khiari, auteur et spécialiste de l'Algérie fait partie de ceux-là. S'il a été touché par l'interprétation de "Quand on a que l'amour" de Jacques Brel, il l'affirme : lui n'a pas que de l'amour, il a aussi de la fraternité.

    Comme beaucoup de Français, j’ai pleuré vendredi en suivant la cérémonie de la cour des Invalides. C’était beau, digne et plein d’émotion. C’était la France des grands moments. Belle comme toujours, belle comme chaque fois qu’elle se retrouve.

    J’ai pensé : c’est fou ce que c’est beau, la France, quand elle redevient de gauche. Quand elle rassemble les siens, tous les siens.

     

    "La France a du talent quand elle ne fait pas la guerre" 

    J’ai pensé au poète algérien Malek Haddad, amoureux de Saint-Germain-des-Près, compatriote de Kateb Yacine, Kamel Daoud, Boualem Sansal et Yasmina Khadra. Comme eux, fou à lier d’amour pour la langue française, il avait écrit au plus fort de la guerre d’Algérie :

    "C’est fou ce que la France a du talent quand elle ne fait pas la guerre".

    Il pensait à la guerre coloniale bien sûr. Il aurait sûrement ajouté :

    "C’est fou ce que la France a du talent quand elle chante la liberté".

    Quand tout le monde se sent Français, quand tout le monde se sent blessé, quand tout le monde se sent meurtri.

    J'ai de l'amour et de la fraternité 

    Oui, c’est fou ce que c’est beau, la France, quand elle chante l’amour et même quand elle pleure d’amour pour ceux qu’elle a perdus, par un soir de novembre, sous le tonnerre de la mitraille et des balles aveugles.

    Et puis cette cour vide et pleine à la fois ; une tombe à ciel ouvert et le silence aux morts. Et l’ami Jacques Brel. Et la France qui n’a que l’amour à "offrir à ceux-là dont l’unique combat est de chercher le jour", "pour qu’éclatent de joie chaque heure et chaque jour".

    Mais moi, je n’ai pas que l’amour. J’ai aussi de la fraternité. À cœur ouvert et par poignées. À étouffer des poitrines et à chavirer ensemble dans une bruyante farandole, la main dans la main, au rythme des musiques du monde. Les barbares ont semé la mort. Une mort qui n’a pas fait le tri.

    Ils n’aiment pas la musique, les terrasses, la jeunesse et l’avenir. Ils n’aiment que la mort.

    J’ai peur du retour de la nuit 

    Mais je n’ai pas que de la fraternité. J’ai aussi de la joie plein ma besace. À semer le rire par échos et le bonheur par éclats, à faire peur au malheur et fuir les barbares. Je voudrais que la joie demeure, que l’amour nous étreigne et que nous protège la fraternité.

    Je ne voudrais plus qu’on se quitte. Je ne voudrais plus qu’on s’oublie. Je ne voudrais pas que les lampions s’éteignent parce qu’il y a encore des ombres qui rôdent, qui n’aiment pas qu’on s’aime, qui n’aiment pas les mosquées, qui n’aiment pas l’arc-en-ciel, qui n’ont pas les mêmes larmes, qui n’ont pas les mêmes rires et qui détestent la farandole.

    Si je n’ai pas que l’amour, j’ai aussi peur du retour de la nuit et je ne peux rester trop longtemps éveillé. Alors dites autour de vous que j’ai en moi des millions de colombes qui pour rien au monde ne redeviendraient oiseaux. 

    Saad Khiari
     

     

     

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  • « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    Le 15 novembre 2023 je lisais un article : Tsahal : l’armée la plus morale au monde… Je constate aujourd’hui que tout était mensonger, pour moi Tsahal et l’armée la plus (immorale) du monde qui est responsable du génocide des Palestiniens. 

    Michel Dandelot 

     

    « Même les animaux ne sont pas traités

    comme ils l’ont fait avec nous » : des

    Gazaouis racontent les sévices infligés par

    l’armée israélienne

     

    Les témoignages se multiplient sur les sévices et les traitements inhumains infligés par l’armée israélienne à des milliers de civils victimes d’arrestations arbitraires.

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    L’Humanité publie le témoignage de trois gazaouis victimes de tortures par l’armée israélienne à Gaza.

    Le 16 décembre, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme révélait avoir reçu « de nombreuses informations inquiétantes » du nord de Gaza faisant état « de détentions massives, de mauvais traitements et de disparitions forcées » qui concerneraient des milliers de Palestiniens, dont des mineurs. Depuis, ces arrestations arbitraires se sont multipliées, du nord au sud du territoire palestinien. Difficile d’en évaluer le nombre exact. Certains ont été relâchés.

    Wadjeeh Abou Zarefah, Sherin Abou Hawar et Saed Abou Zarefah, journalistes palestiniens, les ont rencontrés. Ils racontent en exclusivité pour l’Humanité le calvaire subi pendant des jours et des jours. Un mois et demi pour l’un d’entre eux, pédiatre dans un hôpital.

    Mais beaucoup d’autres ont disparu. Les autorités israéliennes refusent de communiquer à leur sujet au mépris de toutes les règles de droit. Le 20 décembre dernier, Amnesty International insistait dans un communiqué : « Il faut enquêter sur les disparitions forcées et les traitements inhumains infligés aux détenus palestiniens de Gaza. »

    L’armée israélienne pratique la déshumanisation totale. Toute une population est considérée comme coupable. Les 125 otages israéliens encore détenus par le Hamas doivent être libérés ; il en est de même des 7 000 prisonniers palestiniens dont certains sont enfermés depuis plus de vingt ans. C’est le cas de Marwan Barghouti et Ahmad Saadat.

    « Ils nous ont traités comme un troupeau

     de moutons » : Docteur Saeed Abdulrahman Maarouf,

    60 ans, enfermé pendant quarante-cinq jours

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    Le docteur Saeed Abdulrahman Maarouf.

    Le docteur Saeed Abdulrahman Maarouf est un homme de 60 ans au visage pâle. Ce pédiatre travaillait depuis vingt-trois ans à l’hôpital Kamal Adwan de Jabalya (au nord de la ville de Gaza), qu’il a dû évacuer avec l’arrivée des troupes israéliennes. Il s’est alors rendu au centre al-Ahli de Khan Younès pour « remplir (son) rôle humanitaire dans cet établissement bombardé auparavant et où plus de 500 personnes avaient été tuées et blessées ».

    Mais, fin janvier, il a été rattrapé par les soldats, arrêté avec son équipe bien qu’il ait décliné son identité et sa profession. « Les chars ont encerclé l’hôpital et les soldats nous ont fait mettre par rangées, une pour les hommes, une pour les femmes et les enfants. Ils nous ont traités comme s’ils traînaient un troupeau de moutons, alors que je leur ai dit que j’étais médecin, un civil, non armé, et que je travaillais ici à l’hôpital, mais ils ne se souciaient pas du tout de ce que je disais. Ils m’ont battu et jeté au sol. »

    Le sexagénaire est resté ainsi enfermé pendant quarante-cinq jours, déplacé trois fois sans jamais parvenir à savoir s’il se trouvait encore dans la bande de Gaza ou en Israël. « Au cours des vingt-cinq premiers jours, nos corps n’ont jamais touché l’eau, sauf la pluie si elle tombait alors que nous étions à l’air libre. Même lorsque nous allions aux toilettes, nous n’avions pas le droit d’utiliser de l’eau. »

    Le Dr Saeed essaie de sourire et de cacher la colère qui l’étreint. Il se remémore ce moment où on les a obligés à se déshabiller, où on leur a mis des menottes si serrées que le sang parvenait à peine à irriguer les doigts. Il frissonne encore en pensant à ces « deux jours dans le froid et à l’air libre, sans vêtements, les mains entravées, les yeux bandés, sous les coups et les insultes les plus sales, les plus humiliantes visant nos mères, nos épouses et nos sœurs avec des mots obscènes et indécents ».

    Le médecin est accusé de pactiser avec le Hamas et traité de « terroriste qui devrait être tué ». Dans sa mémoire, un flash soudain, comme une image subliminale gravée à jamais. « Ils nous ont interrogés sur des choses dont nous ne savions rien. Où sont les prisonniers ? Où sont les tunnels de l’hôpital ? Où sont les dirigeants ? » Dans l’incapacité de répondre, il était de nouveau battu « plus durement et plus violemment », surtout s’il osait protester.

    Comme tous, il a passé des nuits sans sommeil, à même le sol, nu, de nouveau humilié par des soldats qui pourraient être ses enfants. De ses blessures, il n’aura rien dit. Il ne veut pas laisser sourdre sa douleur, physique et morale.

    « Ils me frappaient avec leurs armes et leurs tuyaux qui me brisaient le corps » : Muhammad Abu Musa, 30 ans, emprisonné quinze jours

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    Muhammad Abu Musa, 30 ans.

    Muhammad Abu Musa a tout juste 30 ans. Le corps maigre, les mains bleuâtres, les pieds anormalement gonflés, il apparaît comme handicapé, peine à se mouvoir et à se déplacer, conséquence de deux semaines de détention entre les mains des soldats de l’armée israélienne.

    C’était vers la fin janvier. Il ne se souvient plus très bien de la date tant les jours se succèdent, identiques, faits de bombardements et de peur. Il se trouvait dans le quartier d’Al-Amal, à Khan Younès qu’il n’a pas quitté depuis le début de la guerre. Jusqu’à ce que l’armée arrive. « Moi, mon frère, mon beau-frère, nos femmes et nos enfants étions assis dans notre maison comme n’importe quelle famille. Soudain, on a entendu des chars, puis, très vite, des soldats sont entrés chez nous. » Les hommes sont mis d’un côté, les femmes de l’autre. Le début du calvaire pour Muhammad et les siens.

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

     

    Muhammad Abu Musa a été roué de coups lors de séances de tortures pratiqués par l’armée israélienne.

    On les fait se déshabiller immédiatement, histoire de les humilier. « Pendant les quatre premiers jours, les soldats israéliens nous ont laissés dans le froid alors que la pluie tombait dru », se souvient-il avec encore un tremblement dans la voix.

    À ce moment-là, il ne sait pas ce qui va lui arriver. D’autant que les coups tombent, dru, eux aussi. Le tabassage est incessant, accompagné des pires insultes. Lui et ses compagnons d’infortune sont ensuite transférés dans une prison, sans doute en territoire israélien, mais le jeune homme est incapable de situer l’endroit.

    Là, on lui donne une espèce de survêtement léger qu’il ne quittera plus et qu’il porte encore. Il n’a plus rien. Chez lui, tout a été dévasté par la soldatesque. « Même les animaux ne sont pas traités comme ils l’ont fait avec nous », dénonce-t-il. Il parle des coups donnés avec la crosse des fusils puis avec le canon quand ce n’était pas avec des tuyaux en fonte. Résultat, Muhammad a plusieurs côtes cassées et des stigmates sur tout le corps.

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    Les côtes cassées de Muhammad Abu Musa, après avoir été torturé par l’armée israélienne.

    Les séances d’interrogatoire qu’il décrit sont terribles. « Ils nous faisaient dormir sur du gravier qui nous déchirait le ventre. Nous n’avions pas le droit de changer de position. Ils mettaient leurs pieds sur notre corps et sur notre tête, demandaient où était la résistance, où étaient les otages. Quand je répondais “je ne sais pas”, ils me battaient sévèrement en me piétinant encore la tête, en me frappant avec leurs armes et leurs tuyaux qui me brisaient le corps. » Les premiers jours de détention, interdiction d’aller aux toilettes. « Pissez sur vous ! » leur ordonnaient les soldats. Ensuite, ils y avaient droit une fois tous les deux jours. Comme pitance, un morceau de pain et du fromage. Parfois une boîte de thon.

    Pendant tout ce temps, ses yeux étaient bandés – « si on bougeait le bandeau, ils menaçaient de nous tuer » – et ses mains attachées si fortement que ses poignets ont été entaillés. Libéré au bout de deux semaines, il lui faudra encore marcher deux kilomètres avant de retrouver le Croissant-Rouge et rejoindre l’hôpital al-Najjar. Muhammad pleure et essaie de cacher ses larmes. « Même dans mes pires cauchemars, je n’aurais pensé vivre des moments pareils. Tout mon corps me fait mal. » Muhammad en tremble encore.

    « Ils nous ont uriné dessus » : Mahmoud Hussein Salem, 25 ans, emprisonné 6 jours

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    Mahmoud Hussein Salem, 25 ans.

    Seuls ses cheveux d’un noir de jais trahissent sa jeunesse. Les joues de Mahmoud Hussein Salem, 25 ans, sont creuses et son corps maigre. Sa main est enflée. Très enflée. La trace de son passage dans les griffes de l’armée israélienne.

    À la fin du mois dernier, face au danger et aux explosions quotidiennes, sa famille décide, comme beaucoup d’autres, de quitter le quartier d’Al-Amal, à Khan Younès, pour se rendre à l’hôpital al-Aqsa. Ses parents considèrent qu’il s’agit d’un établissement de santé et que les soldats israéliens n’y entreront pas. Las, la suite a montré que c’était une erreur. Dans la bande de Gaza, tout est ciblé, rien n’est respecté. Pas plus les hôpitaux que les écoles, les universités, les sites culturels ou les édifices religieux.

    « Même les animaux ne sont pas traités  comme ils l’ont fait avec nous » : des  Gazaouis racontent les sévices infligés par  l’armée israélienne

    Mahmoud Hussein Salem porte sur ses mains les stigmates des tortures qu’il a subies de la part de l’armée israélienne.

    Ce jour-là, Mahmoud Hussein Salem se trouvait justement dans l’enceinte de l’hôpital al-Aqsa lorsque, soudain, les uniformes kakis israéliens sont apparus. « Ils nous ont crié d’approcher en arabe. Ils nous ont fait enlever tous nos vêtements, nous ont attachés et, les yeux bandés, traînés dans une zone voisine. » Ils ont tous été battus puis laissés allongés, sur le ventre, en plein air pendant deux jours.

    Revêtu de « vêtements en Nylon qui ressemblaient à un sac », il est ensuite transféré dans un autre endroit. « Ils m’ont jeté, avec les autres, dans la benne d’un camion et nous ont uriné dessus. » Arrivé à destination, Mahmoud Hussein est de nouveau frappé. Là, les soldats pratiquent des simulacres d’exécution, accusant les prisonniers palestiniens d’avoir tiré sur eux. Puis, entre deux interrogatoires, les séances de tabassage reprennent. « Ils nous poussaient sans cesse des questions sur les otages et sur le Hamas. Alors que nous étions attachés et les yeux bandés, ils s’approchaient de nous et menaçaient de lâcher les chiens. »

    Dans le bâtiment transformé en prison, ils sont une centaine à être entassés dans une pièce de moins de 100 m2. « Je n’ai pas utilisé les toilettes pendant quatre jours. Nous dormions collés les uns aux autres pendant quelques heures seulement, puis les soldats venaient nous marcher dessus et nous forçaient à rester sur le ventre, nus. »

    SOURCE : « Même les animaux ne sont pas traités comme ils l’ont fait avec nous » : des Gazaouis racontent les sévices infligés par l’armée israélienne - L'Humanité (humanite.fr)Haut du formulaire

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    À Marseille, Gaza fait écho

    à l’histoire du racisme anti-arabe

    Dans les années 1970, la mobilisation des travailleurs immigrés pour la Palestine a été importante dans la cité phocéenne. En 1973, cette ville a aussi été l’épicentre d’une vague de criminalité raciste sans précédent. Aujourd’hui, alors que la municipalité de gauche maintient son soutien à l’UNRWA, les initiatives s’inscrivent dans la mémoire collective anticoloniale d’une partie des Marseillais.

    À Marseille, Gaza fait écho à l’histoire du racisme anti-arabe

    Le 16 décembre 1973, des milliers de personnes accompagnent les dépouilles des Algériens victimes de l’attentat à la bombe du 14 décembre 1973 contre le consulat d’Algérie à Marseille revendiqué par le Groupe Charles Martel. STF/AFP

    Une histoire qui se répète, ou plutôt se reflète. C’est ce que l’on saisit en filigrane de l’engagement pour la Palestine de nombreux jeunes Français issus de l’immigration. À Marseille, Dalal, 23 ans, descend chaque semaine dans la rue pour demander un cessez-le-feu : « J’ai été très tôt sensibilisée par ma famille à la cause palestinienne, mes grands-parents et arrières grands-parents ayant vécu sous le joug colonial français ». Tout comme Sarah, étudiante algérienne à la faculté de droit d’Aix-Marseille, qui lie son soutien à son histoire personnelle et se dit « très sensible aux questions de lutte indépendantiste et de libération des peuples en raison de l’histoire de l’Algérie ».

    Mi-novembre 2023, les manifestations en soutien à Gaza essaiment les rues de Marseille depuis plus d’un mois quand des étudiants décident de lancer le Comité étudiant Palestine. Une initiative qui coïncide dans la cité phocéenne avec les cinquante ans d’une page sombre de l’histoire française. En 1973, une vague de meurtres racistes cible les immigrés maghrébins, noyés, tués à l’arme blanche, ou battus à mort. La ville devient l’épicentre d’une « chasse à l’Arabe », comme nommera rétrospectivement Le Monde cette période de meurtres en série qui fit une cinquantaine de victimes en France, dont au moins 17 dans la région. Une flambée de violences qui intervient au terme d’années de diabolisation de la figure de l’Arabe.

    Car le racisme est une histoire française qui s’accorde aux contrecoups du conflit au Proche-Orient. Dès la guerre de juin 1967, l’opinion publique rejette dans sa grande majorité les puissances arabes opposées à Israël dans la région. Aux avant-postes du soutien écrasant à Israël, des associations de pieds-noirs rapatriés d’Algérie instrumentalisent le conflit pour attaquer les immigrés arabes en France.

    MÉMOIRES COLONIALES

    « En France, le fait que la parole coloniale n’ait jamais été dite joue beaucoup dans le soutien occidental à Israël. Pour les Occidentaux, Israël est un exemple réussi de reconquête coloniale ». Depuis le 7-Octobre, Pierre Stambul, porte-parole de l’Union juive française pour la paix (UJFP), multiplie les interventions en soutien à la Palestine. Il clame son antisionisme comme prolongement de ses convictions anticoloniales. Le 16 octobre 2023, la militante gazaouie du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) Mariam Abou Daqqa quitte son appartement à Marseille quand elle est arrêtée par la police à la gare Saint-Charles. « On assiste à une criminalisation de la Palestine par l’État français », s’insurge Pierre Stambul.

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    Fils de Yakov Stambul, résistant et rescapé juif du groupe Manouchian déporté à Buchenwald, survivant des camps, sa parole jaillit régulièrement des manifestations en soutien à la cause palestinienne à Marseille. Pour lui, mal nommer les choses ajoute au malheur de Gaza :

    Ce n’est pas une guerre raciale, ni communautaire ni religieuse, mais coloniale. Et nous faisons face à un colonialisme particulier, puisque le colonialisme sioniste n’a jamais visé à exploiter l’indigène mais à l’expulser et à le remplacer.

    Le colonialisme est une histoire partagée entre Israël et la France. Les mémoires à vif héritées du règlement de la « guerre d’Algérie » ancrent le conflit israélo-arabe dans le débat français dès la guerre de juin 1967. Elle « correspond à l’un des moments les plus stupéfiants de l’histoire des passions françaises (…). Un véritable vent de folie s’est alors levé sur le pays, saisi par un déchaînement de haine anti-arabe qui n’allait pas retomber de sitôt ».

    En amont de la guerre de juin 1967, les comparaisons entre Gamal Abdel Nasser et Hitler se multiplient. Ainsi que les manifestations en soutien à Israël. À gauche, comme au Parti communiste, on s’inquiète du caractère anti-arabe qu’elles prennent. Sur les Champs-Élysées, différentes organisations de rapatriés d’Algérie « fournissent d’amples contingents » pour klaxonner sur les cinq notes le slogan « Al-gé-rie fran-çaise » rebaptisé « Is-ra-ël vain-cra ». Selon un sondage SOFRES d’octobre 1967, 44 % des personnes interrogées se considèrent plus fortement hostiles envers les Arabes qu’envers les juifs, contre 3 %.

    RANCUNES D’APRÈS-GUERRE

    À Marseille en particulier, les fractures identitaires qui survivent au conflit algérien nourrissent la haine contre l’immigré et cristallisent les mémoires coloniales françaises. Ainsi le 7 septembre 1972, le quotidien marseillais Le Méridional qualifiait, en réaction à l’attentat de Munich, l’immigration algérienne de « gangrène ». La veille, un commando de l’organisation palestinienne Septembre noir avait pris en otage la délégation israélienne aux Jeux olympiques, à l’issue de quoi 11 de ses athlètes seront tués. Un an plus tard, un épisode de violences racistes sans précédent marquera la France.

    Dès sa création en octobre 1972 par des anciens de la Waffen-SS, le Front national de Jean-Marie Le Pen s’attelle à séduire l’électorat pied-noir. En 1973, lors des élections législatives, son programme propose d’indemniser les rapatriés d’Algérie tout en dénonçant les Accords d’Évian. À Marseille, son candidat Roland Soler, ancien membre de l’Organisation armée secrète (OAS), prétend porter la voix des 100 000 pieds-noirs que compte la ville. Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, l’afflux des rapatriés Français d’Algérie et des travailleurs immigrés font de la cité phocéenne l’épicentre des flux migratoires en France. En 1973, des statistiques du ministère de l’intérieur font état d’un million deux cent mille Maghrébins en France dont environ 18 % dans le sud-est.

    À l’époque, le mythe du retour s’éloigne pour beaucoup d’entre eux qui finissent par s’installer en France. Un mouvement qui coïncide avec Mai 68 et le climat de révolution anti-impérialiste qui oriente les luttes de classe, notamment en France. Après la défaite arabe de juin 1967, la cause palestinienne s’ancre à gauche« Encouragée par ce souffle international, la résistance palestinienne se voudra l’alternative aux échecs du nationalisme arabe nassérien (…) et véhiculera une idéologie révolutionnaire universalisante ».

    En 1970, des Comités Palestine s’organisent au lendemain des massacres de « Septembre noir » contre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en Jordanie. Des militants immigrés se saisissent de l’événement pour unir leurs revendications. À Marseille, le comité local est pourchassé par les forces de police, convaincues de trouver parmi leurs militants une cellule clandestine du FPLP. Le soutien à la cause palestinienne par les immigrés est appréhendé par les autorités françaises comme un trouble à l’ordre public. L’expérience des Comités Palestine dure deux ans, avant leur intégration dans le nouveau Mouvement des travailleurs arabes (MTA) en 1972 : « C’était une manière de prendre acte de la transformation de la nature même de notre action, qui a dépassé le soutien aux Palestiniens pour devenir presque entièrement centrée sur la problématique des droits et de la lutte contre le racisme », avance Driss El-Yazami, alors étudiant marocain à Marseille.

    L’ENGRENAGE DE VIOLENCES

    Mais en 1973, c’est l’escalade. Le 25 août, en plein centre-ville de Marseille, un chauffeur de bus est tué par un déséquilibré d’origine algérienne. Le lendemain, le rédacteur en chef du Méridional, Gabriel Domenech, signe un éditorial qui fera date : « Assez des voleurs algériens, assez des casseurs algériens, assez des fanfarons algériens, assez des trublions algériens, assez des syphilitiques algériens, assez des violeurs algériens (…) ».

    Le 28 août 1973, l’assassinat de Ladj Lounès, 16 ans, abattu de trois balles, provoque une grève générale des travailleurs immigrés à l’initiative du MTA. C’est sur son cercueil, rapatrié en Algérie depuis la gare maritime de la Joliette, que l’appel est lancé. Entre août et décembre 1973, une cinquantaine d’agressions et 17 meurtres d’immigrés algériens sont comptabilisés dans la région, informations brièvement évoquées dans les pages des faits divers de la presse locale : « En une ou deux lignes, il est seulement question de crânes fracturés, de morts par balles ou à coups de hache, de coups de feu tirés depuis des voitures, de noyés retrouvés dans le Vieux-Port (…) ».

    Les violences sont si graves que le président algérien Houari Boumédiène décide de suspendre les départs des travailleurs : « Si la France ne veut pas de nos ressortissants, qu’elle nous le dise, nous les reprendrons ! » Le 14 décembre, un attentat revendiqué par le Groupe Charles Martel vise le consulat d’Algérie à Marseille. Le bilan est de 4 morts et 16 blessés. Mais l’antiracisme politique hérité de la mobilisation pour la Palestine est déjà ancré dans l’expérience politique des immigrés arabes en France. En 1974, le sujet du vote des immigrés est notamment posé lors du premier congrès des travailleurs étrangers à Marseille.

    LUTTES EN MARCHE

    La création de l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) en 1982 marque une étape dans l’approche politique de la question de l’immigration. À l’origine nommée Association des Marocains en France (AMF), fondée par Mehdi Ben Barka, elle prend acte de l’abrogation du décret de 1939. À l’époque la création d’associations dites « étrangères » se fait sur une base nationale et reste subordonnée à l’autorisation du ministre de l’intérieur. Les immigrés de nationalités différentes pouvaient difficilement s’unir au sein d’une même organisation. Une barrière que les Comités Palestine puis le MTA ont contribué à commencer de lever.

    Mais à l’heure des 40 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, partie de Marseille le 15 octobre et arrivée en fanfare à Paris le 3 décembre 1983, le bilan des luttes antiracistes convoque une mémoire coloniale encore étouffée. La gauche socialiste s’inquiète alors des revendications portées par des jeunes de banlieues arborant le keffieh palestinien. Pour Antoine, 20 ans, étudiant en cinéma à Marseille, « les raisons des violences, physiques ou institutionnelles, qui sont perpétuées sur les immigrés et descendants d’immigrés sont liées idéologiquement au soutien (français) apporté à un État génocidaire ». Dalel pointe pour sa part les récentes « interdictions de manifester début octobre qui s’inscrivent dans le continuum colonial français ».

    Ce que montre tristement la participation du Rassemblement national (RN) et de Reconquête ! à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023 à Paris, Éric Zemmour ne lésinant pas devant les micros des chaînes d’info en continu sur les prétendus dangers de « l’immigration venue des contrées musulmanes » qui entretiendrait l’antisémitisme en France.

    Lundi 5 février 2024, plus d’une semaine après l’annonce par un certain nombre de pays de leur suspension à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Benoît Payan, le maire (ex-socialiste) de Marseille, déclarait maintenir les 80 000 euros d’aide de la ville à l’UNRWA. L’agence onusienne avait révélé fin janvier avoir licencié 12 employés accusés d’être impliqués dans les attaques du Hamas du 7-octobre. À l’origine de ces allégations, Israël refuse néanmoins de partager avec l’organisme ses éléments de preuves. Une pétition avait invité l’édile marseillais à ne pas participer à une « punition collective » pour Gaza. Message reçu, contrairement à plusieurs pays occidentaux dont les États-Unis.

    À Marseille, Gaza fait écho à l’histoire du racisme anti-arabe

    SOPHIE BOUTIÈRE-DAMAHI

    Journaliste indépendante basée à Marseille, spécialisée dans les problématiques du bassin méditerranéen avec un œil sur l’Afrique du Sud. 

     


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  • La gauche appelle à saisir la Cour pénale internationale pour prévenir un « risque  de génocide » à Gaza

    La gauche appelle à saisir la Cour pénale internationale pour prévenir un « risque  de génocide » à Gaza

     La gauche appelle à saisir la Cour pénale internationale pour prévenir un « risque  de génocide » à Gaza

    La gauche appelle à saisir la Cour pénale internationale pour prévenir un « risque  de génocide » à Gaza

    La gauche appelle à saisir

    la Cour pénale internationale

    pour prévenir un « risque

    de génocide » à Gaza

     

    Les communistes, écologistes et insoumis alertent sur la situation actuelle dans l’enclave palestinienne. Ils ont présenté, mercredi, une proposition de résolution pour que la France saisisse la Cour pénale internationale.

    La gauche appelle à saisir la Cour pénale internationale pour prévenir un « risque  de génocide » à Gaza

    Des familles palestiniennes fuient Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, en empruntant la route côtière vers Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 février 2024.© Naaman Omar/ZUMA-REA

    « Nous sommes dans l’urgence pour arrêter les morts. » Soixante-six députés communistes, insoumis et écologistes ont déposé, le 5 janvier, à l’Assemblée nationale, une proposition de résolution visant à saisir la Cour pénale internationale (CPI) afin de prévenir un « risque de génocide » et pour enquêter sur les crimes de guerre commis par le Hamas le 7 octobre 2023.

    Alors que l’Afrique du Sud a saisi, en décembre, la Cour internationale de justice (CIJ) d’une requête visant Israël pour « actes de génocide » dans la bande de Gaza, Elsa Faucillon, députée PCF des Hauts-de-Seine, insiste : « Le dépôt de cette résolution, c’est un appel aux actes pour la FranceNous sommes inquiets face aux risques génocidaires, à Gaza, à Rafah et dans toute la Palestine. L’urgence est de pousser notre pays à agir pour stopper le carnage qui est en cours. »

    En octobre, le procureur de la CPI, Karim Khan, avait déjà exhorté les États, depuis Le Caire, à respecter les « principes du droit international » et « à partager les éléments de preuve concernant toute allégation de crime afin que nous puissions enquêter comme il se doit sur ces crimes présumés et en poursuivre les auteurs le cas échéant ». Depuis 2014, la CPI mène des enquêtes sur la situation en Palestine.

    Réagir très vite

    « Depuis l’ordonnance de la CIJ (le 26 janvier – NDLR), avec le risque génocidaire, la France doit mettre en œuvre des mesures dissuasives pour éviter que ce crime de génocide n’advienne, s’il n’est pas déjà en cours. Saisir la CPI est une mesure dissuasive. Si la France ne la saisit pas, elle devient d’une certaine manière complice des crimes commis à Gaza », assure Sabrina Sebaihi, députée écologiste des Hauts-de-Seine, lors d’une conférence de presse, ce mercredi. « Il y a besoin de rappeler à nos dirigeants que la situation est d’une terrible urgence », déplore Elsa Faucillon.

    « La Cour pénale internationale a des possibilités d’agir, de récolter des preuves et c’est absolument nécessaire. Mais elle peut aussi sanctionner et identifier les responsables », rappelle la communiste, selon qui « faire justice est essentiel ». Encore faut-il pouvoir acquérir des preuves. Plusieurs dizaines de journalistes palestiniens sont morts depuis le mois d’octobre et de nombreux autres ont vu leur matériel détruit.

    « La préservation des preuves doit être assurée de façon urgente. Or, à Gaza, les journalistes sont spécifiquement ciblés pour empêcher toute documentation », indique la proposition de résolution. La CPI mène une investigation à ce propos, suite à une plainte de Reporters sans frontières. « Il faut réagir très vite. Un cessez-le-feu est nécessaire. Mais il faut également lancer rapidement l’enquête. Pour récolter les preuves, les bombes doivent s’arrêter », conclut Elsa Faucillon.

    SOURCE : La gauche appelle à saisir la Cour pénale internationale pour prévenir un « risque de génocide » à Gaza - L'Humanité (humanite.fr)

     


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    Francesca Albanese, le lobby sioniste

    et la politique sélective des victimes

     Francesca Albanese, le lobby sioniste et la politique sélective des victimes

    Elle s’appelle Francesca Albanese, elle est l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour les territoires palestiniens. Elle vient d’être interdite d’entrée en Palestine Occupée par le régime sioniste. 

    La raison de cette interdiction est simple, elle a répondu au président français Emmanuel Macron dans une publication postée sur son compte X, anciennement Twitter «le plus grand massacre antisémite de notre siècle ? non. Les victimes du 7 octobre n’ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réaction de l’oppression d’Israël. La France et la communauté internationale n’ont rien fait pour l’empêcher. Mes respects aux victimes».

     Francesca Albanese, le lobby sioniste et la politique sélective des victimes

    Le président français Emmanuel Macron oublie de facto les génocides de l’entité sioniste perpétré contre les Palestiniens depuis 1947, dont l’actuel qui se déroule dans la bande de Gaza. Il a de facto oublié les génocides de son pays colonial perpétré contre le peuple algérien durant 132 ans de colonisation. Une colonisation qu’il a lui-même qualifié de «crimes contre l’humanité» avant de faire marche-arrière et obéir aux diktats des nostalgiques de la colonisation et de l’Algérie française. Et ce n’est pas son prédécesseur François Hollande qui vient de se verser dans la victimisation sélective, qui va nous contredire.

    D’ailleurs, ce n’est pas étonnant si les instruments de la propagande sioniste se réactivent pour diaboliser l’envoyée spécial du SG de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés à l’instar de l’UNRWA, accusée de tous les maux et mots pour justifier les tueries sionistes perpétrées contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza.

    Parmi les instruments de l’entité sioniste, il y a le Forum juridique international (International Legal Forum), avec son réseau de plus de 4000 avocats qui vient d’écrire ce lundi 12 février à Antonio Guterres pour exiger la démission de Francesca Albanese, pour avoir répondu au locataire de l’Elysée.

    Attendons pour voir si Macron rendra hommage aux victimes algériennes des essais nucléaires dont celles du 13 février 1960, et celles du 8 mai 1945, date de la victoire du «monde libre» contre le nazisme et le fascisme.

    SOURCE : Francesca Albanese, le lobby sioniste et la politique sélective des victimes (reseauinternational.net) 

    64 ans après son premier essai nucléaire

    en Algérie, la France refuse d’indemniser

    les victimes

     Francesca Albanese, le lobby sioniste et la politique sélective des victimes

    Photo de la bombe atomique " Gerboise bleue " remplacée par Michel Dandelot

    Il y a 64 ans jour pour jour, la France a déclenché une explosion nucléaire dans le Sahara. Elle a été suivie par une série d’autres essais jusqu’en 1966, et ce alors même que l’Algérie a accédé à l’indépendance en 1962. Sputnik Afrique revient sur ce dossier très sensible qui empoisonne encore aujourd’hui la relation entre Paris et Alger. 

    Le 13 février 1960, dans le cadre de l’opération baptisée Gerboise bleue, la France a réalisé son tout premier essai nucléaire dans le désert du Sahara, à Reggane.

    L’explosion a atteint une puissance d’environ 60 à 70 kilotonnes, soit quatre fois celle d’Hiroshima, au Japon.

    En 1962, l’Algérie a obtenu son indépendance, mettant fin à la colonisation française. Toutefois, Paris a continué ses essais pendant plusieurs années après cette date.

    Entre 1960 et 1966, la France a effectué 17 autres expérimentations nucléaires: 4 explosions aériennes dans la région de Reggane et 13 explosions souterraines à In Ecker.

    À l’époque, les forces d’occupation françaises ont prétendu que les essais avaient eu lieu dans des zones inhabitées, alors qu’elles comptaient plusieurs milliers de civils.

    Le bilan total des explosions nucléaires françaises entre 1960 et 1966 en Algérie est de 600 kilotonnes, soit plus de 46 fois la bombe d’Hiroshima et plus de 28 fois celle de Nagasaki.

    Des quantités importantes de plutonium ont été dispersées sur des milliers d’hectares.

    L’armée française a utilisé 150 cobayes algériens lors de l’explosion de la bombe «Gerboise blanche», 101 autres cobayes algériens pour «Gerboise rouge» et enfin 195 cobayes français pour «Gerboise verte». Les éléments d’une unité militaire française ont été également utilisés comme cobayes dans «l’Opération Pollen».

    Les habitants de ces régions souffrent toujours des séquelles des explosions, avec le recensement chaque année de plusieurs cas de cancer, de malformations congénitales et de stérilité.

    Les essais nucléaires ont également causé des dommages environnementaux importants, contaminant les sols et les nappes phréatiques de la région.

    Six accidents majeurs ont été répertoriés entre 1962 et 1965 : deux à Reggane et quatre à In Ecker. Huit autres essais souterrains au Tan Affela ont provoqué des fuites de gaz radioactifs de moindre importance.

    Le fait le plus marquant s’est produit le 1er mai 1962, lors de l’explosion souterraine répertoriée sous le nom de code Béryl. C’est le premier accident nucléaire, surnommé Tchernobyl 1 par les experts. La puissance de la bombe était de 30 kilotonnes et les parois de l’enceinte de confinement ont cédé. Une lave radioactive s’est formée et s’est répandue sur un rayon de 300 mètres, libérant un nuage radioactif qui a franchi la frontière algérienne avec la Libye. Pas moins de 2000 civils et militaires, qui ont aussi assisté à l’explosion, et des habitants de la région ont été contaminés. Actuellement, cette région est gravement affectée par les déchets radioactifs, ce qui a un impact sur la santé de ses habitants.

    Les autorités algériennes n’ont obtenu aucune carte ou plan des sites d’enfouissement des matériaux radioactifs pour procéder à une décontamination.

    La seule carte concernant la première explosion atmosphérique, «Gerboise bleue», déclassifiée il y a dix ans, montre au moins 26 pays africains contaminés. Même le sud de l’Europe, à savoir les côtes espagnoles et la Sicile ont vu arriver le nuage radioactif.

    Paris n’a pas non plus versé de compensations aux victimes algériennes ni à leurs familles, malgré le vote en 2010 d’une loi qui prévoit de dédommager les victimes des essais nucléaires français. Depuis, une seule victime «habitant en Algérie» a pu obtenir réparation.

    Les Algériens «attendent une reconnaissance totale de tous les crimes commis par la France coloniale», a déclaré à la presse le chef d’État Abdelmadjid Tebboune. Il a insisté sur l’obligation pour la France de «nettoyer les sites des essais nucléaires» et de soigner ses victimes.

    Vu l’impossibilité pour l’Algérie d’assumer seule la tâche de décontamination d’un territoire s’étalant sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés, la nécessité d’une coopération internationale est indiscutable. Par exemple, le Royaume-Uni, qui a mené des essais nucléaires en Australie, a par la suite décontaminé certaines régions, tout en indemnisant les victimes.

    SOURCE : 64 ans après son premier essai nucléaire en Algérie, la France refuse d’indemniser les victimes (reseauinternational.net) 

     


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    Les stèles juives profanées sont des actes antisémites, je suis d’accord, mais je pose cette question : j’ai appris hier qu’à Gaza l'armée d'Israël détruisait les cimetières palestiniens depuis de nombreuses années, comment peut-on appeler ces actes ?

    Pour moi il ne doit pas y avoir : deux poids deux mesures, les cimetières juifs et musulmans et j’ajoute chrétiens doivent être préservés de l’antisémitisme, du racisme,  du terrorisme et  du colonialisme.

    Michel Dandelot

     

    Antisémitisme : des stèles juives dégradées

    dans un cimetière militaire de l’Oise

     Antisémitisme : des stèles juives dégradées dans un cimetière militaire de l’Oise

    Nécropole militaire allemande de Moulin-sous-Touvent (photo d’illustration). AD OISE STEPHANE VERMEIREN

    Dix stèles juives ont été profanées dans un cimetière militaire de l’Oise, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 novembre 2023. Une enquête a été ouverte pour violation de sépultures.

    Au cimetière militaire allemand de la Première Guerre mondiale d’un village de l’Oise, des stèles juives ont été profanées, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 novembre. Certaines ont été renversées, d'autres brisées. Pour Maximilian Hiebinger, président de l’association des Souterrains allemands de Puisaleine et des environs (ASAPE 14-18), les motivations des vandales ne font aucun doute : "C’est un acte antisémite." La maire du village, Anne Brocvielle, se dit "écœurée""Je ne comprends pas du tout cet acte. Je ne le pardonne pas", précise-t-elle.

    "C’est vraiment douloureux"

    Les dégradations concernent dix tombes. Parmi elles, se trouve celle du grand-oncle du député israélien Alon Schuster. Averti jeudi matin, il dit être bouleversé par cet acte : "Ça m’a ému et ça m’a fait mal. C’est vraiment douloureux." L’année dernière, il s’était rendu en France pour venir rendre hommage à son ancêtre. Une enquête pour violation de sépultures a été ouverte par le parquet de Compiègne (Oise). Aucun suspect n’a été interpellé pour le moment.


     

    Gaza : comment l'armée d'Israël détruit

    les cimetières palestiniens

     

     Antisémitisme : des stèles juives dégradées dans un cimetière militaire de l’Oise

    Un cimetière de Gaza profané

    Depuis le début de son offensive contre le Hamas, Tsahal a lâché quelque 29000 bombes sur les 360 kilomètres carrés de la bande de Gaza, détruisant ou endommageant près de la moitié des bâtiments. Dans ce paysage de ruines, plusieurs vidéastes gazaouis ont commencé à filmer fin décembre 2023 des destructions jusque-là peu documentées, celle des cimetières. Leurs images montrent des tombes réduites en gravats, des caveaux ouverts et, parfois, des restes humains laissés à l’air libre. Le Monde a analysé des images satellites de l’enclave prises entre le 8 octobre 2023 et le 20 janvier. Elles montrent que, sur les 45 cimetières répertoriés dans la bande de Gaza, 22 ont été endommagés ou totalement rasés, soit la moitié. Si l’armée israélienne justifie ses opérations par l’omniprésence du Hamas dans l’enclave et la recherche des otages ou de leurs dépouilles, ces destructions pourraient constituer une atteinte au droit humanitaire international. Ce dernier prévoit une protection des civils, qui peuvent se recueillir dans les cimetières, mais aussi des morts et de leur dignité. Depuis le 7 octobre, l’opération militaire israélienne a tué 25 700 Palestiniens, selon le ministère de la santé du Hamas. Ce bilan n’a pas pu être vérifié de manière indépendante.


     


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     Israël a profané la tombe de mon grand-père

    Même pendant la seconde guerre mondiale les «  boches »  n’ont pas détruit des tombes, je lis : Pendant la Seconde Guerre mondiale, les tombes elles-mêmes n’étaient pas spécifiquement ciblées par les bombardements ou les destructions. Mais l’armée du criminel de guerre Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite le fait… Cela va se payer très cher un jour !!! Cela s’appelle du fascisme… N’en déplaise à tous ceux qui soutiennent ces exterminateurs.

    Michel Dandelot 

     

    Israël a profané la tombe

    de mon grand-père

     

     Israël a profané la tombe de mon grand-père

    Un cimetière de Gaza profané (photo ajouté par Michel Dandelot) en provenance du site Courrier International

    Israël commet des crimes odieux à Gaza depuis le début de la guerre actuelle. Parmi ces crimes, il y a l’invasion des cimetières et la profanation des tombes.

    À un moment où Israël avait imposé une coupure d’Internet et des communications, son armée a récemment conduit des chars dans la zone à l’ouest de Khan Younis, au sud de Gaza.

    Le complexe médical Nasser est situé dans cette zone. Beaucoup de mes proches sont enterrés dans un cimetière voisin.

    Pendant la panne d’Internet, nous comptions sur la radio pour nous informer. C’est ainsi que nous avons été informés que l’armée israélienne avait creusé et rasé des tombes au bulldozer.

    Quand ma mère a appris cette nouvelle, elle nous a rappelé que des membres de sa famille avaient été enterrés dans le cimetière en question.

    Mon frère s’y est rendu et a vu qu’Israël avait détruit les tombes de mon grand-père et de ma grand-mère. Nous avons beaucoup pleuré quand nous avons appris cela.

    Ragheb, mon grand-père, est mort il y a presque exactement deux ans. Il détestait beaucoup les guerres.

    Chaque fois que nous subissions une attaque majeure, il essayait de nous dire que les jours difficiles passeraient. Il nous apporterait son soutien.

    Malgré sa grande patience, les précédentes guerres d’Israël contre Gaza ont affecté sa santé mentale.

    Pendant la guerre actuelle, j’ai dit à ma mère que mon grand-père aurait été extrêmement triste s’il était encore en vie et témoin des horreurs infligées à Gaza.

    Les personnes âgées souffrent terriblement d’être déplacées et de la peur des bombardements.

    Il est douloureux de voir la tombe d’un être cher détruite. On a l’impression qu’Israël efface tout ce qui concerne le peuple de Gaza.

    La guerre contre les morts ?

    S’agit-il maintenant d’une guerre contre les morts, ainsi que contre les vivants ?

    Il n’y a pas de combattants dans les cimetières. Ou n’importe quelle personne vivante.

    La perte de tombes ajoute au chagrin de Gaza.

    L’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme a accusé Israël de cibler la plupart des cimetières de Gaza.

    Ces attaques violent le droit international, qui exige que les morts soient respectés en temps de guerre.

    Khaled al-Sir, 55 ans, est un habitant de Khan Younis

    Après une nuit de violence intense – principalement dirigée contre le complexe médical Nasser et ses environs – Israël a retiré ses chars de la zone attaquée. Dans la matinée, al-Sir est allé vérifier l’état d’un cimetière local.

    « Nous avons constaté que les tombes avaient été détruites », a-t-il dit. « Certains d’entre eux n’avaient plus de corps à l’intérieur. L’armée israélienne les avait volés.

    « J’ai vu un jeune homme pleurer à côté du cimetière parce qu’il n’arrivait pas à trouver la tombe de sa mère », a ajouté al-Sir.

    « Il a dit qu’il avait l’habitude de venir visiter sa tombe tous les jours et de lui raconter sa journée, ce qui le rendait heureux et ce qui l’attristait. Cela soulagea son chagrin pour elle. Comment peut-il se rendre sur sa tombe maintenant qu’elle n’en a pas ?

    Raeda Salama, 35 ans, a été choquée d’apprendre que la tombe de son père avait été attaquée.

    « Ma mère a beaucoup pleuré quand elle a appris que la tombe de mon père avait été détruite », a déclaré Salama. « C’était comme s’il était mort à nouveau. »

    « Elle avait l’habitude d’aller lui rendre visite tous les mois, de lui faire des bonbons et de les distribuer aux gens du cimetière, en leur demandant de prier auprès de mon père. En détruisant sa tombe, l’occupation israélienne lui interdit désormais de lui rendre visite.

    SOURCE : Israël profané la tombe de mon grand-père | L’Intifada électronique (electronicintifada.net) 

     


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    Alain Ruscio m’écrit :

    Alain Ruscio m’écrit

    Bonjour Michel
    Une info sur mon dernier livre, écrit à quatre mains avec le regretté Marcel Dorigny
    1/ L’annonce
    2/ Une présentation au Centre culturel algérien le 23 février
    3/ Un passage sur le journal de France 3, le 9 février
    Amicalement
    Alain
     

     

     

     


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    Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza

    Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza

    Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza

    Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza

    Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza

     

    Hind Rajab, morte à 6 ans :

    une tragédie « ordinaire »

    de la guerre à Gaza

    La dépouille de la fillette a été retrouvée, samedi, près de deux semaines après son SOS lancé en pleine opération militaire israélienne dans la ville de Gaza et alors que sa famille venait d’être tuée dans la voiture où elle se trouvait.

    Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza

    Hind Rajab, 6 ans, a été retrouvée morte à Gaza, le 10 février 2024.
    © AFP PHOTO / FAMILY HANDOUT

    « Venez me chercher. J’ai tellement peur, s’il vous plaît, venez» Seule, blessée et coincée au milieu des tirs et des cadavres de ses proches, la petite fille avait imploré durant des heures les secours. Puis le silence.

    Le corps de Hind Rajab, une Palestinienne de 6 ans, a été retrouvé samedi, à Gaza. « Hind et tous ceux qui se trouvaient dans la voiture ont été tués, a déclaré à l’AFP son grand-père, Baha Hamada. Ils ont été retrouvés par des membres de (notre) famille qui sont allés à la recherche de la voiture et l’ont trouvée près de la station-service. »

    Il y a deux semaines, la gamine, seule survivante de sa famille, lançait son SOS en pleine opération de l’armée israélienne dans la ville de Gaza. La voiture dans laquelle elle se trouvait venait de croiser le chemin d’un char israélien.

    « Pendant plus de trois heures, la fillette a désespérément imploré nos équipes de venir la sauver de ces chars (israéliens) qui l’entouraient, subissant les tirs et l’horreur d’être seule, prisonnière, au milieu des corps de ses proches tués par les forces israéliennes », a relaté le Croissant-Rouge palestinien (PRCS). Son grand-père est le dernier à avoir entendu le son de sa voix, lors d’un échange téléphonique. « Elle était terrifiée et elle était blessée au dos, à la main et au pied », avait-il raconté à l’AFP.

    L’ambulance qui devait la soigner prise

    pour cible

    Le PRCS avait alors dépêché deux secouristes, dont on était sans nouvelles également. Samedi matin : leurs dépouilles ont également été retrouvées dans leur ambulance, tout près de la voiture dans laquelle a succombé Hind Rajab, a annoncé dans un communiqué l’organisation, qui a également accusé « les forces d’occupation » (israéliennes) de les avoir « délibérément visés », ce « alors que lambulance avait été autorisée à aller sur place » pour secourir l’enfant. Les photos de l’ambulance calcinée ont été publiées sur les réseaux sociaux.

    Interviewée par l’AFP, la mère de Hind, Wissam Hamada, a dénoncé « les mécréants Netanyahou, Biden et tous ceux qui ont conspiré contre Gaza et sa population », disant vouloir les interroger « devant Dieu sur ce jour où (s) a fille a lancé des appels à l’aide (…) sans que personne ne vienne à son secours ». Le Hamas a appelé « les institutions des droits de l’homme et les Nations unies à une enquête sur ce crime odieux ».

    Le nom de Hind Rajab s’ajoute à la longue liste des enfants tués dans la guerre déclenchée par le gouvernement israélien après les attaques du Hamas le 7 octobre. « Des milliers d’enfants auraient été tués et des milliers d’autres blessés », selon l’Unicef, qui demande sur X : « Combien d’enfants devront mourir avant que ce cauchemar ne prenne fin ? » Toujours selon l’agence onusienne, la moitié du 1,7 million de déplacés estimés à Gaza sont des enfants.

    C’est un fait dramatique établi par les statistiques : les enfants sont les plus massivement touchés lors de tous les conflits depuis la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou le sait parfaitement : ils ne sont donc pas des victimes « collatérales » mais voulues.

    SOURCE : Hind Rajab, morte à 6 ans : une tragédie « ordinaire » de la guerre à Gaza - L'Humanité (humanite.fr)

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    « Si nous restons, nous serons tués » :

    à Rafah, un million de Palestiniens

    dans la terreur avant l'offensive israélienne

      L’offensive terrestre israélienne serait imminente contre cette localité du sud du territoire palestinien où s’entassent les civils déplacés. Le risque de massacre est tel que des chancelleries occidentales s’alarment d’une « catastrophe humanitaire » mais ne prennent aucune sanction contre Tel-Aviv.

    « Si nous restons, nous serons tués » : à Rafah, un million de Palestiniens dans la terreur avant l'offensive israélienne

    Le 9 février 2024, à Rafah, après des frappes aériennes de l'armée israélienne. © Mohammed Talatene/DPA/ABACAPRESS

    Pour Atta Abou Yusuf et sa famille, l’avenir proche ressemble à un grand trou noir. Il a déjà fui le quartier de Khan Younès où il vivait pour trouver refuge dans une école de l’UNRWA (l’organisme des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens) à quelques kilomètres de là, dans la partie ouest de la ville pas encore touchée.

    Dans les salles de classe transformées en chambres où s’agglutinent des dizaines de personnes dans des conditions d’hygiène déplorables, cet homme de 41 ans a tenté de donner un semblant de vie à ses sept enfants. « Mais, deux semaines plus tard, les forces israéliennes ont envahi tout Khan Younès et nous avons été obligés de partir en en emportant presque rien », explique-t-il par téléphone à l’Humanité.

    « Maintenant, nous vivons dans la rue. J’ai juste réussi à trouver des bâches en plastique et des morceaux de tissu usés pour dresser une sorte de tente. » Rafah, où vivaient 240 000 personnes jusqu’à présent, se trouve surpeuplée. Plus d’un million de personnes tentent désormais d’y survivre.

    L’hôpital de Khan Younès pris d’assaut par l’armée israélienne

    L’aide humanitaire n’arrive qu’au compte-gouttes. Trouver de l’eau ou de la nourriture relève du parcours du combattant, sans parler des risques encourus au moindre déplacement. Vendredi 9 février, l’armée israélienne a pris d’assaut l’hôpital Al-Amal de Khan Younès où des personnels soignants et des patients ont été arrêtés. Des « combats intenses » auraient lieu dans l’autre grand établissement de santé, le complexe Al-Nasser. Samedi 10 février, à Rafah, 31 personnes, dont 10 enfants, ont été tuées lors d’une frappe aérienne.

    Atta ne sait pas ce que sa famille va devenir. Alors que les bombardements s’intensifient sur Rafah, les conversations bruissent d’une imminente offensive terrestre israélienne et la peur déjà présente ne fait qu’augmenter. « Je n’arrive même plus à rassurer mes enfants, se désespère-t-il au cours d’une conversation pas toujours très audible, hachée en permanence. Nous nous sommes déplacés à Rafah, poussés à chaque fois par les Israéliens. Maintenant, s’ils s’installent ici, qu’allons-nous devenir ? »

    La population dans son ensemble vit dans la terreur. D’autant plus qu’à chaque fois les autorités israéliennes l’a poussée vers des zones qu’elles assuraient « sûres ». Ce qui n’a pas empêché l’armée de les prendre pour cible. La dite « zone sûre » se rétrécit progressivement.

    Un voile de mort s’étend du nord au sud de la bande de Gaza. Plus de 28 000 Palestiniens ont été tués et 7 000 se trouveraient sous les décombres ; plus de 67 000 ont été blessés, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, repris par l’ONU. Sur ce total, 70 % sont des femmes et des enfants.

    « La seule zone encore sûre : Al-Mawasi d’environ 16 kilomètres carrés »

    Mercredi 7 février, Benyamin Netanyahou a révélé ses intentions militaires finales en ordonnant la préparation d’une opération au sol à Rafah. Sur sa lancée, le premier ministre israélien a demandé le rappel de nouveaux réservistes. « La victoire est à portée de main. Nous allons le faire. Nous allons prendre les derniers bataillons terroristes du Hamas et Rafah, qui est le dernier bastion », a-t-il expliqué dans un entretien diffusé dimanche sur la chaîne américaine ABC News.

    Une fois de plus, Benyamin Netanyahou a assuré qu’un corridor serait ouvert pour les civils sans plus de précision. Selon Amira Hass, journaliste à Haaretz, « la seule zone sûre qui reste vraiment, et que l’armée désigne maintenant pour y masser les populations se trouvant à Rafah, est Al-Mawasi – une zone côtière du sud de Gaza d’environ 16 kilomètres carrés ». Soit, en comptant le déplacement d’un million de Palestiniens, 62 500 personnes au kilomètre carré. Par comparaison, à Paris, on compte 20 000 personnes par kilomètre carré.

    Le Caire a acheminé quelques tanks vers la frontière, semblant vouloir résister à la pression israélienne mais laissant, depuis le mois d’octobre, Tel-Aviv contrôler la frontière avec Gaza sans la moindre protestation. Dans un timing soigneusement étudié, l’armée et le Shin Bet (le service de renseignements intérieur israélien) ont affirmé, samedi 10 février, avoir découvert dans la ville de Gaza un tunnel du Hamas sous le quartier général de l’UNRWA. Des affirmations qualifiées de « mensonges » par le Hamas.

    Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a écrit sur X : « Nous n’avons pas utilisé ce bâtiment depuis que nous l’avons quitté et nous n’avons connaissance d’aucune activité qui aurait pu s’y dérouler. »

    Une « catastrophe humanitaire »

    Il s’agit bel et bien de la chronique d’un massacre annoncé. Plus personne n’en doute, y compris parmi les plus fervents soutiens d’Israël. Plusieurs chancelleries s’inquiètent. L’Allemagne met en garde contre une « catastrophe humanitaire ». Un terme repris par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Les États-Unis trouvent maintenant « excessive » la riposte israélienne.

    Sur X, le chef de la diplomatie britannique David Cameron dit que les combats doivent cesser immédiatement afin que l’aide puisse entrer et que les otages puissent être libérés, et être suivis « de progrès vers un cessez-le-feu durable et permanent ». L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie ont aussi levé le ton.

    Au sein de l’Union européenne (UE), seuls l’Espagne, la Belgique et dans une moindre mesure le Portugal affichent une position plus ferme face à Israël. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a été plus clair en condamnant les attaques d’Israël et a demandé un « cessez-le-feu immédiat ».

    Mais aucune mesure n’est envisagée pour contraindre Israël à mettre un terme à cette guerre. Personne n’évoque la moindre sanction, ni mesure de rétorsion. Pis, les contrats d’armements avec Israël continuent à être honorés. Aucun gouvernement n’évoque même les mesures conservatoires décidées par la Cour internationale de justice et dont on se demande quel sera l’argumentaire israélien devant cette institution dans deux semaines.

    Atta Abou Yusuf tombe de Charybde en Scylla. « Si nous allons vers Al-Mawasi, nous mourrons de faim parce qu’Israël fermera les approvisionnements ; si nous restons, nous serons tués. » En quatre mois de guerre, Benyamin Netanyahou n’a pas trouvé un seul chef du Hamas mais a décimé la population. Il ne vise plus qu’une chose : pousser jusque dans le désert du Sinaï, en Égypte, ce qu’il reste des Palestiniens de la bande de Gaza.

    SOURCE : « Si nous restons, nous serons tués » : à Rafah, un million de Palestiniens dans la terreur avant l'offensive israélienne - L'Humanité (humanite.fr)

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    «La France a voulu oublier son passé» :

    l'hommage à la mémoire

    du martyr Maurice Audin

      « La France a voulu oublier son passé » :  l'hommage à la mémoire  du martyr Maurice Audin

    Benjamin Stora travaille inlassablement sur la mémoire de la guerre d’Algérie.

    L’historien Benjamin Stora participe ce lundi à une soirée ciné-débat organisée par le conseil départemental de la Haute-Garonne, autour du mathématicien Maurice Audin, soutien de la cause algérienne, enlevé, torturé et assassiné par l’armée française.

    Que disent l’histoire et le destin de Maurice Audin de la guerre d’Algérie ?

    Cette guerre est longtemps restée sans nom, sans visage, puisque l’Algérie était considérée comme intégrée à la France. Il était donc impossible de se déclarer en guerre contre soi-même. C’est pourquoi on parlait «d’événements», et non dune guerre. Longtemps, le nom de Maurice Audin, mathématicien, militant communiste enlevé puis qui a disparu en juin 1957, et dont le corps na jamais été retrouvé, peut symboliser cette non-reconnaissance, cette absence de la guerre dans lespace public. Dans son cas, il y avait aussi une volonté de cacher le fait que certains «Français» soutenaient le mouvement algérien.

    Pourquoi la France a-t-elle mis tant de temps à reconnaître son martyr et sa responsabilité dans sa disparition ?

    Plusieurs explications peuvent être données. D’abord, le fait que la France a voulu sortir d’une longue période de guerre commencée en…. 1939, poursuivie avec la guerre d’Indochine, et achevée par l’indépendance de l’Algérie. À cet oubli voulu par la société, s’est ajouté l’oubli organisé par l’Etat avec une série de lois d’amnistie qui ont empêché tous jugements possibles à propos des exactions commises. Ce double oubli évacue les responsabilités politiques personnelles, individuelles, mais aussi celui qui relève de la responsabilité de l’Etat. Je pense, ainsi, également, aux drames vécus par toutes les communautés liées à cette guerre, soldats, pieds-noirs ou harkis.

    « Ce double oubli de la société et de l’Etat évacue les responsabilités politiques personnelles, individuelles »

    Maurice Audin a une place et une statue à sa mémoire à Alger, pourrait-on imaginer, aujourd’hui, que lui soit rendu un même hommage en France ?

      « La France a voulu oublier son passé » :  l'hommage à la mémoire  du martyr Maurice Audin

    A gauche : Place Maurice-Audin à Alger *** A droite Place Maurice-Audin à Paris (Photos ajoutées par Michel Dandelot).

    Il existe déjà une place Maurice Audin à Paris, inaugurée par le maire de l’époque Bertrand Delanoë. Mais l’action de reconnaissance par le président actuel Emmanuel Macron, est allée plus loin en reconnaissant la responsabilité de la France dans l’assassinat. À la suite de mon rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, il a également reconnu la responsabilité de l’Etat dans l’assassinat de l’avocat algérien Ali Boumendjel, et proposé une ouverture plus grande des archives sur cette période.

    Vous coprésidez la commission mixte d’historiens algériens et français chargée d’étudier la colonisation et la guerre d’Algérie, sera-t-il possible un jour d’avoir une vision commune (partagée) de cette histoire de part et d’autre de la Méditerranée ?

    Depuis de nombreuses années déjà, les historiens français et algériens travaillent ensemble pour l’élaboration de récits. Ce qui n’était pas le cas lorsque j’ai commencé a travaillé sur l’histoire de l’Algérie en soutenant mon mémoire de maîtrise sous la direction de René Rémond et de Jean-Pierre Rioux en… 1974 (un demi-siècle déjà…). Mais votre question reste d’actualité. Le travail historien doit se poursuivre, en particulier par le biais de cette commission mixte, car les sentiments, les sensations ne sont pas les mêmes au niveau des deux sociétés dans le regard qu’elles portent sur le passé colonial. En France, certaines voix disent encore que la colonisation a été un acte positif, ce qui n’est pas envisagé de la même manière, de l’autre côté de la Méditerranée.

    Cédric Vilani, un mathématicien en hommage

    à un mathématicien

    Outre Benjamin Stora, qui présentera à cette occasion son nouveau livre «LArrivée», le président de lassociation Josette et Maurice Audin, Cédric Vilani, participera à la soirée débat autour du film «Maurice Audin, une histoire de mathématiciens», en présence du réalisateur, François Demerliac. Avec également lhistorien Gilles Manceron et la juriste et philosophe Catherine Teitgen-Colly, qui dédicaceront leur ouvrage «Les disparus de la guerre dAlgérie». Tous animeront la table ronde consacrée à Maurice Audin. Membre du Parti Communiste Algérien qui combattait pour l‘Algérie indépendante, il  avait été  arrêté le 11 juin 1957, pendant la bataille d’Alger, à l’âge de 25 ans, par des parachutistes du Général Massu, chez lui, devant sa femme, Josette, et ses trois enfants, avant d’être emmené dans un centre de torture. Personne ne l’a plus revu vivant.

    Lundi 12 février, soirée Ciné-débat à partir de 19 heures dans la salle République du Conseil départemental de la Haute-Garonne, au 1 boulevard de la Marquette.

    SOURCE : «La France a voulu oublier son passé» : l'hommage à la mémoire du martyr Maurice Audin - ladepeche.fr

    Inauguration de la Place Maurice Audin

    à Paris le 26 mai 2004

      « La France a voulu oublier son passé » :  l'hommage à la mémoire  du martyr Maurice Audin


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  • PEINE DE MORT : ROBERT BADINTER EST MORT MAIS SON COMBAT RESTE BIEN VIVANT

     

    PEINE DE MORT :

    ROBERT BADINTER EST MORT MAIS SON

    COMBAT RESTE BIEN VIVANT

    L’ancien avocat et Garde des Sceaux, Robert Badinter est décédé dans la nuit du 8 au 9 février 2024 à l’âge de 95 ans. Ce fervent défenseur des droits humains a porté haut et fort l’abolition de la peine de mort en 1981 avant de se battre pour son abolition universelle et de nous rejoindre dans ce combat.

    Nous tenons à saluer la mémoire de cet infatigable militant pour les droits humains en général, et plus particulièrement pour l’abolition de la peine capitale, qui aura été le combat de sa vie.

    Tout au long de sa vie, il aura incarné la lutte pour le droit international et pour le respect des droits fondamentaux, à commencer par son opposition inlassable à cette peine inhumaine et insoutenable qu’est la peine de mort.

    « Au travers de ses écrits, de ses plaidoiries mémorables, ou de ses discours, il n’aura jamais cessé de se battre pour cette cause », a réagi notre président Jean-Claude Samouiller.

    PEINE DE MORT : ROBERT BADINTER EST MORT MAIS SON COMBAT RESTE BIEN VIVANT

    Robert Badinter - ©Joel Saget/AFP

    M. Badinter avait rejoint le combat d’Amnesty international dans ce vaste mouvement international, représentant notre organisation à la Conférence internationale sur l’abolition de la peine de mort de Stockholm en 1977.

    Aujourd’hui encore, ce combat se poursuit, et le nombre de pays ayant décidé d’en finir avec la peine capitale n’en finit pas de s’allonger.

    «Cette justice d'élimination, cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'antijustice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité»  

    Robert Badinter, Assemblée nationale

     17 septembre 1981 

    En 2021, à l’occasion des 40 ans de l’abolition de la peine de mort, Robert Badinter nous a raconté le combat de sa vie, à regarder juste ici.

    Hier, le Zimbabwe a annoncé renoncer à la peine de mort et pourrait devenir le 145e Etat à abolir cette pratique. Cette annonce n’aurait certainement eu lieu si le mouvement international pour l’abolition n’avait pas exercé une telle influence.

    Ce mouvement n’aurait certainement pas été aussi important, si un jeune avocat infatigable et d’une détermination sans faille, devenu ministre de la Justice sous le premier mandat de François Mitterrand, n’avait réussi à convaincre la société française – encore très largement hostile à cette idée -, qu’il fallait en terminer avec la peine de mort.

    Le 18 septembre 1981 il tient un discours devant l’Assemblée nationale qui restera dans les mémoires et dans l’Histoire comme l’un des plus puissants jamais prononcés dans l’hémicycle.Il aboutira à ladoption dune loi qui entrera en vigueur le 10 octobre 1981. Seuls 35 pays avaient alors aboli la peine de mort.  

    Droit des mineurs isolés en prison, conditions de détention, lutte contre la discrimination des homosexuels : Robert Badinter reste pour nous un exemple de détermination et de courage politique.

    « A l’inverse de ceux qui s’engagent dans des politiques démagogiques au détriment de la dignité humaine, il nous a montré que celles fondées sur les droits fondamentaux pouvaient au contraire donner un sens plus noble à la politique, et au final changer les opinion», a salué Jean-Claude Samouiller.

    Robert Badinter, une vie de lutte

     contre la peine de mort

    AmnestyFrance 

    25 avril 2021

    « À mort, à mort ! », criait la foule devant le Palais de justice. Là où Robert Badinter plaidait en faveur de la vie. Difficile à le croire et pourtant… Il y a tout juste 40 ans, la peine de mort était encore une réalité en France. Son abolition, nous la devons à Robert Badinter. Un homme qui a passé sa vie à se battre pour que la Justice française ne soit plus une justice qui tue. Un combat qui était bien loin d’être gagné. Il nous raconte en pleine période de la COVID.

    SOURCE : Peine de mort : Robert Badinter est mort, mais son combat reste bien vivant - Amnesty International France 


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    Il y a visiblement une contradiction

      21 février – Rassemblement  et hommage aux 23 FTP – MOI  de l'affiche rouge

    Le point de vue de Jacques CROS

    Habitant de Béziers

      21 février – Rassemblement  et hommage aux 23 FTP – MOI  de l'affiche rouge

    Le 21 février Mélinée et Missak Manouchian, ces « étrangers et nos frères pourtant », entreront au Panthéon pour y poursuivre leur repos éternel. Ils ne dormiront pas mieux que là où ils reposaient jusqu’ici. Certes, mais justice sera rendue à leur mémoire de Résistants.

    C’est un geste symbolique qui honore la classe ouvrière et le parti politique dont ils étaient membres. Un vrai changement que nous enregistrons de manière positive. Nous ne dirons pas que « les mornes matins en [seront] différents », c’est qu’il y a tellement de choses à changer !

    Dans la même période que la décision de la panthéonisation de ces héros a eu lieu le vote « Asile et immigration » qui officialise la discrimination entre ceux qui travaillent, selon qu’ils sont Français ou immigrés, fussent-ils en situation régulière.

    Ainsi ces derniers se verront privés d’un certain nombre de droits sociaux, une interdiction qui les pénalise des acquis qui résultent de leur travail qui est de même nature que leurs collègues français. Mlssak Manouchian avait dirigé un groupe armé des FTP-MOI contre les nazis qui occupaient un pays où il avait trouvé asile.

    Il va se retourner dans sa tombe au Panthéon avec ce qui a dominé le vote au Parlement. On a assisté en effet à un regroupement des Macronistes et de LR sur fond de rapprochement avec l’idéologie d’extrême droite du Rassemblement National. Il est judicieux de détourner les consciences de ce qui est en cause dans la crise socio-économique que nous subissons.

    Le refus de prendre acte de la rupture qui s’impose dans notre système social a conduit à donner des gages aux héritiers de ceux qui avaient en son temps, celui de l’Occupation, participé à la collaboration avec les fascistes de tout poil ! C’est autant de pris sur l’adversité que de dévoyer le mécontentement sur les étrangers même si leur engagement mérite notre respect !

    Jacques CROS

    SOURCE : Il y a visiblement contradiction (centerblog.net) 

     

     

    21 février – Rassemblement

    et hommage aux 23 FTP – MOI

    de l'affiche rouge

      21 février – Rassemblement  et hommage aux 23 FTP – MOI  de l'affiche rouge

    Missak Manouchian et sa femme Mélinée

    au Panthéon

    LIDHS CGT des Hautes-Pyrénées communique : "L’année 2024 sera marquée par de nombreuses commémorations pour les 80 ans de la Libération de la France.

    L’une d’elles qui fera entrer au Panthéon Missak Manouchian et sa femme Mélinée nous est particulièrement chère car elle réparera une injustice. En effet, avec eux, pour la première fois, vont entrer au Panthéon la foule des héros des classes populaires, des syndicalistes, des communistes, des étrangers, totalement absent jusqu’ici de cet hommage national malgré leur rôle si important dans la Résistance. Missak et Mélinée en sont les figures emblématiques.

    Tous deux, orphelins rescapés du génocide arménien par les turcs, avaient choisi la France, patrie pour eux de la Révolution française, des Droits de l’Homme et de la Liberté.

    Patrie aussi de Victor Hugo car l’ouvrier Missak était un passionné de littérature et de poésie : il dirigea une revue littéraire, participa à la traduction en Arménie de Rimbaud, Baudelaire et Verlaine…

    Les nuages noirs du fascisme se profilant aussi en France avec les manifestations de 1934, il adhéra au Parti communiste et s’engagea dans l’organisation des immigrés communistes arméniens où il rencontra Mélinée, elle aussi très active.

    Après des années de militantisme clandestin intensif il devient commissaire militaire des Francs Tireurs et Partisans –Main d’œuvre Immigré parisiens (FTP-MOI), groupe armé composé d’étrangers espagnols , arméniens, italiens, juifs et d’autres non, des pays de l’Est persécutés polonais, hongrois, roumains…

    Ces jeunes épris de liberté et d’un courage inouï, réalisèrent des centaines d’opérations contre l’occupant nazi.

    Mais les polices allemandes aidées par une brigade de la police française spécialement crée pour leur traque, arrêtèrent 23 membres du groupe en novembre 1943.

    Des affiches avec la photo de plusieurs d’entre eux furent placardées partout, les nazis pensant que leurs visages ravagés par la torture et leurs noms ‘’difficile à prononcer’’ éloigneraient les français de la Résistance. Leur manœuvre échoua.

    "Mais à l’heure du couvre feu des doigts errants avaient écrit sous vos photos - Morts pour la France". Les 22 du groupe furent fusillés le 21 janvier 1944. La 23ème, la roumaine Olga Bancik, fut déportée en Allemagne et décapitée.

    Louis Aragon célèbrera les 23 dans un très beau poème – l’affiche rouge- nourri de la dernière mettre admirable de Missak à Mélinée où il lui demande après sa mort, de vivre, d’être heureuse, de se marier et d’avoir un enfant.

    A l’heure ou dans notre pays des politiciens sans vergogne proclament leur aspiration à une nation ethniquement pure et non conçue comme un projet construit en commun, à l’heure où ils assimilent les immigrés à des délinquants potentiels, il est bon de se souvenir de Missak et Mélinée et de tous ces étrangers venus chercher l’asile en France et qui, par leur sacrifice, nous ont permis de vivre libres aujourd’hui.

    Relisons le poême ‘’l’Affiche rouge’’ d’Aragon, écoutons le chanté par Léo Ferré ou réinterprété par le groupe rock "Feu Chatterton" ! en voici les derniers verts :

    "Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent. Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps. Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant. Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir. Vingt et trois qui criaient "La France" en s’abattant".

    Celles et ceux de l’Affiche rouge, éclairent nos combats actuels si nous voulons conserver notre humanité et faire ce qu’il se doit."

    SOURCE : Missak Manouchian et sa femme Mélinée au Panthéon - ladepeche.fr 

    Le 21 février 2024 sera marqué par l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. Missak, héros de la résistance, chef militaire des Francs-Tireurs et Partisans de la main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de la région parisienne. Mélinée, sa femme, commissaire militaire des FTP-MOI, décédée en 1989.

      21 février – Rassemblement  et hommage aux 23 FTP – MOI  de l'affiche rouge


    21 février 16h - 11 rue de Plaisance 75014 Paris 

    Avec les prises de parole de Sophie Binet

    et Fabien Roussel

    Avec cette entrée au Panthéon ce sont aussi les 22 autres membres du groupe Manouchian qui accèdent à la plus haute reconnaissance de la France. Arrêtés en novembre 1943, torturés, condamnés à mort et exécutés le 21 février 1944 au Mont-Valérien pour 22 d’entre eux, le 10 mai pour Olga Bancic, seule femme du groupe, décapitée à Stuttgart.

    Ils étaient d’origines et de confessions diverses : Arméniens, Espagnol, Italiens, Français, Polonais, Juifs d’Europe de l’est… Ils avaient également vécu des histoires différentes, mais ils étaient unis contre le nazisme, le fascisme. Ils avaient la farouche volonté de combattre ce mal afin de retrouver la paix et la liberté.

    Ils avaient cette conscience de classe qui en faisait des humanistes, des internationalistes. Certains d’entre eux, dont Missak Manouchian, étaient nos camarades de la CGT. Ils sont tombés en héros, en martyrs, en défendant des valeurs de fraternité, de solidarité, de paix, au plus proche de leur communauté d’origine. Ils sont un symbole de lutte contre les idées nauséabondes de l’extrême droite, qui cherche à diviser le monde du travail.

    Ne laissons pas la place à celles et ceux qui voudraient nous vendre le mythe de «l’intégration à la française» mais qui, sous la dictée de la droite extrême, n’ont pas hésité à adopter le projet de loi «asile et immigration».

    Une loi de la honte qui s’attaque aux droits fondamentaux de toutes et tous et ne répond pas aux causes de l’exil forcé des hommes, femmes et enfants fuyant les guerres, les dictatures, le réchauffement climatique...

    Une loi inspirée par l’extrême droite qui s’attaque frontalement au Pacte Républicain, hérité du Conseil National de la Résistance, en remettant en cause le droit du sol et en instaurant la préférence nationale. 

    Fidèle aux idéaux portés par Missak Manouchian et ses camarades, la CGT lutte pour que la France soit un pays de Liberté, de Paix et de Progrès Social. Une France terre d’accueil, dans laquelle nous aurions toutes et tous les mêmes droits.

    Ce 21 février, « le peuple français honorera la mémoire » des résistants du groupe Manouchian, comme en était persuadé Missak dans la dernière lettre écrite à sa femme Mélinée avant de mourir. Celle qui disait de lui « sa vie était un combat perpétuel - un combat pour sa propre dignité c’est-à-dire pour la dignité de tous les Hommes ». 

    Ce 21 février, la CGT, fière de son histoire, et pour construire les combats de demain, rend hommage à ces hommes et à ces femmes, nos camarades.

    SOURCE : Cercle Jean Moulin ® (over-blog.com) 

    Le député de Martigues Pierre Dharréville,

    chante Aragon pour rendre hommage

    au résistant Manouchian

    Pierre Dharréville rend hommage à sa façon au résistant Missak Manouchian, qui entrera au Panthéon le 21 février prochain. Le député communiste de Martigues a mis en musique et enregistré le poème d'Aragon "Strophes pour se souvenir".

      21 février – Rassemblement  et hommage aux 23 FTP – MOI  de l'affiche rouge

    Le député Pierre Dharréville à l'Assemblée nationale en mars 2023. © Maxppp - Vincent Isore

    Au milieu de tous les hommages à Missak Manouchian, l'un des résistants étrangers panthéonisé le 21 février prochain, il y a celui de Pierre Darrhéville. Le député communiste de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône chante le poème d’Aragon "Strophes pour (bien) se souvenir". Léo Ferré avait déjà mis ce texte en musique en 1959 sous le titre "L'affiche rouge". 

    Pierre Dharréville a également enregistré un clip dans la région de Marseille, Martigues et Port-de-Bouc, où on aperçoit notamment le buste de Missak Manouchian installé boulevard Charles Livon, dans le 7e arrondissement de Marseille.


    Manouchian, résistant communiste, exécuté

    le 21 février 1944

     

    Missak Manouchian est une figure de la résistance française. Rescapé du génocide arménien de 1915, il arrive à Marseille en 1925 avant de rejoindre Paris. En 1934, le jeune homme rejoint le Parti communiste français (PCF) puis est interné en 1939 comme communiste étranger dans un camp avant d'être incorporé dans l'armée. À son retour dans Paris occupée en 1940, il poursuit son activité militante clandestinement, et rejoint le groupe armé de la résistance communiste, les Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) qui mène une centaine d'actions contre l'occupant : sabotages, déraillements, attaques de soldats.

    Missak Manouchian est arrêté le 16 novembre 1943 et exécuté le 21 février 1944 avec 21 autres résistants au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine).

    Missak Manouchian entrera au Panthéon 80 ans après sa mort, le 21 février prochain, accompagné de Mélinée, son épouse d'origine arménienne, résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et repose à ses côtés au cimetière d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

    Ce n'est pas la première fois que Pierre Dharréville dévoile son goût pour la chanson. En 2020, il avait écrit et composé un titre sur la crise du coronavirus, intitulé "Le jour d'après".

    SOURCE : VIDÉO - Le député de Martigues, Pierre Dharréville, chante Aragon pour rendre hommage au résistant Manouchian - France Bleu 

    Extrait de mon premier article :

    Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon. - micheldandelot1

    Le 21 février 2024, Missak et Mélinée

    Manouchian entrent au Panthéon

    Missak et Mélinée Manouchian

    De l'Affiche rouge au Panthéon. Le 21 février 1944, Missak Manouchian était fusillé. Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon. Un billet pour se souvenir.

    Manouchian au Panthéon : voici comment se déroulera la cérémonie

    Le 21 février, Missak Manouchian entrera, avec sa femme Mélinée, au Panthéon. L’Élysée a prévu une cérémonie d'une heure trente le jour J, ainsi qu'une veillée funéraire symbolique au Mont-Valérien la veille. PCF et CGT vont organiser un hommage populaire.

    Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon.

    Missak Manouchian, Résistant, communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février.
    © AFP/Archives

    Un communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février. Emmanuel Macron avait annoncé, le 18 juin dernier, qu’il avait choisi le résistant arménien et chef militaire des FTP-MOI Missak Manouchian pour demeurer au sein du temple de la République, 80 années après son exécution à 37 ans par les nazis au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Pour ne pas séparer le couple, il y entrera accompagné de Mélinée, sa femme également résistante, à qui il écrivait dans sa dernière lettre : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. » Voici ce temps venu.

    Aujourd’hui enterré au cimetière parisien d’Ivry, le cercueil de Missak Manouchian remontera, à la nuit tombante, la rue Soufflot, couvert d’un drapeau français et porté par un régiment « lié à Manouchian », fait savoir l’Élysée, qui organise l’évènement. Il sera alors 18h30 et un parcours de lumière, aux tonalités bleu, blanc et rouge, pavera le chemin du résistant pour scander les trois grandes périodes de sa vie : le génocide arménien, l’arrivée en France et la Résistance. Au pied du Panthéon, sur lequel est prévu un spectacle son et lumières – un « mapping » dans le jargon – de plus de sept minutes, la garde républicaine prendra le relais pour monter les quelques marches jusque sous la coupole.

    Reprise d’Aragon par Feu! Chatterton

    Lorsque les portes du monument s’ouvriront, la musique du compositeur français Pascal Dusapin retentira. A l’intérieur de l’édifice républicain, juste devant l’autel de la Convention nationale, le chef de l’État prononcera l’oraison funèbre de Missak Manouchian, devant le cercueil, placé au centre, ainsi que 1 200 invités. Plus de 150 journalistes et 600 scolaires qui ont travaillé sur la figure du résistant communiste sont attendus. Tout comme de nombreuses personnalités, notamment issues de la communauté arménienne en France, comme Robert Guédiguian, réalisateur de L’Armée du crime qui ne devrait pas tarder à recevoir un carton d’invitation. Le premier ministre de l’Arménie Nikol Pachinian sera également présent, sur invitation du président de la République.

    Si le déroulé de la cérémonie – qui sera diffusée en direct à la télévision – n’est pas encore totalement fixé, il est acté qu’Arthur Tréboul, leader du groupe Feu! Chatterton, va reprendre « Strophes pour se souvenir », fameux poème d’Aragon si joliment chanté par Léo Ferré dans « L’affiche rouge ». Une « réinterprétation moderne et extrêmement forte », promet un conseiller élyséen. Il fut un temps envisagé de faire lire la dernière lettre de Missak à Mélinée par le comédien Simon Abkarian, qui avait interprété Manouchian dans le film de Robert Guédiguian sorti en 2009, mais il semble que l’idée n’ait, in fine, pas été retenue par Emmanuel Macron.

    A l’issue de la cérémonie, vers 20 heures, les restes du couple Manouchian rejoindront le caveau numéro XIII de la crypte du Panthéon, où le tombeau de l’écrivain Maurice Genevoix et le cénotaphe de l’actrice et résistante franco-américaine Joséphine Baker se trouvent déjà. A l’entrée, une plaque sera installée en l’honneur de leurs 22 autres camarades FTP-MOI ainsi que de leur chef Joseph Epstein. Il s’agit de l’entrée symbolique de l’ensemble du groupe Manouchian dans le sanctuaire de la République. « Cela vaut panthéonisation », explique l’Élysée. Trois vers d’Aragon et un morceau de la dernière missive de Missak y seront également gravés.

    Manouchian, la France reconnaissante

    Un hors-série exceptionnel de l’Humanité

    Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon.

    L’engagement de Manouchian dans la Résistance et son martyr, symbolisé par l’Affiche Rouge, rappelle le rôle majeur qu’ont joué les immigrés dans l’histoire de France. Avec la participation d’écrivains, d’auteurs, d’historiens, d’universitaires et de journalistes, l’Humanité publie un hors-série exceptionnel : en 100 pages richement illustrées, vous y retrouverez le parcours et la trace de cet ouvrier et poète arménien, militant communiste et membre des FTP-MOI, fusillé par les nazis avec 22 de ses camarades, au Mont-Valérien, le 21 février 1944.

    La veille, dans la nuit du 20 au 21 février, le cercueil de Missak Manouchian passera sa dernière nuit hors du Panthéon dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont-Valérien, où il reviendra donc « victorieux », huit décennies après sa mort. Il s’agit d’une demande de Jean-Baptiste Romain, directeur des Hauts lieux de la mémoire d’Île-de-France, pour «réunir les différentes mémoires » de la Résistance dans ce lieu où reposent seize combattants de la Seconde guerre mondiale mais aucun fusillé du Mont-Valérien.

    Avant de rejoindre la crypte, les restes de l’illustre FTP-MOI accomplira le même parcours que le jour de son exécution : « Il entrera par le haut, passera devant la chapelle où il se serait confessé avant de descendre dans la clairière », retrace l’Élysée. Une veillée funéraire par différentes personnalités, dont l’identité n’a pas filtrée, est prévue pendant au moins deux heures.

    Un hommage populaire est également prévu, organisé le 21 février dans l’après-midi par le PCF et la CGT dans les rues de Paris. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prendront la parole pour accompagner symboliquement Missak Manouchian au Panthéon.

    SOURCE : Manouchian au Panthéon : voici comment se déroulera la cérémonie - L'Humanité (humanite.fr) 

      

     

    Je pense à toi, Missak ...

    Dans 11 jours celui qui a permis l'inscription dans la loi d'une "préférence nationale" va accueillir au Panthéon un immigré : cet ignoble "en même temps" est-il soutenable ?

    Manouchian doit entrer au panthéon avec ses camarades et surtout nous ne pouvons laisser un président responsable d'une loi inique envers les immigrés lui rendre hommage.

    Il est illégitime ! c'est une offense à la résistance, une de plus. Avec cette loi du RN-Renaissance  quel sort auraient  eu Manouchian et ses camarades? 

    Comment le parti des fusillés peut-il laisser faire ça. A force de défiler avec le RN et les policiers factieux aurait-il perdu la mémoire ? 

    Non Macron ne peut rendre hommage à ces étrangers nos frères pourtant. Levons nous contre cette infamie.

    D'abord il y a eu cette tribune réclamant que la panthéonisation de l'Arménien soit élargie à ses camarades " étrangers et nos frères pourtant ", les signataires - leurs descendants mais pas seulement, - ont sans doute raison, il aurait fallu les entendre. Mais l'heure n'est plus à cette "réparation". Elle est beaucoup plus grave :  je pense à l'oncle Krikor né comme toi à Adiyaman et dont il se disait que, cousin éloigné, il t'avait hébergé à Lyon pour te soustraire aux poursuites ;  je pense au grand-père Hovsep, entré clandestinement en France un soir de Noël 1922 , par un col de la frontière italienne, je pense aux Etranges Etrangers de l'ami Prévert... et je pleure.

    "Emmanuel Macron peut être considéré comme un fourrier du fascisme, dont il prépare, par son autoritarisme, le très possible avènement."

    Entrés en France par la petite porte, dérobée, Missak et Mélinée Manouchian, immigrés, arméniens survivants du génocide turc, communistes, résistants contre le nazisme, étrangers, français de préférence, entreront au Panthéon au mois de février.

    Par le bon-vouloir d’un président de la République qui vient de commettre la 30ème loi depuis 1980, sur l’immigration, inspirée, soufflée, votée par toute la droite et l’extrême droite !

    Étranges parcours ! D’un homme, d’une femme et de l’hommage qui leur est rendu.

    Avec eux, seront aussi honorés  22 camarades du groupe résistant des FTP-MOI parisiens (Franc-tireurs et partisans-Main-d’œuvre immigrée) dont a fait partie en février 1943, Missiak Manouchian, nommé commissaire technique en juillet et commissaire militaire le mois suivant.

    Ce groupe était constitué de résistants au nazisme de 7 nationalités différentes : 8 Polonais, 5 Italiens, 3 Français, 3 Hongrois, 2 Arménien, 1 Espagnol et une femme, roumaine, transférée à Stuttgart et décapitée le 10 mai 1944.

    L’émouvante lettre de Missak Manouchian à Mélinée, son épouse, est connue du grand public depuis 1961, grâce à la chanson L’Affiche rouge de Léo Ferré, franco-monégasque, né à Monaco, français de naissance (1926), monégasque de choix (1953), mort en Italie (1993). Léo Ferré, anarchiste, a mis en musique et chanté le poème (texte et analyse littéraire) paru d’abord dans l’HumanitéStrophes pour se souvenir (1955) de Louis Aragon, communiste.

    Chanson qui a été interdite sur les ondes nationales françaises jusqu’en 1982 !

    Un communiste, un anarchiste, rendant hommage à vingt-et-trois étrangers, nos frères pourtant, luttant contre le nazisme, pour la liberté et criant la France, en s’abattant ! Chanter la France et la Liberté, dans le même camp. Rendre hommage à des personnes aux noms imprononçables. En pleine Guerre froide et, surtout, en pleine Guerre d’Algérie.

    Louis Aragon, dans ces Strophes pour se souvenir, mettait en poème les mots de Missak Manouchian dans sa lettre, sans haine mais non sans amour, à Mélinée écrite quelques heures avant d’être fusillé. Et rendait hommage, au groupe de Missak Manouchian, sans le nommer et, ainsi, à tous ceux qui, quelle que soit leur nationalité, avaient le même engagement.

    Pour se souvenir.

    Se souvenir de Mélinée, de sa dernière lettre à Missak, moins connue, tout aussi émouvante.

    Se souvenir de leur vie.
    De leur combat.
    De leur destin.

    Unis et séparés.

    Et à nouveau unis.

      

     


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    Robert Badinter : quand la droite fustigeait

    la nomination de «l'avocat des assassins»

    Robert Badinter, décédé à l'âge de 95 ans, est resté dans l'histoire comme le ministre de la Justice qui a soutenu l'abolition de la peine de mort. Mais son passage place Vendôme n'a pas été de tout repos.

    Robert Badinter : quand la droite fustigeait  la nomination de «l'avocat des assassins»

    Robert Badinter, en 1998.ERIC FOUGERE - CORBIS/GETTY IMAGES

    Depuis l'annonce du décès de Robert Badinter, à l'âge de 95 ans, les hommages sont nombreux de la part du monde politique, de tous bords politiques. Un respect visiblement unanime envers celui qui a aboli la peine de mort en France, qui tranche avec la virulence d'une partie de la classe politique lors de sa nomination au ministère de la Justice, en 1981. Lorsque son ami François Mitterrand le nomme garde des Sceaux, à la place de Maurice Faure qui ne resta que quelques semaines, la droite et l'extrême droite ne tarissent pas de critiques à l'égard de l'avocat, fustigé pour un prétendu laxisme.

    Sa nomination au poste de garde des Sceaux, quatre ans après avoir réussi à éviter la condamnation à mort de Patrick Henry, jugé pour le meurtre d'un enfant (il fut condamné à la prison à perpétuité), avait été plus que froidement accueillie, s'était-il souvenu dans son livre Les épines et les roses, publié en 2011 : « Ce n'était pas un choix facile pour François Mitterrand. Car, pour l'opinion publique, j'étais l'avocat des assassins […]. Les Français avaient le sentiment que je ne m'intéressais qu'aux libertés, jamais à leur sécurité. »

    La droite était vent debout contre sa nomination : « En Allemagne, ils ont la bande à Baader, nous, nous avons la bande à Badinter », s'était ainsi exclamé le général Bigeard, associé aux tortures pratiquées en Algérie que Robert Badinter avait dénoncées avocat. Il avait notamment défendu la famille de Maurice Audin, mort lors d'une séance de torture pendant la guerre.

    Aujourd'hui on continue d'honorer

    l'inventeur des "crevettes Bigeard"

    Dreux (France), une rue du nom

     du tortionnaire Bigeard 

    Le tortionnaire Bigeard en compagnie de son meilleur ami Valéry Giscard d'Estaing

    La technique des "Crevettes Bigeard" ? Elles resteront la sinistre image de cette époque qui perpétuera ce nom. Pour beaucoup, ce terme employé alors ne signifie rien, surtout qu’il ne figure dans aucun livre d’histoire de notre enseignement. Pourtant c’est en employant cette expression que Paul Teitgein interrogeait Massu, en 1957, sur les milliers de disparus pour lesquels il n’avait aucun rapport concernant leur "évaporation". Pour éliminer physiquement, en faisant disparaître les corps, Bigeard avait inventé cette technique : sceller les pieds du condamné (sans jugement, sinon le sien), vivant, dans un bloc de béton et le larguer de 200 ou 300 mètres d’altitude d’un avion ou d’un hélicoptère en pleine mer. Il avait perfectionné cette technique : au début les algériens étaient simplement largués dans les massifs montagneux, mais leurs corps étaient retrouvés. La seconde étape fut le largage en mer, mais quelques-uns sont parvenus à revenir à la nage sur la côte et échapper miraculeusement à la mort. C’est pourquoi il "fignola" le raffinement de sa cruauté en inventant le bloc de ciment. C’est par cette technique enseignée par son ami le Général Aussaresses (et les officiers supérieurs instructeurs associés Lacheroy, Trinquier…) que cette technique a été utilisée en Argentine en particulier pour les 30.000 disparus que pleuraient les "Folles de la Place de Mai".

    C’était l’armée française de la honte

     dans la très sale guerre d'Algérie

    Et pourtant ils sont si fiers de leurs décorations !!! 

     

    Dreux (France), une rue du nom

     du tortionnaire Bigeard 

    La ville de Dreux en France envisage de donner le nom du général Bigeard, un des responsables en chef de la torture pendant la guerre d’Algérie, à une rue de la ville. 

    Le régiment des parachutistes coloniaux (RPC) de Bigeard, à l’époque colonel, a torturé des innocents comme les autres régiments de la 10° DP de Massu engagés dans la bataille d’Alger de 1957. A ceux qui recherchaient ceux décédaient sous la torture, on faisait croire qu’ils avaient été transférés dans des « camps d’hébergements ».

    « Les crevettes Bigeard »

    Paul Teitgen, SG de la Préfecture d’Alger a mené des recherches dans les camps proches d’Alger, depuis Béni-Messous jusqu’à Aïn Oussera. il n’a rien trouvé. Mais il découvrira finalement les « crevettes Bigeard », c’est-à-dire les corps des suppliciés collés à une dalle de béton et largués en haute mer.

    Le colonel Antoine Argoud  qui commandait un secteur du Sud Algérois, a révélé que ses hommes ont découvert dans l’Atlas blidéen (au sud de Rovigo) un charnier de 60 hommes. C’était des prisonniers du RPC  morts sous la tortures et qu’on enterrait la nuit loin d’Alger. Donner à une rue le nom de Marcel Bigeard reviendrait à mépriser toutes ces victimes, ainsi que leurs familles, et à banaliser la torture, considéré comme crime contre l’humanité...

    « Badinter à Moscou »

    « Jouer la carte de la sécurité est toujours politiquement rentable. Il y a toujours quelqu'un, comme Marine Le Pen par exemple, pour en faire plus. La démagogie ruisselle, elle a là un terrain privilégié, irrationnel car l'être humain a peur », avait-il écrit dans son livre de 2011. Le choix de la femme politique donnée en exemple était loin d'être fortuit : en 1983, lorsque des centaines de policiers avaient manifesté sous les fenêtres du ministère de la Justice en criant « Badinter assassin ! » et « Badinter à Moscou ! », Jean-Marie Le Pen, alors président du Front national, se trouvait à leurs côtés.

    À l'annonce de son décès, la présidente du groupe renommé Rassemblement national à l'Assemblée a salué « une figure marquante du paysage intellectuel et juridique » : « On pouvait ne pas partager tous les combats de Robert Badinter, mais [il était un homme] de convictions », a-t-elle sobrement écrit sur X, ex-Twitter.

    Le président de la république Emmanuel Macron a annoncé qu'un hommage national sera rendu à l'ancien ministre de la Justice.

    Un discours historique

    Le 17 septembre 1981, Robert Badinter prononça un discours de deux heures entré dans les annales, demandant à l'Assemblée nationale d'approuver le projet de loi sur l'abolition de la peine de mort. En voici un extrait :

    « Le débat qui est ouvert aujourd'hui devant vous est d'abord un débat de conscience et le choix auquel chacun d'entre vous procédera l'engagera personnellement. (...) La France est grande, non seulement par sa puissance, mais au-delà de sa puissance, par l'éclat des idées, des causes, de la générosité qui l'ont emporté aux moments privilégiés de son histoire. La France est grande parce qu'elle a été la première en Europe à abolir la torture malgré les esprits précautionneux qui, dans le pays, s'exclamaient à l'époque que, sans la torture, la justice française serait désarmée, que, sans la torture, les bons sujets seraient livrés aux scélérats. La France a été parmi les premiers pays du monde à abolir l'esclavage, ce crime qui déshonore encore l'humanité. Il se trouve que la France aura été, en dépit de tant d'efforts courageux, l'un des derniers pays, presque le dernier - et je baisse la voix pour le dire - en Europe occidentale, dont elle a été si souvent le foyer et le pôle, à abolir la peine de mort. (...) Alors pourquoi le silence a-t-il persisté et pourquoi n'avons-nous pas aboli ? (...) Rien n'a été fait pendant les années écoulées pour éclairer cette opinion publique. Au contraire !

    On a refusé l'expérience des pays abolitionnistes; on ne s'est jamais interrogé sur le fait essentiel que les grandes démocraties occidentales, nos proches, nos sœurs, nos voisines, pouvaient vivre sans la peine de mort. (...) Il n'a jamais, jamais été établi une corrélation quelconque entre la présence ou l'absence de la peine de mort dans une législation pénale et la courbe de la criminalité sanglante. (...) En fait, ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort méconnaissent la vérité humaine. La passion criminelle n'est pas plus arrêtée par la peur de la mort que d'autres passions ne le sont qui, celles-là, sont nobles. (...) La question ne se pose pas, et nous le savons tous, en termes de dissuasion ou de technique répressive, mais en termes politiques et surtout de choix moral. (...) Voici la première évidence: dans les pays de liberté, l'abolition est presque partout la règle; dans les pays où règne la dictature, la peine de mort est partout pratiquée. Ce partage du monde ne résulte pas d'une simple coïncidence, mais exprime une corrélation. La vraie signification politique de la peine de mort, c'est bien qu'elle procède de l'idée que l'Etat a le droit de disposer du citoyen jusqu'à lui retirer la vie. C'est par là que la peine de mort s'inscrit dans les systèmes totalitaires. (...) Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. A cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de “service”. Demain, vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateurs français, de tout mon cœur, je vous en remercie. »

    Le projet de loi fut adopté, avec 363 voix contre 117, sur 486 députés votants à l'Assemblée, puis 160 voix à 126 au Sénat un peu moins de deux semaines plus tard. La « loi n°81-908 portant abolition de la peine de mort » fut promulguée le 9 octobre 1981.

    SOURCE : Robert Badinter: quand la droite fustigeait la nomination de «l'avocat des assassins» | Vanity Fair 


    Mort de Robert Badinter :

    un hommage national aura lieu mercredi

    au ministère de la justice

    Robert Badinter : quand la droite fustigeait  la nomination de «l'avocat des assassins»

    Robert Badinter est mort, dans la nuit du 8 au 9 février, à l’âge de 95 ans. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

    Un hommage national sera rendu à l’ancien ministre de la justice et avocat Robert Badinter, initiateur de l’abolition de la peine capitale en France, mercredi 14 février à midi, place Vendôme, à Paris, où se situe le ministère de la justice, a annoncé l’Elysée, samedi 10 février.

    Recueil de condoléances place Vendôme

    En hommage à Robert Badinter, un recueil de condoléances est mis à disposition des citoyens au ministère de la Justice, place Vendôme, du 9 au 11 février 2024.

    Robert Badinter : quand la droite fustigeait  la nomination de «l'avocat des assassins»

     


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    Commémoration du 62e anniversaire

    du massacre au métro Charonne 

      Commémoration du 62e anniversaire du massacre au métro Charonne

     

     

     


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    Robert Badinter, ancien ministre

    de la Justice et artisan de l'abolition

    de la peine capitale est mort à l'âge

    de 95 ans 

    Cet homme aux mille vies a aussi été avocat, écrivain, président du Conseil constitutionnel et sénateur.

    Robert Badinter : "On arrive à stigmatiser 6 millions  de musulmans" c'est insupportable... ça me ramène  75 ans en arrière quand on stigmatisait  les Français de religion juive...

    Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et artisan de l'abolition de la peine capitale, est mort à l'âge de 95 ans© Fournis par franceinfo

    C'est l'un des derniers géants du XXe siècle qui disparaît. Robert Badinter est mort à l'âge de 95 ans, a annoncé sa collaboratrice, vendredi 9 février, à l'AFP. L'homme aux mille vies – avocat, ministre, écrivain, président du Conseil constitutionnel, sénateur – était surtout connu pour son engagement contre la peine de mort. Une obsession qu'il portera d'abord dans les tribunaux en plaidant pour la vie de ses clients, puis devant le Parlement où il arrachera en 1981 l'abolition de ce qu'il nommait "notre honte commune".

    Mais Robert Badinter, ce n'est pas seulement le combat contre la peine capitale. Il a consacré sa vie à lutter contre l'injustice, où qu'elle se trouve. Une raison d'être – ou de vivre – qui prend sa source dans la jeunesse de l'homme. Robert Badinter a vécu dans sa chair l'antisémitisme. Il naît le 30 mars 1928 à Paris, de parents juifs issus de Bessarabie, dont le territoire recoupe celui de l'actuelle Moldavie. Ces derniers, arrivés dans la patrie des droits de l'Homme quelques années auparavant, sont naturalisés français trois mois avant sa naissance. Les années d'insouciance s'écoulent et son père, négociant en fourrures, assure les revenus du foyer. Mais l'arrivée d'Hitler au pouvoir bouleverse tout. "Mon enfance a pris fin le 10 mai 1940", raconte Robert Badinter dans Idiss (éd. Fayard, 2018), le livre qu'il consacra à sa grand-mère maternelle.

    "Une époque d'une grande bassesse"

    Deux ans après la défaite française, la famille Badinter part s'installer à Lyon, alors en zone libre. Un souvenir amer pour le jeune Robert. "J'étais révolté par le spectacle de cette ville ruisselante de pétainisme. C'était bien pire qu'à Paris. Dans la capitale, la plupart des Parisiens attribuaient leurs souffrances aux AllemandsLes Lyonnais, eux, étaient plus enclins à incriminer les juifs, surtout étrangers, relate-t-il en 2018 à L'Express. Il régnait une atmosphère avilissante, d'une médiocrité inouïe, marquée par l'adoration pour un vieillard comme le Maréchal qui incarnait un passé glorieux. (...) C'était une époque d'une grande bassesse." 

    Le 9 février 1943, la vie des Badinter bascule : le père est arrêté à Lyon dans une rafle organisée par Klaus Barbie. "Lorsque nous l'avons appris, ma mère et moi avons immédiatement compris que nous n'étions plus en sécurité à notre domicile, car mon père avait des papiers d'identité sur lesquels était indiquée notre adresse. Nous avons fait notre sac et sommes partis nous réfugier chez des amis", se souvient l'ancien ministre dans un entretien au Point , publié en 2012. "Le 25 mars, Simon Badinter sera déporté d'abord à Drancy, puis à Pithiviers ; nul ne le sait encore, mais il ne lui sera pas donné de revenir", relate Paul Cassia, dans son livre Robert Badinter, un juriste en politique (éd. Fayard, 2009). Il mourra non à Auschwitz, comme l'a longtemps cru sa famille, mais dans un autre camp polonais, celui de Sobibor". 

    Grâce à leur "vieille gouvernante", Robert Badinter trouve refuge avec son frère et sa mère à Cognin, dans la banlieue de Chambéry (Savoie). Muni de faux papiers, il parvient à suivre une scolarité normale.

    "Nous étions dans l'angoisse constante concernant le sort de mon père. Et, malgré tout, nous baignions dans une atmosphère apaisante. Cognin était pour nous comme une sorte de cocon protecteur au milieu de la tempête de l'Occupation."

    Robert Badinter

    au "Point", en 2012

    En septembre 1943, les Allemands remplacent les Italiens et l'atmosphère change : la menace de l'arrestation et de la déportation plane de nouveau sur les familles juives. Mais la population ne joue pas le jeu des nazis. "En se taisant, en nous accueillant, les Cognerauds nous ont sauvé la vie", confie Robert Badinter au Point. A 16 ans, "fou de bonheur", le jeune homme vit la Libération.

    "Si vous le coupez en deux, ça ne dissuadera personne"

    De retour en France, le jeune homme suit des études de droit puis part aux Etats-Unis pour compléter sa formation. En 1951, il s'inscrit comme avocat au barreau de Paris. "J'avais 21 ans et il fallait que je gagne ma vie. C'est ainsi que je suis devenu avocat. Par hasard, pas par vocation", explique-t-il en 2019 à la Harvard Business Review FranceIl commence sa carrière comme collaborateur du grand Henry Torrès, son "maître". "Je lui dois tout, y compris les valeurs sur lesquelles a reposé ma vie professionnelle. Il m'a inculqué une certaine idée de la justice et du métier d'avocat", dit-il au même magazine. Avocat, il devient aussi professeur de droit dans diverses universités et se marie en 1966 avec celle qui deviendra Elisabeth Badinter et avec qui il aura trois enfants.

    Son combat contre la peine de mort débute des années plus tard, en juin 1972. Philippe Lemaire, avocat pénaliste et ami, lui demande alors de venir l'épauler dans la défense de Roger Bontems. L'homme est le complice de Claude Buffet dans la prise d'otages de la centrale de Clairvaux et le meurtre d'une infirmière et d'un gardien, en 1971. Malgré sa défense, Roger Bontems est guillotiné dans la cour de la prison de la Santé en novembre 1972. "C'était la première fois que je défendais un homme qui encourait réellement la peine de mort et j'ai probablement découvert là ce que cela signifiait comme intensité et comme angoisse, confie Robert Badinter à France Culture en 2002 à propos de cette affaire dont il a tiré un livre, L'Exécution (éd. Fayard, 1973). Souvent, au réveil, à l'aube, je recherchais obsessionnellement ce qui faisait que nous avions échoué. Ils ont reconnu qu'il n'avait pas tué : pourquoi est-ce qu'on l'a condamné à mort?"

    "Dorénavant, je combattrai la peine de mort de toutes mes forces, aussi longtemps qu'il le faudra. L'abolition devient un but, une cause première."

    Robert Badinter

    à France Culture, en 2002

    Son combat va s'incarner dans une nouvelle affaire qu'il va cette fois remporter : l'affaire Patrick Henry. Le 18 janvier 1977, l'homme est jugé pour l'enlèvement et le meurtre du petit Philippe Bertrand, âgé de 7 ans. Le lendemain de son arrestation, le présentateur du JT de TF1, Roger Gicquel, avait introduit son édition par ces mots restés célèbres : "La France a peur." Autant dire que la plaidoirie de maître Badinter, qui défend le prévenu, est mal engagée : l'opinion publique réclame la peine maximale. Pour sauver son client, Robert Badinter décide de faire de ce procès celui de la peine de mort.

    Pendant une heure et demie de plaidoirie, il rappelle aux jurés l'atrocité de cet acte mais aussi son peu d'utilité : "Si vous le coupez en deux, ça ne dissuadera rien ni personne". Après deux heures de délibération, le jury condamne Patrick Henry à la réclusion criminelle à perpétuité.

    Garde des Sceaux, il abolit la peine de mort

    Après les tribunaux, le Parlement. La victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle, le 10 mai 1981, propulse Robert Badinter dans une autre dimension : la politique. Mais c'est le hasard qui le conduit place Vendôme. "Ce n'est pas moi que François Mitterrand avait choisi en mai 1981, mais Maurice Faure. N'aimant pas ce ministère, il a démissionné deux mois plus tard, après les législatives, rappelle-t-il en 2012 au journal suisse Le TempsJe lui ai succédé et c'est ainsi que j'ai soutenu le projet de l'abolition à l'Assemblée, puis au Sénat." 

    Le 17 septembre 1981, Robert Badinter se présente devant l'Assemblée nationale pour délivrer son réquisitoire contre la peine de mort. La partie est ardue : 63% des Français sont opposés à son abolition. "Il fallait du courage et de l'intuition, assure Robert Badinter à la Harvard Business Review France. Mitterrand avait le sens de l'Histoire, il savait que le moment était venu de mettre un terme à la peine de mort et que l'impopularité que suscitait cette décision nourrirait en définitive son image : lui qui était taxé d'être un Machiavel, un politicien très habile, voulait montrer qu'il avait aussi des convictions profondes." 

    Robert Badinter prononce un long discours, reproduit dans son intégralité par Le Figaro. 

    "Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées."

    Robert Badinter

    à l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981

    Mais le véritable enjeu est quelques jours plus tard, au Sénat, où la majorité est à droite. Contre toute attente, le ministre emporte l'adhésion des sénateurs. La loi est votée. "Il était 12h50, le 30 septembre1981, quand le Sénat a voté l'abolition. Je suis sorti du Sénat, il faisait beau. Je suis rentré à la maison à pied, en me disant que, désormais, c'était fini", raconte-t-il à la Harvard Business Review France. 

    Pendant ces quatre années au ministère de la Justice, Robert Badinter va aussi mettre en œuvre plusieurs mesures issues des "110 propositions pour la France" de François Mitterrand. Il s'agit notamment de la suppression des juridictions d'exception, de la possibilité pour les justiciables de former un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ou du développement des peines non privatives de liberté.

    L'après-place Vendôme

    En 1986, François Mitterrand le nomme président du Conseil constitutionnel. Il y siégera pendant neuf ans. On le sait peu mais c'est lui qui posa les jalons de la fameuse QPC (Question prioritaire de constitutionnalité), qui permet à tout justiciable, partie à un procès, de contester une disposition législative qui lui paraît contraire à la Constitution. Si ce nouveau droit est entré en vigueur avec la révision constitutionnelle de 2008, Robert Badinter y avait déjà pensé des années auparavant. Il avait même tenté de le mettre en œuvre. "Pourquoi ne pas reconnaître au citoyen la possibilité de soulever, dans le cadre d'un procès, une exception d'inconstitutionnalité contre une loi dont le Conseil constitutionnel n'a pas été saisi ?", écrit-il dans une tribune publiée dans Le Monde , en 1989, y voyant "un progrès de la démocratie".

    Le projet de révision constitutionnelle créant l'exception d'inconstitutionnalité est voté en 1990 par l'Assemblée nationale mais rejeté par le Sénat. "Parmi les opposants, on comptait alors deux jeunes députés pleins d'allant – Nicolas Sarkozy et François Fillon", rappelle, plein de malice, Robert Badinter dans un texte publié sur le site du Conseil constitutionnel. Texte qu'il conclut ainsi : "Il demeure que vingt ans ont été perdus parce que les assemblées, particulièrement le Sénat, étaient hostiles à tout renforcement des pouvoirs du Conseil constitutionnel."

    Après le Conseil constitionnel, Robert Badinter est élu sénateur, de 1995 jusqu'en 2011. Il a aussi œuvré toute sa vie pour la réinsertion des détenus. En tant que garde des Sceaux, il généralise par exemple les parloirs sans séparation et autorise la télévision dans les cellules. En 2000, comme sénateur, il est à l'initiative, avec d'autres, de la création d'une commission d'enquête sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France. A la veille de la présidentielle de 2007, l'ancien garde des Sceaux déplorait, en 2006 dans Libération , le manque de prise de conscience des politiques sur ce sujet.

    "Nous ne voyons pas venir le vrai débat national sur ce que doit être la condition pénitentiaire au XXIe siècle, le débat ne dépasse pas les associations."

    Robert Badinter

    à "Libération", en 2006

    Robert Badinter occupe aussi diverses fonctions à l'international, notamment la présidence de la Commission d'arbitrage pour la paix en Yougoslavie dans les années 1990. Il travaille sans relâche malgré son âge. En 2016, il remet par exemple au Premier ministre Manuel Valls un rapport sur le droit du Travail. Mais son combat contre la peine de mort restera au cœur de son engagement et rien de ce qu'il vivra après ne sera "comparable", selon ses mots à la Harvard Business Review France. "J'ai eu une carrière d'avocat et d'enseignant très heureuse, mais rien ne se compare en tension, en angoisse et en émotion. Rien sauf la guerre elle-même."

    SOURCE : Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et artisan de l'abolition de la peine capitale, est mort à l'âge de 95 ans (msn.com) 

     

    Le 17 septembre 1981 Robert Badinter

    tournait brillamment la page de la Justice

    en faisant abolir la peine de mort

    Robert Badinter : "On arrive à stigmatiser 6 millions  de musulmans" c'est insupportable... ça me ramène  75 ans en arrière quand on stigmatisait  les Français de religion juive...

    42 ans avant, la France exécutait

    le dernier condamné à mort

    Le 10 septembre 1977, la France procédait à ce qui allait être la dernière exécution à mort de son histoire. Mais la peine de mort n'a pas été abolie à ce moment-là.

     

    Il y a 40 ans, la France exécutait  le dernier condamné à mort

    Il s'agit là d'une mesure forte, emblématique du double mandat de l'ex-président de la République française, François Mitterrand. Pourtant, la dernière fois où fut prononcée la peine de mort à l'encontre d'un homme ne fut pas sous sa présidence. H. Djandoubi fut condamné à mort en 1974 pour le meurtre d'une femmeDurant trois ans, il végète en prison, aux Baumettes, à Marseille. La veille, le 9 septembre 1977, ses avocats s'étaient vu refuser la demande de grâce par le Procureur de la République de Marseille. Le 10, il se présente face au bourreau. Décapité au moyen d'une guillotine, il fut le dernier homme au monde à être tué de la sorte. Et en France (comme en Europe de l'Ouest), l'ultime à subir cette peine capitale. Sachez toutefois que d'autres peines de mort furent prononcées à l'égard de plusieurs criminels, mais aucun ne fut à nouveau tué. La plupart virent leurs sentences réduites en cassation, ou bénéficièrent de la grâce présidentielle.

      

     Une promesse de François Mitterrand 

    Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, l’exécution du militant communiste Fernand Iveton pendant la guerre d'Algérie, serait, entre autres, à l’origine de l’engagement de François Mitterrand  pour l’abolition la peine de mort.

    En 1981, quelques semaines après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République française, la peine de mort est officiellement abolie. Il s'agit là, unanimement, d'un progrès humaniste sans précédent dans l'histoire de France. La majorité de gauche à l'Assemblée ainsi que 37 députés de droite ou de centre-droit (dont Jacques Chirac) valident la proposition du président. Cela clôt un vieux débat qui opposait, dès la Révolution, les partisans de la fin de la peine capitale (comme Victor Hugo) et ses détracteurs, nombreux. Aujourd'hui, en Hongrie ou en Turquie, les chefs d'Etats extrémistes semblent souhaiter une réintroduction de la peine de mort. Cependant, la non-pratique de celle-ci constitue un préalable indispensable pour accéder à l'Union Européenne. En France aussi, de récents sondages montraient que le peuple n'était pas hostile à un retour de cette sentence irrévocable. Jacques Chirac a entériné définitivement le débat en inscrivant l'abolition de la peine de mort dans la Constitution française. 

    Algérie : Fernand Iveton retrouve sa rue 

    après une grande mobilisation 

    Il y a 40 ans, la France exécutait  le dernier condamné à mort

    La rue Fernand Iveton © DR/Capture d'écran Facebook 

     

    En débaptisant la rue Fernand Iveton, la municipalité d’Oran ne s’attendait pas à une forte mobilisation des réseaux sociaux et des élus de gauche. L’ancien militant indépendantiste du Parti communiste algérien (PCA), guillotiné en 1957, a été réhabilité.  

    La plaque a retrouvé sa place sur le mur de la ruelle. Il a fallu des pétitions, une mobilisation des internautes et la montée au créneau des élus de gauche. En débaptisant deux rues, la mairie d’Oran ne s’attendait pas à un tollé médiatique. Ce sont les habitants de la rue Fernand Iveton qui avaient donné «l’alerte». Ils ont refusé le changement de nom. «Ils veulent guillotiner la mémoire de notre peuple», s’indigne un représentant du parti Mouvement démocratique et social.   
    L’initiative des autorités locales irrite les médias qui exigent la réhabilitation de Fernand Iveton. «La bêtise se conjugue à la honte, mais ceux qui ont commis le véritable sacrilège qui consiste à enlever à un chahid (martyr, NDLR) le nom de «sa» rue sont-ils conscients de ce que signifie cet acte? Apparemment, non. De plus, ils se sont lourdement trompés en pensant que l’indignité avait gagné tout le monde dans notre pays», ne décolère pas Algérie patriotique. 

    Il y a 40 ans, la France exécutait  le dernier condamné à mort

    Ouvrier, communiste et militant de l'Algérie indépendante, Fernand Iveton fut le seul Européen condamné à mort pour «terrorisme» pendant la guerre d’Algérie. Il a été guillotiné le 11 février 1957, après le refus du président René Coty, du président du Conseil Guy Mollet et de… François Mitterrand, alors Garde des Sceaux, de le grâcier. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, l’exécution du militant communiste serait, entre autres, à l’origine de l’engagement de François Mitterrand  pour l’abolition la peine de mort. 

    Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, les autorités avaient débaptisé certaines rues (comme les deux grandes artères de la capitale, Michelet et d’Isly) en leur donnant des noms de héros nationaux, figures de la guerre (Larbi Ben M’hidi, Didouche Mourad...) et internationaux (Che Guevara, Kennedy...). L’une des plus grandes places d’Alger porte le nom d’un autre militant communiste, Maurice Audin, arrêté le 11 juin 1957 par l’armée française et longtemps porté disparu avant que le général Aussaresses ne reconnaisse avoir donné l’ordre.
    Sur le plan littéraire, De nos frères blessés, de Joseph Andras (Actes Sud), livre consacré à Fernand Iveton, a reçu cette année le prix Goncourt du premier roman, un prix refusé par l’auteur. 

    SOURCE : http://geopolis.francetvinfo.fr/algerie-fernand-iveton-retrouve-sa-rue-apres-une-grande-mobilisation-118495 

     

    Il y a 62 ans, le 11 février 1957

    Fernand Iveton était guillotiné

    Fernand Iveton est né à Alger le 12 juin 1926, et meurt guillotiné pour la cause algérienne,  le 11 février 1957 . Il vécut dans un quartier populaire d’Alger, le Clos Salembier (aujourd’hui El Madania), et suivit l’exemple de son père, en devenant employé de l’usine à gaz d’El-Hamma au Ruisseau. En 1943, il adhère à la section de la redoute des jeunesses communistes et milite aux côtés d’Henri Maillot et Ahmed Akkache. 

    Il intègre par la suite l’Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne qui rassemblera dans ses rangs des jeunes communistes et nationalistes et d’autres patriotes. Iveton militera également au sein des syndicats d’Algérie affiliés à la CGT de France (Confédération Générale du Travail) puis à l’UGSA (Union Générale des Syndicats Algériens) organisation syndicale algérienne qui demeurera affiliée à la CGT. Il sera désigné par les travailleurs de l’usine à gaz d’El Hamma comme délégué syndical. 

    Iveton considérait la cause algérienne comme la sienne, et en juin 1955 il s’intègre dans les groupes armés des Combattants de la Libération au côté de Abdelkader Guerroudj, Félix Collosi, Mohamed Hachelaf, Yahia Briki, Georges Accampora et d’autres camarades communistes. Après avoir participé à plusieurs actions (sabotages de wagons sur le port, incendie des Bouchonneries Internationales) il sera chargé de placer une bombe à l’usine à gaz d’El Hamma. Elle est déposée le 14 novembre 1956 et  tout prouve qu’il a pris toutes ses précautions pour que la bombe ne cause que des dommages matériels. Il sera dit  à ce propos, que le militant : « Iveton ne voulait pas d’une explosion-meurtre. Il voulait une explosion témoignage. » 

    Arrêté le 14 novembre 1956, avant même que la bombe ne soit installée, il fut d’abord torturé pendant trois jours par des policiers : décharges électriques sur le corps, supplice de l’eau…  Le 25 novembre 1956,  il passe  devant le tribunal militaire d’Alger, soit 11 jours seulement après son arrestation, « en application de la procédure expéditive permise par « les pouvoirs spéciaux », accordés par les députés français au gouvernement de Guy Mollet ». Le procès se passe « Dans une atmosphère de pogrom » tel que le précise l’ouvrage écrit sous la direction d’H. Alleg . Il est condamné à mort au cours d’un sombre procès « dans un prétoire où montaient des cris de haine et de mort ». 

    Robert Badinter à la tribune de l'Assemblée nationale pour l'abolition de la peine

    de mort

     

     


    Le projet de loi sur l'abolition de la peine de mort a été adopté par l'Assemblée nationale le 18 septembre 1981, quatre mois après l'élection de François Mitterrand à l'Élysée, puis par les sénateurs le 30 septembre. Le texte a été promulgué le 9 octobre 1981. La France était alors le 35e État du monde à interdire la peine de mort et le dernier parmi la Communauté européenne de l'époque. Les deux dernières exécutions capitales ont eu lieu en 1977, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. 

     

     

    Robert Badinter : "On arrive à stigmatiser

    6 millions de musulmans"

    c'est insupportable... ça me ramène 

    75 ans en arrière quand on stigmatisait 

    les Français de religion juive...

    Robert Badinter : "On arrive à stigmatiser 6 millions de musulmans" c'est insupportable... Ecoutez ses avertissements...

     

    AVERTISSEMENTS

     

    Robert Badinter restera l’homme qui a fait abolir la peine de mort en France, ses propos qu’il a tenus sur le plateau de France Inter peuvent entraîner une profonde réflexion compte tenu des événements actuels. 

    Avocat, universitaire, essayiste et homme politique français, Robert Badinter s’exprimait sur l’islamophobie ambiante qui règne en France. Quotidiennement stigmatisés, pointés du doigt et reclus de la société (bien que leur carte d’identité manifeste de leur nationalité française) les musulmans souffrent d’une profonde discrimination que Robert Badinter juge «insupportable».
    Des propos salutaires !

     

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    car d'autres vidéos sans rapport suivent 

     

    Attentats de Paris en 2015 :

    Une mamie pleine de bon sens…

    C’est aussi le mien : 

     

     

    Bravo mamie, vous parlez comme Robert Badinter, ça fait chaleureusement plaisir quand les médias donne la parole à des gens intelligents, plein de bons sens. Plutôt qu'à des imbéciles qui attisent la haine entre les Français.

    Voilà le message que nous devons porter ensemble, voilà notre engagement, 30 secondes de paix, d'amour et de fraternité.

    Mais je suis triste de la disparition de Robert Badinter... Il fut un personnage extraordinaire comme on n'en rencontre plus aujourd'hui... Je présente à sa famille et à ses amis mes plus sincères condoléances en souhaitant que lui aussi rentre au Panthéon... même s'il a refusé toutes décorations.

    Michel Dandelot

     Ne manquez pas le podcast de France culture :

    Robert Badinter, aux origines de son combat : écouter le podcast et replay de France Culture | Radio France

     

     


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    « Je me souviens… » : 8 février 1962,

    métro Charonne

    « Je me souviens… » : 8 février 1962,  métro Charonne

    Un manifestant touché lors de la manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie 8 février 1962. ©AFP

    À l’occasion du 62e anniversaire de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie qui a fait neuf victimes au métro Charonne, l’Humanité vous propose de relire le témoignage de Jean Friant, ouvrier chez Renault à Boulogne-Billancourt et rédacteur pour Avant-Garde, qui était dans la manifestation.

    Jean Friant

    Ouvrier chez Renault à Boulogne-Billancourt et rédacteur pour Avant-Garde

    À l’époque je travaillais chez Renault à Billancourt et j’étais secrétaire du cercle des Jeunesses communistes de l’usine. Avec mon camarade Bernard B., nous avions rendez-vous à 20 heures au siège d’Avant-Garde dans le 15e arrondissement, notre journal, pour y monter la garde de nuit. C’était prévu depuis une dizaine de jours.

    Le 8 février 1962 de grandes manifestations se déroulaient contre les attentats de l’OAS à Paris. Nous rejoignons le rendez-vous avec les travailleurs de Renault au Pont-Marie, et nous remontons en cortège jusqu’à la place de l’Hôtel de ville. Soudain arrive, toutes sirènes hurlantes, un « chapelet » de cars de flics. Le temps que ceux-ci descendent et commence à charger, nous nous dispersons dans les rues étroites de ce quartier du centre de Paris.

    Nous prenons le métro jusqu’à la station Bir-Hakeim puis la rue Humblot (15ème) où se trouve le siège de notre journal. Soudain, une immense déflagration, des vitres tombent… Nous nous précipitons à la porte de notre journal, nous tambourinons, nous sonnons mais rien ! Du bruit à l’intérieur… Et, un quart d’heure plus tard, la porte s’entrouvre : nous venons pour la garde !

    Un million de personnes aux obsèques

    « Je me souviens… » : 8 février 1962,  métro Charonne

    Le 8 février 1962 9 pacifistes perdaient la vie au métro Charonne. Il ne faut pas les oublier ! 

    Sont présents dans les locaux, les dirigeants et la rédaction du journal et des responsables des jeunesses communistes. Très vite, les nouvelles tombent : au métro Charonne des morts, des blessés. La bestialité policière !

    Les camarades préparent l’Appel national pour la mobilisation et la grève générale pour le lendemain, le 9 février ! Dans les locaux c’est le branle-bas de combat. Nous passons toute la nuit à appeler toutes les fédérations de France des JC pour dicter le contenu de l’appel à diffuser pour le lendemain.

    Le 9 février au matin, Bernard et moi retournons directement à l’usine. Meeting monstre dans le grand hall de l’Île Seguin : 10 000, 15 000 travailleurs ? Émotion et gravité ! Un million de personnes aux obsèques de nos 9 camarades assassinés le 13 février.

    Un mois plus tard 19 mars 1962 : cessez-le-feu en Algérie. ENFIN !

    SOURCE : « Je me souviens… » : 8 février 1962, métro Charonne - L'Humanité (humanite.fr) 

    « Je me souviens… » : 8 février 1962,  métro Charonne

    J’aurais aimé vous présenter une vidéo consacrée à une commémoration en 2024 du massacre du 62e anniversaire de Charonne, mais aucune n’est en ligne pour le moment. Pourquoi ? Alors j’ai choisi de (re) mettre en ligne celle qui m’a le plus marqué et touché, celle du 60e anniversaire.

    Michel Dandelot


    60eme anniversaire du massacre

     au métro de Charonne 

     


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